Comment/Doit-on faire abstraction ?

RedGoupile

Jeune bulbe
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Coucou à tous,
Hier j'ai eu une longue discussion avec mon amoureux (omni mais végan en ma présence). Je suis végé depuis mars 2016 et végane depuis avril. Depuis cette prise de conscience, j'ai été très "protégée" : mon copain a de suite accepté de ne pas manger de produits animaux quand nous sommes ensemble, ma belle-mère s'essaie aux produits végans, mes parents avaient déjà amorcé leur végétarisme, et mes amis sont très tolérants (par ailleurs, depuis, pas de repas entre amis en dehors de goûters sucrés, donc pas de "problème").
Le souci, c'est que je ne me suis donc pas encore retrouvée confrontée au problème suivant : comment gérer le fait que vos proches mangent de la viande face à vous ?
Mon copain me dit que dans les deux cas, on IMPOSE un choix à l'autre : l'omni impose sa viande, le végé impose son refus de voir un cadavre à sa table. Pour mon amoureux, c'est au végé de faire l'effort car, je cite, "la viande fait partie de la norme, rien dans la loi n'interdit sa consommation pour l'instant". Pour autant il me comprend, ne me l'imposera jamais; mais il considère, par exemple, que dans un repas de famille je n'ai pas à imposer mon refus de voir les autres consommer des cadavres. Ainsi, la solution serait de ne pas assister à ces repas : je n'impose rien aux omni, mais ils ne m'imposent pas de vision qui me torture non plus.
Bref, comment gérez-vous ces situations ? J'ai beaucoup de chance car je pense qu'elles resteront rarissimes vu mon cercle social. Mais de mon côté je n'ai que mes parents, alors que la famille de mon copain est très nombreuse, et je ne me vois pas refuser de les fréquenter... Ils sont très gentils, mais je ne me vois pas leur imposer de se "priver" de viande contre leur gré à chaque fois que je serai présente... (s'ils me le proposent d'eux-mêmes, c'est différent, mais je doute qu'ils soient TOUS dans une posture d'ouverture honnête et totale)
Je sais que je passerai sans doute le repas du réveillon chez eux, comme l'an passé (poissons, foie gras, rôti de boeuf bien saignant... je ne pourrai plus : je vois la mort, le cadavre, la souffrance, les œillères des convives ou leur terrible indifférence...).
Qu'en pensez-vous ? Me trouvez-vous extrême ? Merci de vos retours. :'(
 
Alors honnêtement je ne me suis pas encore posé la question car je n'ai pas (et je pense que c'est le cas de pas mal de personnes ici) la chance d'avoir un entourage aussi tolérant sur la question. Implicitement, c'est moi qui ait choisi de choisir de m'"ostraciser" du reste de la société alors c'est à moi de m'adapter à eux. Alors non ce n'est pas l'idéal, mais si j'essaie de l'imposer à qui que ce soit, ce sera vu comme du prosélytisme et de l'agression de ma part, or mon but aujourd'hui est juste de faire accepter le fait que JE sois végane, sans rien leur demander (c'est pas gagné lol).

Après, j'arrive encore à faire abstraction qu'il y ait un peu de viande à table, j'en ai mangé pendant 25 ans et j'y suis malheureusement habituée (même si je suis comme toi, je VOIS le cadavre). Je crois que Gary Y. qui n'avait pas vu sa famille depuis genre 1 an leur a imposé un menu végétalien pour leurs retrouvailles, parce que en gros "ils peuvent manger ce qu'ils veulent le reste de l'année, je leur demande que le seul repas qu'on partage soit végane, ce n'est pas trop demandé", et bah ils l'ont très mal pris, ça s'est mal fini, voilà voilà...
 
Je fais abstraction ; comme dit Xiaofu, j'en ai mangé pendant les 95% de ma vie sans que ça me gêne, je n'ai pas tant changé que ça. J'ai peut-être la chance de ne pas "voir" les bouts de cadavre, même si je sais très bien ce que c'est.
En famille (parce que c'est là que ça arrive le plus souvent), je demande juste qu'on ne me mette pas les plats sous le nez / à côté de moi ; mais pour ça je le faisais déjà avant, ne supportant pas l'odeur du fromage non fondu, donc iels doivent être habitué-e-s.

TW
Dans des cas un peu plus compliqués (viande/poisson non transformé-e, cadavres entiers bien visibles, dans les cas de repas à la broche par exemple), j'essaye de faire en sorte volontairement de m'éloigner, ou tout du moins de ne pas regarder.
 
Je ne vais pas pouvoir t'aider beaucoup je pense car je suis entourée d'omnis, à la maison ca va encore puisque c'est moi qui cuisine donc c'est vegan sauf rares cas quand je fais des hamburger où il veut son steak haché
On mange 3 fois par semaine chez mes beaux-parents qui me font un plat de légumes avec une céréale, et eux mangent leur viande normalement, ce week-end y'a meme eut du lapin...
Alors bon dans la plupart des cas mon cerveau a finit par faire abstraction, ca a prit un peu de temps, au début je voyais que des cadavres partout, maintenant c'est un peu comme avant, je ne vois plus l'animal a travers ce bout de viande, a part la pour le lapin j'avoue que c'a ma un peu retourné (surtout quand ils ont commencé a chercher la tete dans la marmitte pour la sucer...)

Donc si tu as de la "chance" ca va finir par passer, y'en a pour qui ca ne passe pas et pour qui c''est vraiment compliqué un repas avec des omnis, c'est différent pour chacun, y'a des processus qui se font ou ne se font pas, il faut du temps pour voir

Tiens d'ailleurs ca me fait penser que dans 2 semaines on est invité a un anniversaire et je pense que nos hotes n'ont pas pensé à la vg que je suis, comme au nouvel an quand ils ont sorti un couscous x) bref autre sujet
 
Pour moi il est hors de question d'imposer aux omni une privation quelconque, donc je ne risque pas de faire comme Gary Y.
Par conséquent, le dilemme était plutôt : dois-je m'imposer à moi-même cette vision de cadavres dévorés par eux (si oui, comment faire ?) ? Ou dois-je simplement...fuir ? (ne pas me rendre à ces repas)
J'ai beaucoup de mal avec le fait d'imposer quelque chose à autrui, mais tout autant avec le fait qu'on m'impose quelque chose (je déteste toute forme de contrainte quelle qu'elle soit, de base).
Si je comprends bien, c'est à la minorité de se "soumettre" ?...
Je dois me forcer, et petit à petit, mon cerveau va s'auto-convaincre que "ça passe", se conditionner ?...
Mais ai-je vraiment envie que cela arrive ?
 
C'est marrant je suis dans le schéma contraire, au début j'avais aucun, mais alors aucun problème avec la présence de la viande à table, c'était ma normalité, et aujourd'hui ça va encore, mais je pense que plus le temps passe moins j'aurais envie d'en voir. Donc je pense que prochainement je serais dans le cas de RedGoupile et je vais finir par amener le sujet sur la table (lol "sur la table", tu l'as??), forcément =(

Enfin bref, allons-y étape par étape, j'essaie déjà de les sensibiliser à la question, et ensuite peut-être que dans un élan suicidaire je leur demanderai si éventuellement ils pourraient changer leurs habitudes carnistes en ma présence.

PS : je viens de voir ta réponse RedGoupile. Je ne pense pas qu'il faille fuir car ça ne fait que t'isoler davantage, or le but (en tout cas pour moi) c'est d'être le plus "normale" possible et de me mêler aux omnis. Si je n'assiste plus aux repas comme avant, j'ai trop peur de renvoyer une mauvaise image du véganisme qui n'a vraiment pas besoin de ça, donc ouais c'est inconfortable mais bon...
 
chez nous, la belle-famille ne se gênait pas pour poser ses cadavres dans mon frigo... maintenant c'est simple, plus un aliment d'origine animale ne pénètre mon espace... et quand je vais chez quelqu'un qui a prévu de la viande, j'évite au maximum de manger en même temps, je diffère mon repas, j'arrive en retard, je fais autre chose à côté, tant qu'il y a ça sur la table. Et idem, quand on part plusieurs jours et que quelqu'un commence à faire cuire du muscle, je sors, et j'emmène mes enfants aussi (parce que pas envie d'expliquer tout le temps, d'autant devant le/la cuisinier.e.)
C'est pas tant qu'illes m'imposent quoi que ce soit, ou que soit-disant je leur impose trop de bienveillance ou de conscience, c'est que je supporte mal ces faux-semblants quand eux imposent réellement la mort à des milliards d'animaux par goût personnel éphémère, en fait :/
 
C'est sûr que si l'on fuit, on peut donner une image fermée voire sectaire (certains n'attendant pas pour faire bien vite des amalgames) du véganisme.
Mais si l'on accepte sans rien dire la viande à table, on accepte implicitement l'existence de cette viande, et l'on renvoie aux omnis un message qui cautionne leur alimentation (type "la viande c'est la norme, je ne suis moi-même pas dans la norme donc c'est moi qui me soumets à votre pratique")...
:><:

Erabee je te comprends tellement :calin:
 
Ca me fait chier de dire ça, mais oui je pense que quelques fois il faut prendre sur soi et "se soumettre", simplement parce que c'est le principe du vivre ensemble et que mon entourage n'est pas au même stade que moi dans leur réflexion, peut-être même que malgré tous mes efforts ils ne s'intéresseront jamais à la question. Ce ne sont pas des monstres pour autant, bien au contraire.

Quand j'étais omni il ne se passait pas une journée sans que je reproche à mon père de cuisiner trop de viande. Un exemple de repas typique chez les Chinois : chacun son bol de riz + 3 plats à partager + une soupe. Bah y'a des jours où mon daron faisait TROIS PLATS comportant de la viande, et ça me rendait ouf. Pour me faire plaisir (comme si c'était un caprice de ma part) il me faisait un plat de légumes le lendemain mais après qqes jours rebelotte. Mais vous inquiétez pas, je ne lâche pas l'affaire^^

Aujourd'hui je dis clairement à mon entourage qu'ils mangent bien ce qu'ils veulent (encore heureux !) mais que je ne cautionne pas leurs actions pour autant, sans agressivité, juste de manière factuelle, puis on passe à autre chose. Faut doser quoi =/
 
Pour ma part, je supporte de moins en moins de voir de cadavres, et même des produits issus de l'exploitation animale, à table.
Je vis chez ma mère mais ayant des rythmes de vie décalés, je mange souvent seule. Le soucis se pose donc lors des rares repas de famille ou lorsque je mange à l'extérieur avec des gens. J'essaie au maximum de proposer des restaurants vegans ou des plants vegans, mais je me retrouve forcément confrontée à ça à un moment ou à un autre.

Je parle souvent véganisme avec mon entourage et ils connaissent ma position sur le sujet et mes arguments. Mais en général, je me tais, je laisse couler, préférant passer pour une "végane mais gentille"...
 
Je supporte également de moins en moins la vue de la viande, parce que je ne veux plus taire cette dissonance cognitive (ou la tolérer en habitude ou en faire abstraction).
Je me dis que mon entourage n'a pas conscientisé la chose et que je ne peux pas trop leur en vouloir, d'autant plus qu'ils sont sensibles à la cause animale...

Mais alors je demande le respect vis-à-vis de moi également. Je suis véritablement outrée quand, moi qui "respecte"/tolère leurs choix alimentaires, ils me trouvent "chiante" de ne plus acheter de viande pour mon copain omni, ou lorsque je fais un barbeuc végé, que ma mère dise "ah beh c'est pas aujourd'hui qu'on se sera cassé le ventre avec des brochettes d'agneaux" enfin un truc dans le genre je ne sais plus exactement...

Je demande le respect MUTUEL, en fait. Pour moi je trouve que c'est ce qui entrave encore pas mal mes relations sociales. Que mes proches ne comprennent pas que ce sont des convictions qui me tiennent à coeur.

Sinon, je respecte, je ne regarde pas, je mange mon truc, l'esprit ailleurs souvent parce que je n'arrive pas bien à me fondre dans cette masse de carnivores joyeux... mais au moins, je suis là.
 
Faire abstraction est difficile :(.
Plus les années passent, plus ça m'est difficile de faire abstraction.
Et ça va même plus loin puisque ça touche aussi le fait de voir des vêtements en cuir, ou simplement voir des publicités carnés.
Voir un animal mort, ou voir tout élément qui me fait penser à un animal mort provoque automatiquement un sentiment de tristesse, d'impuissance, et d'incompréhension.
Et je ne peux/veux pas renier ce sentiment, ça serait mentir à mon cœur, et complétement incohérent.

Dans une société idéale on ne devrait pas subir la vision de ces meurtres au quotidien.
Et surtout, les gens ne devraient plus trouver ça normal (Oh tiens, du mort.. :><:).

Personnellement, j'évite les repas entre amis quand c'est pas végé, ou qu'il n'y pas de dominante végé. Je dis à mes contacts qu'on a pas besoin de manger pour partager des sourires :)
Quand je retourne voir ma famille je demande à ce qu'il y ait au moins aucun bébé animal. J'ai une famille ouverte et sensibilisée depuis 4 ans donc il arrive même que la plupart des repas soient 100% végé*L :D

Donc pour répondre à ta question : "Comment/doit-on faire abstraction?"
- c'est un choix personnel par rapport à son ressenti. Certains y arrivent mieux que d'autres
- on ne doit à mon avis pas s'imposer quelque chose qui nous fait du mal (surtout si c'est juste pour faire "bonne impression")
- il peut être utile d'en parler avec les concernés qui vont partager le repas. À cœur ouvert. Si tu fais le parallèle avec les vidéos/images d’abattoir qu'on voit tourner régulièrement par L214, ils devraient comprendre en partie ta gène à voir ces "cadavres".
- Être force de proposition pour des repas végé :D

Bon courage :calin:
 
Merci à tous, vos réponses m'aident beaucoup. Particulièrement Malaury et Pyopillot :calin:
Le problème se posera surtout lors de très gros repas de famille, car en petit comité de personnes que je connais un minimum, j'assume mes convictions et leur partage, et le dialogue se fait sans souci et dans la tolérance; par conséquent je ne m'impose pas de souffrance.
Pour le moment je ne sais pas encore comment je gérerai ces (rares) gros repas dans la famille de mon amoureux, où un dialogue posé préalable avec chacun sera difficilement envisageable (mais reste possible petit à petit).
Je suis d'accord qu'il faut être force de proposition pour des repas végé, même si mon petit appartement exclut tout repas de plus de 4 personnes.
Je vois que chacun(e) perçoit et vit les choses à sa manière, il n'y a pas UNE réponse. Je reste néanmoins dans l'idée que s'imposer quelque chose qui va à l'encontre de ses convictions, et crée une souffrance profonde, ne devrait pas se faire.
Finalement à vous lire, je me rends compte de ma chance concernant mon entourage direct !... Courage à ceux et celles qui galèrent :calin:
 
Je suppose que ça dépend du caractère de chacun. Je pense qu'il y a grosso modo 3 attitudes :

-La confrontation permanente, on impose ses choix à l'autre. Quand on invite pourquoi pas : "A Rome fais comme les romains", mais du coup la réciproque est vraie aussi donc quand on est invité c'est compliqué de dire à machin "j'veux pas te voir manger de viande alors t'en manges pas" quand il est chez lui.

-Le compromis. Ca implique de pouvoir compartimenter un minimum, intégrer le fait que chacun voit le monde sous une perspective différente, certains sont sensibles à ce genre de choses et d'autres non quoi qu'on fasse. Je vois plus ça comme une addiction plutôt qu'une véritable volonté de nuire à l'autre. Je me dis qu'en faisant le compromis d'accepter temporairement leur addiction ça me donne les chances de pouvoir parler d'alternatives, de montrer que c'est meilleur pour la santé, pour les capacités cognitives etc. d'arriver à planter des petites graines puis un jour trouver le bon bouton.

-La fuite. Ca implique de vivre en circuit fermé, être sur le qui-vive, mettre des barrières. Je suppose que c'est la dernière alternative quand les deux autres ne conviennent pas. C'est dur de rester constamment isolé et protégé du monde extérieur, et quand on est contraint de devoir passer de l'autre côté du rideau je pense que c'est une source de stress d'autant plus grande qu'on a été habitué à vivre sans.


Chacun gère au mieux avec ses propres limites. Par exemple je déteste qu'on me parle de faits divers quand je me lève, ou de souffrance, d'injustice etc. Parce que c'est un moment de la journée où je suis pas armé pour prendre sur moi.

La vision du jambon me dérange pas, même si je fais la petite réflexion que c'est quand même du cadavre quand j'en ai l'occasion, celle du poulet ou du poisson avec la tête rattachée au corps un peu plus, mais du coup c'est encore plus facile de re-contextualisé la mort de l'animal, par contre clairement je pourrais pas vivre chez quelqu'un qui sacrifie ses animaux dans son jardin pour les manger plus tard, dans ce cas là oui je préfère la fuite si je peux pas lui faire comprendre mon point de vue, parce que ce serait ma limite émotionnelle et quoi que je pourrais faire la situation ne pourrait pas s'améliorer.
 
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