Véganisme et déplétion pétrolière

Balika

Élève des carottes
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Le végétalisme (et le véganisme en général) sont possibles aujourd'hui dans les pays industrialisés grâce aux découvertes scientifiques, à des technologies avancées (tracteurs, serres, engrais, production de compléments) et à des énergies abondantes et bon marché (dont la première est le pétrole).

Les énergies fossiles, qui sont à la base de nos civilisations modernes, sont déjà en raréfaction. Quelques personnes, particuliers, économistes, spécialistes de l'énergie, s'inquiètent de l'avenir de la production (et alors même que leur combustion cause des dégâts durables au système climatique). Il existe même des forums dédies à l'après-pétrole, comme Oléocène.

- Comment vivre en autarcie en étant végane ?
- Comment produire sa nourriture et effectuer les travaux agricoles sans animaux (fumier, traction) ?
- Comment remplacer la laine, le cuir ?

Un petit débat d'une heure sur la chaîne de https://www.youtube.com/watch?v=5ndFVKR ... 1029018429]l'Effet Chimpanzé[/url].
 
Est-ce que tu crées ce post à titre informatif, ou bien tu souhaiterais lancer une discussion ? (bon je réponds quand même, tant qu'à faire)

Si je comprends bien, ta question principale, c'est au sujet de l'avenir du véganisme dans une société après-pétrole.
Le problème, c'est qu'on ne sait pas vraiment à quoi ressemblera l'après-pétrole, et que ça conditionne la réponse.

Diverses possibilités:
Est-ce qu'il y aura une décroissance maitrisée où chaque nation, d'un commun accord, diminuera sa consommation de façon équitable ? :biglol: Récemment, Trump, en remettant en cause et en quittant divers accords de coopération (Iran, COP21), montre à priori que la géopolitique se fera toujours dans la compétition plutôt que la coopération.
Est-ce que les 'énergies renouvelables' que représentent le solaire, l'éolien, et la biomasse (incluant agrocarburants: huile de palme) remplaceront effectivement nos sources d'énergies actuelles ? On a l'avis de Philippe Bihouix ici: https://www.youtube.com/watch?v=Bx9S8gvNKkA
Est-ce que les institutions démocratiques (à entendre: bureaucratiques) ont la moindre marge de manoeuvre pour encaisser ce genre de transition, sans tomber dans la dictature voire le totalitarisme ? Le passé a tendance à nous montrer plutôt qu'un effondrement en entraîne un autre et que les démocraties sont particulièrement instables (Weimar, Guerre d'Algérie, Lois sécuritaires).
S'il y a effondrement, est-ce que ce sera suffisamment progressif pour laisser des dictatures prendre le pas, ou bien suffisamment brutal pour que la violence de l'Etat soit grignotée par de nouvelles entités de pouvoir (mafias, ou autre groupes violents).
S'il y a effondrement brutal, est-ce qu'au contraire il aura été formé au préalable des structures de solidarité suffisamment résilientes pour subir le choc, et pour empêcher la formation d'entités violentes (type ZAD comme expérience de résilience) ? (un peu d'espoir)
(Non exhaustif)

Je n'ai pas parlé de l'évolution du climat ? C'est mieux si on met ça de côté, non :'( ?


Dans les deux premiers cas (où le capitalisme que l'on connait survit à une échelle réduite), alors la question du véganisme sera probablement la même qu'actuellement, puisque le système aura survécu.

Dans les autres cas, c'est intéressant. Tu as parlé d'autarcie, donc je vais supposer que tu parles avant tout du véganisme dans une société où la technologie ne sera plus abondante (il y aura donc beaucoup plus d'autonomie à toutes les échelles), et où les gens auront suffisamment de libertés pour défendre des convictions (dans une communauté démocratique oui, dans un système sous influence de mafias peut-être, dans un Etat totalitaire oublions).

D'un point de vue technique, tes questions ne posent presque aucun problème:
-La laine ? Rien d'indispensable.
-Le cuir ? Rien d'indispensable. Sans caoutchouc (plastique ou non), il faudra par contre changer les habitudes niveau chaussures, à savoir privilégier le nu-pieds en saison chaude (comme c'est fait pour encore une grande partie du monde) et divers matériaux en saison froide (bois notamment).
-La production de nourriture ? Il y a des façons de faire de l'agriculture qui ne nécessitent pas de travaux intensifs (ne serait-ce qu'en se nourrissant avant tout de fruits, de noix, et de quelques légumes). On peut parler d'engrais verts et de non-labour. Il y a aussi la possibilité de faire comme une partie encore importante de la population mondiale aujourd'hui: une houe et ses bras, avec très peu de technique.
- L'autarcie n'est donc théoriquement limitée que par la vitamine B12.
Il y a la solution simple de stocker de la vitamine B12 pour 60 ans. C'est probablement faisable pour une centaine d'euros. Mais c'est pas très durable pour de futures générations, et s'il faut se mettre à partager en cours de vie, c'est problématique.
Sinon, une autre solution consiste à collecter suffisamment de connaissances aujourd'hui pour être capable de préparer soi même des milieux de croissance bactérienne favorables à la synthèse de B12. Je ne sais même pas si c'est envisageable, je n'ai aucun connaissances là-dedans.



Pour résumer ma pensée: il n'y a rien d'autre qui empêcherait techniquement une autarcie végane que la B12.
Seulement, la mise en place de ce genre de système risque de devenir de plus en plus difficile suivant l'évolution du monde qui nous attend (probablement rien de beau).

Pour éviter de :sepend: on peut aussi se dire que la progression de nos systèmes actuels (peu importent les "bénéfices" qui vont avec) n'est pas souhaitable, et que si on veut être capable de garder une liberté d'action, il vaut mieux que nos systèmes s'effondrent.
Que ce soit du point de vue
- écologique (pollutions, destructions d'habitats, changement climatique),
- de l'évolution des sciences et de la technologie qui amène et renforce toujours de plus en plus de risques: technologies d'armement (nucléaire, nanotechnologies, intelligence artificielle), technologies de surveillance de masse (on voit à quel point il est facile avec un simple épouvantail de faire passer des lois sécuritaires sans même être en dictature),
- de notre organisation sociale (exploitations mondialisées, à toutes les échelles, dans des conditions souvent proche de l'esclavage).

Je conclue en disant que si on veut espérer quoi que ce soit de l'avenir, il faut s'y mettre rapidement, et réinventer des systèmes d'autogestion autonomes à petite échelle (avec stocks de B12 :whistle: ).
 
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