Voilà un topic intéressant pour mon petit témoignage :
Mes parents sont apiculteurs. Enfin, ils n'aiment pas trop ce terme. "Apiculteur" veut souvent dire "qui produit du miel". Alors que mes parents ont des abeilles pour la pollinisation.
On va commencer par le "Syndrome d'effondrement des colonies". Il est vrai que les pesticides et autres cochonneries phyto-sanitaires ont un impact non négligeable. Il est vrai aussi qu'elles sont malmenées par le varroa (une sorte d'acarien) et le frelon asiatique (en France pour le coup).
Mais les mauvaises pratiques des apiculteurs ont aussi un impact important : miel récolté mais abeilles re-nourries au sucre (!), changement de la reine tous les 2/3 ans (elles vivent 5 ans normalement : on la tue et on la remplace). Et j'en passe...
Quand mes parents ont prit des cours, on a réussi à leur sortir "le miel, c'est pour les apiculteurs, pas pour les abeilles"
). On croit rêver !
Pour l'enfumage, je ne sais pas si les abeilles en souffrent, mais cela les fait stresser : la fumée doit être blanche et "froide". Cela donne comme signal aux abeilles qu'il y a un incendie à proximité de la ruche (la fumée ne doit pas être chaude, sinon elles pensent qu'il y a le feu à l'intérieur de la ruche, et là, taïaut !). Elles pensent donc à évacuer la ruche, elles se gorgent de miel, cela les alourdies, elles ont autre chose à penser qu'à piquer l'intrus. Voilà pour le principe.
Sauf que mes parents se sont vite rendus compte qu'il n'était pas nécessaire d'enfumer : si on fait les choses correctement, sans les brusquer, elles ne piquent pas (même si on ouvre la ruche, que l'on sort les cadres, etc...). Si on se fait piquer, c'est qu'on a fait une c*nnerie.
Si le miel est extrait des hausses, c'est qu'au bout d'un ou deux ans, le miel serait cristallisé dans les alvéoles et les abeilles ne pourraient plus le manger (trop dur). Si on ajoute des hausses, c'est aussi pour "agrandir" la ruche : si les abeilles n'ont plus de place, elles essaiment.
Or, dans ce cas, l'idée est de les garder avec nous (oui, il y a de l'égoïsme là-dedans). Si on s'y prend bien, cela permet de les soigner et de les aider à passer l'hiver. Si une ruche n'a pas assez de provisions, on peut lui donner le surplus de l'autre.
Comme les abeilles ne sont pas dans une santé extraordinaire, avoir des humains qui s'en occupent peut être un avantage. Avec les varroas, les frelons asiatiques, les pesticides, ils faut constamment veiller à leur bonne santé. On peut les laisser essaimer pour qu'elles créent des nids sauvages. Le problème, c'est que nous sommes en banlieue... je vous raconte pas les réactions des voisins si on leur laisse des nids dans les arbres.
Donc, quand elles essaiment (ça leur arrive), on les récupère et on les laisse à d'autres "apiculteurs" qui sont sensibilisés à nos pratiques.
Mais les pratiques apicoles habituelles sont rarement raisonnables : élevage de reines, remplacement des reines, marquage des reines (leur coller un point de couleur avec de la colle qui les fait "tomber dans les pommes" pendant quelques instants !), "récolte" de la gelée royale et j'en oublie. Mon père se heurte trop souvent aux apiculteurs qui ne veulent pas remettre en cause leur façon de faire.
Nous ne mangeons que le surplus du miel fabriqué laborieusement par "nos" abeilles à la belle saison. Mais quand on voit les réflexions d'apiculteurs où "c'est à celui qui produit le plus", on est mal barré.
Le pire dans tout ça, c'est que leurs pratiques d'un autre âge sont contre-productives : nous n'avons pas moins de miel qu'eux !
Bref, sauver les abeilles grâce aux apiculteurs, ça dépend de quels apiculteurs ! Les pesticides et autres varroas ont bon dos des fois...
Donc, pour les végétariens qui mangent du miel, n'achetez pas en supermarché. Allez sur les marchés et commencer à brancher l'apiculteur sur la santé de ses abeilles. Puis faites l'innocent(e) pour savoir comment il nourrit ses abeilles l'hiver. Pour bien faire, c'est un "sirop" : miel + eau. Si c'est avec du sucre ou autre mélange bizarre (il peut y avoir de l'œuf!), vous pouvez passer votre chemin...