L'utopie de Thomas More

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tom

Élève des carottes
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8/9/06
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Je ne pense pas que cet homme politique anglais du 16e fut végétarien, et je ne cautionne certainement pas toutes ses idées de son livre "L'utopie", mais un passage de cet essai vieux de cinq siècles m'a paru particulièrement bien argumenté :

" Les Utopiens regardent aussi comme imaginaires les plaisirs de la chasse et des jeux de hasard, jeux dont ils ne connaissent la folie que de nom, ne les ayant jamais pratiqués. Quel amusement pouvez-vous trouver, disent-ils, à jeter un dé sur un tablier ? et, en supposant qu'il y ait là une volupté, vous vous en êtes rassasiés tant de fois qu'elle doit être devenue pour vous ennuyeuse et fade.

N'est-ce pas chose plus fatigante qu'agréable d'entendre japper et aboyer des chiens ? Est-il plus réjouissant de voir courir un chien après un lièvre, que de le voir courir après un chien ? Néanmoins, si c'est la course qui fait le plaisir, la course existe dans les deux cas. Mais n'est-ce pas plutôt l'espoir du meurtre, l'attente du carnage qui passionnent exclusivement pour la chasse? Et comment ne pas ouvrir plutôt son âme à la pitié, comment n'avoir pas horreur de cette boucherie, où le chien fort, cruel et hardi, déchire le lièvre faible, peureux et fugitif ?

C'est pourquoi nos insulaires défendent la chasse aux hommes libres, comme un exercice indigne d'eux ; ils ne la permettent qu'aux bouchers, qui sont tous esclaves. Et même, dans leur opinion, la chasse est la partie la plus vile de l'art de tuer les bêtes ; les autres parties de ce métier sont beaucoup plus honorées, parce qu'elles rapportent plus de profit, et qu'on n'y tue les animaux que par nécessité, tandis que le chasseur cherche dans le sang et le meurtre une stérile jouissance. Les Utopiens pensent en outre que cet amour de la mort, même de la mort des bêtes, est le penchant d'une âme déjà féroce, ou qui ne tardera pas à le devenir, à force de se repaître de ce plaisir barbare.
"
 
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