Parce que les femmes subissent la domination sexuelle masculine, que la violence sexuelle est exercée en majorité par des hommes sur des femmes et que le mot besoin dans l'expression "besoin sexuel" a à voir avec ces violences.
Après il est évident pour moi que cette violence masculine s'exerce aussi sur toutes les autres personnes considérées comme "inférieures" par le système patriarcal, donc les personnes homosexuelles, les personnes transgenres, non binaires, agenres, genres fluides…mais aussi les personnes handicapées, atteintes de maladie mentales, les enfants…Toutes personnes assimilées à la classe des femmes est en danger potentiel d'agressions sexuelles dans sa vie par un représentant de la classe des hommes. Et je suis solidaire avec ces personnes pour lutter contre ces violences qu'elles subissent également de la même manière.
Donc je me place d'un point de vue politique de lutte contre l'oppression patriarcale en intervenant sur ce fil. Et réfléchir sur le mot "besoin", son usage pour penser les rapports sexuels, est essentiel du point de vue plus spécifique de la lutte contre les violences sexuelles. Et je remets en question l'usage qu'il en est fait selon la norme dominante: celui de parler de "besoins sexuels" en sous entend qu'ils sont vitaux, donc "dû", oui le pas est vite franchi. Et hop, grand écart magique pour désigner celles et ceux qui vont devoir restituer ce dû à ceux (les dominants) qui ont inventé le concept. Ben c'est problématique. Voilà pourquoi c'est essentiel de remettre en cause le langage. Car il est approprié par les dominants (ici la classe des hommes) afin de pouvoir maintenir leur domination (sexuelle patriarcale). Et grâce à ce langage défini par les dominants, leurs violences ne peuvent pas être "pensées" par ceux qui les subissent. Car les mots (choisis et définis par les dominants) acquièrent des acceptions qui pervertissent les processus de compréhension de ce qu'on subit. Par exemple les violences policières que subissent les manifestants aujourd'hui sont camouflée par nos responsables politiques grâce au langage. Comme la violence vécue par les personnes subissant la prostitution: le système patriarcal créer une réalité fictive en produisant tout ce vocabulaire: "travailleur du sexe", "prostitution choisit", "sexe tarifé". Ainsi on ne peut pas penser la réalité du côté de ceux qui considèrent subir la prostitution: "exploitation", "esclavage sexuel", "viol". Pour toutes les oppressions on retrouve la même manoeuvre d'invisibilisation de la réalité et de la souffrance de l'opprimé, le système dominant impose les mots, leurs définitions et créer d'autres réalités à son avantage, tronquées afin de maintenir son système d'exploitation. Impossible de penser la réalité avec des mots créés pour la camoufler. A moins de remettre en cause les mots et leurs définitions, de dénoncer ce qu'ils camouflent, c'est à dire les mécanismes d'oppressions. On peut s'exercer à percevoir cette dynamique avec le langage en ce qui concerne la domination spéciste. Et peut être que pour ceux qui ne subissent pas la domination masculine, et/ou qui ne comprennent pas de quoi il s'agit ici, cela permettrait de comprendre les enjeux qui existent sur ce fil. Et de comprendre aussi à quel point cette discussion du point de vue des personnes s'identifiant comme opprimé-e-s par cette domination peut être pénible, quant elles cherchent à dénoncer une réalité violente et qu'elle font face aux résistances à remettre en question la norme dominante. La volonté que certain-e-s ont sur ce fil à remettre en question la notion de "besoin" pour la question sexuelle est la même que pour le fil
https://vegeweb.org/l-importance-d-identifier-les-mecanismes-des-discours-oppressifs-t20872.html. Je ne veux pas faire de transpotic hein, c'est pour illustrer comme les mots apparaissent clairement aux yeux des concerné-e-s comme violents, permettant le maintien de la norme dominante oppressive et comment ils apparaissent comme un enjeux important dans la lutte contre les oppressions.