Pour revenir au sujet initial : mon dîner s'est très bien passé, je pense que si mon mari ne l'avait pas dit à l'avance, personne n'aurait remarqué mon végétalisme, parce qu'avec le buffet c'était vraiment facile, je n'ai pas eu besoin de refuser quoi que ce soit, chacun se servait librement. Par contre, heureusement que j'ai apporté des trucs cuisinés par mes petites mains parce que le buffet c'était charcuterie, cuisses de poulet et quiches. Il n'y avait même pas de cacahuètes ! Cela dit, mes falafels ont eu beaucoup de succès, ce qui fait toujours plaisir, ça montre que les gens peuvent apprécier des plats sans viande, suffit juste de leur proposer. En tous les cas, merci encore à tous pour vos encouragements et conseils.
Pour rebondir sur ce que vous dites.
Le premier truc qui me vient à l'esprit, c'est que paradoxalement, dans certains milieux (genre trentenaires urbains), il semble plus facile d'être gay que végé. Attention, je parle uniquement des réactions face à l'annonce de la chose, et des remarques et questions que ça suscite (pour l'appréhension globale, c'est plus compliqué je pense) : dans ces milieux-là, si tu annonces que tu es gay ou lesbienne, personne ne te demandera de te justifier ou de te convaincre d'arrêter, précisément parce que ce n'est pas perçu comme un choix mais une donnée, un fait qui est posé là et qu'il faut simplement accepter, voire dont la normalité va de soi. Et ces mêmes personnes, si tolérantes et ouvertes face à l'homosexualité, pourront par ailleurs te dire que le végétarisme (et le végétalisme encore plus) c'est extrême ou incompréhensible. Un exemple : on m'a dit récemment "je comprends tes motivations mais tu nies quand même la nature humaine, nous sommes des chasseurs, et si l'homme préhistorique avait été végétarien l'espèce humaine aurait disparu" ; je mets ma main à couper que l'auteur de ces propos n'aurait jamais, jamais dit à un gay "je comprends tes motivations mais tu nies quand même la nature humaine, nous sommes des hétéros, et si l'homme préhistorique avait été gay l'espèce humaine aurait disparu". Pour le dire simplement : sans du tout vouloir minimiser les discriminations et préjugés qui existent à l'encontre des gays et lesbiennes, j'ai la sensation qu'il y a quand même une normalisation, une banalisation de l'homosexualité - tant mieux - alors qu'on ne peut pas forcément en dire autant du végétarisme. Dans 10-20 ans ce sera peut-être différent !
Évidemment, dans d'autres milieux, disons, euh... plus conservateurs, là, il ne fait bon ni d'être gay ou lesbienne, ni d'être végétarien. Et là où je vois un certain parallèle possible entre végé et gay, c'est que vu "d'en face", dans les deux cas, tu t'écartes d'une norme qui est très souvent assimilée à une "loi naturelle" (chasse, reproduction, perpétuation de l'espèce, etc.) : il naturel de manger de la viande, c'est notre instinct ; il est naturel de se mettre en couple hétéro, c'est notre instinct. J'imagine aussi que les associations viande/virilité entretiennent une certaine parenté avec le rejet de l'homosexualité masculine, enfin que ça procède d'une même logique générale.
Pour résumer, j'ai la sensation que la distinction entre "différence choisie" et "différence donnée" (j'aime pas trop le mot inné) n'est pas traitée de la même manière, et que ce qui est perçu/classé comme "différence donnée" est globalement mieux accepté, du moins en surface (il y a sans doute un peu de politiquement correct là-dedans).