Faut-il être un végane strict pour être antispéciste ?

végévore

Avale du tofu
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Bonjour,
Je viens de lire un article sur les cahiers antispécistes (voir http://www.cahiers-antispecistes.org/au ... la-purete/ ) qui pour résumer affirme qu'il n'est pas nécessaire d'être végane strict pour être moral. On pourrait donc faire de temps en temps des exceptions et consommer un peu de produits animaux. L'essentiel est que l'on augmente drastiquement la part de végétale dans son alimentation.
Il affirme d'ailleurs qu'il existe des situations où il est plus morale et écologique de consommé un peu de produits animaux.
Après avoir lu cet article, je suis un peu déstabilisé. Je me donne toute mon énergie pour éviter en toute situation de manger des aliments d'origine animal. Et maintenant on remet mon travail en cause. :><:
Je suis toujours encore convaincu que le fait de renoncer à 100% à un produit à des avantages. Cela permet par exemple de mieux remettre les autres en cause (voir la thèse d'Autodisciple https://www.youtube.com/watch?v=0HqaAyfEVaI ). Faire des écarts conduit aussi parfois nos proches à en abuser.
J'aimerais connaitre votre avis.
Faut-il adopter un mode de vie végane le plus strict que possible pour consommer de façon morale ?
Je reste convaincu qu'aucun aliment d'origine animal peut être produit de façon respectueuse. Mais pensez-vous que certains P.A sont plus éthique que les végétaux ?
Que pensez-vous du fait de manger de la viande ou des laitages pour faire plaisir à notre hôte/proches ?
Merci de vos réponses que je suis très curieux de lire :)
 
Vegevore
J'ai lu ton message, et une partie du Cahier Antispéciste que t'as cité. Il me parait que cette thèse est en réalité difficile à soutenir ou de rejeter de façon pure et dure, car il y aura tôt ou tard où végans seront confronté à une situation qui les contraint ou bien de refuser net ce qu'on leur offre en hospitalité (avec l'implication de mauvais comportement) ou bien d'accepter à manger (PA) mais de les laisser sur l'assiette ayant mangé les légumes. Le vrai problème est celui des sauces ou des graisses dans lesquelles on cuit. J'ai eu une situation où j'ai accepté des pommes de tarre sautés et puis notre hotesse a laissé tomber la phrase "je les ai cuit dans graisse d'oie, pour le goût.." et ça quand j'avais déjà avalé le premier pdt! J'ai renoncé aux autres me disant qu'un erreur d'ethique végan n'est pas commis si on était ignorant des faits au moment de commencer à manger. Bref, si on a de bonnes intentions, mais se trouve piégé par une situation, il ne faut pas se torturer: on se trouve humilié, mais pas hypocrite. On a refusé la viande/poisson/crustacé/produit laitier, mais mangé un légume "contaminé"..
Par contre, le truc végan qui me tracasse ce sont les chaussures. Je porte aussi souvent que possible des chaussures faux-cuir ou textile, mais parfois en hiver, mes pieds souffrent de la combinaison de chaud et froid qu'inflige ces chaussures, et je chausse des pantoufles ou bien des vieilles chaussures cuir qui ne sont pas encore en fin de vie.
Enfin, pour ta remarque "Pensez-vous que certains P.A. sont plus éthique que les végétaux?" je ne comprend pas, sauf il s'agit de végétaux qui sont venus de loin (facteur pollution et/ou éthique problematique d'exploitation d'agriculture en pays pauvre (par ex. haricots venus de Kenya ou papates douces d'Equateur).
En ce cas, peut-être un P.A. sera plus éthique en principe, mais reste hors de jeux du pdv vegan. On n'est pas dans un monde simple: toute cultivation d'aliment est compliquée!
 
Un antispeciste place-t il vraiment toutes les especes au même niveau d'égalité ? Je pose juste la question. Si la réponse est positive j'ajouterai quelque chose par la suite.
 
Je ne pense pas qu'il existe de véganes purs, ni d'antispécistes purs, car la vie n'est pas binaire, blanc ou noir.
La tendance à l'auto flagellation est mortifère pour l'individu : contribuer à rendre le monde meilleur par un comportement "le plus possible" antispéciste et/ou végane est un bel objectif, mais chacun n'est pas supposé sauver le monde à lui tout seul.
Devant chaque situation, je ne me positionne pas par rapport à un doggme (que devrait faire un bon végane, ou antispéciste pur et idéal dans cette situation ? ), mais bien par rapport au meilleur comportement à avoir pour minimiser un potentiel impact négatif sur mes congénères humains ou pas.
Et forcément on a à chaque fois un choix, un arbitrage, à rendre efficient dans l'instant, avec un temps de réflexion parfois très court, et un impact parfois très important.
Après coup je peux revenir en pensée sur ce choix, en faire l'évaluation, me dire que c'était le bon, ou me dire qu'il n'était pas le plus pertinent, et en tirer un enseignement pour une prochaine occasion. Mais en aucun cas cette réflexion n'aboutira à une auto dévaluation : si j'ai fait en conscience ce qui me paraissait juste sur l'instant, de la façon la plus bienveillante pour la planète, mes congénères et pour moi même (je fais bien partie de l'écologie générale et mes intérêts s'ils ne sont pas supérieurs à ceux des autres, n'en sont pas pour autant inférieurs...), et bien je n'ai aucune raison de me juger négativement.

En résumé, le mot "strict" derrière n'importe quel concept me fait fuir. Il est la meilleure porte d'entrée vers les intégrismes et les radicalités de tout poil.
Ma conviction est que pour vivre heureux et contribuer au bonheur des autres, humains ou pas, ils faut être bon et bienveillant avec les autres ET avec soi même.
S'aimer pour aimer les autres.
 
Pour moi, on peut se dire végane même si on consomme encore des produits animaux, même régulièrement. Exemple typique : l’ado qui n’a pas le choix pour son alimentation. Iel peut, cependant, faire gaffe à ses cosmétiques, ses vêtements, ses loisirs, etc.

À la conférence à laquelle on a assisté, Tobias Leenaert donnait l’exemple des biscuits de ta grand-mère que tu vois une fois par an. Faut-il les refuser, au risque de te fâcher avec elle, ou faut-il les accepter, sachant que c’est peut-être la dernière fois que tu la vois avant sa mort ? Autre exemple, toujours de Tobias Leenaert, (source) :
Être efficace, cela veut dire être bon pour réussir ce qu’on veut réussir. Pour cela, il faut de temps en temps être capable d’oublier ses principes. Par exemple, imaginons qu’un ami a décidé de vous préparer des lasagnes véganes, qu’il a cherché une recette végane, s’est rendu dans un magasin bio… Au moment où vous commencez à manger, vous découvrez qu’il a utilisé des pâtes avec des œufs. Je crois que l’efficacité conduit à les manger tout de même. Refuser de les manger pourrait bien vous éloigner de votre but, dans la mesure où votre ami pourrait être confirmé dans son idée que le véganisme est hors de portée, ce qui pourrait le dissuader de devenir végane. Il me semble qu’en mangeant les lasagnes, je demeurerais fidèle à mes valeurs, qui impliquent une réduction de la souffrance.
J’ajouterais que je sais que l’ami fera plus attention la prochaine fois. Bien sûr, si je vais chez quelqu’un qui sait que je suis végane n’a rien prévu de végétalien, je vais refuser la nourriture : si je ne le fais pas, iel recommencera la prochaine fois. (En plus, ça donnerait l’impression que mes convictions ne valent pas tripette.)

pomeline":21as5gz4 a dit:
Un antispeciste place-t il vraiment toutes les especes au même niveau d'égalité ? Je pose juste la question. Si la réponse est positive j'ajouterai quelque chose par la suite.
Pour moi (qui ne suis pas les antispécistes) elles ont la même égalité de valeur. Ce qui ne veut pas dire les considérer comme identiques. Chacune a ses particularités, dont il faut tenir compte.

H.
 
Si un antispeciste considère les espèces à niveau égal, alors manger de la viande animale pour un antispeciste pourrait être un act d'un niveau similaire à celui de manger de la viande humaine ? Bon, je ne confirme pas ça, je m'interroge seulement, je ne connais pas bien le sujet antispeciste.

Pour ma part, je suis vegetalienne pure : Les produits animaux me repoussent sans que je reflechisse, pas de cuir chez moi etc. La seule chose que je maintiens c'est vivire avec des animaux, en prendre soin et je n'y reviendrai pas. Du coup je me dis vegetalienne et non vegan ou anitspeciste, mais je me rends compte que je pourrais très bien me présenter comme vegan. enfin...
L'antispecisme est un sujet que je ne connais pas vraiment, mais je vais creuser.
 
Merci de vos réponse. J'ai ouvert ce sujet à là suite de certaines remarque des carnistes. En effet, quelqu'un m'avais une fois demandé pourquoi je ne fait jamais d'exceptions. Si je consomme de temps en temps des aliments qui ne correspondent pas vraiment à mes convictions (comme les produits non-bio contenant des pesticides par exemple), pourquoi je ne fait pas non plus exception avec les P.A ? Après tout ce serais plus simple pour la vie social.
J'ai répondu qu'être végane est relativement simple, même si cela peut demander un petit effort au début, tandis que manger à 100% bio me parait impossible. Puis je fait la comparaison avec le vote : tout comme le fait que je ne voterais JAMAIS de la vie pour le FN, je ne mangerais plus JAMAIS de la viande.
Et puis il y a aussi quelque chose de plus personnel. Les dernières fois où j'ai manger des P.A., j'ai remarquer que j'avais plus de mal à les digérer et que je sentait également un sentiment de culpabilité très désagréable (ce qui d'ailleurs vrai).
Qu'auriez vous répondu ? <br /:><:br /> — Le 04 Fév 2018, 17:30, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br />
pomeline":1o6zurp1 a dit:
Si un antispeciste considère les espèces à niveau égal, alors manger de la viande animale pour un antispeciste pourrait être un act d'un niveau similaire à celui de manger de la viande humaine ? Bon, je ne confirme pas ça, je m'interroge seulement, je ne connais pas bien le sujet antispeciste.
Bonne question. Le véganisme est en effet la seul réel mise en pratique de l'antispéciste. Si on considère l'humain et l'animal non-humain comme égaux, il serait illogique de consommer de la viande, des œufs ou encore de domestiquer un animal.
Après je pense qu'il y a une différence importante entre le cannibalisme et le carnisme. Le cannibalisme est un acte criminelle rarissime. Le carnisme est une idéologie que l'on nous impose depuis tout petit à travers l'éducation et la pression social. Il faut de la maturité et de la réflexion personnel pour être conscient que manger des animaux est immorale. Le carnisme est imposé par la société, on ne peut donc pas placer les mangeurs de viande dans la même catégorie que les cannibales.
 
végévore":28ggzmkt a dit:
Le cannibalisme est un acte criminelle rarissime.

Dans nos sociétés, oui. Dans d'autre, il est (était) tout simplement culturel de manger de la chair humaine. C'était un fait social construit au même titre que l'interdiction de manger des humains chez nous.
J'en avais parlé avec une amie, omni, une fois. Elle ne voyait aucun problème de principe à manger de la viande humaine (ou celle d'animaux domestiques que l'on ne mange pas par chez nous). La viande étant de la viande quelle que soit l'espèce, pour elle, il était cohérent de manger de la chair humaine, puisque l'on considère la chair des autres animaux comme comestible et que rien ne différencie la nôtre de la leur.
Est-ce que c'est une position antispéciste ? Tous les animaux sont sur un pied d'égalité du point de vue alimentaire, comme ça ! C'est l'inverse de ce qu'a dit Pomeline, mais les choses peuvent se voir de cette manière aussi.

Sinon, je pense qu'un antispéciste, considérant toutes les espèces comme égales, peut tout à fait penser que l'interdit entourant la consommation de chair humaine s'étend à la consommation de chair animale, qui revêt alors la même immoralité, le même tabou. Mais tout cela reste, pour moi, de l'ordre de la théorie.
 
végévore":2k4f2hpw a dit:
Je viens de lire un article sur les cahiers antispécistes (voir http://www.cahiers-antispecistes.org/au ... la-purete/ ) qui pour résumer affirme qu'il n'est pas nécessaire d'être végane strict pour être moral. On pourrait donc faire de temps en temps des exceptions et consommer un peu de produits animaux. L'essentiel est que l'on augmente drastiquement la part de végétale dans son alimentation.
Il affirme d'ailleurs qu'il existe des situations où il est plus morale et écologique de consommé un peu de produits animaux.

J'ai lu l'article que tu donnes en lien, en je n'en retiens pas du tout la même chose que toi. Le paragraphe qui me parle le plus est celui-ci :
L'article des cahiers antispécistes":2k4f2hpw a dit:
Un des éléments essentiels du mouvement de libération animale est qu'il ne s'agit pas d'une simple question de « morale personnelle », privée, mais d'une exigence politique, ne se rapportant pas seulement à soi-même, semblable à l'exigence qui anime les autres mouvements libérateurs du passé et du présent. Quand j'entends parler d' « aller plus loin » en simples termes de pureté personnelle (alimentaire, vestimentaire, etc.), j'ai le sentiment que même si dans l'absolu il vaut mieux effectivement éliminer jusqu'au dernier milligramme de produits animaux - qui sont presque toujours aujourd'hui les produits de la souffrance -, la volonté de consacrer à cela tant énergie, surtout dans une situation où les militants de la libération animale sont si rares et où chacun de nos voisins consomme des animaux par dizaines de kilos, revient à se replier sur la sphère privée et en quelque sorte à abandonner la lutte.
Ce que j'en retiens, c'est que le véganisme n'est pas une somme de règles personnelles qu'il faut obligatoirement suivre et s'imposer ; c'est aussi un mouvement qui vise à convaincre les autres, et alors il n'y a pas une règle unique à suivre pour y arriver.
Il y a plein de cas particuliers qui peuvent survenir dans la vie de tout un.e chacun.e qui font que dans certaines situations ne pas refuser un gâteau par exemple fera plus avancer le mouvement que de rester strict.
Autre exemple : si pour une personne il est très difficile sur le plan personnel d'avoir une alimentation végétalienne en toute circonstance, que ça conduit à un renfermement, à être de mauvaise humeur, etc ..., ça sera plus contre-productif vis-à-vis de l'entourage ("oh non c'est vraiment trop difficle d'être végane, regarde un tel/ une telle") qu'une personne n'ayant pas une alimentation totalement végétalienne, qui fait de son mieux, qui le vit bien, et qui arrive à convaincre plus facilement que c'est une voie à suivre.
 
végévore":82gfz0i6 a dit:
Si on considère l'humain et l'animal non-humain comme égaux, il serait illogique de consommer de la viande, des œufs ou encore de domestiquer un animal.

Si il est illogique de domestiquer un animal, alors il serait logique de rejeter le travail de la SPA ?
 
Pomeline, il y a une grosse différence entre ne pas être pour la domestication animale dans l'absolu. Et ce dire que vu qu'il y en a dans notre société actuelle, ben qu'il faut bien veiller sur les animaux abandonnés qui sont victimes de cette domestication.

C'est la même logique de ne pas acheter un animal dans une animalerie mais ne pas être contre d'un adopté un qui vient d'un refuge.

P.
 
Antispéciste, c'est considérer que toutes les espèces, tous les humains et non humains, doivent recevoir de notre part la même considération. Ce n'est pas se désintéresser de leur sort lorsqu'ils sont victimes de spécisme.

Être bénévole dans une SPA n'est ni spéciste, ni antispéciste :
- on peut très bien s'engager auprès de la SPA en étant végane force 10
- mais on peut très bien le faire pour aider les animaux (parce qu'on les "aime" et qu'ils sont trop mignons...), tout en considérant la primauté absolue de l'espèce humaine... et même en étant omnivore !
J'aime beaucoup les animaux... et d'ailleurs je vais en reprendre un morceau
:facepalm:


Mais là, au moindre visionnage d'une vidéo L214 va falloir gérer une grosse dissonance cognitive :><:
 
Le véganisme est la stratégie de boycott des produits de l'exploitation animale
=> dans le but de revendiquer l'abolition de l'exploitation animale
=> qui est une revendication qui découle de la réflexion antispéciste (Avec débat sur ce que l'on considère faire partie de "l'exploitation animale" ou pas. Cf les articles des CA sur Zoopolis. L'important est surtout de déterminer s'il y a un réel consentement des individus. Dans le monde actuel, ce consentement n'est à peu près jamais présent.)

Donc, sachant que l'objectif est l'abolition (de la viande, de l'exploitation animale)... et que le véganisme n'est que la stratégie de boycott pour y parvenir, il faut aussi prendre en compte que :
- Le boycott seul ne peut pas être suffisant pour obtenir l'abolition. On n'a jamais obtenu l'abolition de quoi que ce soit avec un simple mouvement de boycott. Il faut en passer par des lois, par des pressions sur les acteurs de la société, par des actions politiques, etc. Le boycott est l'un de ces moyens d'action, il est très utile dans beaucoup de situations, mais il n'est pas suffisant.
- Le boycott parfait n'existe pas. Il est impossible de boycotter toutes nos interactions avec les acteurs visés. Il est impossible de convaincre 100% de la population de participer au boycott. Et un boycott est d'autant plus difficile à maintenir et propager qu'il va requérir de "règles" à suivre. Par exemple, un boycott où l'on doit retenir 50 noms de marques à éviter aura beaucoup de mal à prendre (Ca n'est pas vraiment le cas du véganisme, mais quand, pour x raison, je vois circuler des organigrammes avec x noms de marques pour boycotter telle ou telle entreprise, je soupire... Idem avec les listes d'additifs.). Un boycott où les marques à éviter changent régulièrement, idem. Et un boycott où tu dois lire la liste des ingrédients de tout ce que tu manges, où tu dois demander la liste des ingrédients de tout ce que tu manges (même quand ça n'est pas toi qui prépares), où la liste d'ingrédients n'en finit par de s'allonger toutes les semaines (les additifs, les noix de coco, l'huile de palme, les truffes, etc.)... à toutes les chances de tomber rapidement dans une impasse.
Parce que plus le boycott demande d'énergie, puis il va devenir épuisant, mais il va réussir à convaincre de nouvelles personnes de s'y mettre et plus il va amener de personnes à l'abandonner... et abandonner toutes leurs convictions par la même occasion. (Je rappelle que rien que pour le végétarisme, la majorité des personnes qui essaient arrête en moins d'un an.)

Et tout ça, sans parler du fait que les contraintes ne peuvent pas être les mêmes pour tout le monde. La pression sociale n'est pas la même pour tout le monde. Les peurs santé ne sont pas les mêmes. L'accès aux alternatives n'est pas le même. Et ces contraintes vont aussi varier pour chacun selon les circonstances du moment.
(Par contre, la personne qui sort "J'aime les animaux. Mais je mange de la viande parce que j'aime ça, et je n'arrêterai jamais." ou "Tuer les animaux, c'est pas grave, si on les tue humainement.", soyons bien clairs, c'est un immense foutage de gueule.)

Donc le boycott, l'application stricte du véganisme, ne peut pas être l'alpha et l'oméga de la revendication d'abolition (=> Abolition de la viande, chasse, pêche. Mettre fin au massacre permanent des animaux. Interdire et faire disparaître les structures de mise à mort. Abolir l'exploitation animale.)

Si on arrive à affirmer son refus de participer au massacre, par la pratique, très bien.

Si ça devient une course à la pureté, si ça nous pompe plus d'énergie que ça n'apporte de bénéfices pour l'avancée vers l'abolition... si on est en train de se diriger lentement mais sûrement vers un "burnout du véganisme" qui va tout simplement nous amener à un moment donné à tout envoyer chier, parce qu'on aura atteint nos limites émotionnelles, parce qu'on aura épuisé toutes nos ressources personnelles sur des détails... jusqu'à nous amener à croire que, puisqu'on n'a pas réussi à atteindre/maintenir cette perfection morale individuelle (dans une société en évolution, mais qui s'y oppose encore très fort), alors c'est impossible et ça n'a aucune utilité (alors que l'intérêt, c'est justement de pousser la société à évoluer, pour que ça devienne une évidence pour l'ensemble de la collectivité, de sorte que ces contraintes n'existeront plus pour personne)... ben ça perd tout son intérêt.

Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas dire "Je ne mange de viande/produits animaux pour ne pas tuer d'animaux.", ni "Je ne mange pas de viande/produits animaux, parce que je revendique l'abolition.", au contraire. Ca veut juste dire qu'il vaut admettre la réalité de ces contraintes, et ne pas perdre toute son énergie sur la chasse au dernier gramme d'exploitation animale (sachant que plus les derniers détails deviennent minuscules, plus l'énergie dépensée s'accroît vite...). Alors que cette énergie pourrait être utilisée de manière bien plus efficace sur des tas d'autres leviers pour faire avancer le chemin vers l'abolition.

Maintenant, à mon humble avis, si on est convaincu/e par la nécessité morale de l'abolition, je pense que le minimum, pour un adulte, et qui est totalement tenable dans nos sociétés occidentales, c'est bien de refuser d'acheter ou manger de la chair animale, et de l'affirmer aussi souvent que possible, et de ne pas se faire écraser par les copains en laissant croire que "Oh oui, c'est pas si grave que ça, et puis c'est trop bon...". Le végétalisme n'est pas forcément simple, encore, à mettre en pratique partout. Mais l'ovo-lacto-végétarisme, ça va, on a passé le cap, quand même (pour une personne majeure qui n'est pas soumise à la pression autoritaire des adultes, donc)...


------

Aslanthe, la question spéciste/antispéciste ne se pose pas sur le fait de manger de la chair animale, humaine ou pas... L'objet "viande", "corps sans vie", et ce qu'on en fait, ne pose aucune question morale, puisque l'objet inanimé et n'a aucun intérêt personnel particulier.
La question éthique se pose sur le fait de tuer autrui pour satisfaire un plaisir qui n'est pas une nécessité de survie.
Donc on s'en fiche que quelqu'un ne voie aucune différence morale entre manger de la chair humaine et de la chair d'autres animaux, puisqu'il n'a pas de question morale ni sur l'un, ni sur l'autre.
La question est : Est-ce que cette personne ne trouverait aucun problème moral à tuer un humain en bonne santé, qui veut vivre, pour satisfaire les papilles gustatives d'un autre humain ? (Et a priori, pour mettre la comparaison sur un niveau d'égalité, il faudrait même qu'il s'agisse d'humains très jeunes, du genre 1/20 de leur espérance de vie naturelle, voire moins. Donc il s'agirait de tuer et manger des enfants humains âgés de 3 ou 4 ans : http://www.vegactu.com/wp-content/uploa ... age-01.jpg)
 
végévore":3969azzj a dit:
Le cannibalisme est un acte criminelle rarissime.
Le cannibalisme est autorisé et pratiqué (à une micro-échelle) au Japon. Quelqu'un avait cuisiné et servit ses testicules lors d'une dégustation pour pouvoir payer son opération de changement de sexe. D'ailleurs ce n'est pas interdit en France, mais les conditions d'hygiènes et de sécurité font que c'est quasiment impossible. Pour répondre à la question, nous sommes des animaux sociaux fonctionnant sur la discrimination. Ce n'est pas pour rien que l'on consomme et vivons essentiellement avec des animaux sociaux par exemple. Le simple fait de dire que tu ne discrimine pas telle population par rapport telle population sous-entend que tu perçois deux population différentes, car si tu ne les discriminaient pas tu ne ferais pas la différence. L'antispécisme tient d'avantage de l'idéologie : c'est penser qu'il y a une égalité entre les êtres par principe (comme d'autres idéologies pensent qu'il y a des inégalités par principe). Mais in fine, on n'a pas d'éléments permettant de confirmer ou d'infirmer ce principe. C'est de la pure construction mentale, donc quelque chose de profondément humain ;) .
 
Je t'avais pas donné des définitions "antispécisme", et de "idéologie" dans une discussion précédente qui contredisaient déjà ce que tu es en train de dire ?

L'antispécisme consiste fondamentalement à rejeter le critère fallacieux de l'espèce dans nos jugements de valeur. Ca ne consiste pas à mettre tous les individus sur le même pied d'égalité en terme de valeur, seulement en terme de considération des intérêts.
Puisque la sentience est équivalente à l'idée même d'avoir un intérêt (si on a pas d'expérience subjective on a pas d'intérêt, et inversement), et qu'on a des preuve indéniables concernant la sentience de nombre d'animaux, nous nous devons de prendre en compte leurs intérêts (nous devons les considérer).
Est-ce que cette explication un peu plus exacte que ce que tu dis correspond à du "par principe" selon toi ?
On peut aussi décider arbitrairement d'ignorer ou de minimiser les intérêts de certains groupes; on appelle ça le racisme, le sexisme, le spécisme, ...

La discrimination est à la base de tous raisonnements éthiques. Nous devons discriminer les individus en fonction du contexte. La question n'est donc pas celle de la discrimination en soi, mais plutôt de savoir selon quels critères, qu'on va juger pertinents et justes, on discriminera entre ces individus.
Comme l'a dit Personne juste avant :
<< Est-ce qu'on ne trouverait aucun problème moral à tuer un humain en bonne santé, qui veut vivre, pour satisfaire les papilles gustatives d'un autre humain ? >>
Si oui on en trouve effectivement un de problème, alors quel est le critère qui permet de discriminer entre n'importe quel individu humain et n'importe quel individu non-humain à qui l'on inflige ce traitement ?

Il faut comprendre le mot discrimination comme synonyme de "distinction". Bananefilante joue sur la polysémie du mot en parlant de discrimination dans un contexte neutre (voir des différences entre les individus) pour justifier la discrimination dans un contexte non neutre (traiter les gens avec une considération différente). Cf : " Le simple fait de dire que tu ne discrimine pas telle population par rapport telle population sous-entend que tu perçois deux population différentes, car si tu ne les discriminaient pas tu ne ferais pas la différence."
 
Merci encore une fois pour toutes vos réponses. Je connais beaucoup de végéta*iens qui acceptent de se faire servir un peu de viande dans leurs assiette et qui la donnent à leurs voisin de table. Je trouve cela assez ironique, puisqu'au final il n'y a pas vraiment de différence entre le fait que ce soit toi qui mange l'animal où quelqu'un d'autre. <br /:><:br /> — Le 10 Fév 2018, 12:35, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br />
Pers0nne":36320lf2 a dit:
Le végétalisme n'est pas forcément simple, encore, à mettre en pratique partout. Mais l'ovo-lacto-végétarisme, ça va, on a passé le cap, quand même (pour une personne majeure qui n'est pas soumise à la pression autoritaire des adultes, donc)...
Toutefois il existe même des adultes qui n'ont pas le moyen d'être végétarien à 100% : ce qui sont dans les hôpitaux, les maisons de retraites, les mendiants... La France n'est vraiment pas en avance lorsqu'il s'agit d'alimentation végétale !
Mais je suis d'accord que ce ne sont que des exceptions.
 
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