Prix de la remarque ou du comportement raciste

  • Auteur de la discussion Anonymous
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Pour rappel (l'anecdote de fin) :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Jx7WgTCy_EA[/youtube]

Sinon pour se moquer (parce-qu'ils le cherchent quand même hein...)

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=XkVbYUkWmPo[/youtube]
 
Le soir du réveillon de Noël j'en ai eu une jolie, un beau raccourci:

"les asiatiques sont mauvais en langues étrangères"

Ça ne paraît rien de bien méchant mais c'est du "racisme ordinaire" et je vous explique pourquoi.

Mon cousin revenant de New York où il fait ses études nous explique que y a des chinois dans son université et qu'ils ne font aucun effort pour améliorer leur anglais. Donc les asiatiques sont mauvais en langues étrangères...

Pour résumer: quelques étudiants chinois = tous les chinois = tous les asiatique = tous mauvais en langues...

Mon mari est vietnamien (trilingue français, vietnamien, anglais) et pourtant ça a choqué l'assemblée que je dise que falait "arrêter de faire des généralités... Racisme ordinaire...
 
C'est un trope bien connu, les étrangers seraient mauvais en mangues étrangères (en général parce-qu'ils ne maitrisent pas bien le français super académique).
De fait de la part de beaucoup de personnes étrangères ou d'origine étrangère à la france avec qui j'ai pu parler de ça, j'ai d'une façon vraiment régulière entendu que :

-le français est une langue quand même bien galère à apprendre et maitriser.
Et les français entre eux se font déjà une guerre élitiste bien vindicative, alors envers les étrangers ça devient très vite un outil confortablement discriminant.

-les français se font souvent remarquer pour être des princes en terrain conquis, ne faisant aucun effort à l'extérieur de leur pays.

Ceci me semble surtout très symptomatique des élans nationalistes et fachistes actuels dans le pays... (et ça déteint vite sur les gens même s'ils ne partagent pas ces voies politiques) <br /:><:br /> — Le 28 Déc 2016, 13:02, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br /> Une leçon de sexisme (c'est le focus de la presse) et de racisme aussi selon moi (mais ça c'est plus difficile à avouer dans les médias) sur I-Télé.

http://www.lesinrocks.com/2016/12/news/ ... me-i-tele/
 
V3nom":71xrdere a dit:
C'est un trope bien connu, les étrangers seraient mauvais en mangues étrangères (en général parce-qu'ils ne maitrisent pas bien le français super académique).
Pourtant l'Inde, le Pakistan, la Birmanie, le Népal et le Bangladesh (merci wikipedia) ont au contraire une excellente réputation en mangues étrangères, au contraire des français. Tout vient du climat.

(Non, mais sinon, personnellement, ce que j'ai toujours entendu et cru, c'est que ce sont les français qui sont des quiches pour apprendre des langues étrangères. Et que ça se remarque surtout du fait que le reste du monde maîtrise parfaitement l'anglais, là où les français ne font aucun effort, toujours à croire que leur langue est la plus belle de toutes et se suffit à elle-même. Bon, apparemment, c'est pas tout à fait vrai : http://www.ef.fr/epi/ http://media.ef.com/__/~/media/centrale ... nglish.pdf La France est dans la moyenne mondiale. Mais sachant qu'on est limitrophe avec le royaume uni, c'est quand même craignos.)
 
Hier pendant que M.Mitsuya travaillait, j'ai montré à sa famille des endroits parisiens où on aime aller. Puis comme il y avait une petite qui aime beaucoup le rose et les paillettes et qu'elle souhaitait manger une crêpe, je les ai emmené dans une crêperie japonaise très mignonne (paillettes, dentelle, et tout le tralala).
La serveuse tend la crêpe à la petite (qui était trop heureuse en ce lieu tout rose et choupi et de voir sa jolie crêpe)... et là mon beau-père nous regarde et imite l'accent et la voix de la serveuse. :mmm: J'étais super choquée!
J'en ai parlé le soir devant mon mari et là son père me dit: "mais nan je ne me suis pas moqué, je trouvais juste son accent drôle!" :mur:

Bon heureusement, il a été "discret" et la vendeuse n'a rien remarqué... c'est pour ça que j'ai attendu pour lui en parler mais bon... je ne comprends pas trop. Je remarque de plus en plus de moqueries face aux accents des Asiatiques (Japonais, Chinois, Coréens notamment).
 
J'ai divisé le sujet.

Encore une fois, le sujet sur les remarques racistes a dérivé.
Vu l'importance du sujet qu'il aborde, ça serait bien que nous nous policions tous afin de ne pas le faire ! merci
 
Et surtout quel impact a cette menace d'être jugé sur les performances quand elle est (ou semble) faite selon une grille de lecture basée sur un stéréotype. (les femmes sont nulles en math, les noirs sont moins intelligents que les blancs, etc)

C'est intéressant comme étude ! Merci Marcelina. :)
 
Sur France 5, en plateau, le porte-parole d’un syndicat de police a estimé que « “Bamboula” – d'accord, ça ne doit pas se dire, etc. – ça reste encore à peu près convenable. » :mmm:

H.
 
Aujourd'hui, je suis allée dans une librairie que normalement j'aime bien. Je cherchais des ouvrages de Alain Mabanckou.
Je regarde donc les étagères, je vois beaucoup d'étagères pour la littérature française, anglaise, mais également pour la litté portugaise, espagnole, russe, danoise, islandaise, norvégienne, chinoise, coréenne, japonaise... etc. Je ne trouve pas de rayon sur l'Afrique. Du coup, je fronce un peu les sourcils, je cherche cherche. Evidemment je cherchais Afrique parce que c'est pas une si grande librairie et que bon, faut bien le dire, on voit jamais le spectre des 54 pays africains représentés sur les étalages. Au mieux y a une différence Afrique sub-saharienne / Afrique du Nord.
Bref ! La vendeuse me voit douter et me demande si j'ai besoin d'aide. Je réponds "Ben, je trouve pas le rayon sur l'Afrique ?".
Et là elle me répond : "Ah oui c'est normal, il n'y en a pas. Ca dépend si l'auteur est de langue française il sera parmi la littérature française et s'il est de langue anglaise avec les auteurs de langue anglaise."

J'étais écoeurée. Dégoûtée. Dépitée.

Ben oui. On réduit un arc-en-ciel de cultures, de nations, de traditions, de sensibilités, on réduit la littérature de 54 pays à la langue de ceux qui les ont colonisé. J'en chialerais.
J'ai trouvé ça d'une violence folle.
 
Les classements adoptés par les librairies et les bibliothèques publiques reproduisent une violence symbolique qui est celle des échanges littéraires internationaux. Pour être reconnu-e en dehors de son pays, un-e écrivain-e d'une petite nation littéraire (langue peu traduite, patrimoine littéraire récent) est très souvent contraint-e d'écrire dans une autre langue que la sienne (ce qui est déjà une expérience terrible de dépossession), de préférence aujourd'hui l'anglais (l'éditeur a tout à y gagner du point de vue du rayonnement de ses auteur-e-s, car les éditeurs des pays cibles rechignent à traduire : c'est plus coûteux et le succès commercial est moins assuré). Une autre dépossession vient du fait que l'interprétation (critique littéraire, travaux universitaires, récompenses internationales : il suffit de regarder la liste des prix Nobel de littérature) qui s'impose à propos des textes issus des petites nations est celle des grandes nations littéraires. Il y a un "méridien de Greenwich" littéraire qui est à la fois occidental et néo-colonial. La sociologue de la littérature Pascale Casanova a consacré un très beau livre à ce sujet (La République mondiale des lettres http://www.seuil.com/ouvrage/la-republi ... 2757809983).
Le pire est sans doute de retrouver les classements publics occidentalo-centrés et néocoloniaux dans les bibliothèques des particuliers qui ont incorporé (souvent sans le savoir : par l'école, l'éducation familiale, les émissions culturelles, ou les bibliothèques publiques) la vision dominante de la culture. Je regarde toujours les bibliothèques des particuliers quand j'en ai l'occasion parce qu'elles sont révélatrices de leur inconscient culturel (sans curiosité déplacée et sans juger, seulement pour avoir la confirmation que ça fonctionne comme ça puisqu'on retrouve les mêmes principes de classement à peu près partout).
 
Marcelina":3bwdnupx a dit:
Et là elle me répond : "Ah oui c'est normal, il n'y en a pas. Ca dépend si l'auteur est de langue française il sera parmi la littérature française et s'il est de langue anglaise avec les auteurs de langue anglaise."
(...)
J'ai trouvé ça d'une violence folle.
Pour moi, ça dépend si toute la littérature francophone (française, mais aussi belge, québecquoise...) se trouve dans le rayon littérature française ou si seulement pour certains pays.
 
C'est sûrement un truc dans ce goût. Mais pour moi ça reste violent. Tous les auteurs de langue anglaise ne sont pas les mêmes. Même en restant dans les domaines des oppresseurs, la littérature canadienne n'a rien à voir avec la littérature britannique. La littérature française n'a rien à voir avec la littérature québécoise je suppose.
Ce lissage gomme les différences et les richesses.
Même si ça m'apaise un peu de voir les choses sous cet angle, je continue de trouver ça absurde. :(
 
Marcelina":25ykfhir a dit:
Même si ça m'apaise un peu de voir les choses sous cet angle, je continue de trouver ça absurde. :(
Tous les auteurs canadiens ne se ressemblent pas non plus, je suppose.
Je vois l'aspect absurde et en même temps un aspect pratique pour l'acheteur éventuel qui peut se dire "je lis telle et telle langues, voilà où regarder.
(même si j'avoue préférer les classements par thème)
 
Mais dans l'anecdote de Marcellina les livres ne sont pas dans leur langue d'origine, si j'ai bien compris. Ils sont justes classés par pays et puis, finalement, tout ce qui est en français rentre dans la littérature française. :hein:
 
Je ne crois pas non.

A ce moment qu'est ce que ça leur coûterait d'écrire "anglophone" au lieu de anglais et "francophone" au lieu de français?
Erf. Ça ne me satisferait tjrs pas mais au moins ça serait moins écrasant.

Non les auteurs canadiens entre eux se ressemblent pas c'est certain, mais ils ont de commun un socle culturel qui peut influencer leur écriture. Je vois mal un auteur canadien relater de contextes, de vies, voire de la sienne, en utilisant les mêmes images, la même langue de l'esprit qu'un auteur cap-verdien ou égyptien.

Bref. J'imagine qu'il y a une raison à ça. Ça m'a énervée. Je voulais le partager c'est tout! (Hihi du coup mon gros chat Ozzy sent que ça m'énerve et vient me faire des calinous d'amour ! ^^)
 
Tigresse":4f9gfr88 a dit:
Chez moi, c'est par thème et par ...Hauteur :D
(ou profondeur, des fois...oui, faut tout caser et manque de place)

Ah mais justement! Les classements apparemment fonctionnels dissimulent des principes de hiérarchisation. Qu'est-ce que tu mets en haut et en bas? Qu'est-ce que tu mets devant et derrière (comme pour le cacher)?
Il est rare que la répartition ne soit qu'un simple rangement qui correspondrait à l'ordre chronologique des acquisitions.
 
Chez moi aussi c'est par thème et par "gabarit". Les thèmes étant, grosso modo : SF-Fantastique ; autres romans ; dicos et livres de grammaire/conjugaison ; livres professionnels ; cuisine ; BDs ; théâtre ; musique ; vulgarisation scientifique et essais aux thématiques diverses. L'avantage, c'est qu'en fonction des thématiques, on retrouve des tailles similaires (les romans sont très majoritairement des poches, les dicos sont tous des gros bouquins encombrants, les BDs ont un format BD classique, un gros A4, etc.).
Et les livres qui sont devant sont sont que je n'ai pas encore lu et que je prévois de lire, et qui vont potentiellement repartir en troc ou revente ; ceux qui sont derrière sont ceux que j'ai déjà lu (plusieurs fois en général), et que je suis sûre de garder.
Les quelques livres en anglais ou espagnol sont mélangés au reste par thématique.
Et chez moi, ce qui a déterminé le fait que tel type de bouquins soient en haut ou en bas, c'est essentiellement les hauteurs possibles des étagères dans mes bibliothèques.
 
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