Je me suis mis au végétarisme il y a 15 ans pour la seule et unique raison que je ne voulais plus tuer. Personne n'a eu besoin de m'en parler, ni de me convaincre. J'ai toujours trouvé injuste et absurde de manger de la viande. J'ai attendu mes 18 ans pour que mon choix soit légitime et respecté en tant que majeur. Je n'ai pas cru une seconde que ça allait améliorer ma santé (Je n'entendais que le contraire, tout ce que je savais c'était qu'en continuant à manger du lait et des oeufs, je limitais la casse.). Je n'ai jamais entendu aucun argument en faveur de l'écologie à l'époque (J'étais même convaincu qu'un monde végétarien n'était pas tenable écologiquement, qu'on n'aurait jamais assez de terre pour faire pousser autant de végétaux, que j'étais juste en quelque sorte privilégié -même si de toute façon, personne d'autre ne voulait l'être-).
J'ai encore attendu 10 ans avant d'entendre parler par internet de ces autres arguments (et encore un peu avant d'en être convaincu). Je n'avais même jamais vu de vidéos d'animaux en abattoirs ou maltraités (je n'en ai vu vraiment que récemment). Le fait de tuer inutilement me suffisait.
Donc oui, mon choix est purement éthique. Et en devenant végétalien (depuis quelques mois), je ne suis toujours pas sûr que ça ne va pas avoir d'impact négatif pour ma santé. Je vois juste que c'est désormais reconnu comme possible par des diététiciens neutres (puisque non végétariens), sur des bases mesurables et scientifiques, et que j'ai enfin assez d'informations pour limiter la casse (à nouveau). Si je m'étais jeté dans le végétalisme plus tôt, je n'aurais sans doute pas eu connaissance des problèmes de B12 et ça aurait pu être dramatique.
Donc mon choix est toujours éthique.
Les végétariens ne passent pas véganes automatiquement parce que le lien entre les oeufs, le lait, et la souffrance/la mort n'est pas aussi évident qu'entre un animal et un morceau de sa chair. L'animal est tué pour sa chair, le reste apparaît (illusoirement) comme bonus n'entraînant pas sa mort. Pour comprendre le lien direct, il faut commencer à se renseigner plus profondément sur le fonctionnement de l'industrie de l'élevage, et constater les chiffres. Avant internet, ces informations étaient infiniment moins faciles d'accès.
Et la peur pour sa santé reste aussi très présente (et d'autant plus lorsqu'on manque d'informations).
Et effectivement, comme tu le dis, ceux qui font ce choix pour autre chose ne le restent pas. Donc les autres arguments sont très secondaires. C'est bien cet argument éthique qui justifie le végéta*isme.
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Je réponds à tes questions :
Je ne mange pas de fourmi parce que je respecte la vie. Je ne tue pas quand c'est inutile.
Le frugivorisme n'est pas moins éthique que le véganisme, il n'a juste aucun apport éthique par rapport à lui (ou un apport douteux). C'est principalement une recherche égoïste de perfectionnement, de pureté. Et je me méfie de la pureté. Si ça n'était pas le cas pourquoi toute cette insistance sur les incroyables et innombrables bienfaits (de nature inquantifiable) que c'est censé apporter ? Pourquoi ne pas plutôt insister sur la souffrance inacceptable des végétaux, l'horreur évidente du respect dont on leur manque ? (Le seul argument qui serait valable, puisque le végéta*isme, lui, n'a à se justifier que par un argument.)
En ce qui me concerne, je suis très bien tel que je suis, sans avoir besoin de me transformer subitement, comme par magie, par une alimentation censée guérir tous les maux de la terre d'une manière standard plutôt que traiter chaque individu au cas par cas. Et tant pis si je ne suis jamais un surhomme, je survivrai.
Le doute et la remise en cause de nos conditionnements n'interdit pas la prudence raisonnable face à la nouveauté.
Donc désolé, mais je vais faire preuve d'une saine prudence, face à une pratique dont je ne vois pas le gain éthique, et dont les bénéfices ne m'apparaissent pas comme pertinents. La même prudence dont j'ai fait preuve face au végétalisme (et que je n'ai pas forcément lieu de regretter). Et si dans 15 ans, les frugivores d'aujourd'hui sont toujours en aussi bonne forme, et si des diététiciens du monde entier commencent alors enfin à en parler avec sérieux, alors je me pencherai peut-être sur la question. Aujourd'hui, aucun intérêt.
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Et oui, effectivement, même si je peux choquer ou blesser les frugivores convaincus, dans la rhétorique du site que j'ai cité plus haut, je vois des tournures de phrases très alambiquées et des raisonnements partiels fumeux dont je me méfie.
Il est effectivement facile de comparer omnivorisme/végéta*isme et végéta*isme/frugivorisme. Et c'est justement parce que cette comparaison est si facile (et malhonnête), que je me méfie de cette pente savonneuse.
De la même manière, il est tout aussi facile de comparer végéta*isme/frugivorisme et frugivorisme/respirianisme(inédie,pranisme). C'est de même niveau.
Le gain éthique est le même (Alors qu'on consommait encore des fruits, désormais on ne consomme plus rien du tout.).
Les apports sur la santé et le spirituel aussi (On passe du surhomme au demi-dieu.).
Les preuves scientifiques avérées sont aussi nombreuses.
Et on remarque que les frugivores sont eux-mêmes enragés/terrifiés par les respirianistes (parce que les leaders respirianistes réussissent, malgré toute l'absurdité du principe, à convaincre certaines personnes).
L'existence du respirianisme ne sert pas l'image qu'on peut avoir du frugivorisme.
Et l'existence du frugivorisme ne sert pas l'image que les omnis peuvent avoir des végéta*iens.
Ma méfiance n'est pas un jugement définitif, et elle n'est même pas un jugement sur quiconque pratique sincèrement le frugivorisme, mais elle est quand même ma barrière de sécurité sur une pratique que je trouve a priori douteuse.
(D'autant plus que les définitions de la pratique du frugivorisme sont très fluctuentes d'une personne à l'autre...)
Et maintenant, je vais faire une pause. Je viens de faire une overdose de Vegeweb.