HaricotPrincesse":3nf5rber a dit:
Pour les astuces de fin de marché, il me semble qu'une personne précarisée n'a pas toujours le courage d'entreprendre ce genre de démarches. C'est pas facile d'avouer qu'on a besoin d'une aide. Pour certaines personnes il en va de leur dignité.
Complètement!
Un soir, après le boulot, j'attendais mon bus et une personne est venue me demander si je pouvais l'aider avec une petite pièce. Elle m'a expliqué qu'elle vivait dans un squat et avait beaucoup de difficultés à satisfaire ses besoins fondamentaux. Je lui ai dit qu'elle pouvait passer prendre une soupe gratuitement au restaurant pour lequel je cuisinais et elle a promis qu'elle viendrait le lendemain. Je ne l'ai jamais revue. En y réfléchissant, je me suis dit que j'aurais fait la même chose. Entrer dans le restaurant, expliquer que la cheffe a dit que et demander la soupe... Et bien c'est beaucoup trop.
Je suis moi-même une précaire (même si j'évite d'y penser) et je n'ose que très rarement mettre cet aspect de ma vie en avant. Il faut dire que j'ai spécialement honte d'avouer que j'ai une grande tendance à me laisser exploiter.
En fait, je pense que l'aumône n'est jamais une solution satisfaisante. Ça empiète trop sur l'image que nous avons de nous-même.
Pour parler du reste de l'article, je peux synthétiser mon ressenti en disant qu'être végane n'est pas une fin en soi. Le but est de parvenir à un monde sans exploitation animale. En boycottant spécifiquement dans l'alimentation des produits d'origine animale, on envoie un message fort. En fait, j'imagine mal une société considérant qu'exploiter les animaux pour se nourrir est inacceptable continuer à produire des objets entraînant cette exploitation, mais je peux me tromper, c'est certain.
Ça me fait penser à des personnes omnivores (que j'ai rencontrées à un atelier) qui ont manifesté pour la fermeture des abattoirs. Sur le moment, ça m'a laissée perplexe, ça me semblait même hypocrite. Puis je me suis dit que si elles étaient d'accord sur le principe mais dans l'incapacité de l'appliquer (pressions sociales, troubles alimentaires ou toute autre raison), elles étaient des alliées quand même puisque souhaitant un changement radical de la société. Changement qui n'attend pas que chaque individu composant la société ait changé préalablement.
Evidemment, nous avons besoin de personnes engagées qui le revendiquent et exigent des changements, que ce soit pour l'alimentation, la recherche, l'habillement, les cosmétiques ou tout le reste, mais espérer que chaque personne convaincue se batte simultanément sur tous les fronts quelle que soit sa situation est irréaliste.
Je me sens plutôt en accord avec l'article quand il parle de la culpabilisation des non-véganes, même si je crois que j'ai un peu tendance à le faire parfois (quand je suis exaspérée parce que je me sens jugée). J'expose les faits de manière très brute (ne pas exprimer ce que j'en pense, même si, et surtout, parce que c'est évident) et propose des alternatives positives. C'est une manière de faire qui me correspond et porte parfois ses fruits.
Et c'est là que je me demande si le fait que certaines personnes véganes culpabilisent les autres ne constitue pas tout de même une méthode efficace. Je n'ai jamais entendu, mais j'ai lu, des personnes disant qu'elles avaient eu besoin de comprendre "avec un coup de pied au cul" qu'elles étaient coupables pour changer. Comme pour beaucoup de choses, c'est assez confus pour moi. Je me contente de faire comme je le sens et je trouve que ça fonctionne plutôt bien, même s'il faut répéter souvent.