Est-ce que lui peut te prouver qu'il souffre ? Est-ce que tu peux lui prouver que tu souffres ?
Je ne sais plus si c'est dans l'article des Cahiers, mais le fait que les plantes réagissent à certains stimuli n'a aucun rapport avec le fait d'avoir une individualité ou un existence mentale qui permette de parler de sensibilité et de sentience. Si on me coupe la tête et qu'on maintient mon corps en vie, il restera une quantité considérable de phénomènes métabolitiques qui réagissent aux stimulis. Ne serait-ce que les réflexes et le système immunitaire. Pour autant, on ne pourrait pas dire que mon corps ressent la souffrance. C'est ma capacité à centraliser les signaux et les traiter de manière complexe, dans mon cerveau, qui me permet d'être un individu sensible/sentient. On retrouve cette capacité, scientifiquement prouvée, chez à peu près tous les animaux que l'on mange (en tout cas, tous les vertébrés).
http://fcmconference.org/img/CambridgeD ... usness.pdf
Une plante, elle, ne peut pas avoir d'individualité, puisque les signaux ne sont pas centralisés, puisqu'il n'existe aucun centre de traitement des signaux au sein de la plante. Une plante coupée en plusieurs morceaux survit et peut donner des boutures => Pas d'individualité. Mieux, elle est même prévue pour perdre des parties de son corps selon les saisons. Une plante n'a pas une forme fixe, mais une forme fractale, plutôt aléatoire. Il est même difficile de savoir comment juger si une plante est en vie ou morte, puisque n'importe quel morceau de la plante est en vie tant qu'un petit nombre de cellules reste fonctionnel. Pour un animal, on peut parler de vie et de "mort cérébrale". La mort cérébrale, c'est quand il n'a plus de sensibilité, de sentience, d'existence mentale. Mais c'est quoi, la mort cérébrale/de sensibilité d'une plante ?...
En fait, on n'a même aucun moyen de faire la moindre supposition chez les plantes de quelles réactions pourraient signifier "du plaisir" et quelles réactions "de la souffrance", puisque chez les animaux, ces deux ressentis sont prévus pour engendrer les comportements adéquats (actifs) qui favorisent la survie et la reproduction de l'animal. La peur de la mort, par exemple, n'apporterait rien aux plantes.
En gros, pour une plante, il est impossible de poser le début d'une hypothèse sur ce que serait sa "mort", ou ce que serait sa "souffrance". Et impossible de poser une individualité.
Sinon, tu peux aussi lui demander de regarder d'un côté "Le Monde selon Monsanto" où l'on voit toute l'horreur de l'agriculture OGM (donc la "souffrance" qu'on infligerait aux plantes), et le faire suivre de "Earthlings", pour comparer les souffrances animales/végétales, et voir lesquelles lui semblent les plus inadmissibles.
Il peut aussi faire l'expérience de couper une carotte ou une tomate, ou un plant de persil, bien vivants, en petits morceaux. Puis couper un lapin bien vivant en petits morceaux. Pour voir lequel des deux le gêne le plus.
Et sinon, c'est un peu fou d'aller se rabattre sur l'hypothétique souffrance des plantes, qui n'ont strictement rien en commun avec les autres animaux pour décrédibiliser leur souffrance, quand il y a infiniment plus de choses en commun entre les humains et les autres animaux qu'entre les animaux (surtout ceux que l'on mange) et les plantes.
Si on veut tergiverser sur la sensibilité des animaux par rapport aux plantes, alors autant tergiverser sur la sensibilité des nourrissons par rapport aux plantes, des vieillards par rapport aux plantes, des noirs par rapport aux plantes, des femmes par rapport aux plantes (contrairement à celle des hommes blancs adultes qui est largement reconnue).