Etonnante Islande. Etonnants plus encore les Islandais. Ces 280 000 descendants directs des Vikings, furieusement accrochés à leur terre en gésine permanente. D'aucuns se seraient lassés de ce pays situé au nord de l'Atlantique Nord, à la limite du Cercle Polaire, en proie à un volcanisme follement actif, à cheval sur la faille qui sépare et éloigne inexorablement l'Eurasie des Amériques, théâtre de l'affrontement des flux atmosphériques subtropicaux et arctiques. Pas les Islandais ! La nature tient une place surprenante dans l'esprit d'une population essentiellement urbaine. A la moindre occasion, et surtout durant les si brèves semaines d'été, tout le monde part se ressourcer au contact de cette nature qui, entre deux glaciers, un désert de sable noir et un volcan coiffé de neiges éternelles, sait aussi se faire tendre et souriante avec ses villages de maisons de poupées aux toîts rouges et ses prés où pâturent de charmants chevaux aux yeux doux. Privés ou presque de soleil pendant de longs mois, les Islandais veulent profiter des lumineuses nuits estivales quasiment sans fin et se griser, enfin, de vert. Car sur cette terre décharnée où le vent court sans frein, lavant un ciel immense, ne poussent quasiment ni arbres ni fleurs. Qu'importe. Pierres et lichens se chargent d'apporter couleur et diversité parmi les sombres champs de laves solidifiées en boursouflures grotesques, les dunes de sables anthracite, les lacs turquoises, aux profondeurs laiteuses, les fjords creusés à même le basalte, les falaises déchiquetées auxquelles la mer arrache des blocs qu'elle sculpte en silhouettes fantomatiques. Les volcans ne sont pas en reste. Leurs flancs se parent de dégradés mousseux de jaune, safran, brun et blanc, les gueules béantes des cratères s'ornent d'arabesques pourpres, se drapent dans d'énigmatiques panaches de vapeur.