Pas de souci, Arrakis, et j'avais bien compris que tu ne me visais pas en particulier.
Ceci dit, ta proposition d'enfant artificiel en réponse me gêne également, pas parce qu'en soit il serait impensable de le proposer, mais parce que c'est une réponse "à côté", qui ramène sans examen le désir d'enfant des concernées à un faux désir. (concernées au féminin seulement puisqu'on ne parle pas des cas où il est impossible de faire un enfant.)
Je ne trouve pas qu'il ramène le désir d'enfant à un faux désir. Je dirais plutôt un désir incomplet, ou plus exactement un désir d'une partie de l'expérience maternelle. C'est pas forcément le désir qui est incomplet, c'est l'expérience désirée, puisqu'on souhaite ne pas vivre la grossesse.
Il y a encore 2 siècles, il était très courant d'envoyer son bébé à une nourrice et de le récupérer au bout de quelques années (quand il ne mourait pas là-bas, ce qui était le cas de + de la moitié, voire des 2/3 des bébés confiés à la fin du 18e siècle, d'après certains textes de l'époque). L'utérus artificiel aurait sans doute fait fureur. ^^
Disons que vouloir un enfant sans vouloir assumer une grossesse, je le comprends tout à fait car perso j'ai détesté être enceinte. Enfin, bon, le désir d'enfant de toute façon, non, je ne le comprends pas, mais je sais qu'il existe et qu'il peut être extrêmement fort, douloureux. Il est vrai aussi que je n'ai jamais encore rencontré quelqu'un qui désire vraiment un enfant (pas juste pour se conformer à la pression sociale, je veux dire) et qui ne désire pas être enceinte avec au minimum la même intensité. Mais ok, pourquoi pas.
En revanche, pour moi il est impensable, quand on désire un enfant, qu'on crée une vie volontairement, de ne pas faire tout son possible pour le bien-être de cet être qui n'a pas demandé à venir au monde. Et tout son possible, toujours pour moi, ça ne passe pas par délocaliser sa conception et sa gestation, confier son enfant à une machine, le leurrer pendant 9 mois. Je sais pas, au bout d'un moment faut savoir dire stop : si vraiment on ne supporte pas l'idée d'être enceinte, il faut peut-être faire une croix sur son désir d'enfant biologique, même si c'est un vrai désir. Y a sans doute d'autres moyens de le combler, au moins partiellement, entre l'adoption, choisir un métier qui met en contact avec des enfants, etc.
Nos choix ont des conséquences, quand c'est nous qui les assumons, c'est une chose, quand on les fait assumer par son enfant, je ne suis pas d'accord.
Concernant l'idée que l'utérus artificiel serait naturellement super nocif pour le développement de l'enfant, je ne suis pas convaincue qu'on ait assez d'éléments pour savoir ça. Evidemment, il ne s'agit pas de laisser le foetus sans stimulations, mais on peut concevoir un environnement artificiel qui comporte diverses stimulations (sonores bien sûr, mais d'autres types également, selon la matière de l'utérus artificiel et d'autres facteurs. Ca dépend de "comment c'est fait".)
Les premiers essais : -> mort des foetus (cf la vidéo indiquée dans ce fil). Et perso ça ne m'étonne pas, je le disais plus haut, soit dans ce fil soit dans celui d'origine, je ne sais plus. Je suis convaincue que pour ma part l'utérus artificiel sera un échec, à moins comme le disait Jess de devenir aussi contraignant qu'une grossesse, c-à-d en faisant qu'il soit en permanence porté/connecté à l'un des parents, mais dans ce cas on n'est plus dans la catégorie "veut un enfant sans la grossesse".
J'en avais parlé dans l'autre fil, je crois, il y avait eu une expérience au XIIIe siècle consistant à confier 6 bébés à des nourrices qui devaient s'en occuper (les nourrir, les soigner, les laver, etc) mais sans manifester d'émotions ni leur parler. Les 6 bébés sont morts très rapidement.
Si les règles dans les services de néonatalité se sont assouplies, si dorénavant on implique les parents dans les soins aux prémas, on les incite à prendre leur bébé le + possible en peau à peau, à leur parler, c'est parce que sinon les prémas dépérissent. Et pourtant dans leurs couveuses ils entendent les sons, ils voient des lumières, ils sont dans un environnement où ils peuvent exercer certains de leurs sens, ils sont même manipulés de temps en temps, mais ça ne suffit pas. Les bébés, et avant eux les foetus, sont des êtres sociaux.
Bref, imaginons qu'on arrive effectivement à mettre au point un utérus artificiel permettant de stimuler suffisamment les foetus pour qu'ils arrivent à survivre jusqu'à leur "naissance" sans trop de carences affectives : outre les pb que j'avais mentionnés avant (surveillance, formatage, normalement y a pas 2 grossesses semblables, là on aurait peut-être qq variantes mais grosso modo tous ces bébés arriveraient en ayant vécu la même chose pendant leurs 9 premiers mois, ce serait littéralement une usine à bébés), est-ce que tu imagines le nb de morts animales et humaines qu'il aura fallu pour parvenir à cette mise au point ?
Je ne suis personnellement pas d'accord pour ça.
Alors que l'enfant artificiel, ma foi, donne effectivement une réponse incomplète à un désir incomplet, mais surtout ne tue personne. Il peut ne pas satisfaire complètement les parents, oui (mais c'est aussi le cas de bien des vrais enfants de toute façon), il serait amélioré au fil du temps et peut-être qu'un jour plus personne ne serait capable de faire la différence entre un enfant artificiel et un vrai enfant, entre un humain artificiel et un vrai (Blade Runner et Daneel, nous voilà !). Ça créerait sans doute d'autres pb plus tard si la technique se généralisait, évidemment, mais chaque chose en son temps.
Usagi.chan >
Et toi, tu ne vois pas la contradiction à ne pas vouloir d'un faux enfant mais à être ok pour que son enfant vive dans une fausse mère pendant ses 9 premiers mois ?
Je vais avoir du mal à trouver une contradiction pour deux raisons :
- déjà je ne vois pas le rapport.
Dire "ah non, moi je veux le vrai truc, pas une simulation" mais faire le choix de la simulation pour quelqu'un d'autre en assurant que ça sera aussi bien voire mieux, je trouve ça contradictoire.
- personnellement je ne veux ni vrai ni faux enfant peut importe où ils grandissent.
C'est pour ça que je posais la question à celles qui sont pour l'utérus artificiel (c-à-d qui pourraient envisager de l'utiliser s'il existait le jour où elles voudraient un enfant).