L'élevage idéal en chiffres ...

Balika

Élève des carottes
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Après presque 2 ans de discussions avec des carnistes de tout poil (éleveurs, chasseurs, consommateurs, bouchers, agronomes, écologistes, nutritionnistes, etc) je vous livre quelques calculs sur une exploitation animale jugée "idéale" :

- Considérant qu'il serait absolument indispensable pour les humains de consommer de la viande
- Considérant qu'il faudrait limiter le nombre d'animaux sensibles à tuer
- Considérant qu'il faudrait maximiser le "bien-être" animal

Partons du concept "optimal" suivant : élever de très gros animaux terrestres (bovins de 250 kg) en plein air, sur pâturage uniquement, en les faisant grossir pendant 2 ans sur une surface d'1 hectare (10 000 m²) (soit la surface moyenne en France).

vache%20parthenaise.jpg


Selon ces 4 types de consommations,
1) Celle de l'indien moyen 5 kg par an
2) Celle de l'humain moyen 40 kg par an
3) Celle de l'américain moyen 125 kg par an
4) Celle recommandée par l'OMS 20 kg par an

Avec une population de 7,5 milliards de consommateurs,

On obtient les résultats suivants :

1) Si tous les humains avaient la consommation d'un indien moyen, en ne consommant que des bovins, il faudrait élever 300 millions d'animaux sur une surface totale de 3 millions de km², soit une surface carrée de 1730 km de côté ;

2) Si tous les humains ne consommaient que des bovins, il faudrait élever 2,4 milliards d'animaux sur une surface totale de 24 millions de km², soit une surface carrée de 4900 km de côté ;

3) Si tous les humains avaient la consommation d'un américain moyen, en ne consommant que des bovins, il faudrait élever 7,5 milliards d'animaux sur une surface totale de 75 millions de km², soit une surface carrée de 8660 km de côté ;

4) Si tous les humains avaient la consommation recommandée par l'OMS, en ne consommant que des bovins, il faudrait élever 1,2 milliards d'animaux sur une surface totale de 12 millions de km², soit une surface carrée de 3400 km de côté.

Tout ça en ne comptant que la surface d'alimentation, pas les bâtiments, entrepôts, routes, abattoirs, etc. Tout ça avec 0 % de gaspillage !

Les pâturages occuperaient actuellement 34 millions de km² dans le monde (soit 30% des surfaces émergées).

Bref ... l'élevage extensif, "éthique", "welfariste" est une chimère (ou en tout cas réservé aux pays riches et voraces). Augmenter la production mondiale de viande (de 40 à 52 kg/hab/an) ira donc plus vers de l'industrialisation intensive que vers de la petite paysannerie bio et locale. :whistle:

On pourrait aussi le refaire avec des poulets, des éléphants ou des baleines, voire pour la consommation prévue en 2050 avec 9 milliards d'humains (465 millions de tonnes par an ?).
 
Balika":18cndldg a dit:
Bref ... l'élevage extensif, "éthique", "welfariste" est une chimère (ou en tout cas réservé aux pays riches et voraces).

En plus de ça, il semblerait que l'élevage extensif produit finalement plus de gaz à effet de serre que l'intensif.
C'est ce que vient de publier le Réseau JASE (Justice Animale Sociale et Environnementale) sur sa page facebook :


À propos de l'argument "le bétail dans les pâturages, c'est vert".

Il s'agit d'un argument perpétuellement ressassé par les écologistes qui refusent de considérer l'élevage comme une des causes de la crise écologique.

Voici comment on peut y répondre sur un plan strictement écologique :

Parmi les plus hauts standards de preuve scientifique que l'on connaisse, on trouve les conclusions de méta-analyse, soit la revue systématique des études scientifiques chiffrées sur une question particulière. Voici une méta-analyse sur les conséquences environnementales de l'élevage qui fait la revue de 52 études sur le sujet.
https://sci-hub.tw/https://www.scienced ... 68n8dUekhE
(Référence : Nijdam et al., The Price of Protein, 2012).

On peut y lire, notamment :
"Land use related to ruminant meat is relatively great, particularly for meat from extensive grassland farming, since these grasslands are less productive than arable lands." (Il faut savoir que "extensive" signifie "sur pâturage". Ça s'oppose à "intensive" qui réfère à l'élevage industriel, dans des bâtiments).

On peut également y lire :
« Ruminant meat from extensive production systems and seafood from energy-intensive fisheries show by far the largest carbon footprints per kg edible product ».

Dans cette autre méta-analyse, qui recense plus de 100 études scientifiques sur les conséquences environnementales de l'élevage, on peut trouver ce graphique, qui démontre clairement que le boeuf de pâturage a une empreinte carbone bien supérieure au boeuf nourri au grain. (voir image en bas)
https://sci-hub.tw/https://www.scienced ... 3koQRrInTk
(Référence : Machovina et al., Biodiversity conservation, 2015)

C'est une méta-analyse qui a été publiée en 2015 et couverte par le Devoir sous le titre "La consommation de viande menace la planète". C'est pas pour rien. Les conclusions étaient désastreuses. On peut y lire également : "The consumption of animal-sourced food products by humans is one of the most powerful negative forces affecting the conservation of terrestrial ecosystems and biological diversity. Livestock production is the single largest driver of habitat loss, and both livestock and feedstock production are increasing in developing tropical countries where the majority of biological diversity resides."

C'est face à ce genre de condamnation écologique que certains producteurs tentent de nous faire avaler que l'élevage en pâturage (extrêmement minoritaire de nos jours) serait la solution au problème. Or, comme on le voit avec ces méta-analyses, l'élevage en pâturage est pire au niveau des GES, en plus d'occuper évidemment beaucoup plus de surface terrestre par unité produite, ce qui est grave au niveau de la préservation de la biodiversité.

L'image est trop grande donc je vous mets directement le lien : https://scontent-cdt1-1.xx.fbcdn.net/v/ ... e=5C84913A

Voilà qui ne va pas plaire à Jocelyne. :)
 
Excellent, merci beaucoup pour cet appui ! :)

Dans mes calculs de coin de table, l'aspect écologique n'était même pas envisagé. Or on sait que les bovins émettent énormément plus de GES, par unité produite, que les oiseaux. Donc l'élevage le plus écologique (en terme d'émissions de GES) serait des poules en batterie, entassées et gavées le plus vite possible et pas des bovins en plein air, mettant la question du nombre de vies à sacrifier et des conditions d'élevage en PLS.

Je vais intégrer les émissions des bovins à mes calculs pour montrer l'absurdité de la chose (en plus de l'espace nécessaire). :facepalm:
 
Mais comment un bovin dans une prairie fabrique autant de gaz à effet de serre ?
J'imagine que c'est à cause de ses flatulences, mais pourquoi il pête davantage qu'un autre animal, au point de menacer la planète ? (si, par exemple, à la place de la prairie, il y avait une forêt avec 3 biches et 1 sanglier).
Enfin, j'imagine que tous les mammifères pètent, non ? (Et peut-être aussi les autres animaux ?)
 
Effectivement, mais les ruminants ont un système digestif plus adaptés pour leur permettre de tirer de l'énergie de la cellulose (des fibres) qui représente une grande partie de leur alimentation. Et la digestion de la cellulose (chez les mammifères en tout cas) est souvent faite par des bactéries méthanogènes.
On peut faire la comparaison avec le cheval qui n'est pas un ruminant, et qui a une capacité moindre qu'une vache à digérer les fibres (chose qu'on peut constater en comparant leurs excréments) et qui émet donc moins de méthane.
Nous qui avons une capacité à digérer la cellulose et autres fibres bien plus faible (on le fait quand même un peu), émettons peu de méthane.
Typiquement pour comparer, à masse égale, si un humain émet (en méthane) 1, un cheval émettra 2-3, et une vache/mouton/chèvre 6-8. Après peut-être qu'en ayant une alimentation plus riche en fibre, ces rapports peuvent varier.
Il y a peut-être d'autres responsables que la cellulose et autres fibres dans la production de méthane dans le système digestif, mais je n'en sais pas plus.

Petit ajout: les vaches éructent (rotent) beaucoup plus qu'elles ne pètent (en proportions 95%-5%).


Pour ce qui est des cerfs et des sangliers: il y a une grande diversité d'espèces dans les écosystèmes non cultivés, et la part en moyenne des ruminants (dont les cerfs font partie) est généralement faible. Sauf qu'en pratiquant un élevage de ruminants, on fait disparaitre la diversité (qui en moyenne est peu méthanogène) pour la remplacer par des ruminants très méthanogènes. A ceci, on peu rajouter le fait qu'on fertilise artificiellement les terres pour augmenter leur capacité de charge, ce qui amplifie le problème.
 
Waow, j'avais jamais vu ça expliquer aussi clairement.
 
Unnatural Vegan essaye de calculer combien coûterait le lait s'il était éthique. C'est en anglais et j'ai un peu la flemme de faire un résumé en français. Disoulée ! :genoux:
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9RV3Urz19kw[/youtube]
 
Je me demande aussi si Jocelyne Porcher connaît le document en question, Usagi.Chan.
Je vais de ce pas lui envoyer pour lui demander son avis. ;)
 
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