Projet pédagogique sur le thème du développement durable
Une récente circulaire de février 20151 fait du développement durable un axe central des réflexions sur l'éducation. Par la présente je tiens à vous faire part d'une proposition simple satisfaisant aux exigences de cette circulaire, qui est très certainement la plus efficace connue en terme de réduction d'impact écologique, qui peut être mise en œuvre à moindre coût, sans nécessairement prendre des heures d'enseignement et applicable en quelques jours seulement tout en touchant l'ensemble de la communauté éducative. Voici des extraits de cette circulaire :
« L'année 2015 sera un moment particulièrement fort et significatif, en raison de l'accueil par la France de la conférence des Nations unies sur le changement climatique, Paris-Climat 2015, qui amènera toutes les académies à participer à la mobilisation nationale pour démontrer l'exemplarité de la France dans la lutte contre le changement climatique Cet engagement du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche en 2015 prend aussi pleinement en compte les nouveaux objectifs mondiaux de développement durable, qui seront portés par l'ONU en septembre 2015 et par l'implication de la France dans l'Exposition universelle de Milan, centrée sur la notion de « Nourrir la planète, énergie pour la vie. » La France s'y implique en promouvant les projets de la jeunesse dans la perspective de : « Produire et nourrir autrement »
« ...le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche souhaite impulser une nouvelle dynamique pour généraliser l'éducation au développement durable (EDD) dans les écoles et les établissements scolaires et conduire une politique exemplaire en la matière. »
Voici ma proposition pour que l'établissement réponde efficacement à la plupart des recommandations de cette circulaire :
I Une action de développement durable au sein de l'établissement
« Nourrir et produire autrement » est la plus efficace des actions que l'on puisse mener dans la lutte contre le changement climatique. Selon deux rapports consécutifs de l'ONU sur le changement climatique2, ainsi que du GIEC, le premier contributeurs du bouleversement climatique est l'industrie du bâtiment, en troisième ce sont les transports et en deuxième : l'élevage. Autrement dit la production de protéines animales est le deuxième contributeur du changement climatique actuel. Ainsi la réduction du ratio protéines animales/protéines végétales lors des repas de la cantine scolaire est une action souvent méconnue permettant pourtant de répondre très efficacement à la plupart des objectifs de développement durable de la circulaire. En conséquence, aucune action de développement durable ne peut être plus efficace que celle-ci. De nombreuses villes au travers du monde et de plus en plus de villes de France se sont déjà saisi de cette responsabilité3.
« ...priorité donnée à la jeunesse, en sensibilisant les enfants dès leur plus jeune âge aux bonnes pratiques respectueuses de l'environnement et à la vie en commun sur une planète aux ressources naturelles limitées. »
« il convient également de développer l'expérience concrète et directe permettant de susciter des prises de conscience susceptibles d'engendrer des comportements responsables ;
L'éducation à l'environnement et au développement durable est ancrée dans et par l'expérience des réalités de terrain, dans la réalité quotidienne du milieu scolaire, afin d'être expérimentée et vécue par l'ensemble des membres de la communauté éducative et de ses partenaires. »
Les repas intégrant une logique de diminution des protéines animales au profit des protéines végétales répondent donc bien à ces objectifs. Mais la circulaire invite à aller plus loin. Elle invite à pérenniser l'action et en l'insérant dans une optique pédagogique interdisciplinaire.
II Exploitation pédagogique
« Au-delà des programmes, les approches interdisciplinaires permettent la nécessaire prise en compte de la complexité des situations et des problématiques liées au développement durable. »
On peut aisément utiliser le thème de notre consommation de protéines animales pour développer un projet interdisciplinaire d'éducation au développement durable4. Celui ci peut recouvrir de nombreux thèmes entourant notre consommation de protéines animales et connexes aux problématiques de développement durable comme celui du vivre ensemble, de l'éthique, de l'écologie, de la santé ou de l'ouverture sur les différentes cultures du monde. Quant à l'aspect interdisciplinaire, une vision d'ensemble est proposé en annexe.
L'action peut faire l'objet d'une reconnaissance au travers d'un concours et l'intégration pédagogique peut, elle, faire l'objet de labellisation E3D.
III Reconnaissance et labellisation de cette action
Participation au concours « Des clefs pour l'éducation au développement durable »
« Dans cette perspective ouverte par le calendrier international de 2015, l'ensemble des écoles et des établissements sont invités à participer et à répondre à l'appel à projet au concours « Des clefs pour l'éducation au développement durable », organisé sous forme d'olympiades et récompensant les meilleurs projets pédagogiques ou initiatives de classes, d'écoles ou d'établissements en matière de développement durable. Les projets qui seront promus porteront sur le lien entre le développement durable et la lutte contre le changement climatique. »
L'établissement pourrait alors recevoir une reconnaissance en participant au concours « des clef pour l'éducation au développement durable »
Demande de labellisation E3D :
«Peut être considéré comme « E3D - École/Établissement en démarche de développement durable » tout établissement scolaire ou toute école engagé dans un projet de développement durable fondé sur la mise en œuvre d'un projet établissant une continuité entre les enseignements, la vie scolaire, la gestion et la maintenance de la structure scolaire tout en s'ouvrant sur l'extérieur par le partenariat. »
Moyennant une implication pédagogique de quelques enseignants et un dialogue avec les acteurs locaux de l'alimentation responsable, cette labellisation pourrait être obtenue.
Cette action vise à faire du développement durable une réalité concrète au quotidien et non une vertu théorique ou une série de solutions pour les groupes industriels ou les politiques.
Un des axes rarement évoqué du développement durable est le vivre ensemble or un récent article du journal Le Monde explique en quoi les repas végétariens sont les plus laïcs5.
Enfin je me permets de vous faire cette proposition en cours d'année scolaire puisque la circulaire invite à mettre en œuvre dès maintenant des mesures concrètes :
« toutes les académies sont invitées à mettre en œuvre des mesures concrètes et ludiques pour les élèves dès la publication de la présente circulaire, afin d'amplifier les actions en place et de mobiliser la communauté éducative et les élèves sans attendre la prochaine année scolaire. »
En attendant votre réponse.
1Instruction relative au déploiement de l'éducation au développement durable dans l'ensemble des écoles et établissements scolaires pour la période 2015-2018 ; circulaire n° 2015-018 du 4-2-2015 - MENESR – DGESCO
2Tackling climate change through livestock A global assessment of emissions and mitigation opportunities. -FAO 2013
L'ombre portée de l'élevage:impacts environnementaux et options pour leur atténuation -FAO 2006
3De plus en plus de villes en Europe (notamment en Allemagne et en Angleterre) se saisissent de cette problématique y compris en France avec par exemple les cantines scolaires de Marseilles, Dijon, celles du 2ème arrondissement de Paris, Strasbourg, Lyon et depuis janvier : St Etienne.
4 Le sommaire de ce projet est sous forme de carte mentale accessible sur le net via l'adresse suivante :
http://tinyurl.com/EDD-coll-ge
5 Le principe laïc n’implique nullement d’imposer un menu unique aux enfants, au mépris des différences et des préférences individuelles. Il faut dépasser ce faux débat : plutôt que d’utiliser le porc ou la laïcité pour attiser la haine confessionnelle et diviser les Français, nous proposons l’instauration dans les cantines scolaires d’une alternative végétarienne à tous les repas... Le plat végétarien, et à plus forte raison végétalien, est une solution laïque et œcuménique aux préférences alimentaires de chacun, qui a le mérite de représenter l’alternative la plus simple pour les collectivités locales qui ne peuvent satisfaire des contraintes et des préférences alimentaires multiples. Le repas végétarien réunit tout le monde.
Loin des considérations religieuses, il répond aux convictions de tous ceux qui refusent de manger des animaux pour des raisons éthiques, par souci du bien-être animal et respect de la vie sensible. Pourquoi forcer leurs enfants à manger de la viande ou du poisson à l’école ?
« Le repas végétarien, le plus laïc de tous » Le Monde 26.03.2015
La consommation de protéines animales : une problématique pédagogique riche