Pommier, je ne sais pas ce fond de tes pensés, mais ton discours a quand même tendance à sembler refuser d'admettre qu'on puisse encourager "les gens" à un moins pire d'une main tout en diffusant le discours de l'idéal de l'autre.
Je suis le premier à avoir tendance à penser qu'une personne qui s'engage dans un végétarisme pour la santé, l'écologie ou le tiers monde a plus de chances de l'abandonner rapidement qu'une personne qui s'y engage pour l'éthique animale (pour plusieurs raisons), mais cette direction commune n'en est pas moins réelle pour la demande de produits d'origine animale.
Oui ça fait chier quand des végés abandonnent pour des raisons diverses (carences, pression sociale), mais ça reste une porte d'entrée.
Tu sembles refuser de considérer qu'une personne devenant végé pour une raison totalement égoiste puisse le rester par éthique animale. (ça a été le cas pour Jihem Doe par exemple, c'est même encore plus bête que ça, et il ne s'en cache pas)
Pourquoi donc ?
Concernant Francionne, je n'ai pas lu son discours depuis quelques années (je doute que ça ai beaucoup changé depuis), mais s'il souffre de pas mal de critiques, lui reprocher d'avoir un discours pas assez abolitionniste et "malhonnête" quand il a (avait ?) tendance (euphémisme) à être justement beaucoup trop intransigeant et "abolition ou rien" il y a 6 ou 8 ans. (c'était THE tête d'affiche anti-neo-welfarisme, dont je me reconnaissais à 100% à l'époque, galvanisé par ce soucis d'intransigeance)
(après je reste d'accord avec lui face à ce qu'il appelle "la théorie de similitude des esprits", qui est pour moi une forme de mentaphobie, mais au sein même du mouvement animaliste)
Tu reproches à des affiches de dire :
"devenez végane, ça fera du bien dans votre body"
quand elles disent :
"devenez véganes pour la raison que vous voulez, les animaux vous en seront reconnaissant tout pareil !"
Et je vais dire une banalité, mais ce n'est pas parce-que tu découvre et te construit ton véganisme que depuis peu que tes interlocuteurs ne se sont pas posé des questions du genre "qu'est-ce qui est le mieux pour les animaux ?", "militantismes court-termistes et long-termistes sont-ils compatible ?" ou même carrément "dans quelle mesure aller militer tue des animaux, et comment minimiser cet impact".
Ecouter, lire, (notamment les participants de ce forum, pas nécessairement uniquement des philosophes publiés) et prendre le temps d'y réfléchir avant de poster tout ce qui concerne le sujet, au risque d'ouvrir des sujets doublons avec d'autres plus anciens, c'est bien aussi.
Et concernant le sujet de ce topic, c'est pour moi flagrant qu'il y a collusion entre la théorie et le terrain : oui on veut tous (ou presque) l'abolition, sauf que sur le terrain ça ne marche pas comme ça. Si tu n'encourage pas les gens à y aller par étapes tu n'obtient guère que 2 amis proches qui vont devenir véganes sur plusieurs années. Alors qu'en encourageant des petits mieux réguliers, tu rends accessible ce qui est perçu comme juste mortel médicalement parlant encore aujourd'hui.
Je comprends bien que tu as l'impression de trahir ton souhait d'un monde végane se faisant, mais là pour moi il est urgent de te demander pour qui mènes-tu ton véganisme : toi ? (intransigeance de discours, philosophie dans faille, fort risque de tomber dans le mythe de la pureté, qui est une calamité pour tout le monde), ou les animaux ? (résultats à plus court-termes, étapes envisageables pour les gens non ou peu sensibilisés)
PS : cette dernière question, si elle peut paraitre cuisante et provocatrice, est bien plus sérieuse et pas forcément facile à y répondre qu'il y parait.