végétarisme vs religions et la notion de choix

Numa

Massacre des légumes
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Bon, la comparaison allergie - religion - végétarisme est souvent évoquée quand on parle des réactions des gens au fait que d'autres ne mangent pas certains aliments. Que les allergies soient acceptées comme une bonne raison, ça me paraît tout à fait naturel et je m'en réjouis. Que le choix éthique du végétarisme soit moins bien accepté que le respect d'interdictions religieuses, ça m'attriste mais surtout je comprends moins pourquoi : dans les deux cas il s'agit d'un choix.

En effet les pratiquants d'une religion l'ont aussi choisie (ont espère en tout cas) et ils ont surtout choisi à quel point ils en appliquent ou pas les préceptes dans leur vie quotidienne. Par exemple, pas mal de religions interdisent les relations sexuelles, voire toute forme de relation physique avant le mariage et je connais plein de gens qui se disent croyants et ne respectent pas cette interdiction. De même que j'ai un couple d'amis qui s'identifient comme juifs mais ont déjà mangé du porc. À part de rares cas, chacun choisit un peu ce qu'il prend et ce qu'il laisse de sa religion. Tout comme un vg choisit son degré de vég*isme et de faire des exceptions ou pas.

Alors qu'est-ce qui explique la différence ? A priori je vois deux pistes :

1. Les religions sont installées depuis longtemps et ont pas mal d'adeptes un peu partout, donc elles font partie du paysage et sont acceptées par habitude. Peut-être aussi un peu parce qu'historiquement (y compris récemment) il y a eu tout un tas d'incidents pas beaux liés aux religions (ou les prenant comme prétexte) donc on essaie d'éviter les emmerdes.

2. Quelqu'un qui suit un précepte religieux obéit à une règle. Or on vit dans une société qui valorise beaucoup (trop, à mon avis) l'obéissance aux règles. Les végés suivent en général une conviction personnelle, des principes éthiques qui leur sont propres. Ils sont désobéissants, donc ils dérangent beaucoup plus : c'est quoi ces gens qui se permettent de penser par eux-mêmes, ils se prennent pour qui ?

Qu'en pensez-vous ?
 
Moi je penche pour :
3. Une religion, c'est personnel. Si je suis musulman ou juif, ça ne te concerne pas vraiment : chacun a ses raisons propres. Si je suis végé, au contraire, ça te concerne aussi, puisque les raisons qui me poussent à être végé sont universelles et tu sens que les mêmes raisons devraient te pousser à être végé également. En gros, le simple fait que je sois végé te remet en cause, donc tu es agressif avec moi.
 
La réponse est peut-être plus simple que l'on croit. Les religions (par leurs membres) représentent une partie importante de l'électorat. Donc les politiques en place, dont dépend la situation professionnelle ou sociale, en tiennent compte. Pour l'instant les VG représentent un trop petite minorité pour qu'elle pèse sur la balance des décisions. C'est comparativement comme les médecines naturelles vs de la médecine universitaire.
La solution la plus simple et qui évite tous ces différents, c'est la méthode anglosaxonne où chacun amène son repas.
 
Numa":j2s8vc4g a dit:
c'est quoi ces gens qui se permettent de penser par eux-mêmes, ils se prennent pour qui ?

Pour moi, tout est dit dans cette phrase.

On se permet de faire nos propres choix alors que la majorité des gens se contentent d'être de braves petits moutons ; on fait le choix (et en général on en est fiers) d'être différents dans une société qui valorise la "normalité" (pour ne pas dire la banalité), et où il faut se fondre dans la masse ; on ose remettre en cause la pensée dominante et s'affirmer comme "minorité" dans une société qui prône l'intégration à tout prix, y compris en oubliant sa propre identité et en prétendant donner les moyens de le faire à chacun (elle est bonne la blague...).

La plupart des gens te diront que la liberté de pensée est un droit fondamental... jusqu'au jour où ils rencontrent quelqu'un qui effectivement se permet de penser librement... Ce jour-là, ils rentrent dans le rang et, comme tout le monde, montrent du doigt cette personne qui se permet d'être différent, non pas parce qu'elle est différente, mais parce qu'ils ont peur qu'elle les pousse à être différents eux aussi, et donc à être montrés du doigt...

L'être humain est un être profondément social, grégaire même, qui a peur de la différence parce qu'il a peur d'être exclu du "troupeau"...
 
@janic : ce que tu dis me paraît juste dans la sphère politique/publique. Là je voulais plutôt parler de la sphère privée, j'aurais du préciser.

@vgbrux : intéressant, je n'y avais pas pensé. C'est marrant parce qu'on pourrait considérer que les religions sont censées être universelles aussi (il n'y a qu'un seul vrai Dieu et tout le tintouin), sauf qu'on est visiblement habitué à les considérer comme personnelles, ce qui est une bonne chose à mon avis.

@jess : « L'être humain est un être profondément social, grégaire même » j'aime bien cette distinction, parce qu'il me semble qu'une des parties les plus intéressantes (pour les humains) du vég*isme c'est de rester social sans être grégaire.
 
Je rejoins bgbrux. Une religion s'apparente à la croyance, une croyance ce n'est pas rationnelle, ça s'appuie sur un ressentit, une culture, et la plupart des gens respectent la religion. Ça n'appelle pas au débat.
Le végétarisme c'est un choix, et pour la majorité d'entre nous un choix qui se fait déjà grand, quant on y a réfléchit. Un choix c'est discutable, donc les gens discutent. Comme c'est un choix encore peu courant nous sommes des marginaux, et comme tous les marginaux on nous regarde de travers. Je pense aussi que beaucoup d'omnis sont conscients de la condition animale, il doit aussi y avoir de la culpabilité derrière tout ça, culpabilité que la seule présence d'un végé qui ne fait pas d'entorse à son régime réveille. La religion ne soulève pas tout ça.
 
Numa":1jxx9upy a dit:
Quelqu'un qui suit un précepte religieux obéit à une règle. Or on vit dans une société qui valorise beaucoup (trop, à mon avis) l'obéissance aux règles. Les végés suivent en général une conviction personnelle, des principes éthiques qui leur sont propres. Ils sont désobéissants, donc ils dérangent beaucoup plus : c'est quoi ces gens qui se permettent de penser par eux-mêmes, ils se prennent pour qui ?

C'est mot pour mot ce que je pense :O.
 
*Passe sur sa chaise roulante*

Si je peux juste évoquer une chose à propos des règles (que je renvois aux lois, mais je m'excuse; les cours ont repris, je ne bouffe que ça depuis une semaine), on considère que les règles ont été créée dans le but de constituer une société organisée: les règles permettent la vie en société sans créer de chaos.

Après avoir posé cette "définition de base", je ne peux que dire que je suis d'accord avec vous: On nous assène souvent des règles "morales" (à savoir qui n'ont aucune interdiction ni aucune sanctions réelles) qui n'ont pas d'autre but que d'être anti choix. Sauf que ces règles sont véhiculés par les magasines de mode, la tradition, la connerie et les préceptes datant de XXXX années, lorsque notre société et notre survie devait être organisée d'une façon totalement différentes.

Bref, il faudrait mieux distinguer deux causes (ici végétarisme et religion) plutôt que faire un amalgame crasse. Je ne connais plus le nom, mais ça reviendrait à dire que "Mon chat s'appelle Socrate. Socrate est un philosophe reconnu. Donc mon chat est un philosophe reconnu".

...

Comment ça aucun rapport avec le sujet?

*S'envole vers d'autres cieux (et cours)*




Edit: Pis même si c'est hs/captain obvious, ça me permet de faire acte de présence... Pas bête la bêbête :whistle: )
 
religions et la notion de choix

Sartre disait : "il n'est pas un de nos actes qui, en créant l'homme que nous voulons être, ne crée en même temps une image de l'homme tel que nous estimons qu'il doit être."
Ce qui pourrait très bien s'appliquer dans le cas du végétarisme :)
 
Numa a écrit:
Quelqu'un qui suit un précepte religieux obéit à une règle.
Tel qu'ainsi exprimé cela fait passer la règle pour une contrainte et c'est probablement vrai pour ceux ou celles que ces règles contrarient. Mais c'est négliger ceux pour qui ces règles vont de soi comme par exemple: ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, porter assistance à ses proches,etc...
En france:"nul n'est supposé ignorer la loi" et parmi ces multitudes de lois il est probable que nombre de celles-ci représente une contrainte comme de respecter les limitations de vitesse, ne pas téléphoner au volant ou ne pas prendre le volant après avoir bu de l'alcool (ça tout le monde est supposé les connaitre) et il y a toute la gamme de ceux qui dépassent la vitesse de 5km jusqu'à ceux qui dépassent de 50km avec 2 gr d'alcool dans le sang tout en téléphonant. Ce ne sont donc pas les règles qui sont en cause mais notre rapport avec celles-ci.
 
Foxy Fox":eu47etfm a dit:
Je ne connais plus le nom, mais ça reviendrait à dire que "Mon chat s'appelle Socrate. Socrate est un philosophe reconnu. Donc mon chat est un philosophe reconnu".

Un syllogisme?
 
Je n'ai jamais réussis à retenir son nom et celui ses comparses, donc je ne peux pas vraiment affirmer, mais je crois que c'est ça.

Merci Kumaquat!
 
Quand le syllogisme est faux on dit que c'est un paralogisme. Et si en plus c'est fait dans l'intention de manipuler on parle alors de sophisme. :)
 
Pour revenir à la question de départ :

Le végétalisme est un choix. Et je pense ne pas me tromper en disant que les végétaliens présents sur ce forum ont effectivement fait un choix pour des raisons qui leur sont propres.

La religion plus ou moins un choix, elle est majoritairement transmise par les parents (en fonctions des règles de la religion pratiquée). Après on a le choix d'en changer ou de ne pas croire.

Je pense que la différence notable entre végétalisme et religion est lié à deux aspects.
Premièrement le fait que les religions existent depuis longtemps et effectivement font parti du paysage contrairement au végétalisme.
Deuxièmement, la notion de bétail est tout aussi ancienne. Dire que l'on est végétalien contrecarre l'idée de bétail donc d'animaux qui n'existent que pour assouvir nos besoins culinaires, vestimentaires, etc. Et en contre disant ce principe, contre dis aussi le régime alimentaire classique. Faisant apparaître le végétalien comme une personne se nourrissant mal et qui finira par mourir de carences. Bien sûr les gens qui mangent tous les jours un steak et des pâtes, c'est bien connu, ne meurent pas de carences :D
C'est la notion de bétail, à mon avis bien ancrée dans les esprits, qui empêche l'acceptation du végétalisme. Dite à un omnivore que vous mangez du chien, il en sera dégoûté car les chiens ne sont pas du bétail.

Voilà mon avis.
 
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