Concernant les plantes, je ne peux que plussoyer à la réponse ci-dessus qui, avec celle de Pers0nne en page 2 forme un parfait ensemble.
J'apporte néanmoins mon grain de sel. C’est long mais étayé (sans source, je l’admets mais tout se trouve facilement sur le net). Merci de lire l'esprit ouvert, je vais traiter de différence des espèces, je ne hiérarchise aucunement entre les espèces:
Replacer les plantes dans l’arborescence des sensibilités du vivant :
Le système nerveux centralisé :
Il est cohérent de penser que c'est un système nerveux centralisé qui ressent les émotions. Pas de formes ni de couleurs sans les yeux mais non plus sans le cerveau, pas de gout sans la langue mais aussi sans le cerveau, pas de sensation, pas de plaisir ou de dégout, de douceur ou de douleur.... sans le cerveau.
C'est ce qui a été mis en évidence quand il a fallu choisir la guillotine comme nouveau moyen de mise à mort à la révolution. La grande question de l’époque a été de savoir si l’on faisait souffrir en guillotinant. Les conclusions, sur lesquelles on se base encore, sont négatives : Il n'y a pas de raison de croire que la jambe seule, le foie seul, le bras seul ressent de la souffrance ou du plaisir, donc pas de raison de croire que la tête va sentir la souffrance du corps étêté (en plus de la brièveté de l’acte). Je ne viens pas glorifier la guillotine ici mais utiliser les résultats de l’époque : c’est le cerveau qui ressent.
La sociabilisation :
Il est probable que les animaux sociaux, complexes avec un gros cerveau soient plus sensibles à la douleur et au plaisir. C’est acquis dans l’enfance lors du maternage (recevoir de l’attention et des soins fait se nourrir et être éveillé, du rejet et de la maltraitance font se dénutrir et se renfermer). La douleur, en plus d'être un moyen pour l'individu d'apprendre, devient un moyen d'échanger avec ses congénères : Empathie, appels à l'aide, etc. Situations qu'on peut voir facilement dans le moindre documentaire animalier chez les éléphants, les singes, les canidés, les chevaux, les corbeaux, les perroquets... On peut imaginer que c'est un trait partagé par tous les animaux à sang chaud (mammifères et oiseaux). Un trait qu'on peut aussi penser voir dans d'autres classes au sein d'animaux sociaux complexes comme les céphalopodes par exemple (voir la danse des couleurs des seiches).
L’intelligence :
La douleur a aussi à voir avec l'intelligence dans le sens de capacité à s'adapter et élaborer des stratégies. Comme pour l'empathie, c'est de nouveau quelque chose qui bénéficie à l'individu autant au groupe pour les animaux sociaux. On imagine bien des mammifères essayer de s'aider, de coopérer, certains poissons (requins). On voit mal cette coopération chez les grenouilles ou les serpents, encore moins chez les blattes ou les araignées. Et chez les insectes sociaux, s'il y a des langages pour communiquer (danse des abeilles pour signaler les zones de fleurs, chemins de phéromones chez les fourmis) les capacités d'adaptation à des situations nouvelles sont limités voire inexistants.
Du système nerveux des insectes :
Les insectes ont des paires de ganglions (un ganglion par patte), les deux supérieurs étant généralement plus gros et qualifiés de ganglions cérébroïdes (qui tendent à être une sorte de cerveau). Selon la complexité de la créature les ganglions sont plus ou moins fusionnés. On peut y voir la trace de l'évolution des espèces.
Tout ça pour dire qu'on se pose, sérieusement (voir même les cahiers anti-spécistes à ce sujet), la question de savoir si les insectes souffrent. Ils sont capables d'éjecter une patte (sauterelles) pour tromper l'ennemi, ce qui serait quasi mortel pour nous ou encore incapables de s'adapter à la brulure d'une flamme (si douleur il y a, elle ne leur servirait à rien). Ils semble donc qu'ils ne font que répondre à des stimuli simples (si lumière = y aller / si mouvement vers moi = lâcher patte).
Une arborescence de sensibilités ?
Il n'est pas dégradant de voir une échelle de sensibilités (ou plutôt une arborescence de sensibilités) qui ne mettent pas mammifères, autres vertébrés et insectes au même niveau de perception. D’ailleurs parmi les invertébrés il en est avec cerveau et on pense maintenant qu'ils ressentent la souffrance : les crustacés. A l'opposé, il y a les organismes unicellulaires dont on voit mal, même s'ils sont classés dans les animaux plutôt que les végétaux, où pourrait être leur siège de la douleur/empathie/conscience....
Les virus appartiennent aussi au domaine du vivant mais sont tellement simples qu'ils sont à la limite de la réaction chimique. Autant je pourrais parler de sensibilité pour des êtres unicellulaires comme les amibes ou les bactéries, autant les virus sortent même de ce cadre/
Plantes sensibles mais inconscientes :
Enfin, pour les plantes - et sans redire ce que mes deux prédécesseurs ont si bien expliqué - il n'est pas raisonnable de croire en une conscience souffrante. Comme là si bien dit pers0nne, un végétal n'ayant pas de centre (on peut prendre n'importe quel bout, racine ou branche pour en faire une racine ou une branche), où serait le système nerveux central? Bien qu'on ait prouvé des stratégie d'adaptation de la part des plantes, elles ne relèvent souvent "que" de la réaction chimique (mais c'est bien toute la beauté du vivant :
- Les acacias qui, en Afrique, augmentent leur taux de tanin pour se prémunir des herbivores et sont capables - par les racines et des hormones dans l'air - de passer le message aux arbres alentours ne le font que par réaction. Y voir une volonté relève de la même erreur que de voir une volonté à l'évolution. les espèces évoluent par la pression de leur milieu mais pas parce qu'elles décident d'acquérir telle ou telle capacité. Ici c'est pareil, les acacias ont acquis cette capacité par la pression du milieu et sont capables de s'alerter sans qu'il y ait pourtant de volonté.
- Le mimosa pudique replie ses feuilles sur simple contact (tout comme la plante carnivore d'ailleurs), il s'agit en fait d'une réaction chimique à la base de la feuille qui n'a rien à voir avec la contraction d'un muscle et une réponse d'un système nerveux centralisé.
- L’arbre ou la tulipe qui pousse de biais en s’éloignant de ses congénères ou d’un obstacle le fait sans conscience. Il y a suffisamment d’autres raisons (hormones, lumière/ombre) qui permettent à la plante de détecter une concurrence pour ne pas retenir de proposition superflue.
Tout être vivant est un être sensible :
Je n'enlève rien au vivant en disant tout ceci. Je l'affirme même : tout être vivant est un être sensible. Mais après il y a : sensible, sentient, conscient, conscient d'être conscient. Une plante est sensible, elle réagit au soleil, au vent, à l'eau. Un insecte réagit aux mouvements et aux phéromones de ses congénères. Un chien réagit à l’intensité de la lumière, aux signes de ses congénères et souffre de leur absence. Un grand singe ou un éléphant peuvent faire preuve d’empathie car ils ont conscience d’eux-mêmes. Un humain peut verbaliser tout ceci car il est conscient d'être conscient (enfin les végés du forum au moins ^^)...
Reconnaitre la sensibilité de tout le vivant ne veut pas dire donner les mêmes droits à toutes les créatures car ce seraient des droits sans objet (on le dit souvent : ce serait comme donner le droit de vote aux poules). Les tortues laissent leurs œufs dans le sable et partent sans se retourner, il est inutile de leur vouloir le même bien qu'à la chienne séparée de ses petits. De même il n'y a pas de sens à vouloir mettre un primate, une plante, une amibe ou un bourdon dans le même sac. Inutile donc de vouloir aux plantes le bien qu'on veut aux animaux. Je veux dire le *même* bien- on peut quand même leur vouloir du bien, ce n’est pas inutile.
Respect du Vivant :
Reconnaître l’arborescence des sensibilités ne veut pas dire faire et laisser faire n’importe quoi :
1/ Ce n'est pas une raison pour le saccage des créatures vivantes. Détruire est toujours plus facile que construire et il y a quand même une force créatrice qui nous échappe et qu'on devrait admirer. Je me fiche totalement des acariens, des bactéries ou de ce genre d'organismes en terme végé/végan. Je veux dire que si j'en absorbe ou si j'en tue, je ne peux rien y faire. Il y en a dans ma farine, dans mon eau, dans mon air. Et je pense sincèrement que ça ne leur fait rien. Ils ne sont pas là *pour* être mangés ou tués mais je pense que ça ne leur fait rien que je le fasse. Par contre j'ai la conscience aigüe que nous faisons partie d'un grand tout :
- Les champignons servent de messagers aux arbres et aux plantes ;
- les bactéries nous font digérer et contribuent à notre immunité - l'autre forme d'identité car il n'y a pas que la si égotique conscience de soi comme identité.
- Toute cette vie nous apporte la nourriture dont nous avons besoin, sans sol vivant, pas de fruits gouteux et plein de nutriments...
Nous sommes dépendants des océans, des plantes, des micro-organismes. Donc autant les respecter pour nous respecter. Ce qui veut dire éviter pollution, antibiotiques, pesticides.
2/ L’intelligence comme seul critère d’évaluation du vivant est ridicule. Je déteste ces études sur l’intelligence des chiens par rapport aux chats ou par rapports aux enfants humains (c’est biaisé ET anthropocentré). Chaque espèce a la beauté et l’intelligence d’être adaptée à son milieu. Hors un chat ou un chien adulte n’est pas un enfant humain. On peut tout à fait, pour qui a côtoyé des animaux, voir la différence mentale d’un chiot, d’un chien adulte ou d’un chien débile. Pareil pour les chats. Est-ce qu’un chat est fait pour avoir l’équivalent du QI d’un enfant de 2 ans ou est-ce qu’il est fait pour avoir le mental d’un chat qui sait se nourrir seul, se reproduire et apprécier la vie en dormant, reniflant ? Est-ce qu’on doit évaluer un chat adulte par rapport à un bébé humain (c’est un genre d’études récurent) ou par rapport à un autre chat ou un chaton ?
Les plantes sont vivantes, ni bêtes, ni intelligentes puisque sans cerveaux mais je les respecte pour tout ce qu’elles m’apportent, l’ombre, la nourriture, la beauté, l’oxygène, la captation du CO2, les champignons, les fleurs…
3/ Si toutes les créatures ne souffrent pas « autant » elles restent sensibles. Je me vois mal me repaitre d’insecte. Je trouve que se réjouir de la mort, même gustativement flatte de mauvais penchants chez l’homme. J’admets que la mort fait partie de la vie mais pourquoi devrais-je en rajouter. Un rapport pacifié avec les plantes peut exister aussi. Sans besoin de les discipliner, d’éradiquer les espèces « invasives ». Dans l’ensemble si la souffrance ne peut plus être pris comme critère car inexistante, on peut quand même travailler avec le vivant et non pas contre.
La question était légitime mais se retrouve vaine : Les plantes méritent leur place pleine et entière dans la considération qu’on peut leur apporter mais leur donner les mêmes droits qu’aux animaux serait inutile.
oui c'est très très long...
Ysen
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