Découragement face à la tâche

pota

Jeune bulbe
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Bonjour,
J'écris car j'avoue être un peu découragée malgré une réelle envie d'amélioration. Je suis devenue végétarienne il y a un peu plus d'un an. Depuis je me suis pas mal renseignée, lu sur l'empathie animale etc, et en ce moment je suis en train de lire Zoopolis et voudrait faire un mémoire en rapport avec (je suis en philosophie). Très bien me direz-vous je suis de plus en plus consciente de la nécessité de changer de mode de vie et de l'immoralité de notre société vis-à-vis des animaux.
Mon problème est que cette conscientisation me décourage plus qu'autre chose. J'avais l'impression de faire quelque chose de bien en arrêtant de manger de la viande et je me rend compte que ma consommation de produits laitiers est un énorme problème aussi sans parler des autres produits animaux. Je sais qu'on peut être vegan et limiter énormément notre impact (beaucoup d'entre vous le sont) mais le chemin à faire me paraît trop long, trop dur, trop contraignant, ... De plus avec le livre de Kymlicka et Donaldson je me rend compte qu'il faudrait plutôt changer tout notre système politique ce qui est encore plus compliqué. Résultat je deviens plus laxiste sur la viande et fait des exceptions à mon végétarisme (je vis avec un omni il y a donc de la viande chez moi, notamment de la charcuterie) sans vraiment réussir à limiter ma consommation de produits laitiers même si j'essaie (je fais comme les gens qui veulent suivre un régime, tiennent deux jours pour ensuite manger plus).
Y-a-t-il d'autres personnes ici qui ont eu le même genre de parcours? Qu'avez-vous fait pour vous remotiver? Comment réussir à positiver et me réjouir de mes propres progrès (sans quoi c'est trop dur de tenir) alors que je sais bien que c'est une goutte d'eau qui au fond ne change pas grand chose à la souffrance animale mondiale?
 
Effectivement si ton comptes porter le poids du monde sur tes épaules, tout ce que tu pourras faire à ton échelle te semblera décourageant.

Ils faut accepter de ne pouvoir agir qu'à sa propre échelle. Avant de vouloir gravir des montagnes il faut accepter le fait que jusqu'à maintenant on a fait que des petites balades.

Il faut commencer par accepter ce que tu es, même si ça te plait pas forcément. Tu n'as pas à juger la personne que tu es a cet instant, c'est contre-productif. Quelque soit le chemin que tu décides de prendre, pas la peine de t'attarder sur le point de départ, tu ne pourras pas le changer. Et s'il t'arrive de faire des détours, c'est pas très grave, une fois que tu y es, il faut faire avec.

Prend acte de qui tu es aujourd'hui, de ce que ça implique, sans jugement, accepte le, ne te force pas à changer et tu te dirigeras naturellement sans trop d'effort vers là où tu voudras aller.
 
Pour le régime, je peux comprendre : il suffit que je me dise que je vais faire un petit régime pour avoir encore + faim que d'habitude et être attirée par tout ce qui fait grossir ! :oops:
Pour le véganisme, vas-y simplement à petits pas, à ton rythme. Peut-être manques-tu juste de bonnes recettes ? Après toutes tes lectures déprimantes, la lecture d'un bon livre de recettes végéta*iennes, avec de belles photos alléchantes, devrait te remonter le moral :cuistot: :)
 
L'envie d'endosser tout la responsabilité des conneries des hommes (masculins principalement, d'où ce choix de terme) pour libérer le monde faute de trouver un moyen rapide et efficace.
C'est normal je dirais d'avoir envie de ça, autant que c'est toxique et inutile.

Pour le reste, il faut voir aussi ton environnement de vie quotidien qui, j'ai l'impression, revient à vivre dans un fumoir si tu comptait arrêter de fûmer. Si tu es seule face à "tout le reste" à vouloir t'embarquer dans cette voie qui va forcément de confronter à bien des remarques, railleries, peut-être tentations, voire pièges, c'est effectivement d'autant plus compliqué si tu aurais au contraire besoin de te sentir soutenue, ne serait-ce que par ton compagnon.

Je pense qu'il n'y a pas grand chose de plus frustrant que de vivre avec une personne qu'on aime mais qui ne partage pas (et de fait est contre en réalité) son engagement intime.
(car il n'y a pas de neutralité en matière d'exploitation animale, soit tu lutte contre, soi tu y participes)

Une solution ? => trouver un petit groupe de végés près de chez toi (à moins que végéweb te suffise mais j'en doute), ne serait-ce que pour vider ton sac de temps en temps et échanger avec des personnes qui comprendront et vivront vraiment ce que tu vis. (en attendant de faire germer une graine chez ton compagnon...)

Et pour les gouttes d'eau : ce sont les gouttes d'eau de tout le monde qui font le lit des luttes sociales. A ton échelle c'est insignifiant, mais il est aussi important que tu fasses ce que tu as à faire que n'importe qui d'autre sur cette planète.
 
Merci pour vos réponses!

En effet, il faut que je me détache de cette envie de tout améliorer d'un coup et prendre conscience que ma goutte d'eau c'est déjà ça (j'ai pas trop de mal pour les autres et je respecte énormément ceux qui vivent selon leur éthique).

J'ai suivi ton conseil tigresse et cuisiné avec zéro produit laitier aujourd'hui du coup la motivation revient, je vais essayer de continuer sur cette voie en préparant des plats à l'avance pour les jours "coup de mou".

V3nom je pense que tu as raison, surtout qu'en fac de philo il y a un certain nombre de vegetariens ou vegans qui sont donc très accessibles pour moi. Après mon entourage (y compris mon compagnon) sont plutôt vg-friendly mais ça fait partie de ce qui me frustre : la plupart des gens que je connais sont renseignés, trouvent que c'est une bonne cause, sont admiratifs de ceux qui font des efforts pour la cause animale mais sans changer leur mode de vie (et je suis d'accord c'est une façon de prendre parti finalement). Mon copain, par exemple, a beaucoup diminué sa consommation de viande et n'a aucun mal à cuisiner ou manger un plat vg mais il le fait pour moi je sais bien que s'il vivait seul il ne s'en préoccuperait pas trop (et en même temps il est admiratif et me respecte davantage car je fais quelque chose de bien selon lui).

Ce qui m'amène à une question (dont la réponse pourrait être remotivante d'ailleurs): est-ce que votre entourage a évolué dans leur mode de vie petit à petit ? Perso ce sont les végétariens que je connais qui m'ont fait culpabiliser (involontairement) et pousser à changer mes habitudes donc ça doit marcher un minimum ^^

En tout cas encore merci pour vos réponse, ça fait du bien :)
 
Ma maman n'est toujours pas végé, mais elle a appris à faire quelques recettes végé qu'on mange ensemble quand je viens dîner seule :)
Ca lui fait un repas de temps en temps où elle mange végé.
Et dans les amis non-végé, en général, ils mangent volontiers ce que je prépare. Certains sont devenus végétariens.
Donc, au final, ça fait autant d'animaux épargnés à ces repas là. C'est peut-être juste une goutte d'eau dans l'océan, mais je trouve ça plutôt gratifiant. :)
 
Mon "entourage" c'est une question compliquée chez moi (en déménageant 10 fois en 12 ans...), j'ai participé à ce que 2 amis proches (mais éloignés géographiquement) deviennent véganes, et plus indirectement une connaissance végétarienne.

Ma famille, même s'ils sont sensible aux animaux, ne le sont pas spécialement (je les vois rarement), notamment ma mère, qui je crois ne serait pas dérangée de devenir végétalienne, mais vivant avec un chasseur... T_T.
Quand je vais chez ma soeur, c'est repas végane malgré tout, sans que j'ai à rien demander, c'est même limite un repas de fête avec plein de trucs super bons. (depuis ma nièces et même son mari -encore assez viande- lui réclament sa terrine végane maison régulièrement ^^)

Et la bande d'amis que nous étions sur Tours avant que chacun parte un peu de son coté, nous étions déjà véganes entre nous, extérieurement à ce groupe un l'est devenu, et d'autres sont doucement en train de végétaliser leurs assiettes... (ceci sur environ 4-5 ans)

Mais si je devais faire le bilan de ma transmission végane sur les bientôt 10 ans que je le suis, c'est vraiment maigre comme rayonnement. Mais comme je ne conçoit pas le militantisme comme uniquement actif (même si j'ai du mal à l'appliquer à moi-même), mais à chaque choix qu'on affiche (même naturellement) au quotidien, en faisant les courses (le contenu du caddy), en faisant une demande précise au resto, en osant faire une remarque dans la rue quand un truc nul à chier se passe... des trucs banaux mais qui font que ça entre dans l'inconscient collectif non plus comme quelque-chose dont il faut se forcer à le penser pour qu'il existe, mais petit à petit quelque-chose dont chaque personne est amenée à se positionner. (et quand ça deviendra automatique, bon courage aux carnistes purs et durs pour faire valoir leur échelle de valeur)

Et la personne avec qui je vivait il y a donc 10 ans, qui a plus ou moins vécu mon passage végane, ne partageait pas mes convictions, mais tout le temps où nous avons vécu ensembles, c'était végane à tous les repas sans jamais que le ne lui demande rien. (idem chez ses parents d'ailleurs, à part la petite assiette -à demi honteux ^^- de bouts de viande pour beau papa ^^). Elle ne l'est pas restée depuis, mais je pense qu'il en est resté quand même une attention accrue pour les saloperies que nous font gober l'industrie laitière notamment.

voilà, pêle-mêle. :p

PS edit : et je commence à remettre en question le bien-fondé de la réponse "c'est cool de faire ça / c'est une lutte honorable / bravo tu as beaucoup de courage", car je commence à me demander si ce n'est pas (même inconsciemment) une manière de se dédouaner de s'occuper de ça en se disant "bah c'est cool, il lutte pour ça, du coup j'ai pas besoin de m'en soucier !".

C'est précisément le mot (honorable) que j'avais répondu à la personne végane que j'avais rencontré il y a 10 pige... et plus tard, seul avec moi-même, j'me suis dis "tu trouves ça honorable, ok cool. Et maintenant ?" bah pour moi la réponse était sans appel, je ne voyais aucune raison valable de ne pas faire de même (et c'était façon saut de l'ange car je ne savais même pas à l'époque si c'était physiologiquement viable ni si je n'allais pas faire de la merde).
 
Je comprends tellement ce que tu vis.

Je crois aussi que comme a dit Gandhi (c'est toujours foireux les phrases qui commencent ainsi haha) le changement commencent par soi même. Et la preuve ça fonctionne puisque ce sont précisément les choix d'autres végétariens qui ont finit par te faire le devenir toi même. Et ça t'a pris combien de temps?
Sûrement des années? Peut être que dans ton entourage certains et certaines deviendront vege dans un mois ou deux ans et qu'en faisant ça ils se diront "c'est grâce à Pota aussi si j'ai cheminé".
N'oublie pas que si tu as été convaincue,c'est pour vivre ton expérience à toi. Rien qu'à toi.
Perso j'ai jamais attendu après mes potes même si moi aussi des fois ça m'enervait les "mais t'as trop raison d'être vg" tout en bouffant du ciflard.

Ce qui est sûr c'est que les gens sont plus sensibles à l'expérience qu'aux grandes théories. Que entendre c'est facile, dire c'est facile, mais vivre les choses c'est autre chose. Qui va convaincre un ou une végétarienne qui bouffe de la viande? Pas elle même déjà apparemment.
J'ai sûrement tort de faire cette corrélation mais je m'en fous c'est tout ce qui me vient : la foi par exemple. Selon moi c'est très personnel. La grâce divine est une vérité que chacun touche avec sa propre sensibilité. Convertir de force n'a jamais rien donné de bon ni rendu la foi solide. L'expérience doit se sentir d'elle même, se trouver comme un joyau compact en soi.

Chacun fait ce qu'il peut. D'ailleurs comment tu feras quand tu visitera des pays où on ne peut survivre sans manger de la viande? Quand tu rencontreras des gens pour qui manger de la viande est pas toujours un choix mais une survie? (Cf quand tu glanes dans les poubelles t'as pas trop l'occaz de faire la fine bouche)
Ça paraît absurde de sortir des cas extrêmes comme ça mais je sais que perso ça m'a aidé à lâcher prise. Beaucoup.

Mon mec mange de la viande aujourd'hui. Hyper rarement car il mange super sainement donc rarement de la viande. Mais son mode de vie fait que jamais je ne critiquerai ses choix. Le veganisme c'est aussi un privilège. :)


Bref. Je flotte autour du sujet mais lâche prise pour ta propre santé mentale. :) Tu verras. Petit à petit.....
 
J'ai du mal à voir en quoi le véganisme serait un privilège.

C'est justement un choix qui refuse toute une chiée de privilèges dans un pays privilégié.

On peut dire qu'une prise de position végane soit en réaction et l'expression du refus de privilèges, mais pas tellement que c'est un privilège en soi. (et puis ça sonne un peu comme le trope végé = mode de bourgeois)

A part de rares contrées insulaires où effectivement la pêche et l'élevage sont quasi obligé pour se nourrir (encore que c'est discutable, rien qu'au fait d'importer des motoneiges, armes et outils de pèche au lieu de légumes et plans), même dans des pays parmi les plus pauvres les repas sont à 98% végétaliens et le bout de viande le luxe, le plaisir acheté en exception et le marqueur social.
(L'excellent livre "Hungry Planet" de Menzel et D'aluisio de 2005 est assez révélateur pour ça)
 
Un privilège quand t'es dans le bon climat, un privilège quand t'as un minimum de moyen, un privilège quand t'as la possibilité et les capacités de t'informer sur la question.
Je l'entends dans ce sens.

Je ne me sens pas capable de dire à des amis qui font les fins de marché et les poubelles de supermarché "le veganisme est mieux pour votre santé et celle des animaux".
Je ne me sens pas capable de dire à des samis ou autre d'arrêter d'élever le renne et de chasser la baleine (même si je trouve ça effroyable et abjecte) parce que les vies animales valent mieux que leurs cultures millénaires.
Je ne me sens pas capable de dire à certains amis isolés dans la campagne (de type vraiment, à 1h30 de route du premier magasin bio, sans électricité etc) de pas bouffer du fromage ou des oeufs que leurs voisins leur filent.


Mon privilège se situe dans le fait que j'ai quand même un minimum de moyens (et s'acheter des lentilles et du tofu ça en fait partie), que je vis dans une zone tempérée où toute culture est possible ou du moins pas trop loin et parce que je vis en ville avec le minimum de confort que ça apporte et que je peux tout acheter ou trouver rapidos. C'est comme ça que je le vis et ça m'aide à puiser de la tolérance dans des situations que je ne peux pas comprendre ne les vivant pas moi même.
 
Outre le fait que, comme j'ai dis, les pays les plus pauvres font montre des repas les plus végétalisés (cf le bouquin que je cite, entre autre), on parle d'un cadre occidental dans un pays aisé, j'entends bien.

C'est juste qu'à la réflexion (depuis mon début végane je dirais) je remets en question le fait que certains groupes d'humains tiennent par tradition quelque-part à vivre dans des environnements passablement hostiles avec du coup le besoin de tuer des animaux pour survivre. Je n'en suis pas à leur demander de déménager évidemment, mais sur le fond, je trouve l'appel à la culture millénaire ou au peuple "préservé" à peine plus justifiable que celui de la tradition pour la corrida.

Et accessoirement ça me permet de facilement rembarrer le fameux argument carniste "ouai mais les esquimaux comment ils font ?", en répondant s'il pourraient pas importer de la bouffe végane au lieux de motoneiges, de fusils, de balles, d'accessoires et cannes à pêche, de bateaux de pêches, etc... ("la préservation millénaire" elle en a pris un sacré coup dans la gueule de mon point de vue)

PS : et fouiller dans les poubelles pour manger, ce n'est pas nécessairement incompatible avec le véganisme, si on veut bien le considérer comme le refus de participer (notamment économiquement) à l'exploitation animale et non se concentrer sur ce qui pénètre notre système digestif. Sur le principe une personne peut manger de la viande jetée à la poubelle et continuer d'être végane. (c'est plus compliqué que ça, mais la base se tiens)
 
L'utilisation de la motoneige par les inuits n'a rien à voir à faire avec la culture millénaire. L'attache à la culture d'origine est très liée à la terre, que tu utilises le harpon en os ou la motoneige n'a rien à voir avec ça. Pour certaines personnes cette attaché est fondamentale, viscérale et juste impossible à questionner. Quand les amérindiens du Dakota défendent leurs terres sacrées contre des réseaux de gaz c'est louable mais pas les inuits parce que leur mode de vie n'est pas compatible avec le bien être animal? Je ne vois pas le rapport avec la corrida. La corrida n'a jamais été VITALE pour les espagnols et les basques. Elle est clairement présentée comme un divertissement.
L'élevage de Rennes ou la pêche n'est pas un divertissement, c'est le garant d'une survie en milieu hostile. Évidemment que froidement et tres objectivement (si cest possible de l'etre) j'aurais tendance à me dire "ils n'ont rien à faire ici. Si la nature est si hostile alors autant ne pas y rester". Mais qui suis je pour remettre tous les repères, tous les jalons de vie de peuples en cause? Quelle légitimité j'ai dans tout ça ?
C'est vraiment cette ligne fine que je questionne beaucoup. Énormément.

Et à ce propos jaime beaucoup ce que tu dis quand tu exprimes que on peut manger de la viande des poubelles et continuer à être vegane. J'y suis très sensible. Pour le moment je n'ai jamais cédé (parfois je vis avec des gens qui se nourrissent principalement de cette façon) et je pense sincèrement que jamais ça ne m'arriver, c'est au dessus de mon sens de consommer de la chair mais je comprends que tout faire pour l'éviter (et tous les poa) fait déjà de toi un Vegan. Et merci de l'exprimer intelligiblement.
 
J'essaie autant que faire ce peu d'être surtout honnête vis à vis de mon ressentit, mes positions et ma cohérence du moment. (qui évolue comme tout le monde avec le temps)

Pour la viande de poubelle, perso, tant que je n'y suis pas confronté dans une optique de survie réelle, je ne pourrais pas non plus, mais je connais la misère alimentaire (un peu), donc je ne peux pas écarter ça d'un revers de main non plus.

Pour les inuits ou autres, je ne suis pas non plus en position de leur dire quoi que ce soit (ce que je ne fais pas), mais je pense que cette question mérite d'être pensée, étant donné que l'ancienneté d'une pratique n'est pas une justification en soi, et que toute pratique ancienne peu devenir une culture aussi farouchement sacralisée que l'idée qu'on se fait des inuits, des esquimaux ou autres. (qui n'est pas forcément aussi préservée et partagée par eux-même de façon aveugle non plus)

Pour les amérindiens, je dirais que le sujet est différent, ils ne font de mal à personne concernant des terres ancestrales (et accessoirement leurs cimetières) dont ils sont expropriés pour d'obscures besoin de conduites de gaz et de pétrole. Et d'ailleurs ils sont à peu près les seuls à ne revendiquer aucune propriété (ils sont nomade à la base), mais à pointer du doigt ici à la fois une destruction de vestiges culturels et de terres sans nécessité autre que commerciale.
Un peu comme pour les pétroglyphes du site de Burrup en Australie (je m'étais penché sur la question en rédigeant ma monographie du Thylacine pour un devoir d'école d'écologie)
 
Je suis hyper d'accord sur le fait que l'ancienneté n'est pas une bonne justification . Je me questionne juste sur comment dire à des gens "tu vas quitter ta terre sacrée parce que tu fais mal aux animaux". D'où mon parallèle avec le Dakota et le caractère sacré.
Tant que le caractère sacré n'heurte pas nos visions on ne le questionne pas mais ça a l'air différent dès que ça heurte. Mais concrètement pour elleux le sacré est là aussi. Tout aussi légitime.
 
Au delà du débat de savoir s'il s'agit d'un privilège de manger de la viande ou de pouvoir s'en passer (je pense en effet que ça doit dépendre des cultures et des climats : même si en général pauvreté et absence de viande vont plutôt ensemble, l'exploitation plus large de l'animal peut être nécessaire pour la survie de certains peuples), je citerais un passage de Zoopolis [ouai j'ai totalement adhéré à ce bouquin ^^] :

"Ought implies can : humans only owe justice to each other when they are in fact able to respect each other's rights without jeopardizing their own existence. Rawls calls this the requirement of "moderate scarcity" : justice is necessary because there isn't an ulimited pool of resources such that everyone can have everything that they want; but for justice to be possible, the competition for resources must be moderate rather than severe, in the sense that I can afford to recognize your legitimate claims withou undermining my own existence.
We can contrast this with what are sometimes called "lifeboat cases" when there is too little food or shelter for all to survive. In these lifeboat conditions, the most extreme actions may need to be contemplated. In order to avoid averyone on the boat dying, one person may be sacrificed, or sacrifice themselves, and various proposals have been made about how to decide who should live and who should die. But the existence of such extreme life boat cases tells us nothing about the basic rights we owe each other in the normal case where the circumstances of justices do apply [...]
Similarly there are lifeboat cases in the relations between humans and animals. Indeed, in the past the circumstances of justice may not have applied to many human-animal interactions [...]. But circumstances change."

Traduction "maison" (désolée pour les approximations) :
"Devoir implique pouvoir : les humains doivent être justes les uns envers les autres quand ils sont de fait capable de respecter les droits des autres sans mettre en péril leur propre existence. Rawls appelle cela l'exigence de "pénurie raisonnable" : la justice est nécessaire parce qu'il n'y a pas une quantité de ressources illimitée telle que chacun pourrait avoir tout ce qu'il veut; mais pour que la justice soit possible la compétition pour les ressources doit être raisonnable et non extrême, dans le sens où j'ai les moyens de reconnaître vos demandes légitimes sans mettre en péril ma propre existence.
Nous pouvons mettre cela en regard avec ce qu'on appelle parfois les "cas de radeaux" quand la nourriture ou les abris sont trop rares pour que chacun survive. Dans ces conditions de "cas de radeau", les actions les plus extrêmes peuvent être considérées. Pour éviter que tout l'équipage du bateau meurt, une personne peut être sacrifiée ou se sacrifier elle-même et de nombreuses propositions ont été faites sur commet décider qui devrait vivre ou mourir. Mais l'existence de ces cas extrêmes ne nous disent rien sur les droits basiques que nous nous devons les uns les autres dans les cas normaux quand les conditions de justices sont en vigueur. [...]
De même, il y a des "cas de radeau" dans les relations entre humains et animaux. En effet, dans le passé, les circonstances de justice ont pu ne pas s'appliquer à beaucoup d'interactions entre humains et animaux [...]. Mais les circonstances changent."

Tout ce passage pour dire que je pense qu'on ne peut pas faire de parallèle entre des personnes qui tuent un animal pour ne pas mourir de faim et mes amis qui pourraient très bien passer à un autre régime. Je pense que prendre ces cas extrêmes comme exemple est une façon d'excuser des comportements immoraux. De même qu'une personne non informée est moins coupable qu'une personne informée et qui continue de consommer certains produits.
Par contre il est en effet évident que je ne peux pas espérer changer le monde à moi toute seule et que ça ne semble pas être une solution viable non plus de ne plus parler qu'à des vg surtout que j'ai conscience des barrages sociaux et habitudes qui peuvent exister et expliquer (plutôt qu'excuser) nos comportements immoraux vis-à-vis des animaux. Il y a surement un équilibre à trouver entre jugement moral nécessaire (que ce soit sur soi-même ou sur les autres) et compréhension des difficultés à bien agir mais je ne pense vraiment pas que le "chacun sa vie, ses cheminements et ses difficultés" soit une position tenable éthiquement..
 
Je te rejoins.

Seulement "prendre des exemples extrêmes pour excuser des comportements immoraux" ça marche peut être avec ton cousin ou ta tata qui vit en ville et peut changer de régime sans trop de problème.

L'exemple extrême me permet de prendre une distance aussi et de pas ignorer des débats légitimes aussi. Ça me questionne sincèrement.

La pauvreté n'est pas que dans les pays chauds où on peut tout faire pousser par ailleurs. C'est facile d'être végétalien quand tout pousse. Moins facile quand t'es pauvre dans le grand nord.

Bref ce sont des vies qui comptent aussi.
Mais ce sont des cas extrêmes certes et dans la majeur partie des cas dans nos réalités quotidiennes -sans misère sociale ou nutritive en toile de fon- c'est clair que c'est inexcusable....
 
Un débat est toujours légitime (je considère sain de remettre ragulièrement en question ce qu'on tiens pour acquis histoire d'être certain de son caractère moral), ce sont les positions affirmées qui peuvent l'être moins. (notamment sans autre base d’existence que sa pérennité dans le temps)

Une phrase plus ou moins humoristique de ce bon Mark Twain qui me semble pourtant salutaire à garder en tête : "Quand on se retrouve du côté de la majorité, il est bon de s'arrêter et de réfléchir."

Évidemment qu'il n'est pas question d'aller forcer des peuplades "extrêmes" (et particulières) à se remettre en question dans leurs fondements quand on est pas foutus d'en faire le centième chez nous-même.
Mais l'appel à l'argument du cas extrême est aussi très souvent employé par les personnes qui ne les vivent pas et se reposent dessus pour justifier le fait de ne surtout rien changer. (il n'y a qu'un occidental pour citer une vie hostile plus ou moins romancée pour excuser son obscure "devoir de profiter de son luxe" comme si ça devait "déshonorer" les humains dénutris de ne pas bâfrer chez nous.)

C'est le fameux "mange ta viande, dans certains pays les enfants de ton age n'ont pas la chance d'en avoir.", argument qui n'a aucune valeur du tout en réalité.
 
C'est ce que j'essayais de montrer en effet V3nom : dans des circonstances extrêmes/difficiles on n'a pas les mêmes devoirs que dans d'autres circonstances :)
 
Je dirais même que dans des cas de forces majeurs il n'y a plus de devoirs (rien de telle qu'une guerre pour faire tomber un tissu social, à commencer par les lois).

Ne restent que les individus face à leurs principes et leur échelle de valeur morale, et leur propre débat intérieur face à la survie. (d'où l'intérêt d'arrêter cette infantilisation tout azimut et former un peu mieux le sens critique des gens)
 
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