Porpax
Broute de l'herbe
Bonjour, j'ouvre ce post pour partager mon expérience et les votres. J'ai toujours cru que l'auto documentation suffisait à se forger une opinion. Maintenant je me permet de vous le dire. RIEN de vaut la réalité. Avant je n'étais qu'une vg passive que cela ne gène pas de voir une entre-côte se faire manger. Je n'y arriverais plus. Je ne veux plus mais je continue mes études d'agronomie pour pouvoir être les yeux et les oreilles de mes frères humains et la voie de mes cousins germains, les animaux. A partir de cette journée, j'ai décidé d'arrêter de me taire, d'arrêter de me cacher sous des prétextes d'allergies.
Soyé fort, soyé fière
Voici ma première contribution
Je tiens à préciser que j'ai retranscris cette journée avec la plus grande fidélité possible quant à la réalité des faits et des mes émotions. Je tiens également à dire que j'ai du respect pour les gens qui travaillent là-bas. Ce ne sont pas les responsables.
Ce serait avec plaisir de recevoir vos critiques à propos du texte qui suit.
Pardonez mes fautes d'orthorgaphe. Je suis incorrigibles.
Bonne lecture à vous
Promenade pédagogique à l’abattoir.
Je l’ai vu. Après tous, les documents que j’ai lu et visionnée. J’ai toujours cru que j’étais passée de l’autre côté du miroir. Dans un sens, je ne me suis pas trompée mais ce que je ne savais pas, c’était qu’il restait une dernière étape pour atteindre la pleine conscience du problème…..passer de l’autre côté de l’écran.
L’avantage dans cette histoire, c’est que je ne m’étais pas préparée à aller voir ça. On m’avait vaguement prévenu qu’on allait faire cette visite au cours de l’année mais sans jamais le confirmer. Notre professeur nous en a en quelque sorte « fait la surprise ». Je n’ai donc pas eu le temps de me faire des films ou de m’inventer des histoires. Je ne suis donc ni surprise ni déçue. En 10 minutes, on s’est retrouvés là-bas en combinaison d’hygiène (protège-botte, charlotte et salopette) en train de chercher l’entrée du bâtiment, un petit abattoir de la région qui n’abat qu’une quarantaine de bête sur la journée. Aux premiers abords, J’avoue que je m’attendais à plus de bruit de l’extérieur. Il n’en est rien. Quelques bœufs blanc-bleu-belge attendent leur tour dans des cages en métal le long du mur. Ils sont calmes. Un homme constate et notifie l’état de la bête à travers une cabine en verre. La fenêtre laisse entrevoir une affiche de concours de chevaux de trait. Ca laisse une sensation étrange de les voir ainsi, de les regarder dans les yeux et de réaliser que dans quelques instants, ils connaitront l’effroi le plus terrible et que je ne serais qu’un simple spectateur passif … du moins pour ma part.
La visite commence. Nous rentrons dans une salle vide et sombre. Il n’y a qu’une caisse de peaux flasques et luisantes dans lequel j’ai faille trébucher dans l’obscurité et quelques empreintes de bottes rougeâtres. Notre professeur nous parle mais j’avoue ne plus me souvenir car mon attention est attirée par l’entrebâillement d’une porte qui laisse voir le corps d’une vache sans peau, sans patte, sans tête. Seule une oreille pend gardant en triomphe silencieux et sanglant son matricule, dernier vestige de son identité. Un frisson me parcours l’échine quand je pense avoir vu sa chair tressaillir. J’en détourne rapidement les yeux.
Le discours de mon professeur est couvert par des bruits sourds de scie et de cliquetis métalliques. Dans l’obscurité de la salle, j’essaye de me concentrer sur les quelques mots que je saisie. J’entends seulement « Bien! Nous allons passer à la partie la plus difficile ». Nous suivons les traces de pas ensanglantés jusqu’à la porte qui laissait entrevoir la carcasse. De près, je remarque que sa chair frémit vraiment. Je détourne mes yeux mais ils tombent sur une caisse de pattes où je peux clairement voir l’une d’entre elles se tordre. Je pense immédiatement
aux araignées dont les enfants détachent les pattes pour les voir continuer à vivre sans le corps. Cette vision me glace le sang. Je décide de me concentrer un maximum sur mon professeur mais sa voix est littéralement couverte par le bruit des machineries. J’essaye de m’adresser à un camarade mais je n’entends même plus ma propre voix. Je regarde mes pieds. Ils sont couverts par un mélange d’excrément, de sang coagulé, de nerfs et de gras. Parmi ce joyeux mélange, un petit morceau de chair palpite encore sur le bord de l’égout. Je réussis cependant à m’approcher suffisamment de mon enseignant. Difficile de se glisser entre les ouvriers, les machines et les corps. Mon professeur nous dit que la bête ne meurt pas lorsque le pistolet perfore son crâne car chacune des cellules qui le composent ne meurent que bien plus tard. Seule la conscience de l’animal est anéantie. C’est ce que j’ai toujours pensé. Maintenant j’en suis sur. Je me rends compte que j’aurais préférée garder le doute.
Sur ma gauche, un ouvrier arrache la peau. Ils semblent tous sur des plates-formes mobiles qui leur permettent de travailler sur toute la hauteur de la carcasse. Un autre découpe les cornes d’une tête décapitée sur le sol à l’aide d’une machette. Juste à ce moment un bœuf rentre dans la cage d’abattage. Il tente de reculer en vain, une plaque en métal butte sur son arrière train. Il panique. Il semble déboussolé. Un ouvrier charge le pistolet. Il a du mal à viser à cause des mouvements de l’animal. Le pistolet claque. La bête s’écroule parcourue de spasme frénétique. Ces sabots cognent sur les parois en un grand fracas. Les barrières s’ouvrent et laissent tomber son corps de 800kg. Les yeux écarquillés, il est attaché par une patte puis pendu en l’air. Ses spasmes font chanter la chaine. Ce même ouvrier lui tranche la gorge. Un flot tombe en bouillonnant dans un bassin noirâtre et débordant d’écume rouge tandis que son congénère termine de s’y noyer avec la gorge ouverte et le nez enfoncés jusqu’aux yeux dans le sang. Quelques bulles remontent du bouillon. Peut-être a-t-il tenté de mugir ?! Je remarque
que cette scène provoque en moi beaucoup moins d’émoi que je ne l’eu imaginé. Après quelques minutes, Je vois l’un d’eux agiter sa patte arrière. Ils ont toujours l’air conscient. Ca ne change rien, on lui entaille la peau entre les pattes arrière et on détache celles-ci. On lui coupe la tête. Elle tombe au sol et se fait aussitôt fracasser à la machette. Une nouvelle bête rentre. J’en ai regardée 3 se faire abattre.
On remarque qu’un ouvrier pose un cachet sur l’une des « bientôt-carcasse ». Il nous dit que c’est pour signaler l’abattage hallal. Je n’ai pas vu la différence avec les autres pendant la mise à mort, ni plus tard d’ailleurs !
Nous avançons pour voir le videur. L’odeur de sang est étrangement beaucoup plus forte qu’a l’abattage. Des piques arborant différents organes sont fixés aux murs, des pattes, des têtes sans peau, des ensembles trachée-poumons. Les intestins s’écoulent sur des rampes d’aluminium et laissent se dégager une odeur fétide d’excrément. Soudain je m’aperçois que l’une des têtes semble encore vivante, sa mâchoire se contracte par soubresaut. Je sais qu’elle est sans corps, sans peau et sur une pique mais l’un de ses yeux roule dans son orbite et me fixe. Je crois être littéralement victime d’une hallucination quand je remarque que l’un de mes camarades l’observe aussi avec étonnement.
La chaine se poursuit. Un ouvrier déchire la carcasse au niveau de la colonne vertébrale à l’aide d’une sorte de tronçonneuse à jet d’eau. La carcasse est littéralement prise de spasmes. Nous en recevons tous un peu sur nous. Il poursuit en arrachant la moelle épinière. Malgré cela la carcasse continue de frémir. Je regarde mes notes pour penser à autre chose mais celles-ci sont divisées par une giclure de sang.
La visite continue en suivant toujours la chaine. Les carcasses sont marquées et évaluée en fonction du poids, du gras et de la couleur. Nous avons presque fini. Nous terminons par les chambres froides. La viande y est entreposé 3 à 4 semaines avons la découpe et la commercialisation. Je remarque encore et toujours quelques mouvements macabres. Quant l’animal est il vraiment mort ?!
Après toutes ces épreuves (pour moi ou l’animal ?!) Je m’étonne d’être restée autant de marbre. J’arrive même à discuter et plaisanter avec mes collègues de classe. Nous avons enlevés nos combinaisons maculées de rouge et sommes rentrés
Pendant la pause de midi, j’arrive contre toute attente à avaler ma soupe mais je me sens fatiguée !
Très fatiguée !
J’apprends que les cours suivants seront donnés à la ferme. C’est un plaisir pour moi d’y travailler d’habitude mais je suis écœurée. Je pense à n° 2773 avec lequel j’ai jouée la fois dernière, à toutes les autres ainsi qu’à leurs veaux déjà soigneusement séparés. Je ne veux pas les voir. Tant pis, je pars plus tôt. Personne ne comprend mon départ précipité.
Les wagons du train sont presque vides. C’est partit pour une demi heure !
J’essaie de me remémorer la matinée. Je me rends compte que mes souvenirs sont extrêmement flous. C’était pourtant il y a moins d’une heure. C’est comme si j’avais rêvée. Le stress peut il faire ça ?!
Je ne l’ai peut-être pas aussi bien pris finalement ! Je décide d’écouter un peu de musique pour me calmer et savourer le paysage. Soudain, les images d’une cérémonie me reviennent à l’esprit. C’était il y a 2 jours pour la décoration du citoyen d’honneur de ma ville. Je revois les yeux humides et la voix tremblotante d’émotion de ce résistant de la 2ème guerre mondiale. Quelques uns de ses mots résonnent dans mon esprit « Dans les trains, nous étions entassés comme du bétail, nous avions soif, nous avions faim. A destination beaucoup sont mort devant moi, battus, fusillés, affamés. Nous étions 172 seulement 8 sont revenus ». 70 ans après, le camp de Mauthausen le hantait encore. 70 ans après, il restait effondré. Je revois les yeux du bœuf qui rentre dans le box d’abattage, son recul avorté par le métal qui se referme derrière lui. Qu’avait il vu pour avoir ce regard ?! La peau arrachée de son corps juste devant lui ?!
La tête de son congénère battue à la machette sur le sol ?!
Je repense à mon ami rwandais qui avait vu ses parents se faire découper avec le même outil.
Un jeune homme me tire de mes réflexions pour me demander un renseignement sur les arrêts. Je suis affreusement gênée. Je m’aperçois que mon visage est couvert de larmes. Heureusement, il descend ici. Je suis seule pour pleurer. Je me rends compte enfin que cette visite à eu l’effet d’une bombe sur ma conscience. Ca bouillonne en moi. Je pense à tous ces gens qui me ridiculiseront sur mes choix alimentaires, à tous ces gens qui minimiseront ce que j’ai vu, qui ne me croiront pas, qui me trouveront trop sensible, à tous ceux qui se presseront de se trouver une raison et d’oublier ce qu’ils lisent à cet instant.
Fin
Soyé fort, soyé fière
Voici ma première contribution
Je tiens à préciser que j'ai retranscris cette journée avec la plus grande fidélité possible quant à la réalité des faits et des mes émotions. Je tiens également à dire que j'ai du respect pour les gens qui travaillent là-bas. Ce ne sont pas les responsables.
Ce serait avec plaisir de recevoir vos critiques à propos du texte qui suit.
Pardonez mes fautes d'orthorgaphe. Je suis incorrigibles.
Bonne lecture à vous
Promenade pédagogique à l’abattoir.
Je l’ai vu. Après tous, les documents que j’ai lu et visionnée. J’ai toujours cru que j’étais passée de l’autre côté du miroir. Dans un sens, je ne me suis pas trompée mais ce que je ne savais pas, c’était qu’il restait une dernière étape pour atteindre la pleine conscience du problème…..passer de l’autre côté de l’écran.
L’avantage dans cette histoire, c’est que je ne m’étais pas préparée à aller voir ça. On m’avait vaguement prévenu qu’on allait faire cette visite au cours de l’année mais sans jamais le confirmer. Notre professeur nous en a en quelque sorte « fait la surprise ». Je n’ai donc pas eu le temps de me faire des films ou de m’inventer des histoires. Je ne suis donc ni surprise ni déçue. En 10 minutes, on s’est retrouvés là-bas en combinaison d’hygiène (protège-botte, charlotte et salopette) en train de chercher l’entrée du bâtiment, un petit abattoir de la région qui n’abat qu’une quarantaine de bête sur la journée. Aux premiers abords, J’avoue que je m’attendais à plus de bruit de l’extérieur. Il n’en est rien. Quelques bœufs blanc-bleu-belge attendent leur tour dans des cages en métal le long du mur. Ils sont calmes. Un homme constate et notifie l’état de la bête à travers une cabine en verre. La fenêtre laisse entrevoir une affiche de concours de chevaux de trait. Ca laisse une sensation étrange de les voir ainsi, de les regarder dans les yeux et de réaliser que dans quelques instants, ils connaitront l’effroi le plus terrible et que je ne serais qu’un simple spectateur passif … du moins pour ma part.
La visite commence. Nous rentrons dans une salle vide et sombre. Il n’y a qu’une caisse de peaux flasques et luisantes dans lequel j’ai faille trébucher dans l’obscurité et quelques empreintes de bottes rougeâtres. Notre professeur nous parle mais j’avoue ne plus me souvenir car mon attention est attirée par l’entrebâillement d’une porte qui laisse voir le corps d’une vache sans peau, sans patte, sans tête. Seule une oreille pend gardant en triomphe silencieux et sanglant son matricule, dernier vestige de son identité. Un frisson me parcours l’échine quand je pense avoir vu sa chair tressaillir. J’en détourne rapidement les yeux.
Le discours de mon professeur est couvert par des bruits sourds de scie et de cliquetis métalliques. Dans l’obscurité de la salle, j’essaye de me concentrer sur les quelques mots que je saisie. J’entends seulement « Bien! Nous allons passer à la partie la plus difficile ». Nous suivons les traces de pas ensanglantés jusqu’à la porte qui laissait entrevoir la carcasse. De près, je remarque que sa chair frémit vraiment. Je détourne mes yeux mais ils tombent sur une caisse de pattes où je peux clairement voir l’une d’entre elles se tordre. Je pense immédiatement
aux araignées dont les enfants détachent les pattes pour les voir continuer à vivre sans le corps. Cette vision me glace le sang. Je décide de me concentrer un maximum sur mon professeur mais sa voix est littéralement couverte par le bruit des machineries. J’essaye de m’adresser à un camarade mais je n’entends même plus ma propre voix. Je regarde mes pieds. Ils sont couverts par un mélange d’excrément, de sang coagulé, de nerfs et de gras. Parmi ce joyeux mélange, un petit morceau de chair palpite encore sur le bord de l’égout. Je réussis cependant à m’approcher suffisamment de mon enseignant. Difficile de se glisser entre les ouvriers, les machines et les corps. Mon professeur nous dit que la bête ne meurt pas lorsque le pistolet perfore son crâne car chacune des cellules qui le composent ne meurent que bien plus tard. Seule la conscience de l’animal est anéantie. C’est ce que j’ai toujours pensé. Maintenant j’en suis sur. Je me rends compte que j’aurais préférée garder le doute.
Sur ma gauche, un ouvrier arrache la peau. Ils semblent tous sur des plates-formes mobiles qui leur permettent de travailler sur toute la hauteur de la carcasse. Un autre découpe les cornes d’une tête décapitée sur le sol à l’aide d’une machette. Juste à ce moment un bœuf rentre dans la cage d’abattage. Il tente de reculer en vain, une plaque en métal butte sur son arrière train. Il panique. Il semble déboussolé. Un ouvrier charge le pistolet. Il a du mal à viser à cause des mouvements de l’animal. Le pistolet claque. La bête s’écroule parcourue de spasme frénétique. Ces sabots cognent sur les parois en un grand fracas. Les barrières s’ouvrent et laissent tomber son corps de 800kg. Les yeux écarquillés, il est attaché par une patte puis pendu en l’air. Ses spasmes font chanter la chaine. Ce même ouvrier lui tranche la gorge. Un flot tombe en bouillonnant dans un bassin noirâtre et débordant d’écume rouge tandis que son congénère termine de s’y noyer avec la gorge ouverte et le nez enfoncés jusqu’aux yeux dans le sang. Quelques bulles remontent du bouillon. Peut-être a-t-il tenté de mugir ?! Je remarque
que cette scène provoque en moi beaucoup moins d’émoi que je ne l’eu imaginé. Après quelques minutes, Je vois l’un d’eux agiter sa patte arrière. Ils ont toujours l’air conscient. Ca ne change rien, on lui entaille la peau entre les pattes arrière et on détache celles-ci. On lui coupe la tête. Elle tombe au sol et se fait aussitôt fracasser à la machette. Une nouvelle bête rentre. J’en ai regardée 3 se faire abattre.
On remarque qu’un ouvrier pose un cachet sur l’une des « bientôt-carcasse ». Il nous dit que c’est pour signaler l’abattage hallal. Je n’ai pas vu la différence avec les autres pendant la mise à mort, ni plus tard d’ailleurs !
Nous avançons pour voir le videur. L’odeur de sang est étrangement beaucoup plus forte qu’a l’abattage. Des piques arborant différents organes sont fixés aux murs, des pattes, des têtes sans peau, des ensembles trachée-poumons. Les intestins s’écoulent sur des rampes d’aluminium et laissent se dégager une odeur fétide d’excrément. Soudain je m’aperçois que l’une des têtes semble encore vivante, sa mâchoire se contracte par soubresaut. Je sais qu’elle est sans corps, sans peau et sur une pique mais l’un de ses yeux roule dans son orbite et me fixe. Je crois être littéralement victime d’une hallucination quand je remarque que l’un de mes camarades l’observe aussi avec étonnement.
La chaine se poursuit. Un ouvrier déchire la carcasse au niveau de la colonne vertébrale à l’aide d’une sorte de tronçonneuse à jet d’eau. La carcasse est littéralement prise de spasmes. Nous en recevons tous un peu sur nous. Il poursuit en arrachant la moelle épinière. Malgré cela la carcasse continue de frémir. Je regarde mes notes pour penser à autre chose mais celles-ci sont divisées par une giclure de sang.
La visite continue en suivant toujours la chaine. Les carcasses sont marquées et évaluée en fonction du poids, du gras et de la couleur. Nous avons presque fini. Nous terminons par les chambres froides. La viande y est entreposé 3 à 4 semaines avons la découpe et la commercialisation. Je remarque encore et toujours quelques mouvements macabres. Quant l’animal est il vraiment mort ?!
Après toutes ces épreuves (pour moi ou l’animal ?!) Je m’étonne d’être restée autant de marbre. J’arrive même à discuter et plaisanter avec mes collègues de classe. Nous avons enlevés nos combinaisons maculées de rouge et sommes rentrés
Pendant la pause de midi, j’arrive contre toute attente à avaler ma soupe mais je me sens fatiguée !
Très fatiguée !
J’apprends que les cours suivants seront donnés à la ferme. C’est un plaisir pour moi d’y travailler d’habitude mais je suis écœurée. Je pense à n° 2773 avec lequel j’ai jouée la fois dernière, à toutes les autres ainsi qu’à leurs veaux déjà soigneusement séparés. Je ne veux pas les voir. Tant pis, je pars plus tôt. Personne ne comprend mon départ précipité.
Les wagons du train sont presque vides. C’est partit pour une demi heure !
J’essaie de me remémorer la matinée. Je me rends compte que mes souvenirs sont extrêmement flous. C’était pourtant il y a moins d’une heure. C’est comme si j’avais rêvée. Le stress peut il faire ça ?!
Je ne l’ai peut-être pas aussi bien pris finalement ! Je décide d’écouter un peu de musique pour me calmer et savourer le paysage. Soudain, les images d’une cérémonie me reviennent à l’esprit. C’était il y a 2 jours pour la décoration du citoyen d’honneur de ma ville. Je revois les yeux humides et la voix tremblotante d’émotion de ce résistant de la 2ème guerre mondiale. Quelques uns de ses mots résonnent dans mon esprit « Dans les trains, nous étions entassés comme du bétail, nous avions soif, nous avions faim. A destination beaucoup sont mort devant moi, battus, fusillés, affamés. Nous étions 172 seulement 8 sont revenus ». 70 ans après, le camp de Mauthausen le hantait encore. 70 ans après, il restait effondré. Je revois les yeux du bœuf qui rentre dans le box d’abattage, son recul avorté par le métal qui se referme derrière lui. Qu’avait il vu pour avoir ce regard ?! La peau arrachée de son corps juste devant lui ?!
La tête de son congénère battue à la machette sur le sol ?!
Je repense à mon ami rwandais qui avait vu ses parents se faire découper avec le même outil.
Un jeune homme me tire de mes réflexions pour me demander un renseignement sur les arrêts. Je suis affreusement gênée. Je m’aperçois que mon visage est couvert de larmes. Heureusement, il descend ici. Je suis seule pour pleurer. Je me rends compte enfin que cette visite à eu l’effet d’une bombe sur ma conscience. Ca bouillonne en moi. Je pense à tous ces gens qui me ridiculiseront sur mes choix alimentaires, à tous ces gens qui minimiseront ce que j’ai vu, qui ne me croiront pas, qui me trouveront trop sensible, à tous ceux qui se presseront de se trouver une raison et d’oublier ce qu’ils lisent à cet instant.
Fin