En fait, je suis semi-nomade et n'ai donc pas de "chez moi" fixe.
Dans la ville où j'envisage de passer plusieurs mois, il y a un petit abattoir communal, directement au bord de l'avenue principale, entre plusieurs entreprises. Derrière il y a un champ et une petite route.
Les abattages se font en début de semaine, tôt, jusqu'en milieu de matinée. Il y a peu de passants. Personne n'entend les animaux à mon avis (même les gens qui passent en voiture). Il y a des logements pas très loin, je ne sais pas si les habitants s'en aperçoivent.
Je les entend parce que j'y vais, parce que je n'ai pas envie d'oublier la réalité quotidienne. Que ces agneaux, ces chevreaux, ces porcelets ne restent pas des idées, des concepts humains, que j'utilise (et que tout le monde utilise) dans les débats sur internet ou en dehors, en écrivant de simples mots et en déblatérant de grandes et élégantes théories.
Je vais les voir pour qu'ils restent dans le domaine du sensible, du concret.
J'y serai peut-être demain matin si j'ai le courage. J'aimerais bien commencer à photographier, à enregistrer, pour montrer à tout le monde que derrière les jolies photos pittoresques des dépliants touristiques, les images de produits du terroir et les menus de restaurants, se cache l'horreur que plus personne ne veut voir.
Je me sens tellement seul face à ça, bordel ...