débats : veganisme et handicap

C'est LA question en fait. Peut-on "utiliser" d'autres espèces animales pour X ou Y raisons. Et c'est pas facile d'y répondre parce qu'il y a beaucoup d'affects dans cette problématique. Rien que les animaux dits de compagnie. Je peux me dire que j'ai adopté Sasori parce qu' il était seul au monde, parce qu'il a été maltraité, que je lui offre une sécurité, des soins, de l'amour, de la nourriture.... Est ce que je me fais plus plaisir à moi que je ne lui en fais à lui ? Il n'est pas libre.
 
Je ne sais pas ce qui a déjà été dit ou pas (je n'ai pas tout lu), je ne peux parler que des chiens guides ayant travaillé dans le domaine du handicap.
Dans de nombreuses associations (pas forcément toutes, vu que je ne les connais pas de façon exhaustive), le chien est éduqué des la naissance pour apprendre à aider l'humain aveugle. Une fois son éducation terminée il intègre une famille (le plus souvent bien sur ce n'est pas un simple meuble, il fait parti de la famille surtout lorsque la personne est isolée).
Le chien d'aveugle est considéré comme un travailleur (il y a souvent des contrats d'engagement qui obligent les familles à bien traiter les chiens) Cest a dire aussi qu'au bout de quelques années d'exercice, il prend sa retraite (oui, oui). Dans ce cas, deux possibilité : soit il reste dans la famille et est remplacé dans ses fonctions par un autre chien, soit il peut partir dans une famille d'accueil où il n'aura plus à aider.
Voilà pour le peu que j'en connais
 
Chocogrenouille":3s1fbg3q a dit:
J'ai une question : pourquoi des membres de l'espèce humaine se sent-iels autorisé-e-s à "utiliser" des membres d'autres espèces pour résoudre leurs problèmes ?
Parce qu'ils en ont le pouvoir ?

Certaines espèces d'animaux non humains utilisent d'autres, parfois à sens unique, parfois, les deux espèces y trouvant leur compte. (ex: fourmis et pucerons, petits poissons qui sont les dentistes de gros poissons, boeufs et pique-boeufs...)
 
Disons que c'est une question de point de vue. Certains verront dans toute forme de relation "de travail" humain/non-humain une exploitation, d'autres partiront du principe que dans certains cas il peut s'agir d'une collaboration. Techniquement, toutes les espèces cohabitant dans un même écosystème sont, de près ou de loin, en collaboration les unes avec les autres, même si cette collaboration n'est pas forcément équitablement profitable. L'idéal serait de trouver justement un équilibre qui permette à chacun d'y trouver son compte.
En ce qui me concerne, je suis persuadée que certains animaux resteraient près de l'être humain même s'ils étaient totalement libres de partir, que d'autres s'en iraient totalement, et que d'autres enfin resteraient proches de l'humain mais sans plus. Comme c'est déjà le cas avec par exemple les chats qui, bien qu'étant pour la plupart capables de survivre dans un environ naturel, restent dans les agglomérations ; ou, à l'inverse, comme c'est le cas de certains animaux non domestiques qui voient dans le fait de se rapprocher des agglomérations une bonne opportunité pour se nourrir plus facilement.
Je pense aussi que, dans un tel cadre, une vraie relation de collaboration pourrait s'instaurer entre humains et non-humains.
Mais dans l'état actuel des choses, les situations où l'animal est réellement un collaborateur et pas un serviteur sont rarissimes, et je ne suis pas du tout convaincue que l'exemple des chiens-guides soit justement un exemple de ce type de collaboration.
Donc sur le fond, je ne suis pas contre les chiens-guides (ni contre l'équitation, la traction animale, les chiens policiers, etc.), mais pour le moment on est à des années-lumière d'un cadre "équitable". Sur ce sujet de la collaboration humains/non-humains, je trouve cet article très intéressant, et assez proche de ma propre perception de ce problème : http://coteboudreau.com/2015/09/09/etud ... e-a-chats/ (d'ailleurs, tout son blog est très intéressant).
Après, le fait qu'il s'agisse d'une aide précieuse pour les handicapés rend une prise de position définitive extrêmement difficile, et je dois avouer que pour le moment je n'ai pas vraiment trouvé la mienne. ^^
En tout cas, sujet très intéressant.
 
Chocogrenouille":1mc20kpg a dit:
J'ai une question : pourquoi des membres de l'espèce humaine se sent-iels autorisé-e-s à "utiliser" des membres d'autres espèces pour résoudre leurs problèmes ?

Ben... Probablement parce qu'à un moment on s'est aperçu-e-s que ça marchait, que ça nous aidait à vivre. Mais jusque là, je dirais : rien de condamnable. Je dirais qu'à ce niveau il n'y a pas de différence stricte entre les humains et les non-humains. Après tout, les ANH s' "utilisent" entre eux tout le temps, ne serait-ce que comme source de nourriture. (Non non, je ne suis pas en train de vous faire le coup de "les lions mangent de la viande donc moi aussi", attendez de voir la suite). Parmi les ANH il y a des parasites qui profitent salement de leur hôte, et d'autres qui vivent en relation de symbiose, et sûrement aussi une myriade de relations plus ou moins mutuellement bénéfiques du genre. La "nature" n'est pas sympa, il y a des profiteurs partout.

La grosse différence, je crois, entre les non-humains et les humains, et ce qui donne une responsabilité à ces dernier-e-s, c'est qu'illes comprennent le monde à leur façon, essentiellement à travers des histoires. Les petit-e-s humain-e-s réclament des histoires pour s'endormir le soir, et les adultes... aussi, même qu'illes paient pour ça, eux. On explique plein de concepts compliqués par les histoires. Je crois que les trucs les plus signifiants dans notre vie, on les a appris sous une forme narrative ou une autre. Même les histoires faites pour distraire, éduquent ; elles transmettent toutes un sens de ce qui est bien et de ce qui est mal, de ce qui motive les êtres, de ce qui leur arrive en retour. Les histoires forment des nations : regardez les États-Unis, basés sur le mythe de Christophe Colomb découvrant l’Amérique, sur celui des pères fondateurs, celui de la liberté individuelle.

Bref je ne sais pas bien quand ni comment ça a commencé, mais toujours est-il qu'à un certain moment, l'humain qui abattait un cerf ne l'a plus fait avec uniquement la nourriture en tête (ou la peau, etc), mais cela voulait dire quelque chose en plus, qui allait donner une place particulière, à lui, au cerf, à sa mort, dans une histoire, celle d'un groupe humain. Et là, ça s'est compliqué. Étant donné l'incommensurable diversité des cultures sur Terre, il a dû y en avoir (il y en a peut-être encore) où le cerf et l'homme étaient conçus comme égaux et se battant chacun pour leur vie ; d'autres où le cerf était une sorte d’être sacré qu'il ne fallait pas tuer ou seulement d'une façon très précise et rituelle ; d'autres où l'homme était supérieur au cerf et avait tous les droits sur sa vie. A mon avis, le plus important, ce n'est pas qu'à un moment ou l'autre on se soit mis à exploiter des ANH – c’était probablement utile à l’époque – mais c'est l'histoire que l'on raconte autour de cela. Celle-ci va justifier qu'on continue de traiter les ANH d'une certaine façon ou non quand nos conditions de vie changent. Je ne vous apprends rien, en France on adore raconter l'histoire des gentils éleveurs passionnés par leur métier, qui aiment leurs bêtes, et participent bravement à une fière tradition culinaire qui fait notre identité, bla bla.

Et ça en revanche, c'est condamnable. Il est là, le coeur de l'action végane, non ? Déconstruire ces histoires-là, montrer que ce sont des mythes, qu'on peut et qu'il faut changer, maintenant.

Pour en revenir aux animaux de service, de la même manière, je ne pense pas que le problème soit qu'on ait commencé à les mobiliser pour aider des personnes handicapées : non, encore une fois, c'est l'histoire qu'on raconte autour d'eux. Si on conçoit les deux animaux (humain et non-humain) comme devant entrer dans une relation mutuellement bénéfique, où chacun-e profite d'une force de l'autre tout en protégeant ses points faibles, alors on va s’inquiéter pour le bien-être des deux parties, et changer si ça ne marche pas ; si on conçoit le non-humain comme étant une commodité, une béquille, un objet, là ça va dégénérer pour lui. Je me doute qu'on est bien loin de l'idéal… Qu'à l'heure actuelle, pour de nombreux-ses humain-e-s, être considéré-e comme pareil à un « animal » est une insulte qui rappelle à leur mémoire des siècles d'oppression ; que de nombreux-ses humain-e-s handicapé-e-s sont rejeté-e-s par les leurs. Ce que ça veut dire pour moi, c'est que c'est aussi en combattant ces oppressions inter-humains (racisme, capacitisme…), en plus du spécisme, qu'on va peut-être pouvoir, finalement, tou-te-s s'inclure dans une histoire où nous sommes égaux/ales aux ANH et où nous pourrons penser plus sereinement nos relations avec eux.
 
Je pense :
- que wikipedia dit de la merde, la preuve avec l'existence de ce débat et de positions divergentes
- que c'est un sujet extrêmement compliqué et infiniment plus compliqué que d'abolir la viande (la chasse, la pêche, les abattoirs, l'élevage -même si du coup, ces cas très particuliers posent la question de ce qu'est exactement l'élevage-)
- qu'il faudrait surtout éviter de noyer 99% des poissons (les mille milliards d'animaux tués par an, pour rien) avec un cas particulier complexe
- que Zoopolis (que je n'ai pas lu, mais dont j'ai lu quelques compte rendus) pose ce genre de questions, avec la notion de citoyenneté animale : http://coteboudreau.com/category/citoyennete-animale/
 
Pers0nne":qei2woqv a dit:
- que Zoopolis (que je n'ai pas lu, mais dont j'ai lu quelques compte rendus) pose ce genre de questions, avec la notion de citoyenneté animale : http://coteboudreau.com/category/citoyennete-animale/

Lol, on a mis le même lien, au moins il est plébiscité !
Pour Zoopolis, autant que je sache, il n'est édité qu'en anglais pour le moment, et honnêtement je ne me sens pas de lire ce genre d'ouvrage en anglais. Mais j'espère qu'il sera bientôt édité en français (l'espoir fait vivre), car il m'intéresse énormément.
 
Salut, je défends plutôt l'idée de Korbak :
le travail n'a pas forcément à être propre à l'espèce humaine

Mais je trouve qu'un peu tout le monde est pertinent, c'est frustrant. Pour commencer, je suis pour l'abolition de la peine de mort et de l'esclavage, et je défends l'idée d'une transition.
L'idée de relations sociales entre différentes espèces me séduit, et pas un contrat de travail imposé aux anh, silencieux. Jusque là jme rassure moi-même, et partage le rêve d'un Zoopolis.

Watermelon
je réagi au fait de parler de travail pour un animal domestique. Ça ne me parait pas approprié. L'animal ne peut pas donner son avis. Normalement le travail c'est un contrat et les deux parties ont leur mot à dire.

Je pense qu'on peut donner le choix à l'animal.

Usagi.Chan
Que devient l'animal quand il est trop vieux pour travailler ?
Moi j'ai envie qu'il prenne sa retraite.

Oui mais en vrai ?
S'il se blesse et a besoin de soins coûteux ? S'il devient lui-même handicapé.e.s ? Si son employeur propriétaire n'a plus besoin de lui ?
S'il ne VEUT pas travailler, du tout, jamais ?
En vrai, on le maltraite et/ou on le tue. C'est justement ça le problème.

Mais il y a plein d'autre genre de « proprios », dont beaucoup qui tentent de dialoguer, qui offrent une retraite à leurs animaux... Je trouve çà plus inspirant que d'être un chevreau de deux mois.

Soyons honnêtes, il n'y a pas de gentille exploitation. Les droits des travailleurs humains qui ont la possibilité de se plaindre, de faire grève, de "bousculer" les patrons ne sont déjà pas respectés alors ceux des animaux non-humains…

Mitsuya
La propriété privée c'est sympa, mais les anh n'ont jamais eu leur mot à dire... Donc ils ont le droit d'aller où? De manger quoi?
En fait, le "contrat" n'est encore une fois que dans un sens. Je trouve ça gênant.


C'est le principe du mot « exploitation ». C'est de l'exploitation, c'est pour ça que je parle de travail.

Si, les luttes sociales c'est utile. C'est pour ça qu'on est au 35h, qu'on a une retraite, une assurance maladie, les arrêts de travail, etc. Pour l'instant on se laisse endormir derrière nos iphones, c'est pas pareil.

Je pense que proposer un code du travail pour les anh serait justement un moyen d'éviter l'exploitation. Avoir une sorte de « cahier des charges » stricte à respecter pour s'assurer que l'activité qu'on propose à l'animal ne lui fasse pas subir de souffrance, ce serait un sacré départ.

Par exemple :
-Obligation de passer une formation d'éducation adaptée à l'espèce en question, certifiée par un diplôme ;
-Définition d'une surface minimum de territoire de vie
-Définition et respect des différents abris nécessaires à l'hébergé, en fonction de son espèce et sa personne
-Heures maximales de travail journalier, etc
- Mise à disposition de nourriture adéquate, et de toutes les nécessités à une vie épanouie
… etc.

Le tout vérifié par un organisme certificateur, du label qu'on peut, déjà existant ou pas.

Ça a l'avantage de responsabiliser la personne qui a besoin de l'anh. Le label étant la carotte qui l'obligerait à respecter les droits de ses animaux (reconnaissance de la clientèle, influence sur le prix de vente, etc) et il financerais lui même ses contrôles par l'organisme certificateur sous forme de cotisation. Bref j'invente pas la menthe à l'eau.

Titesieste
Les humains en dépendent, pas les chevaux.

Vous en penseriez quoi si on élevait et éduquait des humains uniquement pour qu'ils apprennent à servir d'autres humains ?
Est ce que c'est pas un moyen de se dédouaner de l'entraide, du lien social, de la solidarité qui pourrait/devrait exister entre humains ?

Oui, moi j'imagine plus le travail avec un anh comme de l'entraide, de la solidarité. Mais je vois le travail en général comme ça, même si des fois ça m'attire des problèmes ^^ (« Plus vite !! » « Bof, non »)

Clawa
En pratique, je n'ai rien contre les animaux de service à condition que:
1) on n'aie rien trouvé de mieux (plus efficace, plus éthique, plus accessible, plus en phase avec les besoins de la personne et la situation en particulier),
2) des contrôles stricts soient effectués quant à leur qualité de vie
3) on continue la recherche et la réflexion sur les besoins des animaux non-humains (besoins physiques, affectifs, etc) et sur les façons dont ils s'expriment et comment y répondre.

[…] on pourrait d'abord travailler à ceci, plutôt que de vouloir tout arrêter maintenant sous prétexte d'exploitation animale […]
+1

Anisse
Dans la nature, il n'y a aucune pitié pour les plus faibles.
Ouais, grand sujet !
Je suis un grand primate : je suis empathique :) Je ressens la douleur d'autrui, et la refuse. Je refuse donc autant la mise à mort, l'esclavage, que de laisser quelqu'un souffrir de son « destin », vu que ça m'affecte personnellement.

Pas de problème pour laisser un groupe d'individus évoluer dans leur milieu sauvage, sans influence humaine. Mais faudrait déjà définir 1) le milieu naturel et 2) l'espèce en question. Parce que les espèces domestiques dépendent de nous pour leur survie. Donc ne pas s'en occuper revient à de la maltraitance. On peut pas se permettre de sauver des animaux pour les envoyer à la mort juste après, sous prétexte de les remettre à la « nature ».

Et je parle pas de « l'équilibre » des forêts qui poussent les « pauvres » chasseurs à traquer, torturer et massacrer des populations avec la précision chirurgicale du recensement, sans même connaître le principe de chaîne alimentaire rompue. :anger:

Donc, le fermier labourerai son champ seul et l'aveugle tenterai de survivre seul. S'il n'est pas rejeté par son clan...
Etant donné que
1)on est des êtres sociaux
2)l'argument de la « nature » ou des lois « naturelles » ne s'appliquent pas à nous (vu qu'on évolue justement en s'éloignant de nos instincts primitifs)
3)Combien même, on reste une espèce profondément empathique
4)tu a des cours de biologie à rattraper côté génétique (perso je préfère la diversité que la consanguinité)
Alors simplement : « non » ^^

Et j'ajouterais que dans l'histoire de l'agriculture on n'a jamais autant déserté la campagne... On a plutot tendance à se regrouper autour, d'habitude. Donc non plus.
 
Adrien":3htdbrb5 a dit:
Mitsuya
La propriété privée c'est sympa, mais les anh n'ont jamais eu leur mot à dire... Donc ils ont le droit d'aller où? De manger quoi?
En fait, le "contrat" n'est encore une fois que dans un sens. Je trouve ça gênant.


C'est le principe du mot « exploitation ». C'est de l'exploitation, c'est pour ça que je parle de travail.

Si, les luttes sociales c'est utile. C'est pour ça qu'on est au 35h, qu'on a une retraite, une assurance maladie, les arrêts de travail, etc. Pour l'instant on se laisse endormir derrière nos iphones, c'est pas pareil.

Je pense que proposer un code du travail pour les anh serait justement un moyen d'éviter l'exploitation. Avoir une sorte de « cahier des charges » stricte à respecter pour s'assurer que l'activité qu'on propose à l'animal ne lui fasse pas subir de souffrance, ce serait un sacré départ.

Par exemple :
-Obligation de passer une formation d'éducation adaptée à l'espèce en question, certifiée par un diplôme ;
-Définition d'une surface minimum de territoire de vie
-Définition et respect des différents abris nécessaires à l'hébergé, en fonction de son espèce et sa personne
-Heures maximales de travail journalier, etc
- Mise à disposition de nourriture adéquate, et de toutes les nécessités à une vie épanouie
… etc.

Le tout vérifié par un organisme certificateur, du label qu'on peut, déjà existant ou pas.

Ça a l'avantage de responsabiliser la personne qui a besoin de l'anh. Le label étant la carotte qui l'obligerait à respecter les droits de ses animaux (reconnaissance de la clientèle, influence sur le prix de vente, etc) et il financerais lui même ses contrôles par l'organisme certificateur sous forme de cotisation. Bref j'invente pas la menthe à l'eau.

Y'a que moi qui vois un problème dans se que tu dit? Des règle crée uniquement par les dominant , c'est eux qui détermine leurs vie de A a Z , y'a un truc qui cloche.


Sinon 100% d'accord avec titesiest , les chiens d'aveugle par exemple sont la pour accomplir une tache qui paraît ingrate pour les plupart des gens , aider une personne aveugle toute sa vie bah personne veut le faire alors on fais faire sa à quelqu'un qui n'a pas son mots à dire.
 
Ouais j'avoue, je le voyais pas comme ça...

J'imaginais plutôt qu'à force de les étudier on soit capable de comprendre dans quels cas on atteins leur épanouissement, et donc en déduire des règles à respecter (je parle de règles côté humains... et par "étude" je parle d'étude comportementale/cognitive). Et je défends aussi l'idée du dialogue! Mais un dialogue entre différentes espèces ça se passe pas par l'écrit :( et étant donné que peu d'animaux ont la conception du long terme (apparemment), c'est un peu -genre- leur proposer chaque jour un contrat à la tâche, qu'ils peuvent refuser à tout moment même en plein milieu.
Pour le chien d'aveugle l'idée est de défendre un "dressage stricte" pour servir les humains dans le besoin, seulement je vois pas pourquoi l'aveugle n'aurais pas l'obligation de respecter son animal et d'essayer de lui rendre la tâche plus facile. Je vois pas pourquoi une formation obligatoire au bien-être animal et des contrôles ça gênerais la personne. Je vois pas pourquoi un aveugle qui maltraite son chien devrait pas avoir de comptes à rendre, juste parce que c'est un travail ingrat que seul un animal peut faire. Je vois pas le rapport.

Je comprends bien qu'on puisse refuser le principe même du travail, j'arrive juste pas à comprendre parfaitement pourquoi, je vois pas assez d'arguments.

Et je pense que ça dépends de quel point de vue on se place. Dans la société actuelle, pour proposer une solution dans l'immédiat? dans 10 ans? ou dans une vision utopique ? Parce que je trouve les 3 intéressants. Actuellement il y a trop peu de droits accordés aux animaux, et rien que le fait d'incorporer dans la loi l'idée d'un droit du travail pour les animaux non humain, ça serait une révolution dans les mentalités. Et ça n'exclue pas l'idée d'un abolitionnisme réformiste sur le long terme (dans la vision d'une utopie).
Bref pour moi c'est plus un moyen de prévenir plus facilement la maltraitance animale et de faire accepter plus facilement leurs droits.

Et si on réfléchis dans le court terme, entre une vache de traction et un abattoir qui en tue "5 à 6 tonnes par mois", je pense voir où est l'urgence.
 
Je remonte le sujet parce que je suis en train de m’interroger à ce sujet.

Au point où en est ma réflexion, je pense que le principe du travail pour un chien d’assistance n’est pas un problème en soi, car les chiens ont précisément été sélectionnés pour leurs capacités à rendre service. Je pense donc que, sur ce sujet, le welfarisme peut être une approche suffisante. Mais il faut voir les détails (et j’avoue ne pas connaitre la réalité des choses).

Quelles sont les conditions d’élevage ?
N’y a-t-il pas un souci avec le fait d’utiliser des chiens de race, donc susceptibles de souffrir de tares génétiques ?

Quelles sont les conditions d’éducation ?
Que deviennent les chiens qui n’atteindrait pas le niveau requis ?

La charge de travail n’est-elle pas trop lourde, notamment parce que le chien est censé est dispo 24/7 ?
Ne faudrait-il pas répartir cette charge sur deux chiens (Je sais : on n’a déjà pas les moyens d’en offrir un à chaque personne qui en aurait besoin.) ?
Dans un autre sujet, un témoignage semble encourageant, mais est-ce la norme ?
Akaïa":qjkebyf6 a dit:
Bonjour
Je me permets de témoigner sur ce sujet car ma mère étant malvoyante, elle a bénéficié d'un chien d'aveugle, qui par ailleurs vit toujours avec nous depuis sa retraite (elle a aujourd'hui 13 ans)
Dire que les chiens d'aveugles sont exploités... non et re-non. Bien sûr il peut y avoir des maîtres moins sympa que d'autres, mais cela peut arriver à un chien "normal".
Au contraire, j'ose croire le chien d'aveugle plus heureux qu'un autre: il se crée une réelle complicité entre le chien et son maître quasi exclusive du côté du chien. Ce dernier se fait une joie de sortir que ce soit en promenade ou pour le "travail" (vu un chien sauter partout de joie rien qu'à la vue de son harnais et entrainer ma mère dans les magasins qu'elle connaissait :D). Le chien a toute sa vie, jusqu'à sa retraite une activité (contrairement à certains chiens qui ne sortent jamais). Et au sujet de la retraite, le chien y est mis d'office à l'âge de 10 ans même s'il est en pleine forme. D'ailleurs, il n'est plus un chien, il est un ami, comme pourrait l'être un humain.

Voilà, j'espère que cela aura éclairé votre lanterne, si vous avez des questions n'hésitez pas :)

C’est évoqué ci-dessus, mais qu’en est-il réellement de la retraite ? (Là aussi, ça semble rassurant.)
jess":qjkebyf6 a dit:
Normalement les personnes à qui sont remises ces chiens s'engagent à les garder jusque la fin, avec l'aide financière de l'association de chiens guides au besoin.
Il faut quand même voir que les chiens guides sont des chiens de grande race, qui vivent rarement au-delà de 12 ans. Donc au final, si on les met à la retraite à 10 ans, ils ne vont pas être une charge pour leur adoptant pendant très longtemps (je ne dis pas ça négativement, être une charge peut être simplement un constat, pas forcément un "reproche", et il est indéniable que malheureusement les handicapés ont généralement des revenus moindres et qu'il peut être difficile pour eux d'assumer un animal).

L’adaptation des lieux, des pratiques, des services… aux différents handicaps, outre le fait que ça facilite bien évidemment les vie des gens, ne permettrait-elle pas de faciliter le travail des chiens ? (Je ne pense pas, par contre, que remplacer entièrement les chiens par des humains soit une bonne chose : qui supporterait d’avoir quelqu’un constamment avec soit ? Et quid de l’intimité ?)

Notons que, dans Zoopilis, l’utilisation des chiens d’assistance est considérée comme une l’exploitation :
La plupart des animaux utilisés en zoothérapie, ainsi que des animaux d'assistance, ne sont pas éduqués pour développer leurs intérêts et leur potentiel propres ; ils sont modelés pour servir des fins humaines. (Il en va de même pour les chevaux servant de montures, les animaux dans l'industrie du divertissement et la plupart des autres formes de travail animal). Les animaux au caractère particulièrement docile sont repérés jeunes et enchaînés à leur future fonction. Il est fréquent que leur éducation soit très intensive, dure de longs mois, qu'elle recoure de façon non négligeable à la contrainte et à l'enfermement, et comporte des formes sévères de punition et de privation. Même la méthode dite du « renforcement positif » n'est souvent qu'un moyen de coercition à peine déguisé. Si le seul moyen pour un chien d'obtenir de l'affection, des friandises ou du temps pour jouer est d'exécuter des tâches pour plaire à des tiers, ce n'est plus de l'éducation, c'est du chantage. Beaucoup d'animaux travailleurs se voient refuser le temps de repos qui leur permettrait de courir librement, d'avoir des relations sociales, ou simplement d'explorer et connaître leur monde. Leur travail les place fréquemment dans des situations stressantes et même dangereuses. Ils sont souvent privés d'un environnement stable et de la continuité de leurs amitiés et de leur milieu de vie, pour être ballotés entre différents dresseurs, lieux de travail et employeurs humains. Loin de cultiver leur potentiel, on les formate pour en faire des êtres soumis. Leur agentivité n'est pas favorisée mais supprimée, afin de les transformer en outils efficaces pour contrôler une foule, divertir des humains, pratiquer l'hippothérapie, ou assister des personnes handicapées.

Quelque part entre l'âne dont la présence parmi les moutons tient les prédateurs à distance, et le chien guide d'aveugle qui, après avoir été soumis à des mois de dressage intensif, passe l'essentiel de sa vie à servir d'instrument au service d'un tiers, nous franchissons la ligne qui sépare l'utilisation de l'exploitation. Il est souvent difficile de situer exactement la frontière entre les deux, tout comme il est difficile de situer exactement le moment où quelqu'un commence à se dégarnir. Mais l'imprécision de la limite n'implique pas que nous soyons incapables de distinguer une chevelure abondante d'une franche calvitie. De façon générale, la ligne est franchie quand nous faisons entrer des animaux dans la communauté et qu'ensuite nous ne les traitons pas comme des citoyens à part entière. Le problème n'est pas que nous tirions profit des animaux, le problème est que le plus souvent nous le faisons à leurs dépens.

Je suis d’accord avec leurs « Il est souvent difficile de situer exactement la frontière entre [l'utilisation de l'exploitation] » et « Le problème n'est pas que nous tirions profit des animaux, le problème est que le plus souvent nous le faisons à leurs dépens. » mais est-ce vraiment le cas pour les chiens d’assistance ? J’ai l’impression (naïve ?) que non, mais que ça dépend réellement des conditions pratiques.

H.
 
Quelques clés de réponses que je peut fournir en ayant discuté il y a quelques temps avec quelqu'un de l'association des chiens guides de Paris. Chez cette association déjà ils ont leur propre élevage, ça leur permet d'avoir des lignées sélectionnée selon les critères de bons chiens guide et donc d'avoir peu de chiens non compatibles.

Les chiots passent une dizaine de mois dans une famille d'accueil qui leur apprend les bases de la vie de toutou, en parallèle de cours d'éducation à l'école. C'est dans cette période que l'école se rend compte si il va être impossible pour le chien de devenir guide. Si le chien est recalé il est placé à l'adoption mais uniquement dans des familles qui soit ne travaillent pas soit peuvent prendre le chien avec eux en journée (comme ils ont été habitués dès leur plus jeune âge à ne pas être seuls ce sont des chiens qui ne supporteraient pas de passer la journée seuls).

A l'âge de la retraite le chien peut rester chez son maître, et si il ne peut pas ils sont placés en famille d'accueil.

J'avais beaucoup apprécié discuter avec cette association, ils sont très axés sur le bien être du chien ça fait plaisir.


J'aime beaucoup ton idée Haricot de répartir la charge entre 2 chiens (bon effectivement là il faudrait qu'il y ait des aides au niveau du gouvernement pour que les associations aient les moyens de former plus de chiens).
La seule chose qui pour moi pourrait finir par remplacer les chiens guide sont des robots, mais en attendant effectivement booster l'accessibilité pour faciliter leur travail serait un gros plus.
 
framboise":1ztvfan8 a dit:
Si le chien est recalé il est placé à l'adoption mais uniquement dans des familles qui soit ne travaillent pas soit peuvent prendre le chien avec eux en journée (comme ils ont été habitués dès leur plus jeune âge à ne pas être seuls ce sont des chiens qui ne supporteraient pas de passer la journée seuls).

A l'âge de la retraite le chien peut rester chez son maître, et si il ne peut pas ils sont placés en famille d'accueil.
Je n’avais pas pensé à ça, tiens. En fait, ces chiens – recalés ou à la retraite – devraient pouvoir garder leur statut de chien d’assistance (Est-ce le cas ?) : même en ne travaillant pas, les gens qui les recueillent vont dans des magasins, des restos, des administrations, des lieux culturels, des transports, etc. Pour leur bien-être, ces chiens devraient y être admis aussi.

H.
 
C'est une très bonne question, j'ignore complètement si ils gardent les accès ou pas.
 
Comme beaucoup, je n'ai pas d'opinion tranchée sur la question. Zoopolis donne un cadre critique et les auteur-e-s parlent d'exploitation. Mais on dispose par ailleurs de témoignages, comme celui auquel tu renvoies Haricot, qui évoquent une réciprocité entre l'animal et l'individu handicapé et un épanouissement de l'animal...

En tant qu'enseignant, j'ai eu il y a quelques années une étudiante mal-voyante qui était accompagnée d'une chienne. La chienne était jeune. Elle sortait de sa "formation". Après les cours, elle cherchait manifestement à se libérer, à s'amuser, après avoir attendu de longues minutes ou parfois plusieurs heures assise ou couchée. Sa distraction lui venait surtout de la considération que lui portaient les autres étudiant-e-s. Je ne me souviens pas avoir vu un geste d'affection de sa maîtresse. La chienne se plantait dans les parcours, indiquait la mauvaise direction. Elle se faisait engueuler. J'ai eu le sentiment qu'elle ne faisait pas très bien son "boulot". J'ai pensé, et je pense encore que, dans ce cas-ci, cette chienne était exploitée.
Je sais qu'il y a des contrôles a posteriori par les organisations au domicile des personnes qui accueillent ces animaux. La fréquence des contrôles me semble très insuffisante. Je pense que les adultes adoptants devraient également être formés et éduqués. Je parle d'une véritable formation et non pas de séances d'approche qui se résument à un premier contact avec l'animal et à de vagues consignes.
 
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