Je pense qu'il y a plein de pistes de réflexion sur le sujet dans les Cahiers Antispécistes et Zoopolis.
Les animaux qu'on n'utilise/ne tue plus peuvent avoir des tas de destins possibles :
- Ne plus faire naître par insémination/sélection des animaux dont le patrimoine génétique est conçu pour produire au détriment de leur propre confort de vie (vaches qui produisent trop de lait, vaches qui produisent trop de muscles -cf. la Blanc Bleu Belge-, poules qui produisent trop d'oeufs, poulets qui produisent trop de chair, ovins qui produisent trop de laine). Voire faire de la "contre-sélection" pour que leur patrimoine génétique évolue vers quelque chose qui améliore leur confort de vie à eux au lieu de nous servir à nous. (Donc favoriser les génotypes sauvages d'origine par rapport aux "races" conçues par les humains : le génotype sanglier par rapport au génotype cochon, le génotype mouflon par rapport au génotype mouton, le génotype des bovins sauvages, le génotype de poules sauvages, etc.)
- Multiplier les sanctuaires/refuges
- Multiplier les réserves naturelles
- Arrêter de tuer les animaux dit domestiques qui retournent à l'état sauvage (et qui survivraient très bien comme ça si on ne les tuait pas nous-nous-mêmes)
https://blog.l214.com/2016/03/03/vaches ... ut-portant
http://www.cahiers-antispecistes.org/tu ... drent-pas/
- Tirer un profit écologique de l'existence de certains groupes d'animaux, sans pour autant les forcer à quoi que ce soit, ni transformer ça en exploitation. (Des animaux qui pâturent, si ça a un intérêt autant pour eux que pour les humains, que pour les espèces alentours, je ne vois pas le problème si on ne leur impose rien.) S'assurer qu'à aucun moment ça ne dérive vers un statut de propriété ou de ressource économique.
http://www.cahiers-antispecistes.org/de ... s-animaux/
- Vivre en communauté avec certains d'entre eux, en garantissant leurs droits de concitoyens
http://www.cahiers-antispecistes.org/qu ... s-animaux/
http://www.cahiers-antispecistes.org/et ... e-a-chats/
En attendant, tant que la majorité des humains (d'un pays donné) n'est pas convaincue par la nécessité d'abolition de la viande, il est difficile de réaliser l'arrêt du jour au lendemain des élevages et des abattoirs. Donc il est clair que le nombre d'individus exploités va progressivement diminuer jusqu'à ce que l'abolition soit réalisable.
Mais par contre, le jour où l'abolition sera réalisable, il y aura bien un "saut" à faire entre l'étape où x milliers ou millions d'animaux sont encore en élevages et le moment où ces animaux seront reconnus comme "libres". Et là, il faudra mettre en place un plan pour gérer ces animaux survivants. Economiquement et logistiquement, ça risque d'être un défi certain, si on a l'espoir que ça se réalise suffisamment tôt pour épargner un maximum de victimes.
Plus ce dernier "saut", cette dernière étape d'abolition sera simple à réaliser, plus ça signifie que le nombre de survivants à libérer sera faible, et donc plus ça signifie qu'on aura laissé de victimes souffrir et mourir entre temps...
Il n'est pas impossible non plus qu'on se trouve alors devant un tel dilemme entre l'immoralité de l'élevage et l'impossibilité immédiate de tous leur accorder une fin digne (s'ils sont trop nombreux), qu'on se retrouve alors à en "euthanasier" un certain nombre avec des injections de barbituriques. Ce qui est largement préférable à la mort en abattoirs, même si ça reste un meurtre. Comme ça se fait en refuges. La pression économique peut conduire à ça.
Ou alors on se retrouvera avec des humains qui acceptent de sacrifier temporairement (le temps de réguler la démographie des animaux survivants : morts naturelles + natalité proche de zéro) une partie de leur confort économique pour rester solidaires avec tous les animaux libérés.
Bref, le passage entre "élevages lait/viande/oeufs - abattoirs" et "abolition" sera probablement quelque chose d'épineux si ça se produit suffisamment tôt. Et il faut justement souhaiter que ça se produise le plus tôt possible et que ça soit épineux, parce que c'est moralement urgent et gravissime.
(Si on compare avec les problèmes humains... C'est un peu la différence entre la droite qui préfère rester "pragmatique" et prendre les chemins faciles, sans trop se mouiller, sans envisager de grands changements par rapport au fonctionnement capitaliste/libéral actuel même si ça nécessite de sacrifier des vies humaines pour ça. Parce que "ça a l'air de fonctionner" pour ceux qui en profitent... Et la gauche qui -théoriquement- se rappelle quand même que pendant ce temps-là, on est justement en train de sacrifier des milliers de vies humaines, et qu'il est justement urgent de changer de fonctionnement, même si ça signifie un peu de foncer dans l'inconnu.)