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  • Auteur de la discussion Anonymous
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"croire que c'est au niveau individuel que tout se joue " pour ce que j'en sais, c'est là le postulat de base du libéralisme (politique comme économique), y compris dans ses aspects "ultra".
 
C'est vrai que ça contraste, véganisme et patronne du medef. Surtout si elle se détache du très personnel « amour des zanimaux cromignons » et qu'elle s'intéresse aux aspects politiques et économiques du véganisme... Comment ça peut tenir la route dans la distance ?
A moins qu'elle sente que le vent tourne, que l'élevage, la pêche et la chasse bientôt n'existeront plus, et qu'il y a de la Sainte Crôassance à faire avec le véganisme.
 
Patronette":3pyitow2 a dit:
"croire que c'est au niveau individuel que tout se joue " pour ce que j'en sais, c'est là le postulat de base du libéralisme (politique comme économique), y compris dans ses aspects "ultra".
Oui je sais bien, c'est pour ça que j'ai écris que, la seule cohérence qu'on pourrait trouver entre la lutte pour les droits des anh et le libéralisme, ça serait de croire que cette lutte ne passerait que par le côté individuel, ce en quoi je ne crois pas, là non plus.
 
Je vous ai lu mais je ne comprends toujours pas en quoi il devrait y avoir une incohérence fondamentale, ou alors la seule que je trouve est que la promotion des droits des anh aboutirait à les faire sortir du marché, ce qui serait néfaste à l'économie de façon générale, mais là on est loin dans l'abstrait quand même.

Si le libéralisme économique est effectivement très ancré dans la notion de droits individuels et beaucoup moins dans celle de droits sociaux, ça reste assez hs par rapport aux droits des anh, car ce que l'on souhaite pour eux c'est bien qu'ils bénéficient de droits individuels, partant de là je ne comprends pas votre critique "c'est au niveau individuel que tout se joue". Ou alors vous faites référence uniquement aux moyens de créer la législation de protection qui devrait passer par des mouvements collectifs, et là le sens de votre message est encore plus confus pour moi.

Edit: En relisant vos msg encore une fois j'ai l'impression qu'on ne conçoit simplement pas du tout le libéralisme économique de la même façon (pourtant je ne suis pas spécialement de ce bord politique). On dirait que vous étendez cette idéologie économique au delà de ce cadre justement, comme si tout devait être libéralisé (du pénal à l'administratif en passant par les biens).
Or, il me semble que la protection des anh telle qu'on l'entend quand on parle de "végane" est essentiellement pénale (droit de ne pas être privé de sa vie et sa liberté arbitrairement en gros ).
Il ne me semble pas non plus que les libéraux veulent supprimer toutes les règles de droit, sachant que celles qui touchent essentiellement à l'éthique relèvent du droit pénal et des droits individuels.
Donc je ne vois pas en quoi vouloir une concurrence "libre et non faussée", des conditions de travail plus précaires et une imposition moindre ( ce qui correspond purement à la poursuite d'intérêts personnels en fait, je pense que les libéraux le sont plus souvent du fait de leur statut social que par réelle conviction morale ) serait incohérent avec le fait de penser que la séquestration, la reproduction contrôlée et la mise à mort sont contraires à l'éthique.
 
Chocogrenouille":24nowpe7 a dit:
Excalibur":24nowpe7 a dit:
Je ne comprends pas en quoi être libérale du point de vue économique empêcherait d'avoir des réflexions d'ordre éthique, notamment concernant le cas des anh d'élevage.
Sur le papier, en théorie, en effet rien n'empêche le libéralisme économique d'être éthique ; en pratique, bon voilà, pas la peine de faire un dessin, je ne vois pas comment une doctrine économique aussi nuisible pour les sociétés humaines et pour les animaux non-humains pourrait être tout d'un coup bénéfique pour les mêmes humains et non-humains, sans une profonde remise en question (qui n'est pas le point fort de cette doctrine, justement, hors des clous point de salut !).
Le libéralisme économique n'est pas incompatible avec le véganisme, ni même avec la libération animale, parce que le véganisme (en tant que revendication d'abolition de l'exploitation) se borne à dire : "Arrêtons de torturer et tuer les animaux". Ca n'implique pas d'obtenir des droits équivalents pour eux, de leur offrir des avantages proportionnels au travail qu'ils fournissent à la société, de leur apporter un soutien quand ils sont dans la merde, etc.
Bref, ça ne va pas aussi loin que l'antispécisme qui réfléchit au-delà de l'exploitation animale et qui pense aussi aux animaux sauvages. Le véganisme n'implique pas Zoopolis non plus, d'ailleurs. L'essentiel, c'est quand même "arrêtons de les massacrer à la chaîne".

Donc il n'y a pas besoin de déconstruire le libéralisme pour revendiquer "l'abolition de l'exploitation animale" (à 99% de ce que ça implique en tout cas). Il suffit de déclarer des droits de base -le droit de vivre, de ne pas être frappé, de ne pas être mutilé-, et tant qu'on ne transgresse pas ces droits toutes les libertés économiques restent possibles. Là, on parle juste de la liberté de ne pas se faire tuer pour que quelqu'un d'autre puisse vendre notre corps.

De la même manière, le libéralisme fonctionne très bien sans remettre en cause les Droits de L'Homme, sur le plan théorique en tout cas. Le libéralisme exploite les humains, amplifie les inégalités économiques, sans avoir besoin de déclarer que le racisme et le sexisme sont acceptables, et surtout -pour rester sur le même niveau de comparaison- sans avoir besoin de déclarer qu'on a le droit de tuer certains humains si on peut gagner de l'argent en vendant leur corps.
(Alors que les hommes blancs pourraient se faire vachement plus de pognon via le libéralisme, beaucoup plus rapidement et facilement, sans la moindre barrière, si les Droits de l'Homme n'étaient plus inscrits nulle part. Les inégalités économiques dues au libéralisme se coulent plus facilement dans les inégalités sociales qui subsistent, dans les différents systèmes d'oppression qui s'invisibilisent plus ou moins bien, mais ça serait beaucoup plus intense si ces inégalités racistes/sexistes/etc. n'étaient pas officiellement condamnées.)

Bref, le libéralisme économique reste possible même en souhaitant l'abolition de la viande. Et l'abolition de la viande reste possible sans condamner le libéralisme économique (ça implique juste de mettre une barrière sur le droit de vivre des animaux). C'est au-delà de l'abolition que les droits des animaux n'avanceront plus, à cause du libéralisme.
 
Ma vision un peu simplette de la chose, c'est que le libéralisme économique se soucie peu des petites gens, des travailleurs, des « faibles » et sans défenses (des pauvres). L'analogie avec les animaux, qu'on a toujours exploités pour notre confort, est facile à faire : pourquoi se priver de continuer à les exploiter à fond, ça rapporte et c'est confortable, on ne va quand même pas commencer à éprouver de l'empathie, chacun pour soi après tout, les animaux ils n'avaient qu'à naître riches eux aussi.

Est-ce que la théorie du ruissellement est valable pour les animaux aussi, en fin de compte ?

edit : voir à ce propos le post de Skud : le-veganisme-sur-youtube-t20470-210.html#p588553
 
J'ai aussi beaucoup de mal à concevoir le véganisme au sein d'un libéralisme économique, justement parce que ce dernier "fonctionne" (pour celleux qui en profitent) "grâce" à l'exploitation des autres... Sauf si comme l'a mentionné Jocelyne Parcher dernièrement sur Europe 1, je cite "les véganes sont le lobby de la viande in virto" et que donc le véganisme travail de mèche avec les gros industriels de demain.

Ok, je sors.

P.
 
J'ai reçu hier le numéro de Mars de Philosophie magazine. Surprise... la couverture et le dossier principal: "L’éthique est dans le steak" Le sommaire et quelques articles ici.
Plus un cahier central de 15 pages sur le texte de Plutarque "S'il est loisible de manger de la chair"

De jour en jour, la question de l'éthique animale devient de plus en plus prégnante !

Florence Burgat philosophe et directrice de recherche à l'INRA a participé à ce numéro. J'ai eu l'occasion d'assister à une table ronde où elle était invitée et à la suite j'ai lu son livre L'humanité carnivore et . Sa pensée est sophistiquée mais toujours claire, et ses fonction à l'INRA* la mettent dans la place pour lutter de l'intérieur de l'institution... stratégique Florence ! :cool:

PS : pour confirmer encore la tendance média, et pour ceux qui l'ont raté, voici un lien vers l’émission Vegan : peut-on vivre sans exploitation animale diffusée sur LCP* à une heure de grande écoute.
En tant que "spécialistes concernés" vous n'y apprendrez peut-rien de nouveau, mais il est très intéressant de voir le traitement plutôt positif du véganisme que la chaine de notre Assemblée Nationale envoie vers le grand public.

*Pour les Francophones non Français ;) :
INRA = Institut National de la Recherche Agronomique
LCP = La Chaine Parlementaire

— Le 14 Fév 2018, 13:53, fusion automatique du message précédent —

HaricotPrincesse":3rphxvin a dit:
Jocelyne Parcher dernièrement sur Europe 1, je cite "les véganes sont le lobby de la viande in virto" et que donc le véganisme travail de mèche avec les gros industriels de demain.
Madame Porcher est une ancienne éleveuse, et sa spécialité en tant que directerice de recherche à l'INRA est la relation éleveurs/animaux. En résumé elle défend un élevage "à l'ancienne", "respectueux des animaux", totalement indispensable à l'homme et à la planète...
...et pourquoi pas indispensable aussi à l'univers interstellaire et même à Dieu ? :pouces:
 
Merci theleme ! je vais peut-être me procurer ce numéro pour le lire
(mais pourquoi diable continue-t-on à faire parler Jocelyne Porcher ? il y a tellement de gens qui ont des choses intéressantes à dire...)
 
Le lancement de la Beer March pour contrer le Milkpinkchallenge lancé par les agriculteur pour promouvoir le lait.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=4hp60GMRYRg[/youtube]

Adaptable en sans alcool aussi.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=eIPtKzBQg98[/youtube]
 
Source : un papier de France Info daté d'hier

Le Parlement européen veut interdire les tests cosmétiques sur les animaux à l'échelle mondiale

Alors que 80% des pays testent encore les produits cosmétiques sur les animaux, le Parlement européen a entrepris les démarches pour pouvoir étendre une de ses lois sur l'éthique animale à une échelle mondiale.

En 2004, le nombre d'animaux tués au sein de l'Union européenne dans le cadre de tests de produits cosmétiques était estimé à 38 000. Ce type d'expérimentation a toujours été extrêmement controversé, raison pour laquelle une loi a été votée cette année-là pour les interdire totalement à partir de 2013. Mais la loi n'est pas sans faille : elle ne peut garantir que les produits vendus en Europe n'aient pas été testés sur des animaux en dehors de l'UE, et donc en toute légalité. Or 80% des pays du monde testent encore les produits cosmétiques sur les animaux.

Pour cette raison, le Parlement européen a entamé des démarches pour pouvoir étendre cette interdiction à l'échelle internationale. Pour cela, il faudra faire appel aux voies diplomatiques pour former un groupe aux Nations Unies qui pourra défendre cette idée.

Le Parlement vient tout juste de voter cette décision. Le but : une interdiction mondiale des tests cosmétiques sur les animaux d'ici 2023. Selon le Parlement, 90% des citoyens européens veulent qu'une éthique animale stricte soit appliquée partout dans le monde.
 
Hélas, ce n’est qu’une résolution, une sorte d’avis non contraignant.

Le Parlement peut dire ce qu’il veut, si la Commission ou le Conseil ne veulent pas, ça ne servira à rien. L’Union européenne est loin d’être une démocratie, même représentative (et, l’UE, c’est le bordel) :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=m3YR1ddlkfs[/youtube]

(Si vous ne voulez pas voir les 22 minutes de la vidéo, voici un article où on voit bien que le processus législatif est cadenassé par la Commission.)

H.
 
HaricotPrincesse":25rflxic a dit:
Hélas, ce n’est qu’une résolution, une sorte d’avis non contraignant.
C'est vrai, mais c'est une prise en compte et une mise en avant du problème. Déjà mieux que de le mettre sous le tapis !
Ensuite ce sera comme pour le glyphosate et autres OGM, les lobbies vont influencer, les activistes vont s'activer, les parlementaires vont parler, beaucoup, longtemps,... mais le processus est enclenché.

- Je découvre aussi sous ce lien un article "Demain, tous véganes ? " publié ce matin dans Les échos
Là encore, qu'un journal économique, on ne peut plus "sérieux", pas vraiment connu pour être distribué gratuitement dans les ZAD, publie de tels articles, équilibrés, et même plutôt favorable au véganisme, me met en joie pour la journée !
:)
 
Bon, je n'ai pas trop bien trouvé où poster ça (le comble pour un modo :oops: ), alors comme y'a la grève Fonction Publique + cheminot.e.s jeudi, puis la grève perlée jusqu'à fin juin à la SNCF, on va dire que c'est d'actualité : une BD d'Emma sur les "privilèges" des cheminot.e.s (j'imagine que ça serait pareil avec les "privilèges" des fonctionnaires).
 
2 jours de grève, 3 jours normaux, 2 jours de grève, 3 jours normaux.... durant les mois d'avril, mai et juin.
 
Je mets les articles constituant le dossier de Libération sur le véganisme en date d'hier (mentionné par Haricot) ici ; je mets les liens vers les articles mais aussi les textes in extenso vu qu'on a en théorie droit qu'à 4 articles gratuits par mois (visiblement le fait d'en avoir ouvert 5 en même temps ne m'en a compté qu'un :D ) :

- l'éditorial de Laurent Joffrin (c'est du Laurent Joffrin, faudrait pas sortir du mainstream) :
Éditorial
Talon d’Achille
Par Laurent Joffrin — 19 mars 2018 à 20:56

L’argument végan est d’une logique difficile à réfuter. Comme le dit le philosophe canadien Martin Gibert, «s’il est possible de vivre sans infliger de souffrances non nécessaires aux animaux, alors nous devrions le faire». Quiconque a vu, ne serait-ce que sur une vidéo, ce qui se passe dans un abattoir ou dans un élevage intensif de poulets, peut difficilement récuser le syllogisme. Il est désormais entendu, dans la loi française, que les animaux ont des droits, non pas ceux des humains, mais ceux de créatures sensibles et donc souffrantes. Il est probable que la lutte contre la souffrance animale deviendra, à une échéance rapprochée, une cause consensuelle. Reste la question du rythme et des moyens. Les auteurs de la tribune antivégans publiée lundi dans Libération avancent des arguments qui ne manquent pas d’un certain bon sens. Les animaux domestiques vivent avec l’homme depuis 12 000 ans : il n’est pas certain qu’ils en souffrent. Pas toujours en tout cas. L’abolition progressive de l’élevage pose des problèmes économiques majeurs et modifiera à coup sûr le paysage rural, pas forcément dans le bon sens. Le remplacement des aliments actuels par des synthèses artificielles restituant le goût des produits est tout aussi sujet à caution que les procédés actuels d’industrialisation de la nourriture. Enfin et surtout, on ne change pas des habitudes alimentaires ancrées dans le patrimoine de l’humanité depuis des millénaires en quelques années. C’est le talon d’Achille du véganisme. Sa radicalité l’expose au rejet, parfois au ridicule. Difficile de se découvrir une culpabilité d’assassin pour la simple raison qu’on porte un blouson de cuir… Mais le sens du mouvement n’est pas douteux : la civilisation, qui consiste pour une bonne part à limiter l’usage de la violence, gagnera à la limiter aussi envers les espèces qui partagent la planète avec l’humanité.
Laurent Joffrin

- une analyse de Pierre Carey "Les végans sur le gril" qui revient sur "sur les arguments du mouvement et de ses opposants" après la tribune de dimanche et les réactions qui ont suivi (mais ça reste biaisée comme analyse, selon moi) :
Analyse
Les végans sur le gril
Par Pierre Carrey — 19 mars 2018 à 20:56

Après la publication, lundi dans nos colonnes, d’une tribune dénonçant le «monde terrifiant» promis par le véganisme, et le flot de réactions qu’elle a suscité, retour sur les arguments du mouvement et de ses opposants.

Les végans sur le gril

Chaud patate ! Et voilà que revient, brûlante, la question végane, de fait authentique enjeu de civilisation, bien plus qu’un simple débat autour de la nourriture, bien au-delà d’une communauté militante et minoritaire. Dimanche et lundi, le site internet de Libération a failli exploser après la publication d’une tribune de deux pages intitulée «Pourquoi les végans ont tout faux» (lire notre édition de lundi), qui s’insurge contre «le succès de la propagande végane, version politique et extrémiste de l’abolitionnisme de l’élevage et de la viande».

Le texte cosigné par le politologue Paul Ariès, la sociologue Jocelyne Porcher et le journaliste et conférencier Frédéric Denhez, entendait répondre «non pas à tous les végans mais aux plus prosélytes», comme l’explique le troisième cosignataire après coup : «Je ne suis pas hostile aux végans dans leur ensemble, mais j’ai l’impression de revenir avec ce sujet aux débats staliniens de l’époque de mon grand-père.» Dans ce climat plus politique et passionné qu’il n’y paraît, l’une des auteurs du texte, Jocelyne Porcher, estime être «une cible des végans, et pas seulement des théoriciens du mouvement». Cette chercheuse à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) est une ancienne éleveuse qui s’en prend aussi bien aux dérives industrielles dans le secteur qu’aux militants radicaux de la cause animale. Ses apparitions publiques lui valent des pluies «d’insultes» comme le 4 mars, lors d’une conférence sur le lait au cinéma Utopia à Toulouse. Ou des«échanges musclés», comme celui auquel elle a été mêlée le 1er février sur Europe 1. Suite à ce passage à la radio, Paul Ariès, auteur en 2000 de Libération animale ou nouveaux terroristes ? (éd. Golias), propose à ses cosignataires d’écrire une tribune. Le résultat ressemble parfois davantage à un pamphlet qu’à un démontage scientifique d’une «propagande». Dépourvu de chiffres, il dénonce des revendications que ne porte pas toujours la majorité des végans. Mais il a le vif mérite d’alimenter un débat passionnant qui enfle depuis environ trois ans en France - en témoignent les pages «Idées» de ce journal, où s’expriment fréquemment les points de vue provégans -, en particulier sur les champs croisés de la santé, de l’écologie et de la question philosophique de la place de l’homme dans la nature, dont le bien-être animal n’est que le pendant.

La loi du nombre
Les réactions à cette tribune attestent que le véganisme ne concerne pas que les végans. Cette philosophie radicale, qui refuse le recours aux produits animaux (viande, poisson, œuf, lait, miel, laine, cuir, etc.), compte peu d’adeptes en France, mais de nombreux sympathisants. Combien sont-ils ? On estime la part des végétariens entre 3 et 5 % de la population. Parmi eux, les végans sont minoritaires. Mais il y aurait au moins un «flexitarien» dans 34 % des foyers français (étude Kantas World Panel datant de 2017).

Le «flexi», notion floue, peut se définir par le fait de diminuer les matières carnées dans son alimentation, sans se l’interdire. Ce tiers de la population se montre manifestement sensible à un ou plusieurs des combats portés par les végans : lutte contre la souffrance dans les abattoirs ou plus généralement contre l’exploitation animale (le spécisme), limitation des gaz à effet de serre produits par le bétail… A moins que ce ne soit, aussi, une préoccupation de santé, une envie de manger autre chose, voire un phénomène de mode ? Depuis 2015, les assos véganes cartonnent et l’industrie se met à vendre des plats spécialisés. Le phénomène nourrit la presse, la couverture des magazines amplifie le phénomène en retour… Si on peut avoir l’impression de voir du végan partout à l’affiche, les puristes demeurent «peu nombreux», comme le pointe la tribune publiée lundi.

Les effets sur la santé
«Ce régime ultra-sans détruit irrémédiablement la santé, à commencer par celle de l’esprit», affirment les trois cosignataires, citant, sans en dire plus, «de nombreux témoignages d’ex-végans». Cet argument subjectif et qui ne repose sur aucun fondement scientifique vise à retourner le discours habituel des végans. Ceux-ci épinglent la toxicité de la viande (plusieurs études sérieuses suggèrent d’éviter le porc ou la surconsommation de viande ou encore la cuisson au gril) et ils affirment que les végans ou les végétariens ont une espérance de vie supérieure aux carnivores.

Sur ce point, les auteurs de la tribune ont raison de pointer une affirmation «biaisée», puisque les végans ont d’autres motifs de vivre plus vieux que le simple rejet de produits animaux : ils «consomment aussi très peu de produits transformés, peu de sucres, ils font du sport, boivent peu, ils ont une bonne assurance sociale, etc».

Les vertus écolos
Vaut-il mieux une agriculture avec ou sans purin de vache (et crottin de cheval) ? «Le fumier, l’une des meilleures idées que l’homme n’ait jamais eue» et qui permettrait à la planète de se nourrir, tranchent les rédacteurs de la tribune. Occultant le fait que ce fumier sert à produire des végétaux dont la majeure partie est destinée non pas à l’homme, mais au bétail qui fournira de la viande ou du lait. Les végans tentent donc de développer depuis le milieu des années 90 un «stock free farming», une agriculture sans bétail où les objectifs de rendement sont revus à la baisse, voire ignorés. Des purins végétaux sont développés (ortie, consoude, algues) mais rien ne dit qu’ils sont autant efficaces que ceux provenant des animaux. L’absence d’études fiables laisse ouvert un large pan du débat sur le véganisme.

L’engagement politique
Angle d’attaque peu banal de la part des anti-anti-spécistes : «Les théoriciens et militants végans ne sont pas des révolutionnaires, ils sont, au contraire, clairement les idiots utiles du capitalisme», assène la tribune publiée par Libé. Au regard de l’histoire, c’est discutable : l’industrie de la viande et du lait décolle au XIXe siècle en même temps que le capitalisme, et reprend ses codes de rentabilité à tout prix. Certes, les trois pourfendeurs du véganisme se prononcent contre l’agriculture industrielle. Mais certains végans trouvent cette position insuffisante, puisqu’une ferme, même à taille «humaine», reprend les principes du capitalisme : aliénation et pillage des ressources de la nature. Malgré tout, les «no-steak» sont souvent contraints de s’alimenter auprès de magasins du grand capital. Voire de grandes marques qui leur font du tofu aux petits oignons.

Pierre Carrey

- un billet de Florent Bardou "Pourquoi nous avons besoin du véganisme", qui équilibre un peu le précédent :
Billet
Pourquoi nous avons besoin du véganisme
Par Florian Bardou — 20 mars 2018 à 12:04

La tribune contre le véganisme publiée lundi dans nos colonnes manque d'arguments solides. Surtout, elle passe à côté d'un mouvement social et progressiste, qui refuse la suprématie de l'homme sur les animaux.


On apprend au détour d’un texte publié lundi dans les colonnes de Libération que «les végans» se tromperaient (et tromperaient) sur toute la ligne, qu’ils seraient les «idiots utiles du capitalisme» voire, pire, de dangereux extrémistes sentimentaux – donc irrationnels – flirtant avec le «transhumanisme». Outre des arguments fort discutables et des concepts mis bout à bout dans la plus grande des confusions, ce réquisitoire caricatural refuse de voir dans le véganisme (et le végétarisme) une force émancipatrice, progressiste et éclairée. C’est passer totalement à côté de ce qu’est ce mouvement social, ses origines anarcho-libertaires, ses principes moraux égalitaristes. Mais aussi ses manifestations concrètes, son inépuisable ressource critique et sa salutaire radicalité pour repenser notre rapport aux espèces animales, de tout temps assujetties (élevage, cirque, zoo, tests cosmétiques…) et prédatées (chasse, pêche, trafic d’espèces…) avec plus ou moins d’intensité.

En tant qu’éthique, le véganisme (ou l’antispécisme) est en effet un refus de la suprématie d’une espèce – en l’occurrence la nôtre – sur les autres espèces animales. De ce postulat longtemps inattaquable, découlait un droit immuable de vie ou de mort sur des êtres inférieurs pour satisfaire des appétits de toute puissance. Cependant, force est de constater qu’au regard des connaissances scientifiques en biologie ou éthologie, acquises au concept de «sentience animale» (le ressenti que les animaux ont de leurs propres émotions et de leurs souffrances documentées chez les vertébrés comme certains invertébrés), nos traditions d’exploitation animale aujourd’hui industrialisées jusqu’à la moelle doivent pouvoir être remises en cause. Ce que les végans font avec toute la vivacité militante qui agace certains, leurs débats foisonnants et parfois irrésolus et imparfaits, leur audace intellectuelle à l’encontre de ce qui est présenté comme le propre de l’homme, à savoir manger de la viande.

«Nos comportements actuels vis-à-vis de ces êtres sont fondés sur une longue histoire de préjugés et de discriminations arbitraires, écrivait dans son best-seller Animal Liberation (1) le philosophe australien Peter Singer. Je soutiens qu’il ne peut y avoir aucune raison – hormis le désir égoïste de préserver les privilèges du groupe exploiteur – de refuser d’étendre le principe d’égalité de considération aux membres des autres espèces.» Plus de quarante ans après la publication de ces lignes, et deux millénaires après les écrits végétariens de Plutarque, non, le refus de l’exploitation animale n’est pas un combat d’arrière-garde mais bien une fabuleuse aventure théorique, politique, écologique – doit-on rappeler que 14% des émissions de gaz à effet de serre mondiales proviennent du seul élevage du bétail pour la viande (2) ? – et humaine. Un chemin au bord de la ravine, tortueux, mais ô combien bénéfique pour tous les animaux, y compris l’Homo sapiens.

(1) La Libération animale, Peter Singer, préface de 1975.
(2) Rapport 2013 de la FAO.
Florian Bardou

- une "analyse" de Philippe Brichen "La barbaque garde la gnaque" (j'imagine qu'il fallait "équilibrer" à nouveau ce dossier :rolleyes:n hein, faudrait pas se faire taxer de "pro-véganes" à Libé :facepalm:, même quand la tribune initiale a plus du pamphlet non argumenté que d'autre chose) (attention phrases crues et très carnistes) :
Analyse
La barbaque garde la gnaque
Par Philippe Brochen — 19 mars 2018 à 20:56

Avec 90 kilos de viande ingérés en moyenne par chacun sur une année, l’alimentation carnée continue de régner sur l’assiette des Français.


«Avant de refaire le monde, on va déjà refaire des merguez.» Si une révolution antibarbaque est, dit-on, en marche, de braves et nobles défenseurs cocoricos de la chair animale, tel ci-devant le penseur-acteur Daniel Prévost, ne lâchent pas l’affaire carnée. Quitte à s’incarner en barbares consommateurs d’une alimentation intransigeante vis-à-vis de l’espèce animale, cautionnant une morale et des pratiques iniques.

Ce faisant, l’élevage français leur en sait gré, qui, en 2012 - ce sont les dernières données disponibles - comptait 210 376 exploitations consacrées à cette activité, représentant 304 670 emplois à temps plein. Partant, les industries agroalimentaires de transformation, de conservation et de préparations de viande pesaient 34 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans l’économie tricolore, alors que la France exportait la même année pour 3,5 milliards d’euros de viandes et d’abats. De son côté, en 2012, chaque «patriote» soutenant la première agriculture européenne a mangé en moyenne 90 kilos de viande terrestre : 32 kilos de porc, 26 kilos de volaille, 25 kilos de bœuf, 4 kilos de lapin et d’équidé, et enfin 3 kilos de mouton et de chèvre. Soit 240 grammes chaque jour. Preuve que l’omnivore français reste très majoritairement carnivore.

Côté restauration, la patrie de Rabelais et Gargantua compte 170 000 établissements, du vendeur de kebabs à l’auberge gastronomique triplement étoilée. «Dont 100 000 en traditionnel», indique l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), syndicat de la profession. Impossible toutefois de connaître auprès de la première organisation professionnelle la proportion des cafés, hôtels et restaurants le nombre de lieux ayant rayé de leur carte les viandes et autres produits issus de l’élevage animal.

Les rayons des librairies illustrent aussi cette appétence populaire pour la viande avec des ouvrages de saison. La Cuisine d’Auguste Escoffier, soit «600 recettes du père de la gastronomie française revisitées par deux grands chefs» - Christian Constant et Yves Camdeborde - remet en lumière des préparations à base de viandes : rognons de bœuf, tournedos chasseur, turbotin bonne-femme… L’inspiré Grillé de Hugo Desnoyer, visite pour sa part la viande sous toutes ses déclinaisons via 60 recettes de viandes grillées, rôties, mijotées et braisées. De même, le chef Alain Passard, «rôtisseur trois étoiles» qui a décidé de rompre avec la viande au tournant du millénaire pour célébrer la betterave, le céleri et le navet en noces légumières, a récemment réinvité la bidoche à sa carte.

Les émissions télé consacrées à la bouffe ne sont pas en reste, qui proposent aux candidats de retirer devant les caméras la carapace et les pinces des langoustines vivantes avant de les baigner dans de l’eau bouillante ; ou encore d’ouvrir des anguilles ou d’éviscérer des pigeons (morts ceux-là).

Dernière illustration, on ne peut plus incarnée de la hype carnivore : la montée en vente, pour les plus snobs ou fortunés qui veulent afficher leur amour de la protéine animale au sommet de l’hyperluxe, de viandes de races rares. Ainsi, une entrecôte de bœuf de Kobé peut être découpée dans un kilo valant 1 000 euros avant d’être dégustée au restaurant. Ainsi, aussi, la floraison de restaurants texans dans la capitale, avec force barbaque cuite au fumoir sous toutes les coutures. Fréquentées par des hipsters (casquette, tatouages et chemise à carreaux), ces «smokehouse», proposent poitrine de bœuf (briskets), travers de porc (ribs) et burgers ricains de tradition. Reste à y inviter Daniel Prévost pour célébrer l’internationale du barbecue.

Philippe Brochen

- et un article de Sarah Finger intitulé "Le végétarisme pour les nuls" sur les différents types d'alimentation et de militantismes en lien avec le végétarisme ; le ton est consensuel (hein, on est sur Libé, n'oubliez pas), ça parle de flexitariens :rolleyes: et de pescétariens :mur: et d'associations "radicales" (bouh pas bien :facepalm: ) :
Familles
Le végétarisme pour les nuls
Par Sarah Finger — 19 mars 2018 à 20:56

Passage en revue des différentes familles et des modes d’action de ceux qui ont fait le choix de ne pas consommer d’animaux.


Quel point commun relie Léonard de Vinci, Gandhi, Paul McCartney, Claude Lévi-Strauss et Matthieu Ricard ? Tous des végétariens. Certains, comme Pythagore, avaient renoncé à la chair animale dès l’Antiquité. Mais il faudra attendre le XIXe siècle pour que ce mouvement s’organise : la Vegetarian Society est créée en Angleterre en 1847 ; la Vegan Society apparaîtra un siècle plus tard. Un autre tournant majeur s’effectue en 1975, tandis que le philosophe australien Peter Singer publie la Libération animale. Devenu une bible pour les militants, ce livre pose les bases d’un mouvement moderne de défense animale et développe les concepts d’égalité morale et d’antispécisme. En résumé, l’homme doit cesser de se comporter en espèce dominante dans le but d’exploiter les autres espèces, à savoir les animaux. Dans les faits, renoncer à consommer des êtres vivants mène à quatre familles et divers modes de militantisme.

Des tribus

Les végétariens.
Ils ne mangent pas d’animaux. Pas de viande, donc (les pescetariens s’autorisent du poisson). Le végétarisme est le tronc commun à tous ceux qui ne consomment pas d’animaux : tous les végans sont végétariens, mais tous les végétariens ne sont pas végans.

Les flexitariens.
Très à la mode depuis peu, cette expression désigne ceux qui ne mangent généralement ni viande ni poisson mais qui, par confort ou convenance, peuvent faire des entorses à ce régime (par exemple lorsqu’ils sont invités chez leur belle-mère qui a préparé un ragoût de mouton spécialement pour eux).

Les végétaliens.
Eux ont également exclu de leur alimentation œufs, lait, beurre et fromage, car ils considèrent que ces produits sont, eux aussi, issus de l’exploitation animale. Concernant les œufs, les conditions de vie des poules élevées en cage ne sont certes plus un secret pour personne. Mais pourquoi renoncer au lait ? C’est simple : pour les amener à produire toujours plus, les vaches laitières sont inséminées chaque année. Leur veau leur est enlevé dès sa naissance. Et à terme, tous finissent à l’abattoir.

Les végans.
Bêtes noires des éleveurs comme des amateurs de viande, les végans (contraction du mot anglais vegetarian) ne consomment aucun aliment d’origine animale. Ils refusent également tout produit contenant des additifs dérivés de produits animaux. Mais leur engagement dépasse le champ de l’assiette : ils n’achètent ni cuir, ni laine, ni soie, ni duvet (tous, disent-ils, issus d’une exploitation animale), et choisissent des produits cosmétiques ou ménagers non testés sur des animaux. Ils ne fréquentent ni les cirques, ni les zoos, ni les animaleries, dont ils dénoncent le business et les dérives. Autrement dit, no compromis.
Des militantismes

Le monde associatif organisé autour de la défense animale reflète la diversité de ces options alimentaires, du plus «light» au plus «hard».

Les associations historiques.
Elles s’inscrivent dans une lutte «à l’ancienne», pacifique et patiente. L’OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir) ou la SPA (Société protectrice des animaux), respectivement fondées en 1961 et en 1845, symbolisent cette action au long cours.

La nouvelle vague.
Celle-ci est apparue il y a tout juste dix ans, portée par l’association L214 et les partisans de «l’abolition de la viande». A coups de révélations chocs, de plaintes et de procès, d’images tournées en caméra cachée dans les élevages et les abattoirs, L214 a fait, en quelques années, considérablement bougé les lignes et propulsé la cause animale sur la scène médiatique et politique.

Les radicaux.
Ils prônent pour leur part des actions coups de poing, dans la veine des opérations musclées menées par l’ALF (Animal Liberation Front) à la fin des années 80. Des militants du Crac (Comité radicalement anticorrida) qui envahissent des arènes, en passant par les troupes de Sea Shepherd et du capitaine Paul Watson qui s’interposent entre le harpon et la baleine, le courant «radical» semble avoir gagné du terrain ces dernières années. Parmi les associations engagées dans cette voie, 269 Life Libération animale revendique haut et fort la désobéissance civile. Depuis octobre 2016, ses militants ont organisé dix blocages d’abattoirs et quatre actions de libération d’animaux destinés au couteau. Ce mardi, les deux fondateurs de 269 Life Libération animale sont d’ailleurs jugés à Cusset, dans l’Allier, pour avoir bloqué une chaîne d’abattage en janvier 2017. C’est leur quatrième procès.

Sarah Finger
 
Et voici un scan du journal.

Chocogrenouille":30107z28 a dit:
on a en théorie droit qu'à 4 articles gratuits par mois
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H.

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Mouais, sans grand intérêt tout ça...
 
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