Canastenard
Broute de l'herbe
J'avais considéré poster dans le sujet prix de la remarque carniste, mais comme en écrivant mon post je me rendais compte que j'allais vers une réflexion et une déconstruction de la notion de "bien-être animal" en élevage, je me suis dit que ça méritait peut-être son propre sujet.
Hier soir alors que j'étais en train de décortiquer des graines de potimarron, mon père revient du boulot, s'installe sur son canapé, et prend son ordinateur. Il se met donc à regarder une vidéo, traitant du "bien-être animal" (probablement dans le cadre de son boulot vu qu'il travaille dans l'élevage bovin).
La vidéo entière est un plaidoyer pour que les animaux soient bien traités dans les élevages... mais évidemment ne remet pas en cause la production même de viande ou laitages ou œufs vu qu'elle vient probablement d'un site de l'industrie de l'exploitation animale. Elle aura duré tout le temps que je décortique mes graines (le mucilage n'aidant pas) et en tant qu'antispéciste je peux vous garantir que j'étais gêné pendant toute l'écoute de la vidéo.
Un extrait qui je pense résume l'état d'esprit de la vidéo : "le bien-être animal consiste à trouver un compromis entre les intérêts des animaux à vivre dans de bonnes conditions et les intérêts des humains à les exploiter" (pas la citation exacte mais l'idée y est)
Cette phrase à mon avis est révélateur du fondement même du principe de "bien-être animal" en élevage : un conflit d'intérêt. Les humains veulent des animaux leur chair, leur lait ou leurs œufs, et doivent donc leur imposer un certain mode de vie pour pouvoir obtenir ces ressources (et surtout en quantités suffisantes pour être accessibles au plus grand nombre de "consommateurs"). D'un côté, les animaux veulent vivre selon leurs propres intérêts, c'est-à-dire éviter la souffrance et la peur, s'épanouir socialement...
Personnellement je ne renierai pas la sincérité d'au moins une partie des éleveurs qui se soucient du bien-être de leurs bêtes, et je pense qu'à peu près aucun ne cautionne la souffrance animale comme une finalité. Mais d'un côté on a des objectifs de production, qui souvent viennent à compromettre le "bien-être animal". Je peux donc en déduire que ce que voudraient les éleveurs dans l'idéal serait de compromettre le moins possible le "bien-être animal" sans pour autant perdre en productivité (qui est soyons franc la priorité dans la majorité des cas).
Si la démarche de réduire la souffrance animale est déjà mieux que de ne pas du tout la prendre en compte, elle se heurte à un obstacle pas évident à surmonter : je l'appellerai la "ligne d'acceptabilité" par rapport aux intérêts des animaux. Dans une société considérant comme moralement banal de consommer des produits animaux, et surtout dans le "pays du fromage" où l'importance culturelle de la viande est elle aussi considérable (même si je conçois que tout Végéweb n'habite pas en France), cette "ligne d'acceptabilité" passera difficilement en dessous d'un certain seuil permettant d'approvisionner une partie non négligeable de la population en produits animaux.
Déjà pour plein de raisons liées au contexte il est difficile d'imaginer cette "ligne d'acceptabilité" passer au point qu'elle remet en question l'objectif "Il FAUT de la viande/du lait/[insérez produit animal ici]". Or certaines pratiques sont indispensables pour avoir ces produits : pour la viande il faut un animal mort, pour le lait il faut traiter les pis d'un animal femelle ayant mis bas récemment, etc. Mais quand on réfléchit à comment obtenir ces produits sans nuire aux animaux, on se heurte face à des obstacles insurmontables : comment pensez-vous pouvoir prendre du lait à une chèvre sans lui nuire ? Qu'elle soit consentante pour en donner à quelqu'un d'autre que son chevreau ? Et même si c'est possible, comment s'en assurer ? Et comment ne pas craindre de dérives si on interdit de tuer mais considère comme acceptable de manger la viande d'animaux déjà trouvés morts dans la nature ? Bref, quand on y réfléchit, les produits animaux 0% nuisance, s'ils existent, sont un très grand luxe, mais ce serait plus précis de les qualifier généralement d'utopie inatteignable.
Mais en même temps, la majorité de la population carniste ne serait pas prête à remettre en question le fait même de consommer de la viande et autres produits animaux, sans pour autant revendiquer quelconque souffrance qu'on infligerait aux bêtes. Toutefois, j'ai déjà établi ce que je pensais quant au fait de consommer des produits animaux qui est en pratique incompatible avec le fait de ne pas nuire aux animaux ni de risquer des dérives. Dans une société dominée par le spécisme, on place donc la barre d'acceptabilité de produits animaux en dessous du refus de leur infliger des nuisances au nom de l'intérêt humain, celles-ci étant donc vues comme acceptables. Et dans une société où les produits issus de l'exploitation animale sont vus comme des produits de consommation courante et non comme un luxe, il faut être économiquement lucide : tenir compte des intérêts des animaux à subir le moins possible les nuisances inhérentes à l'exploitation peut sévèrement entraver la capacité d'un producteur à fournir régulièrement plusieurs milliers de personnes. Réduction des espaces et conditionnement de leur rythme de vie deviennent alors inévitables.
Faire de l'élevage économiquement viable implique donc de priver les animaux d'au moins une partie de leur liberté, notamment la liberté de disposer de leur temps et de leur territoire. Cela les empêche de s'exprimer librement dans leur comportement, et ne peut donc pas être considéré comme n'étant pas une nuisance à leurs intérêts. Mais ce qui est probablement le plus choquant d'un point de vue non-spéciste est la capacité à nier leur droit de sentience et de ne pas mourir prématurément. Un extrait bien révélateur : "bien-être dans l'abattoir". Ce morceau de phrase implique donc qu'il n'est pas contraire à l'intérêt de l'animal (si on considère ici ses intérêts comme étant synonyme de "bien-être") de cesser de vivre, et constitue une négation de la brutalité du retrait de la sentience d'un individu (qui en quelque sorte arrive quand on "étourdit" l'animal avant sa mise à mort biologique, à condition évidemment que l'étourdissement réussisse à le mettre KO)
J'ai longtemps imaginé naïvement que les animaux des zoos étaient satisfaits dans l'ensemble de leur vie paisible, à ne pas craindre les prédateurs et avoir un accès régulier à la nourriture et aux soins, sans remettre en question le fait de vivre dans des enclos, à condition qu'ils ne soient pas trop petits tout de même. Sauf qu'en réfléchissant comme ça, avec du recul je réduisais les besoins des animaux pour s'épanouir à manger, boire, et éviter la douleur, tout en sous-estimant largement l'importance pour eux de disposer de leur territoire et de leur propre vie, sociale par exemple.
Cette réflexion m'a permis d'identifier ce que je pense être une facette du spécisme : la sous-estimation ou le déni d'une partie des intérêts de l'animal pour vivre heureux. Nos vaches vivent dans un hangar 24h/24 ? Pas de problème, au moins elles évitent la douleur et ont assez à manger, et ça ne les dérange pas d'être inséminées artificiellement, puis l'année prochaine celle-ci ira à l'abattoir car son boulot sera fini, bien sûr étourdie pour ne pas souffrir. Bon je caricature peut-être un peu sur cet exemple spécifique, mais je pense avoir pertinemment analysé le système qui consiste à nier ou sous-estimer les intérêts des animaux, ces choses qui d'après notre système spéciste et consumériste séparent tant l'être humain qui a besoin de voyager à l'autre bout du pays chaque été et de se payer les derniers gadgets à la mode pour s'épanouir, et l'animal qui se contente d'une vie fade qui ne consiste qu'à survivre.
Il s'agit de ma déconstruction personnelle du "bien-être animal" appliqué dans l'élevage et autres exploitations, basée sur mon interprétation de ce discours et sur mes interprétations personnelles du concept à l'époque où j'étais encore spéciste. En fait je pense qu'il y a deux conclusions possible à mon analyse : un aspect de domination qui consiste à faire passer les intérêts du dominant avant ceux du dominé, et un autre aspect lui aussi de domination basé à la place sur une réflexion empathique non aboutie, construite à la fois sur l'idéologie qui encourage à sous-estimer les besoins du dominé et sur la non-remise en question des objectifs d'exploitation. Les deux fonctionnant ensemble au service de l'idéologie de domination.
La déconstruction est un des meilleurs outils pour lutter contre les schémas de domination et j'espère avoir proposé un texte qui sera utile à la réflexion sur la pertinence de consommer des produits animaux : votre tonton fermier dit qu'il traite bien ses chèvres qui font un bon fromage, mais êtes-vous vraiment sûr que les chèvres apprécient leur rôle de fournisseuses de lait ? ne préfèreraient-elles pas qu'on les laisse tranquille, elles et leur chevreau ? est-il vraiment réaliste de penser qu'on puisse avoir du lait sans que les chèvres ne subissent quelconque forme d'exploitation ? Bref quand on y pense, le "bien-être animal" dont nous parlent les travailleurs du secteur n'est relatif qu'à la finalité qui est l'obtention de produits animaux et n'est pas compatible avec le respect désintéressé de l'intégrité de l'animal lui-même, et par extension l'activité de votre tonton fermier va à l'encontre de la libération de la condition animale du spécisme. Et puisque j'ai parlé de dérives justement, ne pas remettre l'acceptabilité des produits animaux en question leur ouvre la porte : vous connaissez peut-être le triste cas du kopi luwak qui à l'origine n'était obtenu que par cueillette, mais qui pour devenir plus accessible a inspiré la capture des civettes luwak qui vivent dans des conditions déplorables en cage et avec une alimentation déséquilibrée vu que désormais nourries d'une proportion démesurément importante de graines de caféier.
Je suis vraiment satisfait d'avoir pu écrire tout ce texte et de le partager avec vous, si vous avez des remarques à faire ou d'autres éléments de construction n'hésitez pas. Et puis dans l'ensemble ce discours est pour moi une sorte d'aveu de faiblesse, genre "oui bien sûr on sait que c'est pas éthique mais vous savez on fait quand même des efforts pour atténuer le caractère non-éthique et puis on est ultra rigoureux sur la traçabilité et tout et tout" ça me fait penser à quelque chose comme "oui bien sûr on sait que les armes c'est dangereux mais vous savez on fait quand même des efforts pour nous assurer de ne les vendre qu'à des clients sains d'esprit et puis on est ultra rigoureux sur la répression des dérives et tout et tout".
Hier soir alors que j'étais en train de décortiquer des graines de potimarron, mon père revient du boulot, s'installe sur son canapé, et prend son ordinateur. Il se met donc à regarder une vidéo, traitant du "bien-être animal" (probablement dans le cadre de son boulot vu qu'il travaille dans l'élevage bovin).
La vidéo entière est un plaidoyer pour que les animaux soient bien traités dans les élevages... mais évidemment ne remet pas en cause la production même de viande ou laitages ou œufs vu qu'elle vient probablement d'un site de l'industrie de l'exploitation animale. Elle aura duré tout le temps que je décortique mes graines (le mucilage n'aidant pas) et en tant qu'antispéciste je peux vous garantir que j'étais gêné pendant toute l'écoute de la vidéo.
Un extrait qui je pense résume l'état d'esprit de la vidéo : "le bien-être animal consiste à trouver un compromis entre les intérêts des animaux à vivre dans de bonnes conditions et les intérêts des humains à les exploiter" (pas la citation exacte mais l'idée y est)
Cette phrase à mon avis est révélateur du fondement même du principe de "bien-être animal" en élevage : un conflit d'intérêt. Les humains veulent des animaux leur chair, leur lait ou leurs œufs, et doivent donc leur imposer un certain mode de vie pour pouvoir obtenir ces ressources (et surtout en quantités suffisantes pour être accessibles au plus grand nombre de "consommateurs"). D'un côté, les animaux veulent vivre selon leurs propres intérêts, c'est-à-dire éviter la souffrance et la peur, s'épanouir socialement...
Personnellement je ne renierai pas la sincérité d'au moins une partie des éleveurs qui se soucient du bien-être de leurs bêtes, et je pense qu'à peu près aucun ne cautionne la souffrance animale comme une finalité. Mais d'un côté on a des objectifs de production, qui souvent viennent à compromettre le "bien-être animal". Je peux donc en déduire que ce que voudraient les éleveurs dans l'idéal serait de compromettre le moins possible le "bien-être animal" sans pour autant perdre en productivité (qui est soyons franc la priorité dans la majorité des cas).
Si la démarche de réduire la souffrance animale est déjà mieux que de ne pas du tout la prendre en compte, elle se heurte à un obstacle pas évident à surmonter : je l'appellerai la "ligne d'acceptabilité" par rapport aux intérêts des animaux. Dans une société considérant comme moralement banal de consommer des produits animaux, et surtout dans le "pays du fromage" où l'importance culturelle de la viande est elle aussi considérable (même si je conçois que tout Végéweb n'habite pas en France), cette "ligne d'acceptabilité" passera difficilement en dessous d'un certain seuil permettant d'approvisionner une partie non négligeable de la population en produits animaux.
Déjà pour plein de raisons liées au contexte il est difficile d'imaginer cette "ligne d'acceptabilité" passer au point qu'elle remet en question l'objectif "Il FAUT de la viande/du lait/[insérez produit animal ici]". Or certaines pratiques sont indispensables pour avoir ces produits : pour la viande il faut un animal mort, pour le lait il faut traiter les pis d'un animal femelle ayant mis bas récemment, etc. Mais quand on réfléchit à comment obtenir ces produits sans nuire aux animaux, on se heurte face à des obstacles insurmontables : comment pensez-vous pouvoir prendre du lait à une chèvre sans lui nuire ? Qu'elle soit consentante pour en donner à quelqu'un d'autre que son chevreau ? Et même si c'est possible, comment s'en assurer ? Et comment ne pas craindre de dérives si on interdit de tuer mais considère comme acceptable de manger la viande d'animaux déjà trouvés morts dans la nature ? Bref, quand on y réfléchit, les produits animaux 0% nuisance, s'ils existent, sont un très grand luxe, mais ce serait plus précis de les qualifier généralement d'utopie inatteignable.
Mais en même temps, la majorité de la population carniste ne serait pas prête à remettre en question le fait même de consommer de la viande et autres produits animaux, sans pour autant revendiquer quelconque souffrance qu'on infligerait aux bêtes. Toutefois, j'ai déjà établi ce que je pensais quant au fait de consommer des produits animaux qui est en pratique incompatible avec le fait de ne pas nuire aux animaux ni de risquer des dérives. Dans une société dominée par le spécisme, on place donc la barre d'acceptabilité de produits animaux en dessous du refus de leur infliger des nuisances au nom de l'intérêt humain, celles-ci étant donc vues comme acceptables. Et dans une société où les produits issus de l'exploitation animale sont vus comme des produits de consommation courante et non comme un luxe, il faut être économiquement lucide : tenir compte des intérêts des animaux à subir le moins possible les nuisances inhérentes à l'exploitation peut sévèrement entraver la capacité d'un producteur à fournir régulièrement plusieurs milliers de personnes. Réduction des espaces et conditionnement de leur rythme de vie deviennent alors inévitables.
Faire de l'élevage économiquement viable implique donc de priver les animaux d'au moins une partie de leur liberté, notamment la liberté de disposer de leur temps et de leur territoire. Cela les empêche de s'exprimer librement dans leur comportement, et ne peut donc pas être considéré comme n'étant pas une nuisance à leurs intérêts. Mais ce qui est probablement le plus choquant d'un point de vue non-spéciste est la capacité à nier leur droit de sentience et de ne pas mourir prématurément. Un extrait bien révélateur : "bien-être dans l'abattoir". Ce morceau de phrase implique donc qu'il n'est pas contraire à l'intérêt de l'animal (si on considère ici ses intérêts comme étant synonyme de "bien-être") de cesser de vivre, et constitue une négation de la brutalité du retrait de la sentience d'un individu (qui en quelque sorte arrive quand on "étourdit" l'animal avant sa mise à mort biologique, à condition évidemment que l'étourdissement réussisse à le mettre KO)
J'ai longtemps imaginé naïvement que les animaux des zoos étaient satisfaits dans l'ensemble de leur vie paisible, à ne pas craindre les prédateurs et avoir un accès régulier à la nourriture et aux soins, sans remettre en question le fait de vivre dans des enclos, à condition qu'ils ne soient pas trop petits tout de même. Sauf qu'en réfléchissant comme ça, avec du recul je réduisais les besoins des animaux pour s'épanouir à manger, boire, et éviter la douleur, tout en sous-estimant largement l'importance pour eux de disposer de leur territoire et de leur propre vie, sociale par exemple.
Cette réflexion m'a permis d'identifier ce que je pense être une facette du spécisme : la sous-estimation ou le déni d'une partie des intérêts de l'animal pour vivre heureux. Nos vaches vivent dans un hangar 24h/24 ? Pas de problème, au moins elles évitent la douleur et ont assez à manger, et ça ne les dérange pas d'être inséminées artificiellement, puis l'année prochaine celle-ci ira à l'abattoir car son boulot sera fini, bien sûr étourdie pour ne pas souffrir. Bon je caricature peut-être un peu sur cet exemple spécifique, mais je pense avoir pertinemment analysé le système qui consiste à nier ou sous-estimer les intérêts des animaux, ces choses qui d'après notre système spéciste et consumériste séparent tant l'être humain qui a besoin de voyager à l'autre bout du pays chaque été et de se payer les derniers gadgets à la mode pour s'épanouir, et l'animal qui se contente d'une vie fade qui ne consiste qu'à survivre.
Il s'agit de ma déconstruction personnelle du "bien-être animal" appliqué dans l'élevage et autres exploitations, basée sur mon interprétation de ce discours et sur mes interprétations personnelles du concept à l'époque où j'étais encore spéciste. En fait je pense qu'il y a deux conclusions possible à mon analyse : un aspect de domination qui consiste à faire passer les intérêts du dominant avant ceux du dominé, et un autre aspect lui aussi de domination basé à la place sur une réflexion empathique non aboutie, construite à la fois sur l'idéologie qui encourage à sous-estimer les besoins du dominé et sur la non-remise en question des objectifs d'exploitation. Les deux fonctionnant ensemble au service de l'idéologie de domination.
La déconstruction est un des meilleurs outils pour lutter contre les schémas de domination et j'espère avoir proposé un texte qui sera utile à la réflexion sur la pertinence de consommer des produits animaux : votre tonton fermier dit qu'il traite bien ses chèvres qui font un bon fromage, mais êtes-vous vraiment sûr que les chèvres apprécient leur rôle de fournisseuses de lait ? ne préfèreraient-elles pas qu'on les laisse tranquille, elles et leur chevreau ? est-il vraiment réaliste de penser qu'on puisse avoir du lait sans que les chèvres ne subissent quelconque forme d'exploitation ? Bref quand on y pense, le "bien-être animal" dont nous parlent les travailleurs du secteur n'est relatif qu'à la finalité qui est l'obtention de produits animaux et n'est pas compatible avec le respect désintéressé de l'intégrité de l'animal lui-même, et par extension l'activité de votre tonton fermier va à l'encontre de la libération de la condition animale du spécisme. Et puisque j'ai parlé de dérives justement, ne pas remettre l'acceptabilité des produits animaux en question leur ouvre la porte : vous connaissez peut-être le triste cas du kopi luwak qui à l'origine n'était obtenu que par cueillette, mais qui pour devenir plus accessible a inspiré la capture des civettes luwak qui vivent dans des conditions déplorables en cage et avec une alimentation déséquilibrée vu que désormais nourries d'une proportion démesurément importante de graines de caféier.
Je suis vraiment satisfait d'avoir pu écrire tout ce texte et de le partager avec vous, si vous avez des remarques à faire ou d'autres éléments de construction n'hésitez pas. Et puis dans l'ensemble ce discours est pour moi une sorte d'aveu de faiblesse, genre "oui bien sûr on sait que c'est pas éthique mais vous savez on fait quand même des efforts pour atténuer le caractère non-éthique et puis on est ultra rigoureux sur la traçabilité et tout et tout" ça me fait penser à quelque chose comme "oui bien sûr on sait que les armes c'est dangereux mais vous savez on fait quand même des efforts pour nous assurer de ne les vendre qu'à des clients sains d'esprit et puis on est ultra rigoureux sur la répression des dérives et tout et tout".