Les prairies sont-elles nécessaires ?

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Byza

Broute de l'herbe
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Hier, j'ai eu la "chance" de discuter avec des éleveurs, convaincus non seulement d'aimer leurs animaux (je pense qu'ils sont sincères, mais j'ai vraiment du mal à comprendre comment ils peuvent à la fois les aimer et les envoyer à l'abattoir), et qu'ils ont un rôle écologique à jouer, en raison d'une équation très simple : pas d'élevage = pas de prairie. Spontanément, j'ai envie de dire : d'une, ben on s'en fout, c'est sympa aussi la forêt, et de deux, les animaux à l'état sauvage (qui seront certes nécessairement moins nombreux puisqu'on aura arrêté de les faire se reproduire artificiellement) continueront à brouter, pas forcément là où on souhaiterait, mais ils vont bien se nourrir. Réponses que je n'ai pas faite, consciente de ne pas maîtriser tous les enjeux de la question. Alors, à votre avis, qu'en est-il ?
 
Oui cet argument revient souvent et j'avoue qu'il me laisse toujours perplexe aussi. En quoi les prairies seraient-elles indispensables ? Par ailleurs, je suppose qu'il y a des prairies naturelles, notamment dans les montagnes.
 
Les forets et les prairies n’abritent pas les mêmes espèces, je pense notamment aux insectes, beaucoup sont inféodés aux prairies ou lisières (donc nécessité d'avoir les deux milieux). Moins d'insectes = moins d'oiseaux = moins de prédateurs = écosystème évolue et disparition d'espèces.
concernant les alpages en montagne ils ne sont pas naturels mais entretenus par pâturage. a plus haute altitude on trouve des pelouses naturelles mais c'est un milieu différent.
donc 2 choix : on entretien la prairie pour bloquer son évolution (pâturage ou débroussaillage ou fauche) et garder écosystème tel quel ou on laisse la nature faire = elle se boise progressivement, tend vers son climax et reste en foret + ou - longtemps avant de repartir à 0 (feu naturel, sol nu, milieu pionnier puis prairie, foret... c'est un cycle très long).
dsl je ne peux pas trop étayer mon explication, clavier mort et déjà 3/4d'heure pour écrire ça au clavier numérique, mais j'espère que ca vous donnera des pistes de réflexion ;) k
 
Bravo pour tes efforts sur un clavier numerique, Beelittle!

Quant à la question de l'utilité des prairies, c'est une partie essentielle du paysage depuis que les humains ont fait coupé les forets, et ça abrite une population importante d'insectes, reptiles petites mammifères et bien sûr plantes et fleurs. Chez nous on a reprit des prairies à moutons pour en faire un jardin sauvage. Plantation d'arbres parsemés dans les prairies, avec plantation de plantes et bulbes remontantes, expansion des pièces d'eau existantes, et création des coins sauvage où on ne touche jamais pour protéger les habitants (que ce soit insectes, taupes, hérissons, lièvres ou poules d'eau et canards 'visiteurs'). Résultat: depuis 2002 on a vu une augmentation graduelle de résidents (hérissons, lièvres, ragondins et grenouilles aussi bien que les insectes, petites mammifères (souris, campagnoles, taupes..) et parfois des oiseaux inhabituels (hoopoes, hérons et egrets) en bonne saison. L'important est d'équilibrer la proportion des espaces en herbes et celle des arbres, buissons et plantes, ce qui demande un soin des arbres et une tonte (trois fois par an) de l'herbe, à part les zones sauvages.
On sait bien que les prairies sont résultats d'intervention humaine, mais on peut minimiser l'impact de l'activité humaine si on évite d'exploiter ou éléver-pour-abattre les espèces qui vivent dessus..
 
Aaah ! les prairies. Un bien beau sujet. Allons-y.



« Une prairie stocke autant de carbone qu’une forêt »

C’est comique, il manque toujours trois mots : « dans le sol ».

Oui, les déchets de plantes sont mal décomposés dans une prairie (ce qui est quand même déjà un signe d’une activité biologique faible). Le carbone absorbé de l’atmosphère s’y accumule donc et il y en a autant (p. 4) que dans le sol d’une forêt.

Mais ça occulte toute la partie aérienne de la forêt (celle qui est a-dessus du sol) : herbacées, troncs, animaux, etc. De ce que j’en ai lu, ça double le stockage (bon, ici, c’est par rapport à une prairie aérienne). ou peut-être même 2,5× (figure 4, p. 49 [p. 5 du PDF]).

Variante : « Le stockage de carbone des prairies compense l’équivalent de 30 à 80% des émissions de méthane des ruminants »

Utiliser cet argument, c’est se tirer une balle dans le pied : les prairies n’absorbent que l’équivalent de 20 à 70 % des émissions de méthane des ruminants. La prairie comme stock de carbone, ça ne fonctionne donc pas !



« La biodiversité des prairies va disparaitre si on les transforme en forêt »

C’est tout à fait vrai que les prairies forment un biotope particulier, avec des espèces – animales, végétales, fongiques… – spécifiques.

Mais, à ce que je sache, ces espèces préexistaient à la transformation de forêts en pâturages par les humains. A priori, elles continueront d’exister. C’est sûr que les effectifs seront moindres mais, de l’autre côté, les effectifs des espèces forestières (ou des friches) augmenteront.

Et outre les prairies naturelles, les espèces prairiales continueront profiter d’autres espaces créés par les humains : tranchées forestières (là où passent des lignes à haute tension ou des coupe-feu), bords de routes et de voies de chemin de fer, aéroports, jardins, pistes de ski, etc.



« Les prairies freinent la propagation des incendies de forêt ou de friche »

Ça semble logique. Et je ne m’y connais pas assez en incendies – ni dans leur gestion ou leur prévention – pour répondre à ça.

Mais quand on voit que plus de deux tiers des causes sont d’origine humaine (2 % pour la foudre, et 30 % de cause inconnue, donc probablement en partie humaine aussi), on se dit qu’il y a de la marge de progression pour la prévention.



Ma préférée par-dessus tout : « On entretient les paysages »

:jcapote: Mais oui, bien sûr, nos cher⋅es paysan⋅nes fermier⋅es exploitant⋅es agricoles paysagistes font ça pour la beauté du pays. La vente des produits animaux n’est qu’une activité annexe servant à financer ce travail d’esthète public.

Et puis, en quoi les prairies seraient le seul paysage digne d’intérêt. Une forêt, une ville, des dunes, un parc, etc. ne seraient-ce pas des paysages ?



Commentaire

Ce truc des prairies ne sort par les trous de nez mais, à mon sens, il est symptomatique d’un mode de pensée ou l’arbre (ici, l’herbe) tente de cacher la forêt.

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais, souvent, quand on parle d’élevage, on nous répond en parlant de l’élevage bovin. Et on occulte tous les autres (notamment les porcs et les oiseaux).

Pourquoi ? À mon avis parce qu’il fait partie de l’imaginaire du grand public car le plus visible dans nos régions (on voit des bovins paitre paisiblement, alors que les cochons et les poules, on ne les voit quasiment jamais), et parce que c’est l’élevage le moins pire donc celui qu’on prend comme exemple pour défendre la pratique (Si vous allez fouiner sur Twitter, vous ne verrez que des éleveur⋅ses de vaches laitières. Aucun⋅e engraisseur⋅se de veaux ou de bœufs, aucun⋅e éleveur⋅se de pondeuses, poulets, porcs, dindes, etc. Probablement qu’iels n’osent pas se montrer.)

Pensez-y si vous parlez élevage et qu’on vous répond bovins. Vous pouvez recadrer et répondre cochons, poules, poulets… (et poissons, et crevettes, etc.)

H.
 
De toutes façon, si on passe de l'élevage a l'agriculture, j'espère qu'on n’oubliera pas le principe de jachère. Et si on ne l'oublie pas, alors on aura des prairies. Après, la vie animal est très différente dans une prairie comme ça à été dit. C'est surtout bien plus sûr pour nous, les êtes humain. Bah oui, les animaux qui représente vraiment un danger (je parle dans un instant donné, pas à l'humanité entière hein!) sont bien plus présent en forêt. Que l'on parle de vipère (bon, les zone rocailleuse sont aussi leur petit coin de paradis.), de loup (les loup attaque les proies facile, alors on est pas en top liste, mais quand même), ou d'autre animaux sauvage (personne fait le malin face à un sanglier), faut bien avouer qu'on n'est pas grand chose sans outil :)

Je parlerais pas trop de tout ce qui concerne la pollution. L'écologie est devenu une niche économique si importante qu'on fait n'importe quoi a ce sujet. Bonjours les voiture hybride et électrique, salut les panneau photovoltaïque, hello les pompes à chaleur! La seule chose vraiment certaine en écologie, c'est qu'évité le gaspillage en améliorant les rendements pour un consommation identique est la bonne chose à faire. Isolé mieux une maison au lieu d'améliorer son système de chauffage, réutiliser les pertes comme les vapeurs ou fumer chaude ect ect.

Et outre les prairies naturelles, les espèces prairiales continueront profiter d’autres espaces créés par les humains : tranchées forestières (là où passent des lignes à haute tension ou des coupe-feu), bords de routes et de voies de chemin de fer, aéroports, jardins, pistes de ski, etc.

Juste sur le truc souligner, un petit test à faire soit-même.

Sous une ligne à très haute tension (et pas a haute tension, attention!)qui passe par exemple au dessus d'un champs, prenait un néon, tout ce qu'il y a de plus classique, et tenait le à la vertical le soir. Magie, il n'est branché a rien mais il s'illumine (pas a fond, évidement!)
Ce test montre en fait que l’électromagnétisme est importante autour de ces lignes. Ca implique plein d'autre problème, mais en gros, au niveau de la santé, c'est des tumeurs assuré. Par ailleurs, Si vous habitez au dernier étage d'un immeuble qui a une antenne relais sur le toit, trouvez-vous un autre endroit, il en va de votre vie.
 
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