L'hostilité envers les VG, une question culturelle ?

Rose des vents

Jeune bulbe
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Bonjour à tous,

Depuis quelques temps, je me pose une question en regardant certaines discussions sur ce forum. Selon ma première impression, il semble que beaucoup d'entre vous vivre de l'hostilité de votre entourage face à votre choix.

Je suis allée en France et dans des restaurants français à Montréal. Il y a beaucoup de viandes rouges dans la cuisine française.

Je me demande alors si la difficulté à faire accepter un changement d'alimentation est un facteur culturel avec les traditionnelles culinaires par exemple. Je viens du Québec et on retrouve aussi beaucoup de viandes rouges dans la cuisine québécoise.

Je parle pour mon expérience mais je n'ai pas eu l'impression de vivre de l'hostilité en soi. Mon conjoint a véçu des remarques de ses collègues. (Un homme qui ne mange pas de viande, c'est moins viril quoi..lol!!) Est-ce que ma famille ou la société québécoise qui sont plus ouvertes d'esprit? Est-ce que le végétarisme fait moins "peur" de mon côté de l'Atlantique? Je ne sais pas trop...

Qu'en pensez-vous?
 
En France, la bouffe, le terroir, c'est SACRÉ. Une institution. C'est presque plus grave de toucher à ça que de toucher au mariage.
Toutes les régions ont des spécialités à base de différentes viandes, sous différentes formes. Foie gras, patés, charcuterie, gibier, poissons, gratin dauphinois, aligot, sandwich jambon-beurre (pour citer une spécialité parisienne :whistle:), rôti, lapin, gigot d'agneau, etc.

Les repas sont toujours considérés comme des moments centraux, les repas de famille (soit en semaine parents/enfants, soit pour les occasions du style noel, anniversaires) sont considérés comme le ciment d'une famille.
Tout tourne autour du repas et de la bouffe. La bouffe en France, c'est limite une névrose.
On y mange pas pour vivre, on y vit pour manger.

Alors quand à ça t'ajoutes la propagande des filières lait/viande/oeufs, des chasseurs, etc., remettre en cause le fait de manger des animaux, c'est les réflexions assurées.
Pour ma part, réflexions généralement amicales, pour d'autres, c'est conflits, brouille familiale, etc.

La France est un pays en réalité conservateur, sexiste, raciste, homophobe, vegéphobe qui a du mal à s'ouvrir aux autres malgré ses beaux discours de « Pays des droits de l'Homme » blanc hétéro se gargarisant de ses grands penseurs de l'époque des Lumières et toujours coincé dans ses réflexes de Françafrique.

Nan mais sinon c'est bien comme pays paraît-il, c'est juste que si t'es pas dans la norme, tu t'en prends plein la tronche. :)
 
Y'a pas de viande dans le gratin dauphinois. :hein:
 
Usagi.Chan":2jxftoay a dit:
Y'a pas de viande dans le gratin dauphinois. :hein:

Je sais, j'ai fait exprès de mettre un plat traditionnel vgr, débordant de lait et de crème.
Note que l'aligot aussi n'a pas de viande.
En Fr, quand on n'a pas de viande, on compense par un truc gavé de produits laitiers.
 
Fushichô":dqek77wo a dit:
ses beaux discours de « Pays des droits de l'Homme » blanc hétéro

Tu pointes un truc là. Je crois que ça va plus loin que la question des traditions culinaires ; il y a qqch de pourri dans le pseudo "universalisme" à la française - qui fait obstacle à bcp de mouvements d'émancipation.
Dans "la libération animale", Peter Singer dit que ça ne l'étonne pas du tout qu'en France on soit si en retard là dessus, et j'avais trouvé assez percutant ce qu'il dit là dessus :

Il est important de comprendre que l’humanisme, dont l’esprit français est imprégné depuis des siècles, n’est pas seulement la défense sympathique des droits de l’homme avec laquelle tout le monde est d’accord, mais aussi le fait de mettre l’homme au centre de tout, lui soumettre son environnement et réaliser en quelque sorte le projet cartésien de se rendre « comme maître et possesseur de la nature ». On place alors les hommes et les animaux dans des vases communicants et l’on se convainc qu’accorder davantage de considération aux uns implique forcément moins de considération pour les autres. Comme si l’homme n’était pas aussi un animal, comme s’il ne partageait pas avec les autres animaux un certain nombre d’intérêts – en premier lieu celui de ne pas souffrir – et comme si l’accepter ne le rendait pas plus humain, précisément, au sens figuré que l’on donne habituellement à ce mot. Si l’éthique animale a pu se développer tellement dans le monde anglophone, c’est parce qu’on n’y a jamais considéré que s’intéresser aux animaux était commettre un crime de lèse-humanité.
 
D'après mon expérience, c'est absolument évident que les Français ont un autre rapport à la nouriture que les Anglo-saxons (pour les Montréalais je ne sais pas) ; par contre dire qu'ils sont moins spécistes que les Français sous prétexte que Descartes aimait torturer des chiens, ça me semble être un peu simpliste. Il faut se méfier de ce genre de raccourcis pseudo-historiques.

Il y a une vraie culture de la viande aux Etats-Unis, sans doutes aussi dans les autres pays anglo-saxons, par contre il y a aussi une acceptation plus grande des régimes hors normes, sans gluten, sans glucides, cru, etc... La nourriture y est vécue comme beaucoup plus utilitaire qu'en France.

D'ailleurs quand quelqu'un est vraiment agressif sur le sujet du végétarisme, en général si on lui explique à quel point on adore faire son marché pour acheter de bons légumes locaux, et cuisiner de bons petits plats, il se détend assez vite.
 
Tout à fait d'accord avec Fushi et Shaar-Lun (La tradition culinaire, et l'Humanisme qui est animalophobe.), mais il faut voir aussi que le faible nombre de végés dans la société augmente d'autant la végéphobie. Et que le sujet qui fâche, sous-jacent, c'est le jugement moral. Si on l'écarte, en déclarant que c'est pour raison philosophique personnelle (choix personnel sans implication pour les autres), par souci écologique (moins culpabilisateur), pour raison de santé, ou mieux simplement par dégoût, la végéphobie affichée décroit voire s'efface. Mais le message disparaît.

Je pense que les pays où le végétarisme est plus développé jouent maintenant un peu sur ça : En faire un choix personnel/santé/goût, et évacuer la question éthique, autant que possible. Sans avancer de projet politique de grande envergure. Celui-ci est moins souvent mis en avant, en tout cas. Du coup, ça passe mieux, mais ça ralentit peut-être (?) le mouvement, à partir d'un certain palier. Dans les pays où le végétarisme est plus réduit, par contre, c'est encore l'aspect moral qui saute directement aux yeux des carnistes (si on n'avance aucune autre explication), lesquels se sentent alors menacés.

Et j'ai aussi tendance à croire que les lobbies viande et laitiers qui ont fait exploser la production après la seconde guerre ne sont pas complètement étrangers à toute la végéphobie et aux légendes urbaines anti-végés. (Ne serait-ce que parce que les infos diététiques sur le végétarisme ont mis des décennies à passer l'Atlantique et même la Manche.)
 
Assia":1oe5he0g a dit:
par contre dire qu'ils sont moins spécistes que les Français sous prétexte que Descartes aimait torturer des chiens, ça me semble être un peu simpliste.

merci de ne pas caricaturer, ça va un peu plus loin que ça... et Descartes n'est qu'un indicateur, la formulation la plus décomplexée d'une certaine mentalité. La réflexion sur l'humanisme me paraît intéressante, même si c'est loin d'être le seul facteur. Et je trouve que le principe des "vases communicants" est très présent, que confusément on fait reposer la dignité des (de certains) humains uniquement sur leur distinction d'avec "les animaux". Je ne sais pas si c'est bcp plus marqué en France, mais c'est qqch que j'ai pu souvent constater - et ça m'a permis de comprendre pourquoi les gens étaient scandalisés de voir qu'on puisse se préoccuper des animaux non-humains (l'expression "crime de lèse-humanité" est très juste).
 
Pers0nne":2ac23yxo a dit:
Je pense que les pays où le végétarisme est plus développé jouent maintenant un peu sur ça : En faire un choix personnel/santé/goût, et évacuer la question éthique, autant que possible. Sans avancer de projet politique de grande envergure. Celui-ci est moins souvent mis en avant, en tout cas. Du coup, ça passe mieux, mais ça ralentit peut-être (?) le mouvement, à partir d'un certain palier. Dans les pays où le végétarisme est plus réduit, par contre, c'est encore l'aspect moral qui saute directement aux yeux des carnistes (si on n'avance aucune autre explication), lesquels se sentent alors menacés.

Assez d'accord. J'ai fait qq repas/sorties avec les vegans d'ici, aucune discussion sur les animaux et tous les sujets liés au végétarisme.
Juste parler de tout et de rien. Ce qui est reposant, mais aussi révélateur de l'absence de politisation du sujet. Peu de militants dans les rangs.
 
Assia":20rtws6k a dit:
Il y a une vraie culture de la viande aux Etats-Unis, sans doutes aussi dans les autres pays anglo-saxons, par contre il y a aussi une acceptation plus grande des régimes hors normes, sans gluten, sans glucides, cru, etc... La nourriture y est vécue comme beaucoup plus utilitaire qu'en France.

D'ailleurs quand quelqu'un est vraiment agressif sur le sujet du végétarisme, en général si on lui explique à quel point on adore faire son marché pour acheter de bons légumes locaux, et cuisiner de bons petits plats, il se détend assez vite.

J'aime lire toutes vos interventions. Je suis d'accord avec Assia qu'il est vrai qu'il y a beaucoup de viande en Amérique du Nord avec d'autres régimes alimentaires. Le "sans gluten" est en épicerie de plus en plus alors qu'à Paris, des restos ne savaient pas de quoi je parlais.

En général, les gens acceptent le végétarisme ici. On en entend de plus en plus parler dans les médias pour la santé et l'écologie. J'imagine que cela aide auprès de la population pour l'ouverture. Dans mon entourage, je n'ai pas eu trop de problème sauf avec deux personnes plus résistantes au changement. Avec les livres, les magazines et internet, dire que c'est "difficile" de trouver une recette végé est un peu de la mauvaise volonté.

C'est surtout un manque de référence dans la cuisine sans viande qui peut faire obstacle. J'ai voulu aider ma famille mais ils ont fait des recherches ou ont adapté leurs recettes carnées. Je suis contente de ne pas avoir véçu de l'hostilité et je trouve dommage que vous en vivez.
 
Il ne faut pas exagérer, ce n'est pas l'enfer non plus !
 
Assia":2i5p9o7u a dit:
Il ne faut pas exagérer, ce n'est pas l'enfer non plus !
Ça dépend vraiment du vécu de chacun. Selon l'âge, le milieu, les "concessions" qu'on accepte de faire (sur son propre choix alimentaire...), et la conviction antispéciste du végé, ça peut se passer tout à fait tranquillement ou au contraire très mal. Il n'est pas rare que des militants vegans soient amenés à se couper de leur famille et leurs amis. Et j'ai eu cette semaine le témoignage de la mère d'une petite fille végé, pour qui c'était très difficile à l'école. (Le personnel de cantine qui la force, jusqu'à la faire pleurer.) Sans compter la plupart des enfants et ados qui sont tout simplement obligés d'abandonner sous la pression des parents et entourage.
Tiens, regarde un peu ça, si jamais tu ne connais pas : http://www.vegmundo.com/wp-content/uplo ... phobie.pdf
 
Assia":1w9oi6na a dit:
Il ne faut pas exagérer, ce n'est pas l'enfer non plus !

Entièrement d'accord avec Pers0nne. Ça dépend vraiment du vécu.
Aucun pb pour moi (mais je ne vois plus depuis longtemps les cons qui auraient pu me faire des réflexions de merde), à part des potes qui sortent des réflexions à la con mais pour me taquiner (comme je leur envoie facilement des vannes aussi, je vais pas faire ma vierge effarouchée pour ça) ou un ou deux membres de ma famille qui font des réflexions à ma mère, mais pas à moi directement (parce qu'ils me voient jamais, d'une part, et parce qu'ils connaissent un poil mon répondant ^^).
Mais demande à daemon666 la galère que ça peut être. Les fêtes de fin d'année ont été un calvaire pour plusieurs personnes ici, niveau végétarisme.
 
C'est vrai, mais on parle surtout des pbs, jamais de quand ça passe comme une lettre à la poste. Incompréhension ou remarques idiotes, ça c'est fréquent, une franche hostilité, c'est quand même moins courant.
 
Oh que oui ca peut être une galère :/
Cf coming-out-reactions-de-la-famille-des-proches-t195-855.html#p328263 (la ou je décrit le problème)
coming-out-reactions-de-la-famille-des-proches-t195-870.html#p331283 (ma mère tombe sur le forum, et j'ai découvert il y a peuque c'est pas par hasard)
J'ai aussi eu du mal avec ma copine qui a aussi écrit sur le forum en faisant une transposition (elle c'est faite passer pour un mec non végé qui a une copine végé à la maison pour-comprendre-t11024.html).

Bon certe maintenant cela c'est grandement amélioré, sauf avec mon grand père (et maintenant mes parents prennent "ma défense"), mais cela a vraiment été dur à un moment. Il y a eu un manque de communication de ma part, mais j'avais reelement l'impression que les gens du forum me comprenaient et me connaissaient bien plus que mes proches.

Car ici on se monte tout un monde social autour de notre assiette, si tu ne mange plus comme les autres, cela ne va plus. Non pas car il se sentent coupable de leur assiette, mais car tu te met volontairement à l'écart, tu deviens compliqué, tu plombe l'ambiance, etc ... J'ai vraiment l'impression que dans d'autres pays c'est beaucoup plus simple, car la convivialité ne passe pas dans l'assiette, mais dans les moments passés ensemble, que ce soit à table ou ailleur.
Et surtout nous avons un sacro sainte grastronomie basée sur l'exploitation animale en premier lieu, et oser la critiquer, la remettre en question (simplement par le fait de manger autrement) ou encore ne pas financer ces pauvres petits exploitants, de produits du terroir et "noble", ... c'est une hérésie.

Ps: Fushi, fallait pas m'appeler, j'ai écrit un pavé :D
 
C'est vrai, c'est vrai... Ceci dit quand un de mes oncles américains est devenu végétarien dans les années 1980, c'est très mal passé avec mon grand-père. Je n'ai pas d'exemples plus récent, mais il ne faut pas s'imaginer que c'est tout rose ailleurs non plus !
 
Oh non, c'est pas tout rose ailleurs non plus, bien sûr !
Mais Rose des vents demandait si l'hostilité envers les vg était un pb culturel, donc on ne peut parler que de ce qu'on connaît le mieux, ie l'acceptation, ou non acceptation, du végétarisme dans la société française. Et c'est clair que notre culture centrée sur la bouffe est un pb (à l'inverse, le fait que la bouffe soit uniquement utilitaire dans les pays anglo-saxons aggrave sans doute les pb de santé, d'obésité, de malbouffe, etc., l'essentiel étant de se nourrir, peut importe avec quoi)

Un de mes colocs, non vg, mais dont la mère est ou a été vegan (+, dans la colocation, y a 2 vg + moi, vegan) a un jour défendu le végétarisme dans un pub contre un abruti qui maintenait qu'on pouvait pas vivre en étant vg.
Des abrutis, on en rencontre donc aussi en Angleterre, et les commentaires dans les articles abordant le végétarisme sur le site du Guardian sont pas forcément d'un niveau plus élevé que ceux qu'on peut avoir sur Le monde.
Mais il me semble malgré tout que dans l'ensemble, l'ouverture est plus grande ici qu'en France.
 
Je suis d'accord, je pense vraiment que la nouriture est la clé, et moins le rapport aux animaux.
 
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