Stigmatisation des asexuel.le.s

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jess

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Je viens de tomber sur cet article, qui pour moi remporte la palme de l'article le plus gerbatif que j'ai lu depuis un bon moment... Et pourtant, j'en vois passer pas mal des articles franchement écœurants, mais celui-là, il est d'une violence inouïe :

http://sexes.blogs.liberation.fr/2008/0 ... n-finir-a/

Entre la violence du déni de l'asexualité, à la limite de la psychiatrisation (la comparaison avec l'anorexie étant le paroxysme de cette quasi-psychiatrisation), l'incitation au viol des conjoints asexuels, la comparaison plus que douteuse entre pratiques sexuelles et orientation sexuelle, l'énième accusation de communautarisme pour définir des gens qui cherchent juste à avoir la paix, la comparaison plus que douteuse entre absence de désir et incapacité sexuelle (les personnes ayant des problèmes d'érection ou de frigidité apprécieront sûrement...), le mépris face à la virginité ou au peu d'expérience sexuelle, je n'arrive pas à décider ce qui me débecte le plus...

Je ne suis a priori pas concernée, puisque pas asexuelle, et pourtant ça m'a profondément heurtée de lire cette horreur.
Du coup, je me disais que c'était l'occasion de parler d'asexualité, si ça tente certain.e.s
 
Cet article est vraiment puant (et vieux de 2008), comme un camembert en plein mois d'août !

Comment peut-on écrire des horreurs pareilles ?

Regardez la biographie de l'auteure de l'article, Agnès Giard, cela permet de comprendre son dédain des asexuel(le)s.
 
J'ai même pas envie de le lire, vos résumés m'ont suffit..
 
On est en plein ethnocentrisme sexuel. Sans parler de la médicalisation (pathologisation) de l'asexualité. Pour une anthropologue ça la fout mal. Lévi-Strauss doit faire des saltos dans sa tombe.
Si ça peut rassurer, à ma connaissance elle n'a aucune position rétribuée ni aucun enseignement à l'Université.
 
Non, juste une belle visibilité donnée par un des journaux les plus connus (et probablement les plus lus) de France, ce qui à mon sens est 100 fois pire que la possibilité d'enseigner à l'Université, le public touché étant là beaucoup plus vaste (et, théoriquement du moins, beaucoup moins informé et critique).
 
C'est un article de blog. De toute façon le lectorat de Libé est en chute libre. A Libé il y a la chronique régulière (sur papier) de Paul B. Preciado qui fait largement contrepoids :
http://www.liberation.fr/auteur/13780-paul-b-preciado
Le problème des titres universitaires est aussi qu'ils peuvent avoir un effet de crédibilité au-delà de l'université. Ce n'est pas le cas ici et tant mieux.
 
L'article fait un peu peur. Ça me fait penser à une infirmière qui m'a dit que les asexuel.lles avaient des problèmes hormonaux.
D'ailleurs cette semaine était la semaine de la visibilité asexuelle !
 
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=dau53Ocgx6w[/youtube]
 
Sympa cette vidéo
En voici une autre:
ça peut faire le sujet de l'asexualité ici ou faut-il en créer un autre ?

Une petite liste :
http://kelove.fr/blog/147-asexualite-sp ... lementaire
Graysexual/greysexual :
personne qui ressent du désir sexuel pour quelqu'un extrêmement rarement ou dans seulement certaine circonstance particulière et ponctuelle

♦ Demisexual :
personne qui ne ressent de l'attraction/désir sexuelle pour son/sa partenaire SEULEMENT après qu'un fort lien, généralement amoureux, et qu'un certain degrés de confiance, ont été construit

♦ Fraysexual :
Personne qui ressent de l'attirance sexuelle pour quelqu'un qu'elle vient de rencontrer, mais ce désir disparaît une fois qu'elle commence à connaître cette personne.

-> c'est le contraire de demisexual.

♦ Apothisexual :
Personne asexuelle qui est aussi repoussée/dégoûtée par le sexe

♦ Cupiosexual :
Personne qui veut/cherche à avoir des relations sexuelles, mais qui ne ressent aucun désir sexuel

♦ Lithosexual :
personne qui a du désir sexuel, mais qui ne souhaite pas que cela soit réciproque.

♦ Autochorissexual/Aegosexual :
Déconnexion entre soi-même et une cible "objet" de l'excitation sexuel. Peut impliquer des fantasmes sexuels, ou l'excitation en réponse à l'érotisme ou de la pornographie, mais dépourvu de tout désir d'être un participant dans les activités sexuelles qui s'y trouvent.

♦ Placiosexual :
Personne qui ressent l'envie de faire quelque chose de sexuel avec quelqu'un mais ne cherche pas la réciprocité. Ils aiment donner mais pas recevoir. Ils ne ressentent pas de désir sexuel. La base de ce spectre se trouve sur l'action (faire quelque chose) et non l'attraction (ressentir du désir sexuel)

♦ Abrosexual :
Quelqu'un qui a une orientation sexuele fluide et qui peut en changer régulièrement. Ou qui évolue entre différentes orientations.
 
Waoo... je suis asexuelle mais je n'ai jamais vraiment fait de recherches là-dessus, je n'avais jamais vu cet article.

J'ai relevé quelques perles :

C’est comme si vous proposiez à des cancéreux de se passer de thérapie et de porter un pin’s «J’ai une tumeur», pour positiver.»

= l'asexualité est une maladie et les personnes atteintes ne veulent pas se soigner.

Si un anorexique disait «je n’ai pas de problème avec la nourriture. C’est juste que je n’ai pas faim», devrions-nous le croire ?

= On ne doit pas croire les gens qui disent ne pas éprouver de désir sexuel (et au passage, on compare l'asexualité à une maladie mentale...) (et au passage bis, c'est aussi une justification du viol...)

En revanche, je trouve à vomir ceux qui se refusent à leur conjoint en brandissant la notion d’asexualité

= vive le viol conjugal

Il y a donc quelque chose d’obscène dans leurs revendications : un peu comme si des nuls formaient un groupe de nuls pour se retrouver entre nuls et communier dans l’auto-satisfaction… S’ils veulent passer à côté du plaisir, pourquoi pas. Mais qu’ils réclament le droit au respect, voilà qui est insupportable. Pourquoi devrions-nous respecter des cancres ?

= heu... là c'est tellement explicite que j'ai pas besoin d'expliquer à quel point nous sommes des abrutis qui ne méritent aucun respect.

Et oui, je confirme, les paragraphes d'au-dessus sont un parfait résumé du discours d'une grande majorité de la société quand j'ai le malheur de dire que je ne suis attirée ni par les filles ni par les garçons et que je n'ai jamais eu envie de coucher avec quelqu'un. Y'a encore du progrès à faire...
L'article a quand même oublié la première réponse de 90% des personnes a qui j'explique mon asexulité : "ha mais du coup si t'es attirée ni par les hommes ni par les femmes... c'est les animaux alors ? T'es zoophile haha". Y'a vraiment du progrès à faire ! :rolleyes:

Je vous rassure quand même, à part quand je suis forcée de "révéler" mon asexualité à des gens stupides, je vis très bien sans sexe. On ne peut pas manquer de quelque chose qu'on ne désire pas. Dans mon cas ça s'applique aussi aux relations amoureuses, ça ne m'intéresse absolument pas. Du coup je suis encore plus une tarée non ? :whistle:
 
Bah, non, si tu te sens bien comme ça, pourquoi pas ?
J'avoue que je ne comprend pas cette fixation sur la sexualité des autres (ou sur leur non-sexualité, d'ailleurs). C'est leur vie privée, quand même !
 
Heureusement je sais que je ne suis pas tarée, d'ailleurs je me considère comme une personne tout à fait normale. :p
Le problème c’est que chez certaines personnes plus influençables, de tels discours peuvent faire beaucoup de dégâts…

Et pour ta dernière phrase, malheureusement les gens font toujours une fixation dès que quelque chose sort de ce qu'ils considèrent comme "normal", que ça concerne la sexualité, la vie de famille, le mode de vie, l’alimentation... C'est comme ceux qui nous tannent à longueur de journée pour qu'on mange de la viande... chez certains, on dirait que c’est besoin viscéral de remettre en cause tout ce qui diffère de leur propre mode de vie. J’ai beau chercher à comprendre leur façon de penser pour pouvoir établir un dialogue… je n’ai toujours pas réussi !
 
L'un des problèmes c'est qu'en France notamment on manque de catégories pour s'autodéfinir et il n'y a que des catégories normatives et étroites pour décrire les orientations romantiques et la diversité des rapports à la sexualité.
 
l'article horrible":3hvmy7ff a dit:
Mais qu’ils réclament le droit au respect, voilà qui est insupportable. Pourquoi devrions-nous respecter des cancres ?
Quand je lis ça, je me dis qu'à part la divergence au sujet de l'asexualité, avec l'autrice de cet article on a vraiment pas la même conception de la notion de droit. Pour moi un droit c'est pas un pas un truc qui se « mérite » en étant « fort », c'est juste un truc de base pour tout le monde. C'est quand même pas si ouf de demander qu'on te laisse vivre ta vie comme tu l'entends, quoi. (Évidemment je partage pas sa conception que les asexuel-le-s sont « mauvais-es » en sexe, mais même si c'était le cas, je dirais : et alors ?)

Au départ quand tu comparais les réactions des gens au véganisme et à l'asexualité, je me disais « c'est pas pareil quand même, dans le véganisme y'a l'affirmation que c'est pas éthique de manger de la viande, donc d'un côté c'est logique que ça heurte les gens, alors que l'asexualité y'a pas ça ». Puis en y réfléchissant, je pense que même s'il y a cette différence, y'a quand même un truc en commun : on dé-naturalise le truc dominant. On dit qu'on peut vivre sans viande, qu'on peut être heureu-x-se sans désir ni pratique sexuelle (ou amoureuse), et du coup leur façon de vivre n'est plus la Seule Possible voulue par Dieu/la Nature/l'Évolution/etc.

Et on vit dans une culture qui s'appuie tellement sur cette naturalisation pour éviter de se remettre en question, et notamment justifier tout un tas de trucs dégueulasses (culture du viol, domination masculine, homophobie, etc.), que le simple fait de dire que tout le monde n'est pas pareil et que y'a pas un Ordre Naturel des Choses qui dicte nos comportements (en l'occurrence sexuels) à toustes, même sans aller vers une critique explicite de cet Ordre prétendument naturel, pour plein de gens c'est déjà une menace contre laquelle il faut réagir.

C'est trop dommage qu'autant de gens soient autant attaché-e-s à ce genre de mythes des choses qui ne pourraient être que d'une façon, au lieu de célébrer la diversité et la liberté, notamment celle de créer ensemble un monde meilleur.
 
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