La fédération végane contre l'antispécisme

lilix

Jeune bulbe
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Eh bien, s'ils ont envie de se tirer une balle dans le pied auprès d'une bonne partie de leurs adhérents, libre à eux.
Je comprends leur désir de se désolidariser des personnes qui ont commis ces dégradations, mais je trouve leur prise de position assez étrange...
Quant à l'antispécisme, ils en font une définition que je n'avais jamais vu jusque là, et que je trouve complètement abracadabrantesque. Et pour ce qui est de la sentience, dire qu'il n'y a probablement que très peu d'espèces sentientes alors que toutes les recherches actuelles en éthologie et en neurosciences indique le contraire, c'est culotté...
 
Parler d'hypothèse spéciste et non de théorie, parler de quelques personnes se disant spécistes et ayant des idées radicales ("annihiler toute vie sur terre") pour faire une généralité sur la théorie antispéciste... C'est pas de la mauvaise foi? ça me rappelle quand on parle de quelques véganes radicaux/"moralisateurs" pour critiquer tout le mouvement végane. D'ailleurs voir les premiers commentaires FB sous cet article...
Et je trouve leur article assez décousu.
 
L'antispécisme est la voie rationnelle qui justifie le véganisme. Ca consiste simplement à dire que les intérêts de tous les individus doivent être considérés de manière équitable. C'est une égalité de considération morale, et non pas une égalité de traitement, qui se fonde avant tout sur le critère de la sentience. La sentience, c'est la capacité à un être d'avoir une expérience subjective de la réalité, et donc la condition sine qua non pour avoir un intérêt (théorie que l'article appelle "sentientisme").

L’antispécisme consiste à remplacer (l’hypothétique) la discrimination spéciste par une autre forme de discrimination : le sentientisme.

C'est tout à fait vrai. La critère de la sentience est plus que discriminant, puisqu'il exclut intégralement les non-sentients de notre sphère de considération.
La fédération végane quant à elle promeut un véganisme qui se base sur une autre forme de discrimination qui est l'appartenance au règne des animaux (du moins, elle établit une préférence claire pour les animaux). Ce qui est bien davantage dogmatique que le critère de la sentience. Je dirais qu'il s'agit avant tout d'une optique de "respect du vivant" tout autant dogmatique et incohérente comme le montre le passage suivant.

Court-circuiter les intermédiaires animaux permet de tuer moins d’animaux et d’organismes vivants tous règnes confondus


Il se trouve qu'en pratique, ces deux choix de critères de discrimination s'intersectent presque assez bien dans nos choix de tous les jours. Seulement l'un a des bases philosophiques pour justifier l'emploi d'une discrimination, l'autre non.

Cette théorie postule que la capacité de sentience chez un être vivant devrait nous conduire à lui accorder des droits. Ce système de discrimination nous dégagerait de toute obligation à l’égard des bactéries, archées, champignons, algues et plantes. Contrairement aux idées reçues, la sentience est probablement peu répandue chez les animaux. Pour faire le tri entre les 5 à 15 millions d’espèces, autant d’expérimentations seraient nécessaires.

Leur position est d'autant moins crédible qu'ils se servent de l'idée qu'une certaine proportion d'animaux ne sont pas sentients pour justifier qu'on ne devrait pas utiliser la sentience comme critère, sans même chercher à justifier pourquoi on devrait se soucier de la vie d'une éponge, d'une bactérie ou d'un archée (ou d'un caillou, tant qu'on y est). Les millions d'espèces d'animaux non sentients qu'il inclue sont les espèces d'animaux qui sont de taille microscopique, comme les nématodes.

Les personnes qui appliquent l’idéologie antispéciste de manière littérale et consciencieuse peuvent consommer les animaux chez qui la sentience ne peut être démontrée : insectes, moules, huîtres ou œufs de poules de réforme. C’est à l’opposé du véganisme.

Il me semble que ce passage illustre bien l'absurdité de son propos et de la non-validité d'une démarche dogmatique vis-à-vis du véganisme.
Précisons par ailleurs que ce qu'il dit n'a aucun sens scientifiquement; on ne peut pas démontrer qu'un être est sentient, on peut seulement établir des critères qui nous permettent de l'induire en fonction de nos connaissances actuelles (le principal actuel est la présence d'un système nerveux central). Donc non, un antispéciste n'ira pas exploiter des insectes pour se nourrir. (pour les oeufs de poules de réforme, les moules, huîtres, il y a plein de débats partout sur internet).


Les personnes qui consomment encore des produits d’origine animale aujourd’hui ne font quant à elles que reproduire l’héritage des habitudes alimentaires ayant permis à l’humanité de survivre. Ce n’est pas du spécisme.

Avec ce genre de raisonnement, on peut tout autant affirmer que le racisme et le sexisme n'existent pas.


J'ai l'impression avec cette article que la fédération végane veut adopter un point de vue non conflictuel et apolitique, et cherche avant tout à normaliser le véganisme comme mode de vie, et non pas de le défendre d'un point de vie philosophique. Mais à mon avis, la façon dont il le fait le rend simplement plus ridicule.
 
L’antispécisme consiste à remplacer (l’hypothétique) la discrimination spéciste par une autre forme de discrimination : le sentientisme.

C'est tout à fait vrai. La critère de la sentience est plus que discriminant, puisqu'il exclut intégralement les non-sentients de notre sphère de considération.
La fédération végane quant à elle promeut un véganisme qui se base sur une autre forme de discrimination qui est l'appartenance au règne des animaux (du moins, elle établit une préférence claire pour les animaux). Ce qui est bien davantage dogmatique que le critère de la sentience. Je dirais qu'il s'agit avant tout d'une optique de "respect du vivant" tout autant dogmatique et incohérente comme le montre le passage suivant.

Merci pour cette explication. Je n'avais pas du tout saisi cette nouvelle discrimination dans l'antispécisme. Je pensais que cela englobait tout ce qui est considéré comme animal, même si non sentient.
 
C'est assez bizarre cet article ...
Ils semblent mélanger les méthodes d'action, de militance et les messages politique ...
Genre anti-spécisme = lancer des pierres dans les vitrines
Véganisme = lire des livres et discuter calmement avec les gens pour les convaincre ...
Alors que comme dit précédemment, pour moi, l'anti-spécisme est un peu le principe politique sous-jacent au véganisme ... Enfin, c'est peut-être pas bien exprimé comme ça ... mais en tout cas, ça veut certainement pas dire manger des moules et être pour l'annihilation de la vie sur Terre ...
C'est un peu décevant de la part d'une association comme ça ...
 
En lisant l’article, je me suis dit : « On dirait du Constantin Imbs. » Bingo ! c’est lui qui est mentionné comme contact. Il a souvent des conceptions et des « justifications » assez étranges, ce qui est gênant pour le président de la Fédération végane. :confus:

H.
 
En lisant les deux documents de la Fédération Végane, j'avoue que j'ai vraiment eu du mal à cerner leur "philosophie" (c'est-à-dire à cerner Constantin ?). Leur position est "bizarre".

Concernant la sentience, ils ont raison : plus des 3/4 des animaux terrestres sont des bactéries, des insectes. On voit bien dans la communication de beaucoup d'antispécistes qu'il y a un focus sur les animaux d'élevage (mammifères) et beaucoup moins sur les poissons ou les oiseaux, par exemple. C'est comme si notre sphère de considération s'étendait par la proximité biologique.
 
Balika":309a9k64 a dit:
plus des 3/4 des animaux terrestres sont des bactéries, des insectes.
Je chipote, mais d'après la plupart des classifications du vivant (par exemple en phylogénétique, les bactéries ne sont pas des animaux, ce sont un groupe à part.

Par contre, il y a a priori bien bien plus de bactéries que d'animaux, en nombre : par exemple, on estime que chaque humain·e abrite plus de 10000 milliards de bactéries, et de nombreux animaux doivent être dans des cas similaires... sans compter les bactéries qui ne vivent pas dans/sur un animal ! donc si les bactéries comptaient comme des animaux elles n'en représenteraient par les 3/4 mais plutôt les 99,9999999999999% :)
 
HS à propos des bactéries abritées par le corps humain :
Ça me fait penser à des articles qui reprenaient (mal, comme souvent quasi tout le temps) une publication scientifique en disant des trucs du genre : « Il y a plus de biodiversité dans un nombril que dans la forêt amazonienne. »

Quoi ? Il n’y a pas de nombril dans la forêt amazonienne ?
H.
 
Si t'es un mammifère, t'as un nombril !
Faut croire qu'à force de défricher et saccager la forêt amazonienne, les mammifères ont tous disparu
Çà m'étonne qu'il reste encore quelques arbres debout, d'ailleurs
 
Ca fait belle lurette que je ne prends plus au sérieux leurs positions "philosophiques", sur le spécisme, sur la sentience, etc. chez la Fédération Végane. Ils sont utiles pour les infos diététiques, et ça s'arrête là.

Je peux même vous expliquer pourquoi ils n'arrêtent pas de sortir ce genre d'idioties : Ils se sont engueulés avec des gens des Cahiers et de L214, sur de bêtes histoires d'ego et beaucoup de mauvaise foi. Ils ont aussi senti une espèce de menace de l'idéologie végane dans le fait de réfléchir à la sentience/non-sentience des moules, et depuis c'est devenu leur hobby de rejeter tout ça en masse, pour tenter de rationaliser leur position dogmatique et en profiter pour cracher un peu sur les Cahiers et L214. (Je l'écris au pluriel, "ils", mais ça peut aussi s'écrire au masculin singulier...)

Et toute la théorie sur l'antispécisme, basé sur la sentience, qui ne mènerait qu'à la violence, s'écroule totalement quand on lit la revendication des (supposés) incendiaires de l'abattoir d'Hotonnes qui rejettent justement la question de la sentience et s'alignent sur la vision de la FV : https://nantes.indymedia.org/articles/42898
 
Ouais, bien d'accord.
En discutant avec Brigitte Gothière et (tenté de discuter avec) Constantin Imbs, j'ai vite compris qu'il y avait des histoires d'égo derrière tout ça. Cette petite guéguerre pour garder le monopôle historique de la création du terme "vegan" et se démarquer des autres assos est ridicule.

Par contre la FV fait un bon boulot sur le côté nutritionnel, c'est sûr.
 
C'est tout à fait ça. Avec la FV on est dans une stratégie d'appropriation militante du label végane qui suppose la mise en minorité d'acteurs historiques (les Cahiers antispécistes entre autres) et la contestation (sur la base d'un vitalisme effarant) de la pertinence de l'antispécisme comme catégorie intellectuelle et militante. J'ai discuté il y a quelques mois avec des personnes de la FV. Je les ai trouvées fort sympathiques, et Constantin Imbs a l'air très courtois. Mais j'ai été assez surpris et inquiet par leur volonté obsessionnelle d' attaquer avec de mauvais arguments l'antispécisme et l'ensemble de la philosophie qui lui est sous-jacente.
 
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