Je fais suite dans ce topic à la conversation qui a commencé dans "prix de la remarque carniste" où elle était hors-sujet.
Pers0nne, il y aurait beaucoup de choses à dire. Note que je réponds uniquement sur la perspective chrétienne (et un peu juive) que je connais mieux. Donc le Coran, je n'en parlerai pas si ce n'est pour dire qu'on ne peut pas mettre toutes les traditions dans le même sac, leur rapport au texte et à plein d'autres choses, étant différent.
et dont tu me le fais savoir de manière assez méprisante je trouve
Il n'y avait aucun mépris dans mes remarques. Mais je te présente volontiers des excuses
Je souligne juste que la vision de la religion que tu poses comme base de ton raisonnement est loin d'être la seule et correspond en tout cas dans la manière que tu as de la formuler à celle des fondamentalistes. Et les remarques que tu fais par la suite ne font que le confirmer. Je ne me positionne pas "en tant que religieux". Je dis que le fait religieux est beaucoup plus complexe et je cite quelques grands penseurs du XXème siècle et courants qui ne cadrent pas du tout avec ta critique.
Et la seule parade, c'est de faire en sorte que le concept de Dieu n'ait plus aucune définition, pour ne plus pouvoir raisonner dessus...
Un des premiers penseurs chrétiens écrivait que "toute pensée sur Dieu est une idole". Pour dire qu'il y a le concept "Dieu" qui s'articule en concepts (voire dogmes) mouvants dans le temps et dans l'espace. Et il y a l'expérience intérieure du divin (la Déité, La Réalité ou Brahman dans l'advaita vendanta). Le problème se pose quant une personne, ou une église amalgame les deux.
Ce que les textes sacrés essaient de relater est une expérience que leurs auteurs ou communautés d'auteurs ont faite en eux-même et dans leur relation au monde, et qui leur a paru suffisamment profonde pour qu'il souhaitent la transmettre. Cette expérience est ineffable. Chaque culture use donc de symboles qui lui sont propres, d'un matériel mythologique disponible, d'images, qui chacune éclaire un aspect de cette expérience, mais ne saurait l'épuiser. Tu sembles vouloir enfermer les textes dans la littéralité que prônent les fondamentalismes. Or dans le cas judéo-chrétien il est clair que les textes sont à interpréter (dans la tradition juive ils l'ont toujours été, dans le christianisme ils l'ont été dès les pères de l'église). Donc pourquoi les tentatives de déconstruction de concepts et d'images (qui étaient parlantes il y a vingt siècles en orient) pour essayer de les adapter à notre compréhension moderne du monde seraient illégitimes ?
On ne sait plus pourquoi ils sont là, à quoi ils servent, qui les a décidés, écrits, rédigés, figés, à part les humains eux-mêmes
On sait bien pourquoi et comment ils sont là, c'est le travail de l'historien des religions et du philologue.
Si on se retrouve à dire que tout n'est qu'affaire d'interprétation, que Dieu n'est pas aussi simpliste que ça, que Dieu n'est pas une entité consciente, omnisciente, omnipotente, omniprésente...
Là encore les notions d'omni- on été déconstruites, chez les penseurs du process par exemple.
Il limite la définition de Dieu, et il déclare que c'est Dieu lui-même qui s'est affirmé être Amour. Donc que Dieu a parlé, et que Dieu est une entité qui a communiqué avec les humains, et que les textes sont sa parole.
Les anciens ont parlé d'Amour (à prendre au sens de Bienveillance je dirais), parce que c'était selon eux la manière dont s'exprimait le mieux en eux et entre eux ce décentrement de soi-même et son égo que représente entre autre le concept de Dieu. En d'autres termes l'Amour-Bienveillance est la manière dont s'articule, se manifeste en nous et entre nous ce qu'ils entendait par Dieu. Mais on peut très bien le reformuler autrement. Sur le rapport au texte: La tradition judéo-chrétienne diffère de l'Islam. Les écritures ne sont pas "dictées" par une entité. Ce sont des textes écrits par des humains au sujet de Dieu qui parle aux humains. Pas "Dieu parle aux humains".
La Bible (et autres livres sacrés) se met(tent) à avoir autant de sens que si moi-même, demain, j'écrivais tous mes rituels, toutes mes prières, et toutes mes règles morales dans un cahier de brouillon, en écrivant absolument ce qui me plait, et en faisant tout simplement appel à Dieu qui est en moi et en chaque être vivant.
Je t'encourage à le faire.
Voilà, donc je viens de dire des choses un peu provoc'. (Mais que je pense vraiment.)
Ce n'est pas spécialement provocant. Juste qu'il y a beaucoup d'amalgames et que ça ne cadre qu'avec une vision du religieux, qui est loin d'être la seule. Ce qui est toujours amusant c'est qu'un athée viennent expliquer à des religieux ce qu'ils croient et à quoi il devrait croire, et que toute tentative de voir Dieu, les textes, rituels, différemment de l'image préconçue qu'il en a, ne serait pas la bonne, pas légitime, une hypothèse inutile, que sais-je.
Là encore, pas de mépris, attaque perso, prosélytisme. J'essaie juste de montrer que le fait religieux ne se résume pas aux caricatures qu'on s'en fait.