Tcharls
Se gave de B12
Je crée ce sujet pour évoquer le carnisme quotidien, pas les grosses remarques carnistes du bingo ou d'autres encore que certains cerveaux géniaux créent tous les jours, mais pour les petits signes discrets, banalisés, tellement rabachés qu'ils en deviennent ordinaires, et contre lesquels on aimerait se révolter sans qu'on nous réponde "oh mais c'est bon c'est pas méchant, t'es relou à voir le mal partout".
Deux exemples pour commencer :
Je viens de commencer un bouquin.
Ca se passe au Japon, et il y a une scène dans une poissonnerie. L'auteure décrit tous les poissons, entiers ou découpés, qui sont censés faire saliver le lecteur. Je sais que ces pages ont été écrites avec l'intention de donner envie de manger, de faire partager l'envie de la personne présente dans le magasin, de créer une connivence entre lecteur et personnage, exactement comme quand moi je lis les recettes ou les menus que vous postez ici qui me font saliver. Sauf que là, en lisant ça l'autre soir sur mon pouf, ça me dégoutait. Je faisait la grimace en pensant à des bouts de cadavres sanguinolants. Echec.
2ème exemple :
Hier matin à la radio, j'écoute d'une oreille distraite une chroniqueuse sur France Cul'.
A un moment, elle parle de bouffe, plus précisément de viande, et elle se met à citer plein de termes qui désignent des parties du corps des animaux une fois dans l'assiette : non pas "ventre, pattes, cou", mais "filet, bavette" etc. (style Journal des femmes ). Là, tous les gens chez eux devant leur tasse de chicorée, et même l'animateur de l'émission en direct, font ou sont censés faire : "hmmm miam miam, il est tôt, mais quand même ça fait envie, un bon rumsteck, houlàlà je salive". Tandis que moi, j'éteints parce que ça me fout la gerbe.
(dans ce deuxième exemple, la chroniqueuse était un peu plus engagée carniste. Elle déplorait que les jeunes de maintenant ne connaissent plus la "bonne" viande de noter chère tradition, et vas'y que je me justifie (sans qu'on m'ait rien demandé) : je mange peu de viande, mais je l'achète chez le meilleur boucher de Paris, alors certes oui c'est cher, mais les animaux viennent d'un abattoir respecteux des animaux... (faudra m'expliquer le truc...))
Mais même sans cette plaidoirie carniste, ce qui m'a frappé, c'est cette connivence a priori et sans effort à fournir entre chroniqueuse et auditeurs, entre auteure et lecteurs. Si je me dresse contre ça, ça surprend tout le monde, parce que personne n'a rien remarqué. « Oh, c'est bon, t'es chiant, c'est pas méchant, t'es vraiment obsedé par ce sujet, on peut rien dire, personne t'agresses là, tu peux pas penser à autre chose un peu ? »
Tout ça, cette légère pression sociale quotidienne, contribue à nous faire sentir un peu plus seuls dans un monde décidément différent...
Est-ce que ça vous arrive aussi de vivre des moments comme ça ?
Deux exemples pour commencer :
Je viens de commencer un bouquin.
Ca se passe au Japon, et il y a une scène dans une poissonnerie. L'auteure décrit tous les poissons, entiers ou découpés, qui sont censés faire saliver le lecteur. Je sais que ces pages ont été écrites avec l'intention de donner envie de manger, de faire partager l'envie de la personne présente dans le magasin, de créer une connivence entre lecteur et personnage, exactement comme quand moi je lis les recettes ou les menus que vous postez ici qui me font saliver. Sauf que là, en lisant ça l'autre soir sur mon pouf, ça me dégoutait. Je faisait la grimace en pensant à des bouts de cadavres sanguinolants. Echec.
2ème exemple :
Hier matin à la radio, j'écoute d'une oreille distraite une chroniqueuse sur France Cul'.
A un moment, elle parle de bouffe, plus précisément de viande, et elle se met à citer plein de termes qui désignent des parties du corps des animaux une fois dans l'assiette : non pas "ventre, pattes, cou", mais "filet, bavette" etc. (style Journal des femmes ). Là, tous les gens chez eux devant leur tasse de chicorée, et même l'animateur de l'émission en direct, font ou sont censés faire : "hmmm miam miam, il est tôt, mais quand même ça fait envie, un bon rumsteck, houlàlà je salive". Tandis que moi, j'éteints parce que ça me fout la gerbe.
(dans ce deuxième exemple, la chroniqueuse était un peu plus engagée carniste. Elle déplorait que les jeunes de maintenant ne connaissent plus la "bonne" viande de noter chère tradition, et vas'y que je me justifie (sans qu'on m'ait rien demandé) : je mange peu de viande, mais je l'achète chez le meilleur boucher de Paris, alors certes oui c'est cher, mais les animaux viennent d'un abattoir respecteux des animaux... (faudra m'expliquer le truc...))
Mais même sans cette plaidoirie carniste, ce qui m'a frappé, c'est cette connivence a priori et sans effort à fournir entre chroniqueuse et auditeurs, entre auteure et lecteurs. Si je me dresse contre ça, ça surprend tout le monde, parce que personne n'a rien remarqué. « Oh, c'est bon, t'es chiant, c'est pas méchant, t'es vraiment obsedé par ce sujet, on peut rien dire, personne t'agresses là, tu peux pas penser à autre chose un peu ? »
Tout ça, cette légère pression sociale quotidienne, contribue à nous faire sentir un peu plus seuls dans un monde décidément différent...
Est-ce que ça vous arrive aussi de vivre des moments comme ça ?