vgnizm":2exz5m06 a dit:
"les structures cérébrales responsables des procès que génèrent la conscience chez les humains et les autres animaux sont équivalentes"
Pour moi une structure biochimique peut facilement être reproduite en structure électromécanique ou autre. Alors si la phrase dit vrai il est tout à fait concevable qu’un processeur un jour puisse produire de la ‘ conscience ‘ si c’est ne pas déjà fait.
Dire qu'on puisse "un jour produire de la conscience", ça n'est pas la même chose que dire "Ca y est, on l'a déjà fait."
Pour produire de la conscience, construire de la conscience, designer ("disaïner") de la conscience, il faudrait qu'on sache déjà ce que c'est. Si on savait déjà ce que c'est, on n'aurait plus besoin de passer des années à étudier chaque espèce pour essayer de deviner si oui ou non, c'est probable que ça soit conscient/sentient. (On remarquera par exemple que la déclaration de Cambridge est une déclaration de probabilité de conscience, par analogie avec la propre conscience des personnes qui la signent, et non pas une définition de la conscience.) Si on comprenait ce que c'est on n'aurait plus besoin d'y réflechir. On NE COMPREND PAS ce que c'est. On tâtonne. Donc si on tâtonne sans comprendre, on ne peut pas dire qu'on a déjà réussi à en produire.
Et on tâtonne, parce qu'on est en train de réfléchir sur ce qui est la source de la réflexion. On tâtonne sur un truc non communicable. On réfléchit en essayant de décomposer les briques de la réflexion qu'on utilise pour décomposer les briques de la réflexion pour décomposer les briques de la réflexion... On réfléchit en se mordant la queue. La sentience/conscience est "par définition", un truc paradoxal. Qui ne peut pas être matériel (parce que les qualias ne sont pas matériel) et qui est obligatoirement matériel (parce que ça n'a pas de sens de dire que quelque chose d'autre que le matériel existe, et parce que la pensée découle de mécanismes matériels). On est sur de paradoxal, de base, de l'incompréhensible, parce qu'on ne peut pas utiliser la raison pour décomposer les briques fondamentales de la raison.
Pour la même raison, il m'est impossible de démontrer que quelqu'un d'autre que moi est sentient. Je ne fais qu'admettre arbitrairement le postulat que ça doit être le cas des autres humains (parce que c'est ce qui est le plus simple pour continuer à vivre), par analogies. Et je sais par immédiateté que je suis sentient, parce que c'est ma sentience personnelle qui est ma connaissance première, sans laquelle je ne peux plus élaborer aucun raisonnement.
Accessoirement, le concept "être", ce mot qui n'a même pas de définition (Par exemple, dans le dictionnaire, le mot "être" ne renvoie qu'à des synonymes. Il n'a aucune définition nulle part.), qui n'est même pas décomposable et explicable, vient aussi par immédiateté du fait que "je suis". "Je suis" (donc ma sentience) vient avant même le postulat de "la matière existe" (concept de "matière" qui est lui-même à peu près impossible à définir, mis à part peut-être que ça m'est extérieur, que c'est "autre" à moi-même).
Et entre la "sentience d'un iphone", et le jour où vous aurez un accident de voiture, que vous perdrez un bras, que vous hurlerez à la mort pour qu'on vous injecte de la morphine, je pense que vous conviendrez assez facilement que la douleur n'est pas un truc virtuel simulé par un iphone, dont on peut faire abstraction parce que c'est juste produit par des mécanismes matériels mais que ça n'a pas de réalité en soi puisque l'immatériel n'existe pas.
En ce qui concerne la sociologie et la "manipulation", ça n'a aucun rapport avec de la "programmation", parce que les personnes qui utilisent la sociologie sont elles-mêmes des humains. Quand on étudie la sociologie, on s'inclut dans les phénomènes étudiés. Quand on étudie des phénomènes avec une méthodologie scientifique, on observe sans influencer, on s'extrait du système étudié. Quand on étudie la programmation, on étudie quelque chose d'extérieur, d'une autre nature. Si je fais partie du phénomène que j'observe, je crée un système logique bouclé, du même genre que l'effet larsen, qui rend toute prédiction impossible et paradoxale.
Je n'ai pas de mal à écrire un programme et savoir exactement ce qu'il va produire, parce que c'est d'une autre nature, et probablement d'un tout autre niveau de complexité.
Quand on parle de sociologie, il n'existe aucun humain qui soit capable de programmer le reste des humains pour obtenir très exactement ce qu'il souhaite. On ne peut qu'étudier des tendances collectives, vaguement influencer, vaguement espérer. (C'est pour ça que tous les candidats d'une élection espèrent être élus, en utilisant les mêmes connaissances sociologiques pour élaborer leurs campagnes, et que pourtant un seul d'entre eux y parviendra. Même chose pour les acteurs économiques, les associations militantes, les acteurs politiques divers et variés. Ceux qui pensent être capables de prévoir précisément l'avenir de leurs contemporains et leur propre avenir se plantent régulièrement. Et les futurologues non plus ne donnent pas des scénarios figés, ils élaborent des scénarios en arborescence.) On joue sur des probabilités, auxquelles on est soi-même soumis. Un programme, ça n'est pas une probabilité. Je n'écris pas un programme en me disant qu'il a une chance sur deux de fonctionner.