Philozoophie

  • Auteur de la discussion Xav
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Xav

Massacre des légumes
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15/7/12
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Paris
Le Monde a consacré cet été, sous la plume de Roger-Pol Droit, une série d’articles sur la perception des animaux dans la philosophie (Aristote, Kant, Schopenhauer, Nietzsche). J’en ai rédigé un résumé pour ceux-celles que cela intéresse.


I. Aristote et les poissons
Les poissions ont l’intestin droit. Ils sont donc par nature gloutons puisqu’ils ne connaissent pas la digestion. Cette gloutonnerie ne laisse aucun répit pour la réflexion… On voit dans ce genre d’observation empirique poindre non seulement l’obsession typologique d’Aristote mais aussi la volonté de débusquer par comparaison l’homme réflexif/raisonnable.

II. Kant et la verge des éléphants
La géographie physique de Kant est descriptive. Jamais les particularités des différentes espèces ne sont rapportées à une « raison ». Il en résulte des notations parfois incongrues (dont les sources font question), mais cela seulement. Ainsi, les oreilles du mouton syrien sont si longues qu’elles touchent le sol ; dans certaines régions du continent africain, des colonies de fourmis peuvent s’abattre sur une personne malade et la dévorer entièrement ; la verge de l’éléphant est « grande comme un homme », etc.

III. Schopenhauer, le hérisson et le caniche
La fable des porcs-épics est célèbre. Une froide journée d’hiver entraîne des porcs-épics à se rapprocher les uns des autres qui se rentrent mutuellement leurs aiguilles dans la chair. L’éloignement est dangereux et engendre une solidarité, mais le rapprochement n’est pas plus salutaire. Une morale pour l’humanité : il est nécessaire de trouver la bonne distance (qui est celle des bonnes manières et de la civilisation) pour échapper aux affres de la grégarité et de l’isolement. Schopenhauer avait aussi retiré des Véda et du Bouddhisme l’idée d’un continuum entre les espèces, d’une vie une. On en voit la manifestation dans le rôle qu’ont joué pour lui les caniches, tous nommés de la même façon (Atman, qui signifie « âme », « esprit »). Les caniches, eux, ne piquent pas et s’accordent parfaitement à l’homme.

IV. Nietzsche, la tarentule et la vache
Nietzsche n’a pas le style d’un entomologiste. Ses animaux sont une incarnation des états de l’âme. Leur présence dans son œuvre est pléthorique puisqu’ils sont chacun signe d’un affect ou d’un genre d’action. Dans ce répertoire de signes animaliers, il n’y a pas de plus grand contraste entre la tarentule et la vache, la première symbolisant la vengeance mauvaise, qui prend à l’occasion le masque de la justice, et la seconde l’expérience réitérée du même. La vache est sage, elle « rumine » ; le travail d’un si gros estomac est aussi un travail de la pensée. Le seul défaut de la vache est d’être parée d’une robe trop monotone, alors que la bigarrure multicolore (comme message d’ouverture) lui siérait davantage. Peu importe que les animaux de Nietzsche soient éloignés ou non des « vrais » animaux ; ils sont un support extérieur qui lui permet de questionner les sentiments humains. Il écrit ainsi qu’ « un animal qui savait parler a dit : ‘les sentiments humains sont un préjugé dont au moins nous autres animaux sommes préservés.’ »
 
il est plus que probable que ces visions sur l'animal correspondront,, dna squeklques années, au modèle au modèle actuel sur les plantes supposées non sentientes.
 
Dans le même genre je recommande :

Le zoo des philosophes (Armelle Le Bras Chopard)
Anthologie d'éthique animale (Jean-Baptiste Jeangène Vilmer)

Ou plus simplement Tribunal Animal
 
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