On est en informel avec Fiston, il a plein de trucs qui l'intéressent et j'essaye de suivre (à l'ère d'internet c'est quand même plus facile, ce matin comme on se causait au téléphone, il me pose des questions sur le téléphone, comment ça marche, comment la voix elle fait pour voyager si vite, hop, je dégote un c'est pas sorcier sur le thème et on le regardera à son retour), et je pense que quand on est motivés pour apprendre qq chose, que ce soit parce que ça nous passionne ou parce qu'on en a besoin pour des raisons plus prosaïques, on apprend, quelque soit son âge. Et qu'en fonction de là où on vit, on ne peut pas ne pas apprendre certaines choses (comme lire, écrire et compter là où on est, par ex), je dis ça dans le sens où on va forcément les apprendre naturellement à un moment ou à un autre, et ça va se faire "tout seul" si on ne force pas et qu'on laisse la personne aller à son rythme.
Par exemple, dans le documentaire dont je parlais et que je vois demain, je sais qu'il y a une famille en Angleterre ou aux USA, je ne sais pas, dont les 2 enfants ne sont jamais allés à l'école. La fille savait lire à 3 ans, le garçon n'a appris qu'à 12. Mais à 18 ans, il était déjà l'auteur d'une pièce de théâtre jouée au National Theatre. Il y a une autre famille dont la mère était analphabète et qui a appris à lire en même temps que son ou ses enfants.
Pour ce qui est du
socle commun... C'est pas complètement idiot ou inintéressant, ce qui est dedans. Mais on n'a pas forcément tous besoin de savoir tout ça à la fois. Et c'est parfaitement hypocrite d'exiger des familles IEF que leurs enfants le maîtrisent à 16 ans alors que tant d'élèves de l'éducation nationale en sont très loin.
D'ailleurs y a-t-il des gens ici qui maîtrisent ce qu'un élève de 16 ans est censé maîtriser ? Moi j'ai un bac + 7, et franchement, sur les 7 compétences, allez... Le français, oui, c'est quand même un peu mon métier (éditrice avec formation de correctrice) ; langue étrangère ok aussi mais parce que j'aime bien lire et regarder des séries en anglais ; culture scientifique oui en partie parce que c'était ma première orientation, sachant que j'ai toujours été une quiche en physique et chimie, j'ai enfin compris ce qu'était l'électricité en regardant des c'est pas sorcier avec Fiston ; culture humaniste et compétences sociales/civiques, ben pareil, je les apprends avec / grâce à Fiston, en fait (et rien de tel que de faire l'IEF pour se tenir informé des lois, des droits du citoyen et tout ça, d'ailleurs depuis qu'on a suivi l'histoire de la proposition de loi sur l'interdiction de l'IEF, Fiston nous pond des lois dès qu'il y a quelque chose qui le tracasse et qu'il veut empêcher, la dernière c'était d'obliger les gens qui ont des piscines à y mettre de l'eau non chlorée et des herbes pour que les insectes qui tombent dedans puissent en sortir, et à les équiper de bateaux télécommandés pour aller repêcher ceux qui ne peuvent pas s'envoler ^^) ; l'autonomie et l'initiative, rire franc et gaulois, c'est vachement encouragé à l'école et même après ; et puis pour les techniques d'information et de communication, oui et non, j'ai été informaticienne pendant qq années mais je fais un rejet épidermique de la plupart des réseaux sociaux, et puis de toute façon quand j'avais 16 ans ça ne risquait pas trop d'être au programme scolaire (mode vieille mamie démasquée) donc on le laisse un peu de côté.
Ce socle, c'est un truc standardisé, absolument pas adapté à chaque individu, qui laisse de côté plein de trucs que dans le système scolaire actuel on considère comme pas important (notamment les domaines artistiques, la musique, la danse, les arts plastiques mais aussi le sport) alors que si tu es méga doué en peinture, ben pour toi ça sera ça l'important, bien plus que de savoir comment fonctionne un aspirateur ou comment s'est formé le système solaire (j'avais écrit "scolaire", huhu).
C'est un socle qui vise à l'uniformisation des élèves. Chacun doit avoir la moyenne dans toutes ces matières. Si tu n'as aucun intérêt pour un truc qui est au programme, tu vas devoir en chier pour l'apprendre, et donc passer un temps fou dessus alors que ça ne te servira probablement jamais et que tu l'oublieras la semaine d'après (et si ça doit vraiment te servir, eh bien tu l'apprendras beaucoup plus rapidement le moment venu de toute façon). Alors que si on essayait plutôt de valoriser les compétences de chacun, eh bien on approfondirait ce qu'on aime, on passerait du temps dessus en s'éclatant, on deviendrait hyper compétent dans ce domaine-là, et peu importe si à côté de ça on est nul dans autre chose, ça tombe bien, le voisin, lui, il maîtrise cette autre chose. En fait j'en avais un peu parlé sur mon blog il y a qq temps,
ici (et je vous conseille de suivre les liens concernant Ken Robinson).
Si tu es moyen partout, ça passe. Si tu es extra dans un ou deux domaines et nul ailleurs, ça casse.
Bref, c'est ce qu'illustre ce dessin bien connu :
Après, ce que je souhaite pour Fiston dans sa vie... Franchement, je ne sais pas. Qu'il soit quelqu'un de bien (ça c'est plus souhaiter qq chose pour les autres, en fait) tout en restant lui-même, qu'il n'ait pas peur de suivre ses rêves sans se soucier du regard des autres ? Je ne souhaite pas forcément qu'il soit heureux, dans le sens où il me semble que faire peser une obligation de bonheur sur les épaules de qq'un est sans doute aussi lourd que l'obligation de bons résultats scolaires ou de réussite sociale qui pesait sur moi ainsi que sur pas mal de gens de ma génération et de celles d'avant.
C'est une question compliquée, pour moi, ce que j'aimerais pour Fiston. Peut-être aussi parce qu'on n'a pas fait exprès de l'avoir et qu'on ne voulait pas d'enfant avant, je ne sais pas, peut-être que quand on veut des enfants on réfléchit en amont à ce qu'on souhaite pour eux...