le salon de l'agriculture

Callipyge

Jeune bulbe
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21/3/13
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Ce matin, une chronique sur France Inter présentant l'égérie 2016, Cerise, la vache, m'a donné envie d'écrire. Comme ça... oui, ça m'arrive.
Alors je m'exprime ^^

LE RÊVE DE CLÉMENTINE

Le salon de l'agriculture n'a pas ouvert ses portes que déjà les médias nous rebattent les oreilles avec, histoire que tout le monde pense bien à faire une croix sur le calendrier, réserve son billet de train et monte à Paris pour voir la star 2016 : Cerise, la vache.

Voilà qu'on nous présente qui est Cerise, sa petite vie bien tranquille, dans son pré, qu'elle partage avec deux copines : oui, DEUX ! C'est pas mal, deux : ça évite le sentiment de solitude et en même temps, pas de quoi devenir agoraphobe.
Cerise est bichonnée, comme un caniche de salon, par son gentil éleveur qui aime tant ses bêtes et qui est si fier de détenir l'élue de l'année !
Alors que les journalistes bien pensant nous décrivent sa vie bovine bien rangée, certains lancent « et on la mangera à la fin du salon ? » et les autres chroniqueurs s'horrifient en cœur que pareille ignominie ait été proférée !!! Manger Cerise ?! Ça ne va pas la tête ???!!! Cerise, c'est une vache avec un nom, elle a des copines qu'elle retrouvera le salon achevé, on ne va pas l'arracher à cette merveilleuse vie ? Manger une vache baptisée, vous n'y pensez pas ? Ce serait un sacrilège. Il reste bien assez de vaches vulgairement numérotées pour rassasier les viandards, dont font partie les défenseurs de la vedette.

Alors ça jase dans les élevages: comment Cerise a-t-elle pu remporter ce prestigieux titre ?

Par exemple, il y a la poule Clémentine dont le rêve était de faire savoir au tout Paris qu'elle avait un nom et qu'elle valait tout autant qu'une vache nommée ou même qu'une vache numérotée : quand on n'a pas d'oreille, on ne porte même pas de numéro ! Les humains ont bien voulu numéroter les mammifères histoire de leur donner un nom numérique, par soucis de lien de parenté sans doute, mais ils n'allaient tout de même pas s'abaisser à le faire sur de stupides volatiles.

Clémentine voulait être la première bête que tout le monde voit en franchissant les portes du salon, pour que, dès leur entrée, les visiteurs la couvrent de flash et prennent conscience de son existence.

Parce que Clémentine croyait vraiment qu'elle avait toutes ses chances en posant sa candidature d'égérie 2016 : elle a un CV en béton, toutes les qualités requises pour le job ! Toutes !

On n'aura pas besoin de dire aux visiteurs « PAS DE FLASH », les flash, la lumière artificielle, elle y est habituée, Clémentine, à vrai dire, elle ne connaît que ça. Tout comme la foule ! La Cerise, avec ses deux copines dans sa campagne silencieuse, quel stress se serait toute cette foule et ce boucan autour d'elle ! Alors que notre petite poule, la foule et le bruit, elle est née dedans, elle est née dans un bain de foule piaillant. Collé-serré, ça ne la surprend pas, c'est son quotidien. Elle a toutes les qualités, je vous dis, toutes !
Et puis, une vache toute propre avec le mufle humide, les enfants connaissent depuis qu'ils sont tout petits, il y en a pleins en photos dans leurs livres « les animaux de la ferme » 100% images. Pourquoi payer l'entrée d'un salon pour y voir ce qu'on a déjà vu partout 1000 fois ? Clémentine, c'est du 100% exclusif, du jamais vu ! (et surtout pas à la télé)

Clémentine ne ressemble en rien à ce que les visiteurs ont déjà vu : elle a une coiffure de star : une crête rose pale qui retombe sur le côté, ça en demande des carences pour obtenir cet effet ! Et ses pattes ! Ses pattes, loin du jaune bien vif, elles sont presque blanches, de belles pattes blanches n'ayant jamais connu les ultra-violets, elles sont même un peu tordues ! Le public peut même la toucher, ça ne craint rien, son bec ne peut pas faire mal, il est rond ! La partie inférieure dépasse de la supérieure, ça lui donne un air bizarre : c'est rigolo pour les enfants ! Mais éloignez peut-être les enfants, car Clémentine n'est pas pudique, oh non, loin de là, elle montre presque tout !!! Il ne lui reste qu'un léger duvet – c'est plus aguicheur – on voit sa chair de poule, on voit aussi que c'est sans artifice qu'elle fait attention à sa ligne, on lui voit bien les os. Il faut dire que Clémentine n'a rien à cacher, sa beauté est 100% élevage français.

Avec toutes ces évidentes qualités, pourquoi Clémentine n'a-t-elle pas été élue star 2016 du salon de l'agriculture ? On se le demande.

En mémoire de mes merveilleuses cocottes : La Meneuse, Corolle, La Belle, Clémentine, Irma et Aménophis.
 
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