Désintoxication à la langue de bois – lexique pour militant

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Moulin à graines
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Bonjour les ami-es. (d'avance désolé pour le pavé, j'ai finis de préparer ce truc à presque 6h du matin xD)

Je voudrais essayer un truc. Lancer un sujet que j'espère à la fois utile et intéressant, et surtout qui donnera envie aux plus nombreux non seulement de venir s'y renseigner occasionnellement (ou pas), mais d'y participer ! (surtout)
Et notamment de m'appuyer sur ces sujets-fleuve que sont les "prix de la remarque..." qui sont, preuve en est leurs longueurs, aussi nécessaires que soulageant, pour proposer ce que je voudrais être un peu la "suite logique", le prolongement militant, le début de "retour de bâton" (tout à fait pacifique, mais pas du tout inoffensif ^^)

Je suis depuis quelques années les travaux d'anciennement la SCOPE le Pavé, sur l'éducation populaire, et notamment les conférences de Franck Lepage concernant la désintoxication à la langue de bois.
La langue de bois c'est le meilleur outil de domination d'un état totalitaire. Ce sont des éléments de langage qui servent à manipuler le débat et à ôter à l'opposant toute chance d'émettre une opposition convaincante.

Comme l'exemple favori (et judicieux) cité par Lepage du roman 1984 d'Orwell, nul besoin d'une répression constante ni même d'une force armée postée à chaque coin de rue pour tenir un peuple sous un joug. Il suffit de changer sa langue, et notamment de remplacer subtilement les termes négatifs par des termes positifs. Ainsi, si les termes négatifs n'existent plus, il devient difficile de formuler et nommer des contradictions. Et si on ne peut plus les nommer, alors on ne peut plus les penser. (car la parole précède la pensé, et non l'inverse). Nous ne serions plus alors dans un espace libre et démocratique.

Les exemples sont légion, et je voudrais vous présenter cette "courte" vidéo (les conférences font entre 3 et 5 heures + les ateliers qui suivent), pour que tout le monde comprenne bien à la fois de quoi il s'agit vraiment, à quel point c'est aussi invisible que pervers, et surtout en quoi ceci concerne absolument tout le monde et surtout toutes les luttes sociales visant à renverser la pensé dominante, le pouvoir en place, les privilèges jalousement gardés.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=8oSIq5mxhv8[/youtube]

Oui cette vidéo fait une heure, mais je pense que vous aurez compris la logique au bout de 20-30 minutes. (mais aller jusqu'au bout mérite le détours, autant pour embrasser toute la démarche que voir les applications concrètes vers lesquelles ça peut aboutir, et accessoirement bien se marrer)
Alors, et c'est peut-être là où mon envie de créer ce sujet pêche, c'est que la langue de bois telle que combattue par le travail du Pavé, c'est une langue qui n'est pas employée dans la vie courante, mais qui court partout dans les structures de management, d'organisation, les collectivités territoriales et autres infrastructures professionnelles ou sociales, afin de pousser chaque employé/travailleur dans un même sens (et pas celui de l'émancipation, du tout).

Mon souhait c'est donc de s'inspirer de ce dictionnaire collectif (réalisé notamment au fil des très nombreuses conférences réalisées, mais pas que) pour constituer notre propre contre-dictionnaire militant des termes et expressions, ici pour le coup plus ancré dans le langage courant, mais qui n'est pas moins à mon avis chargé en faux-semblants, en tromperies et mauvaise foi, termes qu'on nous lance trop souvent à la gueule, que certains d'entre nous savent déjouer mais pas tous, que beaucoup sentent venir sans forcément savoir les contrer, et que tous ont marre d'être aussi facilement catalogués, déguisés en homme de paille ou mis sur la touche avec ces bingos préconçus, nous obligeant alors nous débattre avec ça, à déployer des trésors de patience et d'éloquence juste pour débouter un argument réflexe débile. (vous pouvez aussi voir ça comme la version pratique, résumée et collective de la VEGFAQ, d'une certaine manière)

https://fr.scribd.com/document/33560128 ... ue-de-Bois

Alors bien entendu, je ne réinvente pas la roue ; le féminisme, l'antispécisme l'antiracisme ou les luttes LGBT font ça quasi quotidiennement déjà, mais je pense que ça peut être profitable d'avoir un résumé de l'ineptie d'un terme et la voie de réponse à formuler sans nécessiter une fenêtre d'argumentaire d'1/4 d'heure qui aura toutes les chances d'échouer.

J'aimerais donc que chacun, sans avoir peur de dire peut-être une bêtise ou un truc qui a l'air (l'air seulement) pas pertinent d'essayer et qu'au fil du temps, on constitue une sorte de lexique des termes qu'on nous balance comme des boulets rouges, leur vraie signification, leurs usages, éventuellement leurs champs d'action (leurs cibles), et surtout comment les contrer ou par quoi on devrait les remplacer afin de faire tomber les masques et montrer le vrai visage, les vraies significations et le sens mots et des discours que l'on combat.
Alors je sais qu'en étant aussi spécifique sur des luttes précises et des termes bien moins génériques, l'aspect "volontairement positif" des termes sensés nous faire fermer nos gueules ne sautent pas eux yeux, je sais aussi qu'à l'inverse des travaux de Lepage, les termes qu'on nous assène ne sont pas forcément tous des "concepts opérationnels" dénués de sens et restreints à des milieux professionnels spécifiques, mais on va souvent les entendre dans les grand médias, qui vont être par la suite repris partout, surtout sur les réseaux sociaux, et s'il y a aussi des termes extrêmement négatifs qui sont employés à notre encontre, il s'agit ici principalement de faire ressortir les discours d'autosatisfaction de nos opposants, leurs tournures de phrases mensongères et les termes trompeurs, autant sur les réalités de leurs bases besognes, que les termes parfois employés pour définir leurs opposants : nous. Et surtout les termes sont employés pour dire très souvent le contraire de ce qu'ils expriment et de la réalité évoquée. (comme le "plan de sauvegarde de l'emploi" au lieu de "licenciement massif", ou bien "croissance négative", ou "décruter" au lieux de "licencier", la "réussite différée" au lieu de l'"échec", la "flexi-sécurité" pour mieux nous virer, le hot desking, le cluster associatif, ...)
Je sais aussi que ces mots ne viennent pas (encore) de think-tanks, mais les lobby commençant à se sentir manifestement de plus en plus concernés par le danger que peut représenter une montée en puissance des luttes sociales et de leurs revenus, une veille lucide sur ces éléments de langage à plus ou moins long terme ne me parait pas inutile.

Je ne pourrais hélas pas mettre à jour ce premier post en guise de glossaire/lexique général (même si j'aimerais, à moins qu'un génial admin puisse faire en sorte que, mais je pense que ça va vite devenir un post trop long et illisible, même avec des spoilers...), alors je vais proposer un schéma (perfectible) de post pour améliorer la lisibilité, isoler les "entrées" des simples posts "discussions" (à moins que vous ne préfériez un second topic discussion et que celui-ci reste purement "lexique") et peut-être que je mettrais en lien un pdf régulièrement mis à jour en tête de sujet... (j'envisage de faire des dico propres à chaque lutte s'il y a beaucoup de termes, ou si vous préférez que ce soit ainsi, on peut même faire des sujets dédiés comme les sujets "prix de la remarque...")

Proposition :)p) de Format de proposition :
-Terme : mot ou expression, (un groupe de mots "synonymes" c'est bon aussi), en gras si vous voulez, pour le retrouver plus facilement.
-Catégorie -optionnel- (euphémisme, oxymore, pléonasme, faux-ami, anglicisme, les sigles, etc)
-Champ lexical (optionnel aussi, c'est surtout pour voir comment votre opposent veut vous classer)
-Champs d'application (la sphère d'activité où ce terme sévit. spécisme, sexisme, racisme, etc, choix multiples possibles, et plus que probables)
-Cible : Ici soit adoucir la vision du truc difficile à justifier, soit au contraire dresser un portrait bien à charge des militants, leurs ennemis.
-Définition, ce qu'on veut lui faire dire, ce que ça signifie vraiment. (très souvent, la définition du Larousse se suffit à elle-même)
-Proposition de rétablissement de la réalité (soit par la véritable définition des mots mal employés -comme mon exemple en dessous-, soit par les mots qui devraient être réellement employés pour vraiment nommer et donc faire état de la réalité du sujet abordé)
(Et si vous avez un exemple vidéo ou un article, faites vous plaisir !)

Ou si vous trouvez ça trop fastidieux (je peux comprendre) : le terme, sont explication et le contre, ça fera l'affaire aussi. :) (comme dans le pdf exemple)

Mon exemple, que j'ai posté ailleurs il y a peu et qui a fait germer cette idée dans mon bocal, même si je fais déjà une entorse à mon propre projet car ici il ne s'agit pas d'une terme qui sert à dorer le blason d'un de nos opposants, et je peine à lui trouver une catégorie sans en créer (déjà ^^) une nouvelle :

Terme : Intégrisme / intégriste (voire Ayatollah, gourou...)
Catégorie : Epouvantail / homme de paille (suggestion) :p
Champ lexical : religieux (clairement, et même si votre interlocuteur ne le sait pas)
Champ d'application : je l'entends surtout envers les militants végés, les fameux "extrémistes", les "intégristes du truc" quoi.
Cible : le végé "extrémiste", le végane fou, l’ermite au fond de sa forêt.
Définition : Intégrisme : "Attitude et disposition d'esprit de certains croyants qui, au nom du respect intransigeant de la tradition, se refusent à toute évolution.
Conservatisme intransigeant en matière de doctrine politique." (Larousse)
Contre-définition : là il s'agit donc de rétablir la vraie signification de ce mot employé à tort et à travers. Autant l'intégrisme a du sens quand on parle d'une religion datée, car il s'agit d'un refus d'évolution, d'un immobilisme réactionnaire virulent, autant concernant le désir de progression social des végés ça n'a aucun sens à part sous-entendre crassement le délire de la "secte".

Donc dans le texte, l'intégriste, celui qui donc défend fermement son ancrage traditionnel (sacré), le passéiste qui refuse de se remettre en question, c'est bien l'omnivore buté, le carniste virulent, ou l'aficionado fanatique. (lesquels nous taxent souvent d'obscurantisme, c'est tout aussi drôle)

Voilà, des exemples, j'en ai plein, donc si vous voulez essayer avec patrimoine, tradition, élevage bio, condition d'abattage humaine, mort digne, gastronomie française (patrimoine Unesco et tout), minerai (pour la viande), ou secte, hystérique, carences, protéines, vaches de réforme, prélèvements (chasse), féminazi, sur la culture du viol, les nombreux termes et expressions dont on s'est servit pour rédiger la VEGFAQ (pour le champ "spécisme/carnisme") si vous avez envie d'essayer d'en faire un truc "prêt-à-l'emploi", ou (surtout) vos propres exemples, allez-y ! :D

Et si vous trouvez les catégories de mots pertinentes, j'en ai fait une liste (avec exemples divers) basée sur celle du Pavé, avec les définitions, cela peut éventuellement aider non seulement à les trier, mais aussi à les repenser pour ce qu'ils sont, les redécouvrir, les comprendre et les contrer. Là aussi n'hésiter pas à en proposer d'autres si ça vous semble pertinent, améliorable, lacunaire...

-Euphémisme : atténuation dans l'expression de certaines idées ou de certains faits dont la crudité aurait quelque-chose de brutal ou de déplaisant (travailleuse du sexe, minerai (pour parler de la viande industrielle), le "bien-être animal" dans un élevage ou un abattoir...)

-Oxymore : Figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires. (abattage en douceur, élevage en parcours libre)

-Pléonasme : répétition dans un même énoncé de mots ayant le même sens soit par maladresse, soit dans une intension stylistique. (le tri sélectif, la démocratie participative)

-Faux-ami : mot à connotation positive qui dissimule une réalité négative. (élevage en plein air, partenariat, l'éleveur qui aime d'amour ses animaux...)

-Anglicisme : mot, tours syntaxique ou sens de la langue anglaise. (management, lobby, hot desking)

-Sigle : abréviation formée par une suite de lettres qui sont les initiales d'un groupe de mot (et qui participent à invisibiliser la réalité du signifié, comme SDF, ZUP, RMI, mais aussi le CIV, INTERBEV ou l'ONFCS)

-Technicisateur/Enjoliveur : Expression qui valorise l'état ou le statut d'une personne tout en masquant la réalité sociale de cette personne. (hôtesse de caisse, technicien de surface, personne à mobilité réduite, mal entendant mal voyant, exploitant agricole, préleveur cynégétique (chasseur) etc)

Qu'en pensez-vous ?
C'est nul et ça sert à rien ?
Vos idées ?
Bleu ?

Et si le fond vous plait mais pas la forme, emparez-vous de ça, réfléchissons ensembles et faisons un truc qui soit le prolongement un peu plus "armé" du bingo et de la FAQ, car je ne veut pas faire doublon, je voudrais que ça soit un truc plus pratique, facile d'accès, d'emploi, voire ludique, et surtout vivant, qui sera étoffé au fil du temps au même titre que les "prix de la remarque", en plus "employable au quotidien" pour répondre sans plus se sentir démunit ou contraint de sortir tout un exposé lut ici. Ceci peut même être une forme d'inventaire en plus condensé car beaucoup de choses sinon tout a déjà trouvé réponse, explication voire formulation pratique. :)
 
Effectivement, tu as eu beaucoup de courage pour faire ce pavé ! Mais un pavé très très intéressant qui mérite peut être d'être clarifié ? J'avoue ne pas avoir tout suivit tout le temps mais l'idée de fond est sympa. Je n'aurai jamais le temps de participer à ce "projet" malheureusement, déjà que je tire sur le temps pour te lire et te répondre :)

J'espère que, différemment de moi, les autres pourront rendre ce post intéressant lol
 
Ha mais la participation que j'attends n'est pas nécessairement plus "engagée" ni "longue" que celle qui est prise pour les topics "le prix de la remarque". :)
 
Une idée à suivre de près ça pourrait aider des gens comme moi qui n'ont "pas la réplique" et qui se retrouvent parfois à court de mots même face à un argument stupide ou facilement démontable.
 
Je prépare un premier jet d'après les quelques exemples de mon post initial, je posterais ça dans les jours à venir, mais n'hésitez pas à vous lancer, c'est d'ailleurs le but : J'ai envie que ce soit ouvert à tous et que ça appartienne à tout le monde.
 
Ah justement, l'endroit rêvé pour que je puisse tordre le cou à l'argument pro-viande qui m'énerve particulièrement tellement il est creux :

Terme : chaîne alimentaire
Catégorie : euphémisme, déni de responsabilité
Champ lexical : nature et écosystème
Champ d'application : utilisé pour justifier et normaliser la consommation de viande et par extension de produits animaux
Cible : la perpétuation de l'abattage des animaux à laquelle on veut retirer toute connotation négative
Définition : suite d'êtres vivants de différents niveaux trophiques dans laquelle chacun mange des organismes de niveau trophique inférieur dans le but d'acquérir de l'énergie. (copier-coller de Wikipédia)
Contre-définition : la notion de chaîne alimentaire est une représentation schématisée des écosystèmes qui permet aux humains qui les étudient de visualiser une partie de ses nombreuses interactions interespèces. Comme elle s'intéresse à l'écosystème dans son ensemble, elle ne pose pas de jugement moral sur la mort et la souffrance des individus et n'a donc pas de connotation négative ou positive.
Toutefois, cette expression est reprise par l'argumentation carniste afin de rationaliser, voire justifier le fait de manger de la viande. Elle sort l'expression de son contexte d'origine - une représentation des relations interespèces dans un écosystème par un spectateur étranger - en la prétendant être une fin en soi, en changeant son caractère descriptif en caractère prescriptif. Il s'agit d'un appel à la nature (« nous ne faisons que reproduire les schémas de la nature donc ce n'est pas un problème moral ») et d'un appel au status quo (lui donner un nom différent pour lui supprimer toute connotation négative). Cet argument n'est donc basée que sur une manipulation des mots permettant de nier la responsabilité de l'humain sur ses actes, et de ridiculiser voire intimider ceux qui s'opposent à ce status quo.

(Non sérieusement, j'ai une fois vu une argumentation carniste « vous perturbez la chaîne alimentaire » ce qui joue bel et bien dans l'intimidation. Heureusement quelqu'un lui avait répondu en démontant cet argument d'une façon similaire à ce que je viens de faire.)
 
J'ai pas vraiment la motiv de faire rentrer ça dans le format (pourtant chouette) que tu suggères, mais un truc qui me chatouille à chaque fois que je le vois : l'habitude de dire protéines animales quand on veut dire produits animaux. Bien sûr, si on veut vraiment parler des protéines (genre leurs qualités nutritionnelles), pas de souci. Mais des fois je lis (dans des articles grand public) « les végétaliens sont des gens qui ne consomment pas de protéines animales » (c'est vrai mais on consomme pas de graisses animales non plus, en fait), ou même parfois sur ce forum « depuis que j'ai arrêté les protéines animales » sur un sujet qui ne parle pas de nutrition.

Genre limite on a une nouvelle règle de grammaire « le mot "produit" doit être remplacé par "protéine" quand il est suivit de l'adjectif "animal" » et c'est ce côté systématique, véhiculant l'association automatique « viande = protéines », qu'il me semble dommage de laisser passer dans notre discours.

(Bien sûr, y'a aussi à dire sur « protéines = bien » et « toujours plus = mieux », dans la série, mais ça se reflète moins directement dans des expressions langagières, donc c'est sans doute moins le sujet ici.)
 
Tu as tout à fait raison, le terme très "chasse gardée" des protéines devient le terme générique pour toute la nourriture provenant des animaux, obligeant les gens à ne plus penser les protéines comme étant indépendantes de l'alimentation végétale ou carnée, même chez des véganes convaincus cet abus de langage est difficile à désapprendre. Et ça va au delà de l'argument des protéines animales "meilleures" que les végétales. (dossier protéïnes)
(et pas grave pour le format que j'ai suggéré, ça reste une suggestion, ce sujet n'est pas "que" le miens, il est à tout le monde).

Et super canastenard pour ta proposition, c'est exactement ça !
J'aurais même rajouté la catégorie technicisation, car ça tend à invalider toute réflexion aux personnes qui ne seraient pas assez "scientifiques" tout en donnant à l'alimentation carnée un coté "cool" car ayant une utilité "technique" un peu obscure mais qui parle à tout le monde...
 
Amour des animaux (d'élevage)
-Catégorie : faux-ami
-Champ lexical : professionnel
-Champs d'application :
-Cible : la conscience des consommateurs et l'assurance des personnes qui s'inquiètent, de loin.
-Définition réelle : Ce sentiment semble très compliqué à clairement définir par les personnes qui en parlent elle-mêmes. Ceci semble se situer à mi-chemin entre l'amour du travail bien fait (et donc de belles bêtes à la toison lustrée), et la dissonance cognitive, qui fait tellement souffrir ces malheureux éleveurs tellement obligés d'envoyer leurs enfants animaux à la mort.
-Contre-définition : C'est une relation qui tient du pervers narcissique, qui aime d'amour l'objet de ses attentions, mais qui doit faire des choses douloureuses (surtout pour lui), le tout pour le bien de cet être décidément un peu ingrat de parfois ne pas se laisser faire.

Et je reposte mon exemple pour le sortir du pavé du début.

Intégrisme / intégriste (Ayatollah, gourou...)
Catégorie : Epouvantail / homme de paille (suggestion) :p
Champ lexical : religieux (clairement, et même si votre interlocuteur n'en a pas conscience)
Champ d'application : je l'entends surtout envers les militants végés, les fameux "extrémistes", les "intégristes du truc" quoi. (https://www.youtube.com/watch?v=FVAjrcsxb1M)
Cible : le végé "extrémiste", le végane fou, l’ermite au fond de sa forêt.
Définition : Intégrisme : "Attitude et disposition d'esprit de certains croyants qui, au nom du respect intransigeant de la tradition, se refusent à toute évolution.
Conservatisme intransigeant en matière de doctrine politique." (Larousse)
Contre-définition : là il s'agit donc de rétablir la vraie signification de ce mot employé à tort et à travers. Autant l'intégrisme a du sens quand on parle d'une religion datée, car il s'agit d'un refus d'évolution, d'un immobilisme réactionnaire virulent, autant concernant le désir de progression social des végés ça n'a aucun sens à part sous-entendre la menace de la "secte".
-Contre-définition : Donc dans le texte, l'intégriste, celui qui donc défend fermement son ancrage traditionnel (sacré), le passéiste qui refuse de se remettre en question, c'est bien l'omnivore buté, le carniste virulent, ou l'aficionado fanatique. (lesquels nous taxent souvent d'obscurantisme, c'est tout aussi drôle)
 
Allez je vais essayer de me filer un coup de pied au derche et poster plusieurs choses dans les prochains jours.

Minerai de viande
-Catégorie : euphémisation (et technicisation aussi, les deux étant généralement associés)
-Champ lexical : ingrédient alimentaire industriel
-Champs d'application : secteur agroalimentaire professionnel industriel (et un peu les médias de temps en temps, pour le moment)
-Cible : A l'avenir, peut-être de plus en plus les émissions ou docu voulant montrer une image aseptisée, propre et nette de la fabrication alimentaire industrielle déconnectée de tout lien animal. Pour le moment, terme officiellement employé dans le secteur.
-Définition réelle : Ce n'est rien d'autre qu'une pâte informe (pléonasme) de plein de bouts de chairs animales impossible à préparer autrement pour la vente et la consommation, et qui servira à remplir des saucisses, faire des steaks reconstitués, des garnitures, etc. (un peu façon coraya, babybel ou vache qui rit)
-Contre-définition : Bouillie de restes d'abattoirs. Chewing gum de pleins de morceaux d'animaux morts.
 
Je découvre "Minéral de viande" :mmm:
Gros boulot en perspective! Tu as une liste à l'avance ou tu constitue le dico au gré de tes inspirations?
 
Un peu des deux, étant donné qu'à peu près tout le vocabulaire carniste et spéciste entre dans ce champ-là, j'ai des idées en tête, mais pas de liste prédéfinie ni d'ordre particulier. (ce qui est surement un tort)

Fruits de mer
-Catégorie : euphémisation (pour ne pas dire forme de réification)
-Champ lexical : culinaire
-Champs d'application : composition de menu, catégorie d'aliments un peu floue
-Cible : principalement restos, mais s'est vite retrouvé dans les repas de famille un peu classieux, avec une idée d'originalité, de luxe et d'exotisme.
-Définition réelle : à peu près tout animal marin qui n'entre pas (ou pas intuitivement pour certaines personnes) dans la catégorie "poissons", principalement les coquillages, mollusques et crustacés.
-Contre-Définition : "Chair animale" (parce-que c'en est toujours après tout), "animaux de mer", ou alors pour tenter le contre-pieds absurde "pommes de mer", "banane de mer", "radis de mer"... (c'est un terme difficile à contrer tellement son usage est ancré dans le cerveau social)

Et un peu dans le même style

Charcuterie
-Catégorie : euphémisation (et technicisation, même si c'est un terme plus qu'usuel depuis longtemps)
-Champ lexical : culinaire
-Champs d'application : compo de menus, catégorie d'aliments
-Cible : Tous secteurs alimentaires, de la boutique spécialisée au réfectoire scolaire en passant par le frigo de chez un peu tout le monde.
-Définition réelle : Chairs animales mélangées et transformées pour être plus faciles à conserver, à servir et à manger. (ni plus ni moins)
Et quoi qu'en disent les défenseurs carnistes, cela n'a rien de "naturel" et participe de la déconnexion aux animaux. (d'autant plus qu'une pièce de charcuterie représente souvent d'innombrables morceaux d'animaux différents)
-Contre-Définition : Ici en fait le terme "charcuterie" reste tout à fait approprié, mais c'est son signifié qui ne veut plus rien dire. Tout le monde comprend instantanément l'expression "se faire charcuter", mais le lien rompt quand il s'agit de "la charcuterie". C'est à nous de faire redécouvrir le processus qui se cache derrière ces choses rigolotes à acheter et manger, pourquoi ça a existé (conservation, préparation de restes ingrats), et pourquoi ça existe et se développe toujours (facilité d'industrialisation, cout ridicule, valorisation de déchets, forte distanciation aux animaux).
 
Je trouve ce dictionnaire particulièrement utile (le piège d'une telle entreprise étant la quête de l'exhaustivité, abyssalement chronophage). Juste une suggestion : pourquoi ne pas ajouter des citations sourcées (voire même des images ou des videos, en option : gore) afin de montrer en action cette langue de bois ? Je pense que le ridicule et l'artifice de cette langue apparaîtra d'autant mieux. Les dictionnaires, après tout, utilisent les citations et Bourdieu (et avant lui Flaubert) avait utilisé cette stratégie dans son dictionnaire de l'idéologie dominante.
 
J'en ai mis une pour "intégrisme", et je le suggère dans ma présentation, mais flemme, manque de temps et d'énergie en ce moment, et pour la plupart des termes qui seront dans ce dico, on les a déjà tous vu employés "en vrai". :)
 
Gestion cynégétique / Prélèvement
-Catégorie : technicisation (et donc euphémisme)
-Champ lexical : chasse
-Champs d'application : discours officiels
-Cible : tendances écologistes, propos lénifiants sur l'acte des chasseurs et supposée nécessité d'une telle pratique.
-Définition réelle : Ces deux termes renferment la même réalité : tuer du gibier, lequel dans la plupart des cas aura été relâché d'un élevage quelques temps plus tôt.
Nous sommes dans la prophétie autoréalisatrice, procédé rhétorique propre au sophisme, où le sujet provoque délibérément les termes qui font justement advenir l'objet de son intérêt. (ou de sa mise en garde)
"Actions plus ou moins coordonnées" selon wikipédia, on appréciera le soucis de précision.
-Contre-Définition : Tuer des animaux, faire baisser des populations qu'on vient juste de relâcher, crier à l'invasion des nuisibles quand on a décimé les prédateurs, élever/attirer/nourrir/rassembler ces même nuisibles durant des semaines voire des mois, puis les abattre par pure plaisir, sans aucune nécessité, ni écologique, ni de subsistance alimentaire, ni pour protéger les cultures.

PS : ceci convient aussi pour la pêche en cours d'eau, où les poissons de pêche en ruisseaux et rivière sont aussi des poissons d'élevage juste relâchés, et plus encore en étangs (qui sont de véritables réserves piscicoles tout ce qu'il y a de plus "humaines")

Réforme
-Catégorie : technicisation (et donc euphémisme)
-Champ lexical : Élevage, principalement les vaches laitières
-Champs d'application : Discours officiels, productiviste, et un des plus perversement invisibilisant.
-Cible : Toute personne concernée par les produits laitiers et risquant d'apprendre la longévité des vaches laitières dans l'industrie en comparaison de leur longévité réelle.
-Définition réelle : Une vache sera dite "de réforme" quand elle ne produit plus assez de lait pour être rentable pour l'usine ou l'éleveur qui l'emploi et sera donc immédiatement dirigée à l'abattoir pour faire partie avec ses sœurs de la viande hachée ou du minerai de viande qui composera tout ce qui est estampillé "boeuf" dans les supermarchés, sans autre forme de précision sur la provenance.
-Contre-Définition : Vache destinée à mourir très prochainement car trop épuisée par 3 ou 4 ans (pour les chanceuses) d'inséminations forcées, de mises bas, de séparation de leurs petits et de traites constantes avec comme seule porte de sortie la mort quand ça ne vient plus assez vite.
 
Terme : valoriser (ex : "des dizaines d'animaux sont valorisés chaque mois")
Catégorie : technicisation - description complètement abstraite
Champ lexical : monde agricole / distribution
Champ d'application :
Cible : tout public
Définition : littéralement : transformer en valeur (= en euros)
Contre-définition : "valoriser" des terres, c'est y faire pousser quelque chose qu'on va vendre ; "valoriser" un animal, c'est le tuer, le découper et en vendre les morceaux


Voilà je viens encore de lire la phrase citée en exemple dans le journal agricole du coin, je trouve cette abstractivité glaçante.
 
Ha oui excellent terme à remettre en lumière : l'idée qu'un animal vivant et entier ne vaudrait rien ou moins. (ce qui est vrai... du point de vue capitaliste, tout sauf "humain")
 
Je verrais bien le mot "stress" quand il sert d'euphémisme pour décrire les manifestations de terreur des animaux pendant le transport ou à l'abattoir (après je ne sais pas quoi mettre dans "Catégorie", "Champs lexical", toussa… je vous laisse faire si vous le souhaitez).
 
Un terme comme celui-ci c'est plus compliqué, car il n'est pas propre au vocabulaire de l'industrie de l'exploitation animale.
Il est également employé dans des études réellement sérieuses (je pense par exemple à la méga étude sur l'exploitation la torture des canards et oies pour la production de foie-gras "l'INRA au secours du foie-gras" d'Antoine Comiti de 2006)
On a ici affaire à un emprunt du champ médical, et je crois qu'encore aujourd'hui pas mal de spécistes (les bien gras) refusent même son usage pour les animaux qui seraient même pas en capacité de ressentir du stress.

Après on peut toujours faire une catégorie "abus de langage" quand c'est employé à tort et à travers, mais ce n'est pas systématique, contrairement aux termes propres à la sphère carniste et productiviste de l'industrie alimentaire.
 
Je prends les devant sur ce qui pourrait à moyen terme devenir une autre expression en vogue sous peu pour justifier des variations de taux d'ingrédients d'origines animales (ou simplement nocives pour la santé) dispensables et stupides. (vu ici)

Amélioration de la qualité de la teneur en...
-Catégorie : faux-ami, enjoliveur et un peu technicisation aussi
-Champ lexical : Recette, composition d'aliments
-Champs d'application : Nutrition
-Cible : Toute personnes inquiète de la composition des aliments, et plus spécifiquement les personnes pas encore très remontées contre les produits laitiers et chez qui les arguments rassurants fonctionnent.
-Définition réelle : Augmentation
-Contre-Définition : Ben...
"augmentation"
"aggravation"
ou sinon pour reprendre leur périphrase absurde
"détérioration de la qualité générale de la recette"
"dégradation de la qualité de notre alimentation"
"augmentation de la qualité de la teneur en souffrances animales"
"augmentation de la qualité de la teneur en allergène, pus et hormones de croissance bovine"
...
 
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