Fipy
Jeune bulbe
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Rentrée en France depuis quelques semaines, je reviens encore plus déterminée que jamais pour parler, bousculer les idées reçues et défendre la cause animale (dont l'humain bien sûr).
J'ai parcouru des milliers de kilomètres par voie terrestre (à 98% ferroviaire de l'Asie du Sud Est à l'Europe), ce qui laisse largement le temps d'échanger avec des personnes de religion, de culture et de langues différentes. Et cela a évidemment alimenté ma réflexion sur le végéta*isme et veganisme.
Ce qui suit n'est qu'un apperçu sommaire et subjectif, il y a forcément des nuances que je n'ai pas su percevoir. J'ai envie toutefois de faire partager mon vécu, car il concerne une question qui me semble fondamentale dans la prise de position végé*:
comment est-on végé* dans le monde? Et si on le devient, quels arguments ou situations nous ont particulièrement touchés pour nous faire réagir et changer de régime alimentaire ou de vie?
On est souvent végé* parce qu'on a une conscience aigüe du monde qui nous entoure (animal, végétal, terrestre, politique, écologique...), mais est-ce le cas partout?
Un exemple vaut mieux que cent mots: au sud de la Chine, en marchant dans la rue, je tombe sur des dizaines d'animaux en cage devant des restaurants. Les passants qui vont y manger ont donc sous les yeux les futurs êtres vivants qu'ils transformeront en cadavres dans leurs assiettes. Certains choississent même parfois celui à qui il souhaite supprimer la vie. Si cette vision ne m'est pas étrangère -au Cambodge aussi les rapports avec les animaux sont très trashs-, il n'en reste pas moins que j'avais rarement vue une telle mise en scène macabre. En France, j'imagine mal un restaurant exhibant les animaux terrestres enfermés dans des cages (car les poissons subissent ce traitement). Beaucoup de carnistes seraients horrifiés "comment peut-on faire ça?! C'est inhumain! Bon, allons manger un bon steack de vache morte pour oublier tout ça".
Je me suis alors interrogée sur la pertinence des arguments relatant la souffrance animale et le fait de montrer ce qu'il se passe. C'est bien simple: je pense que beaucoup d'asiatiques y seraient indifférents. On peut voir en boucle à la télé ou sur des affiches, les accidents de la route avec tout ce qu'il y a de glauque et de morbide. Le rapport à la mort est très différent. Ca ne les choquerait pas de voir la souffrance et la mort des animaux car cela fait partie inhérente d'une culture moins hypocrite que la notre. Si je suis persuadée qu'en Occident elle peut toucher beaucoup de personnes, je ne suis absolument pas convaincue de son impact là-bas.
J'ai traversé des pays bouddhistes (de différents courants), dont certaines régions sont musulmanes, d'autres animistes, d'autres pays sont chrétiens orthodoxes ou catholiques. Je suis athée, donc les religions, c'est du pareil au même pour moi.
La plupart des bouddhistes pouvaient comprendre mon engagement (en tout cas, le Viet Nam était très ouvert à ce sujet, car au Cambodge, les moines mangent de la viande), mais dès qu'on essaie de sortir du cadre de la religion, cela devient plus difficile à faire comprendre: "non, je ne veux pas manger d'animaux morts parce que ça va atteindre mon karma, mais parce que je ne veux pas participer au plus gros génocide terrestre".
Ce qu'on en pense ailleurs: pas de moquerie, de réaction agressive. Suivant les pays traversés, selon la religion aussi, j'ai toujours senti une écoute positive avec des échanges de recettes parfois! En général, c'était facile à expliquer, les gens restaient très tolérants (souvent), mais de là à dire qu'ils étaient sensibles à mes arguments, je n'y crois pas.
Quand les gens étaient sur la défensive ou méprisants (en Russie notamment), j'arrivais à me débrouiller. Soit en restant courtoise et patiente, soit en les ignorant s'ils devenaient trop agressifs (je ne me serais pas frotter à certains moscovites par exemple).
La difficulté a été de trouver des plats végétaliens: du Cambodge à l'Europe, j'ai changé plusieurs fois d'alphabet et je pouvais rarement être sure à 100% de ce que j'achetais / consommais. C'est donc possible, mais c'est compliqué d'être certain de ce qu'on mange dans certains cas même si on nous affirme que c'est ok (et l'Asie adore la mock meat, c'est troublant).
Du coup, ma solution: à chaque arrivée, je bondissais sur une personne qui savait baragouiner quelques mots d'anglais (bha oui, il y a des pays où c'est carrément un challenge) et je lui demandais de m'écrire "végétarien" "sans viande" "sans poisson" "sans oeuf" "sans lait", sachant que "sans produit d'origine animale" c'est vachement plus compliqué à faire comprendre. Ce sont les alléas des voyages dans des pays non-anglophones ou non-hispanophones. De toute façon, en cas de doute persistant, je ne mangeais pas.
Soyons honnête, je m'étais fixée comme objectif d'être vegan en rentrant (c'est chose faite ), donc il m'est arrivée surement de manger un aliment avec du lait sans le savoir (j'ai consommé une fois une sorte de croissant au pavot en Russie, je pense qu'il y avait des oeufs même si on m'a dit le contraire).
Je dois dire que même en Mongolie, j'ai été surprise de l'accueil positif. Encore une fois, peut-être est-ce une question de religion: les moines bouddhistes sont végétariens là-bas et on les respecte énormément pour ça car rien ne pousse dans les steppes. Je n'ai pas eu de mal à me nourrir (à Ulan Bator c'est facile et en campagne, suffit de faire des provisions). Mais c'était l'été, et les Mongols importent beaucoup (de Corée pour des raisons politiques, et un peu de frais de Chine), donc j'imagine que ça m'a facilitée la vie.
Mon compagnon qui a passé du temps là-bas en hiver il y a 5ans, a trouvé que ça a avait beaucoup changé...
Et j'avoue, j'ai mangé à Loving Hut. Ok, on avait bien compris que c'était étrange la grande prêtresse asiatique teinte en blonde qui passe en boucle, mais ça m'a permis de goûter les plats locaux à la mode vegan au moins.
Ca reste cependant anecdotique: les Mongols survivent en mangeant de la viande et du lait. Pour se nettoyer l'intérieur comme illes le disent, illes boivent du lait de jument fermentée. En gros, c'est un laxatif super puissant, puisqu'en ne consommant aucun végétal ou très peu, illes ont des problèmes gastriques intenses!
Voilà ma réflexion en pavé de quelques paragraphes pour en arriver à vous demander: comment pensez-vous qu'il soit judicieux d'expliquer le veganisme à des personnes d'autres cultures (notamment très éloignées de la nôtre)?
Précision: je sais que la population mondiale est majoritairement végétarienne. Ce n'est pas le cas du végétalisme et encore moins du veganisme. Les conversations en France, en Europe de l'Ouest peuvent être extrêmement dures mais les codes culturels sont proches. On peut donc jouer sur des images, des expériences qui sont communes. Cependant, comment s'exprimer pour toucher, faire réfléchir des gens qui ne partagent pas notre langue et notre alphabet (en Khmer, par exemple, il n'y a pas de livre sur le végétarisme à ma connaissance qui soit traduit)? Comment échanger avec des cultures différentes ou même la notion de communication peut être à l'opposé de nous?
J'ai parcouru des milliers de kilomètres par voie terrestre (à 98% ferroviaire de l'Asie du Sud Est à l'Europe), ce qui laisse largement le temps d'échanger avec des personnes de religion, de culture et de langues différentes. Et cela a évidemment alimenté ma réflexion sur le végéta*isme et veganisme.
Ce qui suit n'est qu'un apperçu sommaire et subjectif, il y a forcément des nuances que je n'ai pas su percevoir. J'ai envie toutefois de faire partager mon vécu, car il concerne une question qui me semble fondamentale dans la prise de position végé*:
comment est-on végé* dans le monde? Et si on le devient, quels arguments ou situations nous ont particulièrement touchés pour nous faire réagir et changer de régime alimentaire ou de vie?
On est souvent végé* parce qu'on a une conscience aigüe du monde qui nous entoure (animal, végétal, terrestre, politique, écologique...), mais est-ce le cas partout?
Un exemple vaut mieux que cent mots: au sud de la Chine, en marchant dans la rue, je tombe sur des dizaines d'animaux en cage devant des restaurants. Les passants qui vont y manger ont donc sous les yeux les futurs êtres vivants qu'ils transformeront en cadavres dans leurs assiettes. Certains choississent même parfois celui à qui il souhaite supprimer la vie. Si cette vision ne m'est pas étrangère -au Cambodge aussi les rapports avec les animaux sont très trashs-, il n'en reste pas moins que j'avais rarement vue une telle mise en scène macabre. En France, j'imagine mal un restaurant exhibant les animaux terrestres enfermés dans des cages (car les poissons subissent ce traitement). Beaucoup de carnistes seraients horrifiés "comment peut-on faire ça?! C'est inhumain! Bon, allons manger un bon steack de vache morte pour oublier tout ça".
Je me suis alors interrogée sur la pertinence des arguments relatant la souffrance animale et le fait de montrer ce qu'il se passe. C'est bien simple: je pense que beaucoup d'asiatiques y seraient indifférents. On peut voir en boucle à la télé ou sur des affiches, les accidents de la route avec tout ce qu'il y a de glauque et de morbide. Le rapport à la mort est très différent. Ca ne les choquerait pas de voir la souffrance et la mort des animaux car cela fait partie inhérente d'une culture moins hypocrite que la notre. Si je suis persuadée qu'en Occident elle peut toucher beaucoup de personnes, je ne suis absolument pas convaincue de son impact là-bas.
J'ai traversé des pays bouddhistes (de différents courants), dont certaines régions sont musulmanes, d'autres animistes, d'autres pays sont chrétiens orthodoxes ou catholiques. Je suis athée, donc les religions, c'est du pareil au même pour moi.
La plupart des bouddhistes pouvaient comprendre mon engagement (en tout cas, le Viet Nam était très ouvert à ce sujet, car au Cambodge, les moines mangent de la viande), mais dès qu'on essaie de sortir du cadre de la religion, cela devient plus difficile à faire comprendre: "non, je ne veux pas manger d'animaux morts parce que ça va atteindre mon karma, mais parce que je ne veux pas participer au plus gros génocide terrestre".
Ce qu'on en pense ailleurs: pas de moquerie, de réaction agressive. Suivant les pays traversés, selon la religion aussi, j'ai toujours senti une écoute positive avec des échanges de recettes parfois! En général, c'était facile à expliquer, les gens restaient très tolérants (souvent), mais de là à dire qu'ils étaient sensibles à mes arguments, je n'y crois pas.
Quand les gens étaient sur la défensive ou méprisants (en Russie notamment), j'arrivais à me débrouiller. Soit en restant courtoise et patiente, soit en les ignorant s'ils devenaient trop agressifs (je ne me serais pas frotter à certains moscovites par exemple).
La difficulté a été de trouver des plats végétaliens: du Cambodge à l'Europe, j'ai changé plusieurs fois d'alphabet et je pouvais rarement être sure à 100% de ce que j'achetais / consommais. C'est donc possible, mais c'est compliqué d'être certain de ce qu'on mange dans certains cas même si on nous affirme que c'est ok (et l'Asie adore la mock meat, c'est troublant).
Du coup, ma solution: à chaque arrivée, je bondissais sur une personne qui savait baragouiner quelques mots d'anglais (bha oui, il y a des pays où c'est carrément un challenge) et je lui demandais de m'écrire "végétarien" "sans viande" "sans poisson" "sans oeuf" "sans lait", sachant que "sans produit d'origine animale" c'est vachement plus compliqué à faire comprendre. Ce sont les alléas des voyages dans des pays non-anglophones ou non-hispanophones. De toute façon, en cas de doute persistant, je ne mangeais pas.
Soyons honnête, je m'étais fixée comme objectif d'être vegan en rentrant (c'est chose faite ), donc il m'est arrivée surement de manger un aliment avec du lait sans le savoir (j'ai consommé une fois une sorte de croissant au pavot en Russie, je pense qu'il y avait des oeufs même si on m'a dit le contraire).
Je dois dire que même en Mongolie, j'ai été surprise de l'accueil positif. Encore une fois, peut-être est-ce une question de religion: les moines bouddhistes sont végétariens là-bas et on les respecte énormément pour ça car rien ne pousse dans les steppes. Je n'ai pas eu de mal à me nourrir (à Ulan Bator c'est facile et en campagne, suffit de faire des provisions). Mais c'était l'été, et les Mongols importent beaucoup (de Corée pour des raisons politiques, et un peu de frais de Chine), donc j'imagine que ça m'a facilitée la vie.
Mon compagnon qui a passé du temps là-bas en hiver il y a 5ans, a trouvé que ça a avait beaucoup changé...
Et j'avoue, j'ai mangé à Loving Hut. Ok, on avait bien compris que c'était étrange la grande prêtresse asiatique teinte en blonde qui passe en boucle, mais ça m'a permis de goûter les plats locaux à la mode vegan au moins.
Ca reste cependant anecdotique: les Mongols survivent en mangeant de la viande et du lait. Pour se nettoyer l'intérieur comme illes le disent, illes boivent du lait de jument fermentée. En gros, c'est un laxatif super puissant, puisqu'en ne consommant aucun végétal ou très peu, illes ont des problèmes gastriques intenses!
Voilà ma réflexion en pavé de quelques paragraphes pour en arriver à vous demander: comment pensez-vous qu'il soit judicieux d'expliquer le veganisme à des personnes d'autres cultures (notamment très éloignées de la nôtre)?
Précision: je sais que la population mondiale est majoritairement végétarienne. Ce n'est pas le cas du végétalisme et encore moins du veganisme. Les conversations en France, en Europe de l'Ouest peuvent être extrêmement dures mais les codes culturels sont proches. On peut donc jouer sur des images, des expériences qui sont communes. Cependant, comment s'exprimer pour toucher, faire réfléchir des gens qui ne partagent pas notre langue et notre alphabet (en Khmer, par exemple, il n'y a pas de livre sur le végétarisme à ma connaissance qui soit traduit)? Comment échanger avec des cultures différentes ou même la notion de communication peut être à l'opposé de nous?