Utérus artificiel

Je me suis mal exprimée. je voulais pas dire que ton expérience est fausse. Mais je pense que les petites filles ne sont pas discriminées uniquement en tant que filles mais aussi en tant qu'enfants. Donc il y a une double discrimination.
 
Brigande":2eacxnrl a dit:
En outre, je mets en avant l'éducation genrée en mettant l'accent sur les répercussions sur les filles. En guise de réponse, on sort que c'est pas mieux pour les garçons. Ai-je dis l'inverse ? Pire, sous prétexte que les garçons souffrent aussi de cette discrimination dans l'éducation, on devrait passer sous silence la souffrance des filles ?

Je dis que c'est pire pour les garçons. Et je dis qu'à l'heure actuelle, même si la raison est sexiste (valorisation des qualités dites "masculines", dévalorisation des qualités dites "féminines"), les petites filles ont + de latitude que les petits garçons quant aux jeux et jouets.
Pour être plus claire : je ne remets pas en cause le sexisme de la société et la valorisation des hommes par rapport aux femmes, bien au contraire. Je dis qu'au stade de l'enfance, à l'heure actuelle, ce sont les garçons qui en souffrent paradoxalement le plus.

Manifestement, nous n'avons pas dû connaitre la même éducation. Je suis née au début des années 80.
[...]

Mon exemple sur les enfants peu réaliste, vraiment ?

Je suis née en 74, j'ai eu à peu près la même éducation (le pantalon, j'ai dû attendre 15 ans, perso).
Mais tu me parles d'il y a 30 ans, je te parle de maintenant. Les choses ont évolué depuis.


30 ans plus tard, regardez les catalogues de jouet. Le marketing n'a jamais été aussi genré : le kit du médecin photographié avec un petit garçon, et le kit de la femme de ménage représenté par une petite fille. Je l'invente, surement !

Non, mais déjà ce n'est pas que ça n'a jamais été aussi genré, ça l'était déjà autant il y a 30 ans. De plus, certaines enseignes commencent à casser ces clichés et à montrer des petits garçons qui repassent et des filles qui jouent avec des fusées. Et surtout, ça n'est pas parce que sur les catalogues et dans les magasins tel jouet est prévu pour les garçons et tel autre jouet pour les filles que c'est respecté ensuite une fois que le jouet n'est plus en rayon. Je ne dis pas qu'une petite fille qui voudrait un robot ou un 4x4 pour son anniversaire l'aurait forcément, mais de ce que je vois à l'heure actuelle, à peu près tous les parents la laisseraient jouer avec quand même, se promener avec, etc.
Alors que des gens qui laissent les garçons ne serait-ce que jouer avec la poupée de leur soeur ou mettre une jupe, s'habiller en rose ou avec des paillettes, perso j'en connais vraiment pas beaucoup.
 
Mélodie28":1md12a9v a dit:
Je ne dis pas qu'une petite fille qui voudrait un robot ou un 4x4 pour son anniversaire l'aurait forcément, mais de ce que je vois à l'heure actuelle, à peu près tous les parents la laisseraient jouer avec quand même, se promener avec, etc.
Alors que des gens qui laissent les garçons ne serait-ce que jouer avec la poupée de leur soeur ou mettre une jupe, s'habiller en rose ou avec des paillettes, perso j'en connais vraiment pas beaucoup.

Ce qui montre bien qu'il y a une réelle dévalorisation de ce qui est perçu comme féminin. Il est donc normal pour les petites filles de s'approprier ce qui est du domaine des garçons (= noble) mais pas l'inverse.
Dans le genre message dévalorisant, ça ne doit pas être mal non plus. Alors dire que c'est pire pour les garçons, ben non, je ne crois pas.
 
Ca dépend à quel niveau en fait. Comme tout ce qui est lié au féminin est fortement dévalorisé, les garçons sont plus brimés parce qu'ils doivent surtout pas ressembler à des filles. Comme y a quasiment aucune différence entre les filles et les garçons chez les tout-petits (même taille, même force physique, même traits, etc…) c'est comme si on exigeait que les garçons incarnent la différence par leur attitude, leurs goûts etc, de peur que, horreur! on les prenne pour des filles.

Donc au final oui les filles et les femmes sont perdantes! Mais du coup ça fait une énorme pression sur les petits garçons je trouve.
En plus les garçons doivent être le plus vite possible des hommes. Or ce ne sont que des enfants. Les petits enfants ont besoin de contact, de proximité, de câlins, de sécurité, d'exprimer leurs sentiments… Je trouve que dans notre société, on est très durs avec les enfants, on met de la distance, on les traite comme de petits adultes avant qu'ils soient autonomes de peur qu'ils "s'habituent" (à être dans les bras, à dormir avec parents, à téter)… Et ça ben c'est pire avec les garçons, ils ont encore moins le droit que les fille d'exprimer ces besoins.
"pleure pas t'es pas une fille" -> ça veut dire les filles sont inférieures, mais ça veut dire aussi pour le petit garçon: ta gueule, t'as pas le droit d'avoir des émotions et de les exprimer.

Bien sur les filles aussi sont constamment brimées, elles doivent être bien soumises etc… Mais on a tendance à être plus "cool" avec les "garçons manqués" jusqu'à un certain âge, voire même à les encourager (genre elle a du caractère comme un petit mec alors que c'est qu'une pauvre fille censée être faible). On les autorise aussi à exprimer leurs états d'âme. Les petits filles m'ont toujours semblées moins "abîmées" dans leurs échanges sociaux, affectifs, que les petits garçons qui ne pensent qu'à dominer les autres et refoulent tous leurs sentiments qui ne peuvent pas être exprimés. Je pense même qu'un des premiers gros problèmes dans la vie que rencontrent les petites filles c'est qu'elles sont persécutées par les garçons qui "n'en font qu'à leur tête" et à qui on pardonne très facilement d'emmerder le monde, et qui ne se privent pas parce qu'ils sont souvent en carence affective et qu'emmerder le pauvre monde est leur seul moyen d'obtenir de l'attention (je parle ici d'éducation genrée classique, pas de tous les garçons bien sur!).

Bien sur au final les filles sont carrément plus dévalorisées, il faut en avoir conscience. Mais je trouve qu'on les laisse plus facilement être des enfants, que les petits garçons qui doivent tout de suite être virils, du coup au début c'est moins dur pour elles je trouve. Au début. Après ça se gâte: elles ont moins confiance en elles, sont moins affirmées, souvent carrément inhibées, hypersensibles au regard des autres, soumises, etc… (encore une fois je parle pas pour tous les enfants, évidement chacun a une éducation différente et y répond différemment et heureusement tous les enfants n'ont pas une éducation hyper genrée).
 
Brigande":isy5x0pd a dit:
Encore une fois, je me moque de l'aspect technique et viable de l'utérus artificiel. D'ailleurs, il ne me semble pas avoir lu une seule fois sur ce fil quelqu'un défendre cet outil techniquement.

Mais... Dans ce cas il me semble qu'on peut dire un peu tout ce qu'on veut. Par exemple "je me moque de l'aspect technique et viable de la question, mais si on pouvait ne jamais tomber malade ça serait bien". Si on s'autorise à penser comme ça, je suis d'accord avec toi : la fonction féminine de procréation est une source majeure de discrimination, qu'elle soit positive ou négative, et la supprimer de manière toute théorique aiderait à restaurer l'égalité.

Car le côté "les hommes sont naturellement plus forts" que soulignait Excalibur je n'y crois pas du tout - j'ai d'ailleurs eu une discussion intéressante avec mon compagnon à ce sujet, lorsque j'essayais de lui faire comprendre la peur du viol chez les femmes ; il m'a dit que même s'il était susceptible d'être la cible d'un désir sexuel agressif, il était persuadé d'être moins vulnérable car plus prompt à se défendre physiquement, alors même qu'il est loin d'être un bodybuilder ni même tellement plus fort que moi. C'est juste que dans sa tête, clairement, il se sent plus fort que moi, et moi plus faible que lui, car on a été élevés dans cette idée là : face à la menace, l'idée de me défendre physiquement me viendrait sans doute moins rapidement qu'à lui, quelles que soient concrètement nos forces respectives. C'est clairement une question de représentation de soi plutôt que de capacité physique.

Bref, ok sur le principe, mais vu les problèmes majeurs dans la réalisation technique d'une telle idée, que tout le monde souligne depuis le début, je ne suis pas sûre qu'on puisse en faire grand chose... Et puis ça serait assez terrible de n'être capable d'avoir l'égalité et surtout la justice que dans l'absence de différence. Sinon on peut donner la même couleur de peau à tous les habitants de la planète, dans le même genre : pas de différence, pas de problème... Sauf que la discrimination on la fondera sur autre chose, tant que ce n'est pas la principe de discrimination lui-même qui sera remis en cause. Tous les humains naissent libres et égaux en droits, mais pas en faits. Il me semble qu'il serait plus productif de travailler sur l'application de la première idée que sur la réalisation de la deuxième (ex : congé de durée égale pour les deux conjoints et mise en place culturelle d'une implication affective et pratique beaucoup plus importante qu'actuellement pour celui qui ne porte pas physiquement l'enfant - si le "handicap" est partagé par tout le monde à travers l'implication égale de chacun pour l'enfant à venir, ce handicap s'annule presque aussi bien que si on l'extériorisait dans une machine - et on y gagne une super aventure humaine en couple, plutôt que la froideur d'une machine).

En une phrase : puisqu'on impose culturellement aux femmes d'êtres futures-mères, on peut tout aussi bien imposer culturellement aux hommes d'être futurs-pères (ou plutôt laisser aux deux le libre choix de le devenir ou pas tout en instaurant l'idée que la norme culturelle lorsqu'on choisit d'avoir un enfant, c'est l'implication égale des deux conjoints dans le projet d'enfant, quel que soit leur sexe et que la filiation génétique avec l'enfant existe ou pas).

Je vais parler très rudement, mais pendant la grossesse, la femme est en quelque sorte physiquement "esclave" de son ventre, de l'enfant à venir. Quoi de plus normal que de soulager cet "esclavage" physique par l' "esclavage" culturel d'un compagnon homme ou femme plus libre de ses mouvements ? Au lieu d'avoir deux êtres libérés de la grossesse par la machine, on a certes deux êtres handicapés par la grossesse physique. Mais il faut peser les pour et les contre avec tous les soucis techniques de viabilité de la solution mécanique...

lelfe":isy5x0pd a dit:
"pleure pas t'es pas une fille" -> ça veut dire les filles sont inférieures, mais ça veut dire aussi pour le petit garçon: ta gueule, t'as pas le droit d'avoir des émotions et de les exprimer.

Ça me fait penser à une conversation récente avec ma mère. J'expliquais en gros que si j'avais un garçon je ne tenterais pas de le viriliser mais le laisserais plutôt exprimer sa sensibilité. Ma mère m'a répondu que c'était dangereux parce que plus tard il ne saurait peut-être pas s'affirmer, comme une fille finalement (à qui en général on apprend malheureusement qu'être ouvertement vulnérable, discrète et effacée sont des qualités, ce qui entraîne le manque de confiance en soi dont tu parles ensuite). Du coup je me dis que la bonne solution est peut-être entre les deux : assumer sa sensibilité, mais avec force, fierté et indépendance. Ni "pleure pas, t'es pas une fille", ni "pleure autant que tu veux" mais, garçon ou fille, "pleure dans les bras de ceux qui t'aiment, reste fort face à ceux qui ne te veulent pas spécialement du bien". Je ne sais pas si c'est le bon chemin mais je pense qu'il ne faut pas oublier qu'au-delà du cercle familial proche nos enfants vivront dans un monde de brutes...
 
lelfe":15f9b3gp a dit:
Ca dépend à quel niveau en fait. Comme tout ce qui est lié au féminin est fortement dévalorisé, les garçons sont plus brimés parce qu'ils doivent surtout pas ressembler à des filles. Comme y a quasiment aucune différence entre les filles et les garçons chez les tout-petits (même taille, même force physique, même traits, etc…) c'est comme si on exigeait que les garçons incarnent la différence par leur attitude, leurs goûts etc, de peur que, horreur! on les prenne pour des filles.

J'irais plus loin en donnant raison au témoignage donné dans le docu de Patrick Jean : Nulle besoin d'avoir une attitude donnée pour être d'avance vu comme différent selon une étiquette préétablie : https://www.youtube.com/watch?v=BCLaC_aH ... age#t=663s
 
c'est comme si on exigeait que les garçons incarnent la différence par leur attitude, leurs goûts etc, de peur que, horreur! on les prenne pour des filles.

C'est pourtant l'inverse qui se produit: le féminin est perçu comme autre et le masculin comme référence.
Quant à l'indulgence dont tu fais état concernant les garçons manqués, franchement, je pense que ça dépend complètement des milieux. Mon frère s'est pris autant de réflection quant au fait qu'il serait "pd" parce que se laissant pousser les cheveux que moi par mon manque de grâce et de féminité et la fait que je parlais comme un charettier.
Ah ce sujet d'ailleurs, mon frère a très vite compris les avantages qu'il retirait à être un garçon et ce même petit, par rapport à moi. Il s'est comporté en petit mâle dominant parce que ça lui était dû et qu'il le savait très bien. Et ce n'est pas le seul dans son cas.
Alors bon, faire un concours de désavantage entre filles et garçons, quand on sait en plus que les filles vont largement plus en souffrir plus tard, je ne suis pas sûre que ça soit très pertinent. En tout cas, quand je me remémore le comportement de certains garçons (la plupart, en fait) dans mon enfance, je ne peux dire qu'une chose c'est qu'ils savaient très bien qu'ils avaient le pouvoir et ils en profitaient.
 
Je crois sincèrement que ça dépend de l'environnement familial ce rapport de force infantile là.
Tantôt c'est le garçon qui sera sur-valorisé (tellement plus débrouillard que la fille "molle"), tantôt ça sera la fille "iconographiée" ou sur-protégée (face au garçon "violent" et "rustre"), mais j'ai quand même tendance à voir des profits plus véhéments envers les filles quand ce sont les garçons qui sont sur le piédestal que l'inverse (même si le trône n'a définitivement pas la même allure, et que celui des filles est bien illusoire)
 
V3nom":1f5weyr5 a dit:
j'ai quand même tendance à voir des profits plus véhéments envers les filles quand ce sont les garçons qui sont sur le piédestal que l'inverse
Je suis pas sûre d'avoir compris ça... :p

Sinon, c'est sûr que ça doit dépendre des situations mais je pense que dans l'ensemble aucun des 2 n'est réellement avantagé, si ce n'est que l'éducation traditionnelle fini assez rapidement (genre vers 6 ans) par donner the upper hand aux garçons, à mon avis (d'ailleurs ils sont très vite avantagés par le corps enseignant et ce dès la crèche).
Ca ne veut pas dire qu'ils ne sont pas brimés dans leur envies, leur désirs pas assez viril mais qu'au final ils retomberont beaucoup plus vite sur leur patte puisque la société le leur permet.
 
Bin il se caseront tout naturellement selon ce que la société formatée pour attend d'eux... sauf les rebuts comme la lie de végéweb xD
 
Ce que je voulais dire, pour résumer, c'est que les enfants payent très fort le prix de la différence des genres, et ce même s'ils font partie du genre dominant. Ils sont tous abîmés, mais pas de la même façon selon garçon ou fille (et d'un enfant à l'autre bien sur). On sait tous que les hommes sont privilégiés par rapport aux femmes, mais les enfants là-dedans… Disons qu'il y a un âge où le petit garçon paye très fort ses futurs privilèges.
Après bon c'est un ressenti. Moi ça me touche, quand je vois un parent interdire à son fils tout petit de pleurer, je trouve ça terrible. Mais bon dans un sens ce que tu dis Jezebel c'est vrai, on peut pas faire un concours de souffrances.
 
Je suis un peu étonnée de lire ça :
moins câlinés (pourtant je trouve qu'on est déjà un peu trop distants avec les filles mais les garçons c'est pire), plus réprimés dans leurs émotions, plus souvent punis…
alors que Antisexisme explique l'inverse sur son blog dans cet article :
Les mères déplacent plus et touchent plus leurs bébés garçons, tandis qu’elles parlent plus et sourient plus aux nourrissons de sexe féminin14 15. Enfin, les mères se sentent en moyenne plus attachée aux bébés garçons et se comporteraient de manière plus impersonnelle avec les bébés filles14.
Je trouve ça très révélateur cette différence entre ce que l'on perçoit des inégalités et ce qu'elles sont réellement.
De la même façon, les femmes ont la réputation d'être bavardes alors que les études montrent que les hommes parlent plus que les femmes. C'est essentiellement dû au fait que la parole des femmes est jugée illégitimes et du coup on pense directement qu'elles parlent trop. Alors que ce que disent les hommes est forcément intéressant. :rolleyes:
Il y a aussi une fâcheuse tendance de la part des anthropologues/historiens/etc à qualifier de "matriarcale" toute société dans laquelle les femmes sont un petit peu moins dominées que dans la notre...

Le sexisme est ancré jusque dans la représentation que l'on s'en fait.
 
Bon, bon...

Usagi.Chan":33ss84l6 a dit:
Je suis un peu étonnée de lire ça :
moins câlinés (pourtant je trouve qu'on est déjà un peu trop distants avec les filles mais les garçons c'est pire), plus réprimés dans leurs émotions, plus souvent punis…
alors que Antisexisme explique l'inverse sur son blog dans cet article :
Les mères déplacent plus et touchent plus leurs bébés garçons, tandis qu’elles parlent plus et sourient plus aux nourrissons de sexe féminin14 15. Enfin, les mères se sentent en moyenne plus attachée aux bébés garçons et se comporteraient de manière plus impersonnelle avec les bébés filles14.


Ce passage s'appuie sur 3 études (ref 14, 15 et 16 dans le billet de blog).

La première (Mothers’ Attachment to Infants: Relations with Infant Temperament, Stress, and Responsive Maternal Behavior) qui est abondamment citée dans plein d'articles et autres études et qui est censée prouver apparemment une fois pour toutes que les mères touchent + les bébés garçons que les bébés filles et leur sont + attachées, elle a déjà le léger inconvénient de n'avoir été effectuée que sur 38 sujets, ce qui est vraiment très peu - et de dater d'il y a 15 ans. Ensuite il s'agissait de bébés de 6 semaines ou de 9 mois, donc on n'est pas du tout dans l'âge "petit garçon et petite fille" dont l'elfe et moi parlons. Les mères ne se comportent pas de la même façon avec des nourrissons de 6 semaines, des bébés de 9 mois, ou des enfants de 2, 3 ou 4 ans, qui marchent et parlent et expriment clairement leurs frustrations, leurs envies, etc (au passage je prends toujours ce genre d'études sociales avec des grosses grosses pincettes, parce qu'on ne se comporte pas non plus de la même façon avec son enfant selon qu'on est observé ou non).
Pour finir, ce n'est pas parce qu'on est + attaché à un enfant qu'on le traite mieux. Qui aime bien châtie bien, tout ça, c'est hélas encore d'actualité. Il y a 15 ans, d'ailleurs, il me semble qu'on était encore dans la grande mode du décalottage quotidien des bébés garçons par leurs mères (c'est un peu passé maintenant, mais y en a encore). Comme quoi être davantage touché par sa mère n'est pas forcément un cadeau ni synonyme d'un câlin. ^^

La 2e étude (A comparison of fathers' and mothers' involvement in childcare and stimulation behaviors during free-play with their infants at 9 and 15 months), je vois même pas ce qu'elle vient faire là vu qu'elle compare surtout la façon qu'ont les pères de s'occuper de leurs enfants par rapport aux mères. En prime, l'article indique que les pères ont plus tendance à modifier leur comportement en fonction du sexe de leur enfant que les mères. Donc la citer pour appuyer la prétendue préférence des mères envers les garçons, mouais.

La 3e étude (Maternal intervention in toddler peer conflict: The socialization of principles of justice.), pas mieux que la première. Déjà elle ne porte que sur 30 (!) enfants. Ensuite le contexte est hyper-artificiel : enfants de 20 ou 30 mois, mis en contact pendant 40 minutes avec un autre enfant du même âge et du même sexe. Important, ça, parce que je sais pas vous, mais moi en lisant l'article que tu citais, Usagi.Chan, j'avais compris que dans un conflit garçon-fille, la mère du garçon prenait 3 fois + souvent la défense de son fils que la mère de la fille. Or là il s'agissait de conflits garçon-garçon ou fille-fille uniquement. Bon, en + je n'ai trouvé que le résumé de l'article donc je ne sais pas quel était l'ordre de grandeur de ce "3 fois +", mais comme on nous dit aussi que dans la grande majorité des cas, les mères défendaient plutôt l'autre enfant, les cas où elles défendent leur propre enfant sont donc une minorité, et établir des stats "3 fois +" dans ces conditions, ça risque d'être assez peu significatif d'un point de vue statistique. En prime, ça veut dire quoi, du coup, quand elles défendent + facilement leur enfant-garçon face à un autre enfant-garçon ? Qu'elles préfèrent, quel que soit le sens qu'on donne à ce terme, les garçons et du coup elles défendent le leur ? ou au contraire qu'elles sont moins enclines à prendre la défense d'un garçon inconnu (par rapport à une fille inconnue), et que du coup elles défendent leur enfant (et on ne sait pas si elles auraient fait la même chose dans le cas où leur fille aurait été en conflit avec un garçon) ?
Autre problème à mes yeux : les mères (et pourquoi que les mères, d'ailleurs ?) des 2 enfants sont présentes mais on leur demande de ne pas diriger les activités des enfants. Ben je pense que pour beaucoup, ça n'a rien de naturel. La plupart des parents (mère ou père) que je connais sont bien incapables de ne pas donner au minimum des conseils (quand ce ne sont pas des consignes ou des interdictions) à tout bout de champ à leurs enfants.

Bref, entre le nb de sujets hyper réduits et le contexte artificiel à donf de 2 de ces études et le quasi hors-sujet de la troisième, en tirer ce genre d'affirmation péremptoire, euh... :mmm:
 
Les premiers essais : -> mort des foetus
Je n'avais pas "retenu" cette info... Je ne peux pas voir les videos sur cet ordi, ce n'était peut-être pas retranscrit dans le texte.
Et j'avoue que je n'avais pas pensé au contexte des expériences.

Ceci dit, concernant la nécessité de contact, je pensais plutôt à un utérus artificiel composé d'une matière molle et des personnes venant régulièrement le toucher, le stimuler, interagir avec lui etc. La version utopiste plutôt qu'IRL je l'admets.

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Concernant le rapport grossesse/domination et force/domination, je pense qu'il s'agit de reconstitutions a posteriori, dont on ne peut pas franchement juger la validité. Dans une société gynarchiste, on trouverait sûrement de bonnes raisons à la domination des hommmes ("leurs parties génitales sont trop fragiles, vulnérables à la moindre agression, la domination s'est donc établie naturellement à partir de cette faiblesse").
Si la physiologie masculine était différente, dans une société patriarcale, les spécificités masculines seraient sans doute valorisées, comme l'est actuellement le pénis, parce qu'elles sont des marqueurs de domination plutôt que des causes objectives. If Men could menstruate de Gloria Steinem aborde ce sujet de manière assez hilarante au passage.
Version française ici.

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Bref, je ne sais plus si j'avais autre chose à dire mais le boulot m'appelle :(
 
Mais règulièrement c'est pas 24h/24. Et puis que des personnes stimulent le fœtus de l'extérieur finalement c'est peut-être bien mais pas forcément indispensable, en revanche, le corps de la femme lui-même est une personne dont c'est totalement différent. C'est une personne avec laquelle le fœtus est en permanence "branché", toujours en contact. Si chaque femme a un ressenti différent de la grossesse, et si certaines ne s'attachent pas spécialement au fœtus avant la naissance, elles interagissent pourtant en permanence avec le fœtus, même sans le savoir. Il se passe plein de choses dont on n'a pas conscience. La grossesse c'est être à 2 dans un même corps, quasiment. C'est pas juste avoir un cordon ombilical qui ramène de la bouffe et de l'oxygène. De plus parmi les mammifères placentaires, l'humain est une des espèces qui ont les placentas les plus riches en matière d'échanges: presque tout passe à travers. De là à dire que le fœtus ressent les émotions de sa mère, peut-être pas en ces termes. Mais il perçoit en tous cas beaucoup de choses au fur et à mesure de son développement.

Pour revenir à l'exemple de l'orphelinat, aller faire coucou une heure ou deux par jour à un bébé et ne s'en occuper sinon que pour le laver et le nourrir, à mon avis ça ne servirait pas à grand-chose. Ce serait sans doute mieux que rien, mais bon. Les bébés ont besoin d'être en contact quasi permanent avec des gens (ne serait-ce que d'entendre leur voix mais aussi un grand besoin d'interactions et de proximité physique). Ils ont besoin de ça pour se développer correctement.

Pour moi, d'un point de vue féministe, la simple idée d'utérus artificiel est déjà problématique (non pas à 100% mauvaise, mais problématique) car si un utérus peut être remplacé par une machine, alors le corps de la femme enceinte est une machine à bébé. Or, je ne suis pas une machine à bébé, je suis une personne, et je ne pense pas qu'une machine puisse me remplacer, ne serait-ce que dans cette fonction de portage d'un fœtus. Même si on me considère comme une "personne ayant une fonction" (de portage de fœtus), cette fonction n'est pas dissociable de ma personne. Y a pas un moment où je me conçois comme personne et un moment où je me conçois comme une machine à porter ou nourrir un fœtus, pas de "double moi", je suis une personne avec un fœtus à l'intérieur de moi, et c'est un tout.
(je suis désolée mais j'ai l'impression que ce que j'écris n'est pas très clair, pourtant dans ma tête c'est limpide, mais c'est assez compliqué à formuler…)

Après bon on peut dire que même si un biberon n'est pas un sein, il peut quand même servir à nourrir un bébé. Certes je veux bien nourrir un bébé avec un biberon, mais en revanche je le collerais pas dans une machine qui lui donnerait le biberon à la place d'un humain. Or l'utérus artificiel me fait plutôt penser à ça.

Les vidéos sur l'UA sont TRES choquantes: les femmes et leurs fœtus ont servi de cobayes pour mettre au point ces utérus artificiels, elles ne savaient pas qu'elles faisaient partie d'une expérience, les fœtus sont morts et elles n'ont même pas pu récupérer les corps.

Sinon par rapport aux différences de traitement fille/garçon, je n'ai pas vraiment de sources quand j'affirme que je trouve que les garçons ont moins de câlins. C'est qu'une impression. Mais je pense que c'est le cas, non seulement ils en ont moins mais ils sont moins encouragés en en faire, à en demander, etc. Après ça veut pas dire que leurs parents les aiment moins. Je suis persuadée que la grande majorité des parents aiment leurs enfants, y compris ceux dont le comportement envers leurs enfants me choque ou m'indigne. Par contre il est possible que les mère parlent davantage aux garçons puisque, peut-être, ils sont censés être plus intelligents et mieux comprendre, de toutes façons je crois qu'on est d'accord pour dire que les garçons sont privilégiés au bout d'un moment.
L'expérience de melodie est intéressante je trouve car certaines personnes sont totalement sans voix quand elles se rendent compte que la jolie petite fille si mignonne qui les a attendri est un garçon, et d'un coup ils ne sont plus attendris du tout(?). Même si je me trompe et que cette attention particulière aux petites filles ne se traduit pas spécialement en terme de contacts physiques (ce qui m'étonnerait)… C'est quand même bizarre de ne plus considérer un enfant comme attendrissant ou mignon parce qu'il a un zizi…

Puis en tant que féministe encore, je m'interroge aussi sur la violence masculine. Les hommes sont violents c'est clair, plus que les femmes, est-ce qu'on peut pas faire un rapprochement avec le fait que les garçons soient beaucoup plus souvent punis et même plus souvent frappés que les filles? Entre 75% et 100% des sanctions dans les écoles sont infligées à des garçons. C'est à dire que d'un côté on leur laisse plus de libertés et on est plus indulgents quand ils se conduisent mal, presque on les encourage à ne pas respecter les autres et les règles, ensuite on les punit pour ça, tout en considérant que c'est normal parce que ce sont des garçons. Sans aucunement remettre en cause la domination masculine, je pense que ce serait constructif de se pencher sur la souffrance des garçons. Les féministes font globalement consensus pour dire que la violence masculine est apprise et non pas innée. Or, la violence s'apprend surtout par la violence. On la subit et ensuite on l'applique.


Pffff je fais beaucoup de hors sujet, désolée…
 
En tant qu'observateur qui ne veut surtout pas d'enfant, je me pose la question suivante : le biologique deviendrait-il sale ? Est-il souhaitable de s'affranchir de tout ce qui est biologique ?
Attention, je ne parle pas des cas où il y a souffrance lorsque la science apporte un soulagement (je suis à 100% mariage pour tous et même PMA pour les homos, et même mère porteuse pour les homos hommes), je parle des cas où cela devient franchement "mercantile".
L'utérus artificiel, ça m'évoque systématiquement le meilleur des mondes de Huxley et franchement, c'est totale dystopie, la perte irrémédiable du sensible. Allez, hop, un comprimé de soma.
Après, je vous donne mon avis mais franchement, je me détache de plus en plus de ce qui se passe dans cette société humaine qui peut bien s'écrouler si elle veut, je ne la regretterai en rien mais là, c'est ma misanthropie qui s'exprime.
 
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