Identités de genre, non binarité.

  • Auteur de la discussion Anonymous
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Tiens, c'est marrant que ça remonte en ce moment ce thread. Je m'informe énormément sur la question en ce moment.

Je crois que c'est difficile de critiquer les gens qui posent des questions un peu con. Enfin, si, ils sont évidemment critiquables, sinon on excuse tout et légitime tout. Mais je veux dire par là que c'est juste tellement dur, pour certains, d'imaginer autre chose que femme et homme. Déjà, avant de rentrer dans les a-trans-bi-pan-fluid etc etc, pour certains, voir un couple de deux femmes ou deux hommes amène forcément à se poser la question "mais qui fait l'homme et qui fait la femme?". Ca c'est déjà un truc assez fou. Oui je suis une nana, je peux aimer les nanas, sans me dire que ça serait bien d'être membrée comme un homme ou d'avoir un "rôle" assigné parce que c'est comme ça que la société valide le truc.
Je trouve qu'avant même de définir les termes, de rentrer dans des cases, incompréhensibles pour beaucoup, faut réussir à pas tomber dans les clichés propres à chaque case.
Je m'explique, j'ai rencontré un trans-genre il y a peu. Il a donc été assigné fille à la naissance mais se définissait en "il" et se reconnaissant d'identité masculine. Pour autant, il a gardé son prénom de naissance, et n'a pas nécessairement changé quoi que ce soit. Ce qui fait que, la plupart du commun des mortels, le croisant dans la rue, se dirait que c'est un "elle" et non un "il". La société ne validerait pas son identité masculine parce qu'il accepte d'être né avec son nom et son corps et qu'il ne ressent pas le besoin de changer quoi que ce soit pour entrer dans la case "homme".
Ca m'a vachement interpellé, sur la force de l'expérience intérieure que c'est. C'est pour ça que je parle de cases... c'est génial de savoir qu'elles existent, ça peut rendre plus attentif.ve, plus vigilent.e et donc faire qu'on soit moins indélicat.e.s mais finalement, y a probablement autant de cases qu'il y a de gens. Dans un monde parfait, on devrait employer un article neutre pour définir les gens, jusqu'à que ces derniers disent "tu peux dire elle/lui/autre", un peu comme pour le tutoiement "Tu entres dans mon cercle de conversation/intimité, tu peux me tutoyer", hé bien de la même manière, livrer son identité profonde comme ça.

Bref, ça me fait juste beaucoup réfléchir tout ça. Du coup c'est un peu fouillis et sorti de nulle part, mais voila.
J'aime pas, par exemple pour ma part, devoir me reconnaître de quoi que ce soit. Je ne me sens ni un truc ni un autre. :/

Merci en tout cas Soma d'avoir proposé ce topic, c'est génial de pouvoir parler de ça.
(mes amis sont pas les plus ouverts sur la question erf....)
 
Wow, merci beaucoup, j'ai beaucoup appris grâce à la BD "assignée garçon". J'avoue que la diversité des genres est quelque chose que je découvre complètement, je n'en avais encore jamais entendu parler il y a quelques mois !
Par contre, j'ai rencontré il y a quelques mois une personne trans, je pense grâce à vos schémas que cette personne est androgyne plutôt côté fille (mais en fait je ne lui ai jamais posé la question ... je sais juste qu'iel préfère qu'on utilise des pronoms neutres). Iel participe à une asso féministe qui organise des ateliers en "non-mixité meufs/gouines/trans/je ne sais plus.
En discutant l'autre jour, iel m'a dit qu'il fallait qu'iel aille vite s'épiler le visage (iel est sous traitement hormonal, mais commencé trop tard pour éviter la formation des bulbes pileux du visage, qui ne disparaissent pas avec le traitement) sous peine de ne pas être accepté/e à l'atelier.

Du coup, plusieurs choses me choquent :
- que quand on parle de "meufs", on soit obligé de rajouter "gouines" et trans comme si elles n'étaient pas inclues dans le mot "meuf"
- qu'on oblige quelqu'un/e à se mutiler pour qu'iel ait un physique qui colle à l'identité de genre qu'iel souhaite.

Connaissez-vous les raisons derrière tout ça ? Merci !
 
Pas mal de gouines refusent d'être considérées comme des femmes, par refus de la position de soumission à l'hômme.

On rajoute trans* souvent pour inclure les mecs trans* et les autres trans* non binaires.

Pour la mutilation c'est surtout à cause de la binarité ( perso je sais que je survivrai pas longtemps avec mon manque de passing) et également des exigences de l'Etat en terme de stérilisation, opérations et traitement non réversibles pour avoir le changement de sexe sur l'état civil.

Ah et aussi comme tout le monde, pour se supporter et s'accepter dans ce monde formaté par la pub et par des critères de beauté binaires et aliénants, chacun·e fait ce qu'iel peut... donc mutilation ou adaptation de son corps à un contexte de cissexisme, les termes dépendent de comment on le voit et pourquoi on le fait.
 
Merci Dodo, Marceline et NewMissMilly d'avoir remonté le sujet pour que j'arrive (enfin) à lire ça. Merci pour les liens et la glossaire, qui va m'occuper un bon moment. Seule question, j'ignorais l'usage de "spoil" comme ça. J'avance mon vocabulaire encore une fois grace à Vegeweb!
Pour revenir au sujet: j'ai peu à ajouter, beaucoup s'est dit déjà. Après lecture de mal de trucs scifi récemment, il me paraît que l'ancienne division binaire est désuète et inutile. Est-ce meme nécessaire de constater un statut genr? En 21. siècle, on devrait être au stade de pouvoir dire 'non-spécifié' sur toutes les formulaires qui demandent ça: c'est uniquement un besoin de conformer (ou, sur un CV, que ça va exploser ses chances d'avoir un job?!)
 
Oh mais Soma je le comprends bien. Je voulais pas du tout paraître jugeante ou blessante en disant ça. Je trouvais juste sa démarche carrément notable et je me dis que si on évolue dans le bon sens, c'est comme ça qu'on fera dans l'avenir. Mais hélas ça ne se fait pas du jour au lendemain j'imagine... et c'est bien dommage.
 
Les intersexes revendiquent le droit de ne pas choisir de sexe
LE MONDE | 13.05.2016 Par Gaëlle Dupont

« Je suis né intersexe, c’est-à-dire avec des organes génitaux non conformes aux standards ». Vincent Guillot, membre fondateur de l’Organisation internationale intersexe (OII), ouvre les débats lors de la première table ronde officielle consacrée aux enfants à identité sexuelle indéterminée, jeudi 12 mai au Sénat.

« J’ai été déclaré garçon par défaut, poursuit-il. Je ne sais pas combien d’interventions chirurgicales j’ai subi, j’ai plus de dix cicatrices au bas-ventre. J’ai subi des injections de testostérone jusqu’à l’âge de 16 ans. A 51 ans, j’ai toujours des douleurs pour uriner, je marche avec une canne. J’ai été torturé. »
Mathieu Le Mentec, 37 ans, membre de la même organisation, a subi sept interventions entre les âges de 3 et 8 ans, afin d’obtenir le sexe masculin « assigné ». « C’étaient des douleurs, des contentions, des sondes urinaires, tout cela pendant les vacances », raconte-t-il. Nadine Coquet 45 ans, « déclarée fille à la naissance », a également été opérée à 17 ans et mise sous traitement hormonal.
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« J’appartiens à un tiers humain »
« Sous prétexte d’exploration, on m’a opérée sans rien m’expliquer, relate-t-elle. J’avais des gonades indifférenciées sans risque de malignité. Il n’y avait aucune justification médicale à les enlever. J’ai été victime d’un système binaire. J’appartiens à un tiers humain, ignoré par l’Etat, les statistiques et les citoyens. »
« Nous avons un travail pédagogique à faire pour rendre visibles les personnes intersexes », affirme Maryvonne Blondin (PS, Finistère), qui a organisé ces auditions avec Corinne Bouchoux (EELV, Maine-et-Loire), dans le cadre de la délégation aux droits des femmes du Sénat. En août 2015, le tribunal de grande instance de Tours a autorisé une personne intersexuée à remplacer la mention sexe masculin par sexe neutre à l’état civil. La décision a été cassée par la cour d’appel d’Orléans en mars 2016.
Combien de personnes sont concernées ? Les chiffres varient selon le périmètre considéré. La professeur de biologie et spécialiste des études de genre américaine Anne Fausto-Sterling a évalué à 1,7 % la part d’intersexués dans la population.

« On risque des troubles psychiques »
Les militants de l’OII réclament « le droit à l’intégrité physique » et « l’accompagnement de l’autodétermination des personnes concernées » jusqu’à ce qu’elles soient en âge de consentir à d’éventuels traitements. « Les droits fondamentaux de ces personnes ne sont pas respectés », approuve Benjamin Moron-Puech, docteur en droit à l’université Panthéon-Assas.
« Ces opérations sont présentées comme visant au bien-être des enfants, a ajouté Christèle Fraïssé, maître de conférences en psychologie à l’Université de Bretagne Occidentale. Mais si on ne laisse pas le corps se développer, on risque des troubles psychiques, car corps et psychisme se développent conjointement. »
Le Sénat auditionnera des représentants du corps médical le 25 mai, au cours d’une réunion fermée au public. Interrogé par Le Monde, Pierre Mouriquand, chef du service de chirurgie pédiatrique au CHU de Lyon, regrette la « présentation souvent caricaturale » du sujet. « Les anomalies du développement génital sont diverses et ne peuvent pas être toutes mises dans le même sac, explique-t-il. Les cas de véritable indétermination sexuelle sont rares. Nous en rencontrons quatre ou cinq par an. »

Une réponse médicale au cas par cas
Dans ces situations, un médecin n’agit pas seul. « Chaque situation compliquée fait l’objet de plusieurs réunions de concertation entre les équipes de différents hôpitaux, poursuit le chirurgien. Les pratiques ont changé. » Il faut aussi prendre en compte la pression des parents. « Pour eux, émotionnellement, c’est très lourd », rapporte M. Mouriquand.
« Notre rôle est d’apporter la moins mauvaise réponse au cas par cas, affirme également Yves Aigrain, chef du pôle médico-chirurgical pédiatrique à l’hôpital Necker. Cela peut parfois être une solution de ne pas choisir le sexe. Mais nous n’avons pas de recul. Un enfant qui va passer son enfance avec des organes génitaux mal formés aura-t-il une meilleure qualité de vie à l’âge adulte ? Est-ce mieux d’intervenir à l’adolescence, une période complexe, plutôt que dans les premiers mois de la vie ? Qui dit qu’on ne viendra plus tard pas nous reprocher d’avoir trop attendu ? »
Un rapport sera publié avant la fin 2016 sur ce sujet par la délégation aux droits des femmes du Sénat. Les élues de la délégation préparent des amendements sur ce sujet.
 
C'est difficile à appréhender quand on n'est pas concerné.e. :snif:
Personnellement, en restant l'acceptation biologique basique des termes (homme = pénis+gonades, femme = vagin+utérus+gonades), en tant que femme cis blanche hétéro, je n'arrive pas à comprendre comment ça fait de se sentir homme (quand on est femme) ou femme (quand on est homme) ou les 2 ou rien de tout ça. C'est pas que je ne veux pas c'est que je n'arrive pas à me figurer la sensation.
C'est super intéressant comme sujet.
 
Je voudrais rappeler qu'il n'y a pas de binarité biologique et de lien entre le genre et le sexe assigné à la naissance.
Le cas des intersexes casse encore ce mythe de la cisnormalité en brisant cette prétendue binarité biologique ( et pourtant j'suis diplômé(e) de biologie).

Ce n'est pas grave si tu n'arrives pas à te figurer la sensation de ne pas être cisgenre, c'est le principe du privilège cisgenre, comme les mecs cis ne peuvent pas comprendre le sexisme.

Par contre ce que tu peux aisément faire, c'est être une alliée et dans ce cas précis, le vocabulaire que tu utilises ( "se sentir femme/homme/les deux /aucun" ) relaye l'idée qu'une personne trans* n'est pas vraiment un homme ou une femme transgenre ( ou invalidation du genre revendiqué ou de l'absence de genre).
 
yapuka":32p32muc a dit:
en tant que femme cis blanche hétéro

Je suis à peu près tout ça (sauf que je suis un garçon et que je me considère comme tel jusqu'à nouvel ordre), mais je ne suis pas favorable à un monde normatif qui interdise, via la médecine, les services publics, les préjugés sociaux, etc., à chacun-e de suivre sa voie et l'identité qu'ille se choisit. Il y a un vrai problème qui est celui des assignations identitaires rigides et qui est lié à l'histoire de la construction de l'Etat. Le "tu es ceci, tu es cela" de l'Etat a quelque chose de liberticide et de terrifiant.

somadlateci":32p32muc a dit:
Je voudrais rappeler qu'il n'y a pas de binarité biologique et de lien entre le genre et le sexe assigné à la naissance.

Je suis complètement d'accord avec cette affirmation. La réduction de la diversité biologique à la binarité du genre relève d'une activité sociale (médicale, étatique, etc.) qui est extrêmement violente, en particulier pour ceulles qui ne rentrent pas dans les catégorisations usuelles. C'est ce que montrait très bien le texte (sans doute daté maintenant) d'Anne Fausto-Sterling: les cinq sexes.


somadlateci":32p32muc a dit:
comme les mecs cis ne peuvent pas comprendre le sexisme.

Par "cis" tu entends seulement une personne dont genre et sexe déclaré concordent ou non seulement ça mais aussi le fait que cette personne en rajoute sur sa conformité (par un discours normé, discriminant, etc.) ?

somadlateci":32p32muc a dit:
le vocabulaire que tu utilises

A propos de vocabulaire, je suis complètement d'accord pour dire que la grammaire est arbitraire, normative, construite par et pour les dominants, etc. Il est possible de pluraliser le genre des adjectifs par exemple (ex.: -adj en -eu-x-ses), mais ça reste binaire. Difficile de "dégenrer". Comment fais-tu?
 
Cisgenre est le terme utilisé pour une personne dont le genre est en concordance avec le sexe déclaré à l'état civil à la naissance.

(j'ai mis un lexique dans les pages précédentes).

Pour le vocabulaire, il y a pas mal de méthode. Le pronom neutre "iel" existe mais d'autres sont parfois utilisés. Pour le vocabulaire, y a l'improvisation ( amoureuxe, amourum), l'inclusion ( végétalien·ne) ou d'autres procédés ( admirativ', admiratixx ).
Sinon on peut contourner l'emploi de termes genrés ( comme j'ai fait longtemps pour parler de moi). Un peu le même procédé quand je voulais parler à ma belle famille sans les vouvoyer ni les tutoyer.
 
somadlateci":2vc6jdoc a dit:
j'ai mis un lexique dans les pages précédentes

Oui, merci pour ce précieux lexique. J'ai découvert "euphorie de genre", "aro", "voyagenre" et quelques autres.
J'ai lu récemment "sexage".

somadlateci":2vc6jdoc a dit:
Pour le vocabulaire, il y a pas mal de méthode

Difficile d'échapper au binarisme. "Iel" n'est-il pas binaire? Je retiens les terminaisons en ix et um, ou ul pour les pronoms. Le problème est celui de la compréhension dans le cadre d'un discours oral soutenu.
 
J't'avoue qu'à l'oral, c'est moins clair mais on peut faire un truc comprenable ( pas forcément compréhensible mais avec un peu d'application et d'effort).

"Iel" n'est pas mon pronom neutre préféré ( car c'est un mix de "il" et "elle" alors que la non binarité n'est pas forcément dépendante des identités de genre majoritaires.)


Le sexage, pour les poussins, existe aussi d'aillers.
 
Marcelina":1f8szwwd a dit:
Dans un monde parfait, on devrait employer un article neutre pour définir les gens, jusqu'à que ces derniers disent "tu peux dire elle/lui/autre", un peu comme pour le tutoiement "Tu entres dans mon cercle de conversation/intimité, tu peux me tutoyer", hé bien de la même manière, livrer son identité profonde comme ça.

J'adore cette idée ! Je n'apporte strictement rien au débat en disant, mais je tenais à le dire. D'ailleurs j'ai toujours eu un gros problème avec le principe du vouvoiement et du tutoiement, tout comme avec celui du genre, que ce soit pour les gens ou pour les objets (franchement, ça rime à quoi de rattacher un genre à une table ou un manteau ???).

« Notre rôle est d’apporter la moins mauvaise réponse au cas par cas, affirme également Yves Aigrain, chef du pôle médico-chirurgical pédiatrique à l’hôpital Necker. Cela peut parfois être une solution de ne pas choisir le sexe. Mais nous n’avons pas de recul. Un enfant qui va passer son enfance avec des organes génitaux mal formés aura-t-il une meilleure qualité de vie à l’âge adulte ? Est-ce mieux d’intervenir à l’adolescence, une période complexe, plutôt que dans les premiers mois de la vie ? Qui dit qu’on ne viendra plus tard pas nous reprocher d’avoir trop attendu ? »

Alors ça, dans la catégorie argument foireux, ça mérite une palme ! ESt-ce qu'on fait plus de mal à quelqu'un en le laissant choisir par lui-même qu'en faisant le choix pour lui ? Non mais sérieusement !!!! A ce compte-là, on peut justifier tout et n'importe quoi. Et quand quelqu'un choisit et décide pour les autres, ça s'appelle une dictature. Dictature du corps médical, merci bien !


Bon, sinon, je voulais dire aussi que je trouve ce sujet très intéressant, c'est une thémaituqe qui m'interpelle depuis longtemps déjà, même si je n'ai que peu d'éléments de connaissance dessus, et que j'ai beaucoup de mal à me sentir légitime pour en parler. En fait, je dirais même que je ne me sens pas du tout légitime pour ça, c'est hyper paradoxal parce que je suis typiquement le genre de personnes que la plupart des gens considèrent comme cisgenre (bien que ne connaissant probablement pas du tout le mot), et pourtant c'est une thématique qui m'interpelle et me questionne depuis longtemps, sans vraiment arriver à comprendre moi-même pourquoi. Je dois avouer que c'est un domaine de réflexion par rapport auquel je ne sais pas où me positionner, un peu de la même manière qu'il me semble difficile (et d'ailleurs de plus en plus difficile à vivre pour moi) de me positionner par rapport à des problématiques d'orientation sexuelle, car, bien que me considérant comme pansexuelle, j'ai quand même l'air aux yeux du monde d'être hétéro.
Du coup, je me demande fortement quelle place peuvent avoir les personnes qui sont considérées comme "normales" (je précise que la "normalité" ne correspond pas à MON jugement de valeur mais à celui que renvoie la société) dans la lutte contre les discriminations vis-à-vis des personnes qui justement ne sont pas considérées comme telles. Honnêtement, selon vous, quelle place peut avoir une personne considérée comme cisgenre (et je tiens au "considérée comme") dans la lutte contre ces discriminations ?
Je précise que c'est une vraie question que je pose, je me doute que ça peut être perçu par certain.e.s comme une version cis des "male tears", mais ça n'est absolument pas mon intention, et ce d'autant moins que plus le temps passe et plus je me rends compte que je ne me reconnais pas vraiment dans la "cisgenrité" (y a un mot pour dire ça ?).
 
Une personne "considérée comme" cisgenre ( cette formulation me perturbe pas mal, j'avoue, mais c'est un autre débat, mais pour illustrer souvent les personnes trans* qui ne sont pas visiblement trans* sont considérées comme cisgenre par les gens qui ne les connaissent pas, que ça soit le bon ou le mauvais genre qui soit perçu, idem pour les personnes non binaires) peut avoir un rôle d'allier, c'est-à-dire reconnaître ses privilèges, s'autodiscipliner pour être le plus safe possible ( on évite le vocabulaire oppressant, on respecte le genre revendiqué et prénom choisi de tout le monde, on ne minimise pas les oppressions des personnes concernées) et on peut agir si on se sent sûr·e de soi sur la terminologie et les problématiques pour défendre les personnes transgenres et non binaires dans des situations où les personnes concernées ne le font pas ( marre de faire de l'éducation, en position trop dangereuse pour s'exposer, absence ou dans le placard) et on n'oute ( dire que telle personne est trans* à d'autres personnes sans son consentement).
 
somadlateci":1ew2czp8 a dit:
Une personne "considérée comme" cisgenre

Je vois pas trop comment le formuler autrement à vrai dire. Je dis "considérée comme" parce qu'il y a marqué sur ma carte d'identité que je suis une femme, et que je correspond aussi à l'idée physique que les gens se font d'une femme. Ce qui ne veut pas dire que c'est aussi simple que ça. Le parallèle que j'ai fait avec l'hétéro/homo/bi/pan-sexualité, bien que foireux parce que pas vraiment comparable, était justement là pour expliciter ce terme : je suis généralement considérée comme hétéro parce que je suis dans une relation hétéro, tout comme on me pense exclusive parce que je suis dans une relation qui semble l'être. Et pourtant, ça n'est pas le cas. Mais j'ai pu constater à de nombreuses reprises que, pour certaines personnes, ça enlève toute légitimité à parler des problématiques liées à la "non-conformité" sexuelle. D'où le sens de ma question : comment être légitime pour parler de quelque chose alors que la première réaction que les gens ont en face de toi est de dire que tu n'es pas concerné(e), et ce même lorsque tu essaies de faire comprendre que, si, tu peux l'être quand même. Non, effectivement, je ne suis pas concernée par l'homo/bi-phobie, dans le sens où je ne la subis pas personnellement, mais je le suis dans le sens où elle m'atteint, où elle me fait mal. Donc en gros c'était ça le sens de ma question : comment être légitime dans un combat alors qu'on te perçoit comme non-légitime, et que d'une certaine manière tu te perçois toi-même comme ne l'étant pas parce que "ça ne se voit pas" ?
Après, je conçois que ça ne soit pas très clair, ça ne l'est pas vraiment dans ma tête non plus ! ^^
 
Si tu ne te considères pas comme une femme, tu n'es pas cisgenre. C'est toi qui sais si tu es légitime du coup.
Ensuite, si tu es une personne qui ne subit ni la psychiatrie imposée, ni la stérilisation imposée, ni le mégenrage et l'invalidation de ton genre revendiqué, il faut se rappeler que c'est ce que vivent les personnes transgenres et non binaires.
La personne avec qui je vivais avant ne cherchait pas à passer pour un genre autre que celui assigné à sa naissance, mais se reconnaissait dans la non binarité, souhaitait l'emploi du neutre pour iel, mais supportait le genre qu'on lui assignait. Iel n'a pas voulu de modification physique ni de changement de prénom ou de genre sur l'état civil, donc subit globalement le mégenrage et l'invalidation de son genre revendiqué sans que ça lui provoque une forte dysphorie.
Du coup cette personne est légitime pour certaines choses et moins pour d'autres.

Mais y a pas besoin d'être légitime pour soutenir une cause dont on est pas concerné·e·s ( sinon aucun·e humain·e ne serait antispéciste).
 
somadlateci":1l3vry2b a dit:
Je voudrais rappeler qu'il n'y a pas de binarité biologique et de lien entre le genre et le sexe assigné à la naissance.
C'est pour ça que j'avais précisé basique.
somadlateci":1l3vry2b a dit:
Par contre ce que tu peux aisément faire, c'est être une alliée et dans ce cas précis, le vocabulaire que tu utilises ( "se sentir femme/homme/les deux /aucun" ) relaye l'idée qu'une personne trans* n'est pas vraiment un homme ou une femme transgenre ( ou invalidation du genre revendiqué ou de l'absence de genre).
Ben justement, je manque de mots et je pense que c'est parce que j'ai du mal à comprendre. Mais pour être une alliée, y a pas de problèmes, je suis complètement pour que les gens aient le droit de revendiquer ou non une identité, quelle qu'elle soit.
 
Je peux fournir pas mal de lien qui parle de ce sujet. Les vidéos de Prince(sse) sont pas mal pour partir de la base en terme de vocabulaire ( https://www.youtube.com/channel/UCbIOqO ... NL2CGRDXLg ), sinon les vidéos de Lulla Blabla sont sympa, elle est marrante et touchante à la fois ( https://www.youtube.com/channel/UCWlc1b ... niw/videos ).

Il y a beaucoup d'autres chaînes youtube de ce style.

Pour le vocabulaire de base, j'ai toujours le lexique en spoil sur le premier post de ce sujet.
 
Vi, le lexique, faudrait que j'y rejette un zoeil. :oops:
 
Bah sinon je peux faire un résumé.

Cisgenre:
personne n'ayant pas de problème avec son genre assigné à la naissance.

Transgenre: personne non cisgenre

Non binarité: fait d'avoir un ou plusieurs genres étant hors de la binarité homme/femme ou partiellement dans ce spectre ( ou simultanément).

Genre assigné à la naissance:
pseudo "sexe biologique", genre qu'on croit qu'un bébé qui vient de naitre a. Pour les personnes intersexes, cette assignation est souvent synonyme de chirurgie et/ou traitement pour conformer à la binarité de genre/"sexe biologique".


MtF ( male to female): personne assignée garçon à la naissance, étant femme transgenre.

FtM ( female to male): personne assignée fille à la naissance, étant homme transgenre.

MtX, FtX: personne faisant une transition vers un genre non binaire.

Les traitements hormonaux, opérations, changement légal de prénom et de genre sont propres à chaque parcours et donc à chaque personne.



Un truc important, l'appareil génital ( "t'as quoi entre les jambes? t'es "déjà" opéré·e?"), les opérations et/ou traitements ( "tu vas avoir telles interventions?"/"hâte d'avoir un néopénis/néovagin?"), l'orientation sexuelle ("mais du coup t'aimes plus les filles/garçons?" " tu fais ça pour coucher avec tel ou tel type de personnes?"), le sérieux du genre revendiqué ( "c'est qu'une lubie", "les personnes non binaires ça n'existe pas", "tu es une fille/un garçon qui se sent garçon/fille") ne sont pas des sujets anodins.


Pas mal de remarques sont malvenues ( je peux faire une liste, mais surtout savoir si on respecte vraiment la personne quand on lui dit quelque chose, si la question qu'on pose n'est pas juste de la curiosité malsaine et non constructive).
 
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