Le Livre de la Jungle, fable antispéciste ?

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jess

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Je précise tout de suite que je n'ai pas vu le film (le dernier), mais je viens de lire cet article qui m'a donné envie de le voir, car je trouve l'analyse très intéressante (et, j'espère, pertinente, sinon bonjour la déception...) :

http://leplus.nouvelobs.com/contributio ... ywood.html

Vous en pensez quoi ?


De manière générale, je trouve la réflexion autour de la place d'un cinéma avec une "faune numérique" en place et lieu du zoo comme divertissement familial et moyen de création d'un lien avec le monde animal très intéressante aussi. Ce pourrait effectivement être une alternative à la fois ludique, éducative et émotionnelle, aux zoos, spectacles avec animaux, et même aux documentaires qui peinent un peu à trouver un public. Ou comment donner aux gens des connaissances (peut-être un peu basiques, mais c'est mieux que rien) sur les animaux, et ainsi les amener à avoir un autre contact et un autre vision de la relation que les humains peuvent entretenir avec les non-humains.
 
Je l'ai vu et je l'ai trouvé vraiment très joli.
C'est super que les animaux soient tous numériques et ils sont très bien fait. Le seul petit d'humain joue très bien. (A certains moments, il a vraiment la même démarche que Mowgli :) )

Le film s'éloigne pas mal du dessin animé et je ne le recommande pas pour les jeunes enfants car il est assez sombre.
Bon moi ça ne m'a pas gêné du tout et j'étais bien content de retrouver Bagheera :simplelove:

Shere Khan représente le bien spécisme. Dans cette version, il n'est pas juste "le méchant". C'est quelque chose que j'ai bien apprécié.
Pour ce qui est de la volonté d'être antispéciste, je confirme. Il y a quelques petits changements par rapport à l'histoire de base qui sont bien sympas.
L'article l'explique bien. Moi je n'avais pas poussé la réflexion aussi loin ^^
 
Dans l'animation disney classique que j'ai revu il y a peut être un an, j'ai trouvé que c'était absurde que le grand méchant soit le seul qui soit conscient des atrocités humaines sur la faune sauvage.
Si mes souvenirs sont bons, shere khan déteste les humains parce qu'il a été victime de chasseurs, donc il est conscient que si l'humain miniature retourne dans son village, il va tourner pareil ( et à la fin ça y ressemble beaucoup: il voit une jeunette cligner fort des yeux en chantant vers lui et il est hypnotisé. Tout d'un coup il s'en tape de ses "parents" ours/ panthère et il se barre sans se retourner ).

Mais du coup si le film remake n'est pas dans la même optique que le dessin animé que j'avais trouvé dérangeant, j'ai hâte de le voir ^^.
 
Je l'ai vu et j'y ai pensé aussi. Il est sombre mais esthétiquement, il est sublime. J'ai adoré, je le recommande très chaudement !
 
J'ai beaucoup aimé aussi. J'attends aussi l'autre version produit par Warner avec Andy Serkis à la réalisation, tout en performance capture (et le casting vocal et aussi intéressant que le Disney)
 
Pour l'intérêt, j'ai lu le livre original, dont l'auteur (Rudyard Kipling) fut un anglais qui a fait son service "colonial" aux Indes et en Birmanie en fonctionnaire tout au début du 20. siècle. Il est devenu très déçu par les attitudes des anglais qui habitaient là (les Sahibs). Il a témoigné des maltraitances d'indigènes - mais surtout d'animaux (abus d'animaux domestiqués et chasse impitoyable des espèces sauvages) qui l'a motivé à écrire en défense des animaux et en assaut des chauvinismes humaines. Bref un végé manqué (très rare à ce temps-là) qui appréciait surtout des repas curry indien. Le Jungle Book a donc un rôle dans le developpement du mouvement végé, tout autant que Animal Farm de George Orwell...
 
Il a fait plus que son service colonial vu qu'il est nê à Bombay et qu'il a passé une très grosse partie de sa vie en Inde.
 
Ouai enfin il a quand même écrit "A White Man's Burden", donc dans le genre raciste et impérialiste, il était quand même au point.
 
Et "La Ferme des Animaux" est une fable caricaturale, je pense que la dénonciation de l'exploitation animale n'était pas, mais alors pas du tout, l'objectif visé. Surtout qu'au final, les animaux s'exploitent entre eux .-.
 
Djali, c'est justement le point que j'avais en tête: les humains sont des animaux comme les autres, et la caricature de faire figurer les cochons en pseudo-humains souligne l'absurdité que les humains se croient "maîtres" des autres espèces...
Quant à Rudyard Kipling, certes c'était un raciste et impérialiste - c'était un humain coincé dans les moeurs de son époque (comme Orwell d'ailleurs) mais ce sont des écrivains qui ont apercus la souffrance des animaux et en ont écrit. Je sais bien que l'apparence superficielle est d'évoquer ce sujet sans en vouloir changer quoi que ce soit, mais targuer des écrivains en racistes impérialistes avec la sagesse du 21. siècle n'est pas vraiment difficile. On disait probablement la meme chose de Willam Blake, quand il a écrit dans "Songs of Experience" (en 1794) des boeufs criant de désespoir dans l'abattoir... <br /:><:br /> — Le 14 Mai 2016, 17:16, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br /> Désolé, je me suis trompé de source pour Blake. Il s'agit du poème "Let the slave" (aka the price of Experience) don't j'attache qques lignes:

It is an easy thing to talk of patience to the afflicted
To speak the laws of prudence to the homeless wanderer
To listen to the hungry raven's cry in wintry season
When the red blood is fill'd with wine and with the marrow of lambs

It is an easy thing to laugh at wrathful elements
To hear the dog howl at the wintry door, the ox in the slaughter house moan;
To see a god on every wind and a blessing on every blast
To hear sounds of love in the thunder storm that destroys our enemies' house;
To rejoice in the blight that covers his field
And the sickness that cuts off his children.

Bref, c'était un type considéré misanthrope en son temps, car plutôt mystique qu'humain. Pour le Livre de la Jungle, enfin, c'est sûr que Kipling fut en mode un peu caricaturiale. Si par contre vous trouvez son oeuvre pour enfants "Just So stories" les caricatures d'animaux ont quand meme des personnalités un peu spéciales. Un peu 'La Fontaine rencontre Perrault'?
 
bon, je ne voudrais pas casser l'ambiance^^" mais la question m'a fait penser à cet article http://www.lecinemaestpolitique.fr/je-v ... alligator/
(qui montre pourquoi, d'un certain point de vue, le livre de la jungle est spéciste (et un peu raciste sur les bords)).

alors c'est le point de vue par rapport au dessin animé, et non pas par rapport au film d'animation qui vient de sortir, alors je ne réponds peut être pas à la question.



par contre je suis d'accord sur ce point
je trouve la réflexion autour de la place d'un cinéma avec une "faune numérique" en place et lieu du zoo comme divertissement familial et moyen de création d'un lien avec le monde animal très intéressante aussi. Ce pourrait effectivement être une alternative à la fois ludique, éducative et émotionnelle, aux zoos, spectacles avec animaux, et même aux documentaires qui peinent un peu à trouver un public.
 
Oui, j'avais déjà lu cet article.
Mais justement, il semblerait que le nouveau Livre de la Jungle se place dans une perspective radicalement opposée.
 
Taitino":28wqpa3u a dit:
mais targuer des écrivains en racistes impérialistes avec la sagesse du 21. siècle n'est pas vraiment difficile. On disait probablement la meme chose de Willam Blake, quand il a écrit dans "Songs of Experience" (en 1794) des boeufs criant de désespoir dans l'abattoir...

Quand je dis ça je ne le dis pas en tant que personne du 21ème siècle, mais en me basant sur sa réputation à son époque : déjà à ce moment-là il était perçu comme un impérialiste pas franchement en faveur de l'égalité des peuples. Et on a beau dire ce qu'on veut, c'est comme ça qu'on l'étudie encore aujourd'hui dans le monde de la recherche anglophone : "The White Man's Burden" est et restera toujours un hymne à l'impérialisme, malgré la mise en garde contre trop de colonisation que ce poème contient.

Après c'est vrai qu'il a écrit le livre de la jungle qui est une histoire mettant en scène pleins d'animaux, mais je pense que parler de "fable antispéciste" est également apposer une vision du 21ème siècle sur une oeuvre qui à la base n'avait peut-être pas non plus pour but d'aller aussi loin dans la considération pour les animaux - certains chercheurs y voient même plutôt une allégorie du monde politique et de la société de l'époque, donc bon. On y voit ce qu'on veut bien y voir, en somme.
 
Je suis d'accord avec tout ce que tu dis, Dasvitania, mais je venais à ce sujet du pdv de juger l'aspect spéciste ou non du Livre de la Jungle. On pourrait certainement supposer les attitudes de Kipling envers les autres races humaines totalement condemnable, sans dispute. Mais en ce qui concerne sa caracterisation des animaux? S'il y a de racisme là aussi est discutable. Mais enfin, c'est probable que le petit enfant que j'étais dans les années 1950 qui a écouté Jungle Book et Just So Stories raconté par sa mere a pris à l'age de 5 une attitude acceptant et pas trop critique, que j'ai changé radicalement une fois adolescent, au moment de lire pour la 1ère fois White Man's Burden, Kim et les autres écrits de l'univers humain. J'ai peut-être gardé un oeil plus nostalgique pour Jungle Book et Just So Stories (qui sont toujours dans ma bibliothèque). Je vais les relire avec vos critiques dans la tête! Merci pour cette dialogue, Jess, Anisse, Excalibur, Panda, Djali et Elseway!
 
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