Dur dur de vivre ma parano alimentaire....

Prisedechou

Jeune bulbe
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Bonjour les ami(e)s,
Sympa d'arriver sur un forum drôle et pratique qui semble plein de bienveillance : je l'ai parcouru et je n'ai pas vu les débilités habituelles servies aux végétariens et autres agressions gratuites :p

Bon, voilà, je suis végétarienne depuis une bonne vingtaine d'années maintenant, je viens d'une famille, je ne dirais même plus de carnistes mais de serial killer, je vis avec une personne qui n'est pas végétarienne mais ne mange que très exceptionnellement de la viande (peut être une fois par semaine à la maison, et à l'occasion au resto) et j'ai un enfant de 1 an environ qui ne mange pas de viande .

Disons que mon mode de vie est à l'image de mon régime alimentaire : ma vie est une globalité, je la veux saine est respectueuse de l'environnement , par conséquent je vis en conscience de mes actions, fais mon potager, mange bio, utilise des matériaux naturels pour ma maison, recycle tout et n'importe quoi...

Mais voilà, depuis qq temps je commence à culpabiliser sur mon alimentation et à me trouver de moins en moins cohérente dans ma pensée de respect de la vie animale et de la planète: je mange du fromage (j'envisage l'arrêt ces jours-ci, j'ai déjà diminué considérablement ma consommation) et je donne des yaourts à mon fils.

L'arrêt des ces produits là, me paraît pourtant compliqué : autant je suis inflexible sur la viande, mais si je le deviens sur les laitages là ça va socialement être encore plus compliqué (au niveau familiale et amical), j'en ai ras la casquette de me justifier depuis vingt ans...
Concernant mon enfant, j'ai essayé les produits végétaux, sans succès pour le moment, de plus avec la crèche ça va encore être la guerre (ça l'est déjà pour la viande, ils veulent que je leur signe une décharge car ils sont persuadés que mon enfant va avoir des problème de santé ). Je minimise donc les repas pris là-bas qui ne sont absolument pas équilibrés.

Je suis tellement regardante sur la nourriture que consommer non bio = empoisonnement à mes yeux. Je ne suis pas moralisatrice et chacun ses idées, mais quand je dois gérer ça en société c'est un conflit intérieur immense. Je ne dis rien mais je fais semblant.

Se nourrir est devenu vraiment psychologiquement pesant pour moi : dès que l'on sort de son propre frigo/jardin on ne peut plus éviter la nourriture indus/pesticides/plastiques/gélatine/lait... ça me rebute et m'angoisse.

Demain nous sommes invités à dîner chez des amis qui savent que je mange végétarien, et ça me turlupine un peu, vont-ils : servir un énorme plat de fromage ? me sortir une assiette de salade verte et un boeuf bourguignon pour les autres invités ? déballer un plat végétarien de chez Lidl ? C'est l'exemple le plus proche qui me viens de suite...

Je pars de différents principes qui sont que nous sommes ce que nous mangeons et qu'adapter sa nourriture est un moyen de lutte écologique. Aucun retour en arrière ne me semble possible, mais qu'envisager ? je commence à être fatiguée de cette lutte constante qui devient en toute logique de plus en plus végane.
Mon enfant ne mange pas de viande et ça a été du à accepter pour ma famille. De plus je vis dans une campagne profonde où 1) il est difficile voir impossible de se fournir en produits Véga 2) ne pas consommer de produits animaux est vécu comme un affront par 90% des gens ici qui sont paysan ou chasseur ou les deux...

Ai-je une forme d'orthodoxie ? d'autres témoignages du genre ?
Merci pour vos réponses !
 
Bonjour, Prisedechou ! :salut:

Je ne parlerais pas d’orthodoxie, encore moins de parano, mais plutôt, comme tu le dis aussi, de cohérence.

D’expérience, j’ai trouvé assez confortable cette sensation de cohérence après notre passage au véganisme : avant, je déplaçais les escargots du trottoir pour qu’ils ne se fassent pas marcher dessus, je raccompagnais à la sortie des guêpes, papillons et certaines araignées qui n’allaient pas se plaire à l’intérieur, etc. mais, à côté, j’avais un impact énorme sur les animaux par d’autres de mes pratiques.

Mais, si on recherche la cohérence, je pense qu’il ne faut pas en faire un but en soi. Tout comme la perfection, la cohérence complète n’existe pas, elle est inaccessible. Ce que je suggérerais c’est, par contre, de tenter de faire mieux, petit à petit, en fonction de ses possibilités et contraintes. C’est un moyen assez simple (on ne doit pas surmonter d’un coup de grosses difficultés) et durable (en adoptant de nouvelles pratiques au fur et à mesure, elles s’ancrent mieux).

Par exemple, tu envisages l’arrêt du fromage. Mais peut-être que tu peux, ne serait-ce que de manière transitoire, encore l’accepter occasionnellement à l’extérieur (Au fait, comment s’est passé le repas hier ?) Car c’est bien entendu l’extérieur qui est souvent le plus compliqué, surtout là où tu vis. Ça fait partie des contraintes qui font qu’il n’est pas possible pour tout le monde d’adopter les mêmes pratiques ni de le faire à la même vitesse. Faire les choses au mieux qu’on peut, au rythme qu’on peut, est, à mon sens, la meilleure des choses à faire.

Surtout qu’il y a des choses sur lesquelles on n’a pas prise. Ainsi, dans l’agriculture bio, on peut avoir d’immenses serres industrielles, des cultures sur sol nu, l’utilisation de sulfate de cuivre qui pollue les sols (le cuivre est classé dans les métaux lourds), le désherbage thermique qui tue la microfaune, la pulvérisation de Bacillus thuringiensis (une bactérie insecticide à large spectre), etc. À côté, dans l’agriculture non bio, on peut avoir des couverts végétaux, l’utilisation parcimonieuse et non systématique de pesticides non bio (par exemple pour traiter l’apparition d’un mildiou avec un fongicide de synthèse bien moins problématique que la bouillie bordelaise), l’absence de labour, l’implantation de haies et bosquets, etc. Bref, certaines pratiques non bio peuvent être bien meilleures pour l’environnement que certaines pratiques bio. Hélas, il est rarement possible de savoir ce qu’il y a derrière quand on achète quelque chose ; ça fait partie des trucs auxquels il faut se résigner au quotidien (sans pour autant l’accepter sur le long terme mais, là, ça relève de la vision politique).

Pour t’aider, y a-t-il des groupes végés locaux (de visu ou, par exemple, sur Facebook si tu en es membre) dans ton coin ? Ou peut-être as-tu déjà pu trouver des témoignages ici d’autres personnes dans ton coin ou dans une autre « campagne profonde » ? (Ou d’autres témoignages, suggestions, bons plans, etc. vont arriver suite à ton message. ;))

(Concernant ton fils, je passe mon tour : je n’ai aucune expérience à ce sujet.)

J’espère que cette sérénité qui semble te manquer t’arrivera dessus. :pouces:

H.
 
En relisant je me rends compte que le correcteur à changé à mon insu le mot orthorexie !

Merci pour ta réponse Haricot, j'ai bien accepté que je n'atteindrai pas la perfection ! Pour le fromage il a fichu le camp du frigo, sauf comme tu dis pour l'extérieur car là c'est trop dur à gérer... Et mon dîner s'est bien passé ; c'était végétarien, avec du fromage mais pas trop, et j'ai pu essuyé qq blagues, comme d'hab en fait.

Pour la bio je sais bien : j'ai moi même fais des études agricoles donc je sais exactement ce que je veux consommer et je me fournis donc chez les copains paysans des alentours qui répondent parfaitement à toute l'éthique qui me tient à coeur...

Pour la rencontre entre végétarien ici il y en a peu, ou alors des gens en résidence secondaire qui sont en fait des urbains absents la semaine. Et Facebook, bah non, disons que c'est pas trop dans mes activités ;)

Moi qui imaginait naïvement que ça allait être de plus en plus facile d'être végétarien et que la société y donnerait de plus en plus de sens, bah non, j'ai pas l'impression que ça ait changé depuis 20 ans ahahah !
 
En première lecture, j’ai fait le chemin inverse de ton correcteur, puisque j’avais lu « orthorexie ». :)

Difficile de juger si tu en fais, juste sur base de ton témoignage et, surtout, parce que je ne suis pas spécialiste.

En fait, ça ne me surprendrait pas qu’il y ait une limite floue entre tenter de faire mieux et en faire une sorte d’obsession (potentiellement dangereuse). Mais, comme point positif, tu sembles consciente du risque de tomber dedans. ;)

H.
 
Quand ça devient obsessionnel, c'est une forme d'orthorexie, donc c'est normal que tu aies pensé à ce mot^^

Prisedechou, je pense que bon nombre de végétariens passent par-là. On arrête de faire du mal aux animaux, donc on veut aussi arrêter de se faire du mal, donc on veut manger sain, partout, tout le temps... Jusqu'à ce que ça occupe une grande partie de nos pensées quand vient l'heure des repas.

Quant aux blagues et autres remarques... C'est normal ;)

Je n'aime pas le fromage depuis que je suis tout petit, et mes parents me font encore des vannes là-dessus à 33 ans :D
 
En effet Alucx, tu expliques ça franchement simplement et clairement.
Hier j'ai eu droit à la totale avec mes collègues de travail : si les hommes préhistorique ... bla-bla... nous n'aurions pas évolués, et puis l'un d'eux a même terminé par "je ne mange pas de cheval car je trouve qu'il est plus intelligent qu'une vache". J'ai répondu à ça en argumentant, et après j'ai culpabilisé d'avoir perdu mon temps à ça, gaspillé de la salive, de l'énergie, devant des gens qui font un truc qui je trouve frôle le harcèlement et dont les seuls arguments sont "quand même une côte de boeuf braisé miam miam " et "toi t'as vraiment réponse à tout".
Ca me donne envie de plus sortir de chez moi ;)
 
Oui, c'est parfois dur de garder son calme... Il faut passer outre. L'important, c'est d'être en accord avec soi-même ! Les autres finiront (j'espère) par entrevoir la lumière et changer leur régime alimentaire...
 
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