Un non convaincu qui poste après avoir vraiment fait des recherches et avoir réfléchis de son côté, c'est tellement rare et beau que j'en suis émue dans mon petit cœur
.
Je pense que si tu restes confus quant au "point de vue" végane sur l'antispécisme et le concept de Nature malgré le fait que tu te sois autant renseigné, c'est parce que ce sont des concepts qui sont flous, aux définitions variables selon les individus et qui sont généralement tout de même considérés comme assez "évidents" pour ne pas être expliqués par les personnes qui les utilisent.
Je vais ici parler de la notion d'antispécisme comme je la comprends, c'est à dire la négation de fondements valides à toute discrimination entre les espèces. J'ai pu lire ici ou là d'autres définitions moins intuitives (quand la définition d'un mot s'éloigne trop de sa forme j'ai du mal à la retenir donc je ne saurais pas les présenter).
Mon point de vue concernant l'antispécisme c'est que c'est souvent une porte d'entrée vers l'éthique étendue aux animaux non humains quand on se pose la question de la justification des différences de traitement entre les espèces (chiens-chats vs animaux d'élevage).
Ça a été ma porte d'entrée vers le véganisme dans une réflexion un peu différente puisque je me suis posée la question de savoir pourquoi il serait immoral de tuer un humain (je n'avais pas du tout en tête les anh initialement donc).
Cette réflexion étant longue à retranscrire (même si courte en réalité, c'est le passage tête-mots qui rend ça plombant), chiante et déjà postée ailleurs sur le forum je vais l'épargner (en plus c'était quand j'avais 15 ans donc mes opinions ont évoluées depuis même si elles ne sont pas forcément arrêtées).
Cela dit même si l'antispécisme semble être souvent invoqué pour expliquer un basculement éthique vers le véganisme, je pense qu'on peut tout à fait placer arbitrairement des espèces au-dessus des autres sans que cela n'invalide la remise en cause de l'élevage dans la plupart des cas, car même si l'on admettait que l'humain vaut infiniment plus que toutes les autres espèces puis que, parmi ces espèces, le chien vaut plus que la vache, ça n'empêcherait pas de penser que même si la vache vaut moins que moi et mon chien ça ne justifie pas que je la fasse souffrir délibérément et que je la tue pour un motif trivial (le goût ici).
Quant au concept de Nature je pense que c'est loin d'être une plaie propre au véganisme malheureusement.
Pour moi la "Nature" est parfois le substitut qu'utilisent certains athées pour remplacer "Dieu" (pour les athées qui n'assument pas de rompre totalement avec les "évidences" héritées de nos cultures en tout cas, qu'elles concernent nos rapports avec les autres animaux ou non). Je le vois donc comme un argument d'autorité, une facilité qui permet de rejoindre n'importe quelle opinion (souvent majoritaire) sans avoir à réfléchir à ses fondements.
Par exemple les monothéistes disent que ce n'est pas bien d'être homosexuel
(ou de se masturber, ou la sodomie, ou...) car Dieu a créé l'homme et la femme comme complémentaires et le sexe a pour but la procréation, tout ce qui s'éloignerait de ce but serait donc condamnable.
Les athées homophobes disent que le sexe est apparu durant l'évolution dans le but de procréer, de continuer l'espèce, donc que l'homosexualité est contraire à la Nature (plusieurs athées m'ont sorti ça, d'où cet exemple spécifiquement).
Dans cette optique je trouve les religieux beaucoup plus honnêtes intellectuellement puisqu'ils admettent que leur raisonnement s'appuie sur une croyance alors que les athées qui s'appuient sur la "Nature" la voient comme une connaissance scientifique, mais c'est pas le problème.
Le concept de Nature est souvent associé à ce qui est "bon", "propre", "sain", "évident" bref c'est flou au possible et ça ne veut effectivement rien dire en soi.
Je pense qu'on a aussi des fils sur le forum où ça a été discuté mais je suis nulle avec la fonction de recherche.
Tout ça pour dire qu'il n'y a pas de consensus végane concernant les notions d'antispécisme et encore moins de Nature et je pense qu'il n'y en aura jamais car il ne peut pas y avoir de ligne de pensée imposée quant on touche aux valeurs morales. Même les religions qui sont sensées unifier sous un même dogme se scindent toujours en sous groupes, alors imagine bien qu'un mouvement social sera encore moins évident à unifier puisque aucun dogme ne peut y être imposé (aucune autorité ne serait légitime pour le faire en tout cas).
[Et là on retombe un peu sur les fondements même de la morale -naturalistes, positivistes, nihilistes, relativistes, jemenfoutistes- mais c'est probablement pas l'objet de ta question donc je m'en vais dormir maintenant ]