Ce n'est pas parce que tu as à bouffer que c'est bien. Mais tu as à bouffer, et c'est déjà pas mal, crois-moi.
Et je sais pour les chiffres que tu avances, mais ça n'a pas grand-chose à voir avec la situation de la France sous Louis XIII ou Louis XIV quand La Bruyère parlait de paysans qui ressemblaient à des animaux décharnés et crasseux.
Tu as le droit de te plaindre, mais il faut savoir de quoi on parle: la pauvreté dans les pays occidentaux n'est pas de la même nature que celle des pays en développement, ni de celle connue dans des temps lointains où les parents bouffaient leurs enfants (eh oui, la famine de 1033, c'était ça).
Et nous avons un système d'aides sociales qui marche pas si mal en France: RSA, CMU, tarifs préférentiels pour l'électricité, le logement, etc... (je sais de quoi je parle). Ces progrès ont été obtenus par des pourris de parlementaires qui se foutent de la misère humaine.
Ensuite, pour reprendre l'exemple historique, je ne connais aucun gouvernement dans l'histoire qui ait été exempt de vices. Je pense au Comité de salut public par ex (je suppose que tu fais référence aux expériences révolutionnaires modernes), mais on peut remonter à l'Antiquité, si tu préfères. Et Trotski était pour moi autant un boucher que Staline: son assassinat au Mexique ne l'exonère pas de tous ses vices
Je me fiche qu'il y ait des gens issus des classes laborieuses à l'Assemblée nationale pour deux raisons: être ouvrier ne garantit pas la compétence (la compétence qui permet de comprendre comment un pays fonctionne), et ensuite parce qu'une Assemblée composée d'ouvriers ne serait pas tellement plus représentative que l'Assemblée actuelle. Je pense que le monde a changé depuis la dictature du prolétariat de Marx (je suis franchement étonnée de lire stricto sensu des bribes de Marx, alors que la pensée de gauche a considérablement évolué depuis. Et d'ailleurs, être de gauche ne s'est jamais réduit à Marx: je pense à Fourier, Saint-Simon, Proud'hon...) Et d'ailleurs, tu serais probablement déçue, parce que pas mal d'ouvriers actuellement sont plus FN que sur la ligne dure du communisme marxiste-léniniste.
Le critère pour gouverner un pays, ce n'est pas l'origine sociale, c'est la compétence! Je me fiche que les politiques soient des énarques, si le job est fait.
Comment puis-je dire que beaucoup de Français ne pourraient pas gouverner un pays comme le nôtre? Tout simplement parce qu'il n'est pas donné à beaucoup de gens de garder leur sang-froid, d'analyser des données complexes, et de prendre des décisions en conséquence. Et ensuite parce que l'organisation actuelle de la France demande des connaissances que tu n'acquiers pas de façon autodidacte. Je vais prendre un ex que je connais très bien: le droit social est incompris par beaucoup de gens (imbrication de normes conventionnelles, légales, communautaires, internationales, opérations chiffrées et complexes...). Et si tu te lances par ex dans une réforme du droit du travail français, je demande à voir si ton seul diplôme est le brevet
(sans aucune intention péjorative d'ailleurs. Je serais incapable par ailleurs de faire une réforme du système de santé, ou de la fiscalité française)
Il y a une différence entre gérer une entreprise et gérer un Etat. C'est pour ça par ailleurs qu'on s'appuie sur une administration solide et formée.
Et je suis désolée, mais tes ex sont un peu dépassés: tu oublies complètement dans ton exposé toute la classe moyenne qui constitue le gros des troupes (des employés, une partie des cadres...). Cette classe n'existait pas réellement du temps de Marx, mais aujourd'hui, elle existe, et il me paraît étrange de se focaliser uniquement sur les ouvriers (dont la typologie a évolué d'ailleurs depuis l'époque de Zola) en oubliant toute une catégorie sociale.
Et je vais paraître lourde: mais c'est quoi le capitalisme pour toi? Il a toujours existé un système économique basé sur les échanges commerciaux, voire sur une organisation financière complexe (je pense aux Médicis, à Jacques Coeur, ou même aux Lombards et usuriers juifs du Moyen Age). Le capitalisme ne se réduit pas à la Révolution industrielle.