Communication non violente

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Broute de l'herbe
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Dans un poste précédent, j'avais écrit ceci :

A une époque j'ai fait des formations en Communication Non Violente (https://fr.wikipedia.org/wiki/Communica ... n_violente). Lors d'une de ces formations, pendant un repas, nous avions joué à un jeu : "comment rendre une conversation intéressante". Une des formatrice nous racontait une histoire stupide sur ses vacances. En l'écoutant, et en posant des questions pour savoir ce qu'elle ressentait et quels étaient ses besoins, la conversation devenait très intéressante. C'est un exercice difficile, mais cela peut fonctionner.
Pour la CNV, l'article de wikipedia est très bien. J'avais eu des formation avec l'ACNV (https://cnvfrance.fr)

J'ai pensé que ça vallait la peine de développer une peu.

Pour la CNV, il y a 4 étape dans la communication. Je vais l'illustrer avec un exemple : en arrivant à la maison, ma fille jette en vrac son manteau par terre au lieu de le ranger.

1-L'observation, elle doit être objective. Ce n'est donc pas "Tu as jeté par terre ton manteau pour la millième fois", mais "Je vois je tu as laissé ton manteau par terre". Fait objectif et non-constestable.
2-Le sentiment : "Cela m'agace".
3-Le besoin qui n'est pas rempli chez moi : "car je voudrais ne pas être seule à ranger dans cette maison" (besoin d'équité)
4-La demande, précise : "Est-ce que cela t'ennuierais de le mettre sur le porte-manteau". Normalement elle doit être négociable.

Imaginons que l'enfant de réponde : "J'en ai ras le bol, je n'ai pas envie de m'occuper de ça."
Là il va falloir commencer à discuter, et jouer un peu aux devinettes.
1-"En te voyant réagir comme cela...
2-J'ai l'impression que tu es énervée..."
-Ben ouais, évidemment, qu'es-ce que tu crois"
"Est-ce que c'est parce que tu es fatiguée...
3- Tu aurais besoin de te poser tranquillement après ta journée d'école"
Là, si vous touchez bon, la personne va s'apaiser
"Oui c'est ça !"
Sinon ça va être "Non, pas du tout, c'est à cause de Mona, elle s'est encore moquée de moi"
4-Supposons que la première hypothèse était bonne : "Et si je prends un peu de temps pour te poser et que ensuite tu vas ranger ton manteau, ça te convient ?"

Si c'est l'hypothèse de la copine, il va falloir reprendre au 2
2-"Est-ce que tu te sens en colère...
3-...par ce que tu voudrais qu'on te respecte et pas qu'on se moque de toi ?"
-Oui
4-"Est-ce que tu aurais envie de m'en parler ?"
Réponse oui ou non.
etc...

Je reprendrais plus tard parce que c'est l'heure de l'école...

— Le 05 Nov 2018, 17:46, fusion automatique du message précédent —

Ca c'est la communication non violente au coeur de son sujet : résoudre les conflits en respectant au mieux les sentiments et besoins de chacun.
Ca à l'air facile sur le papier, mais c'est, évidemment, bien plus difficile en situation réelle.

Cela peut aussi servir à s'écouter soi-même :
Quel est objectivement la situation ? : quelqu'un m'bousculé dans le métro.
Qu'est ce que je ressens à ce moment-là ? : je me sens en colère (on peut tout à faire ressentir autre chose, il n'y a pas de mauvaise sensation, ou de mauvais sentiment)
A quel besoin correspond ce sentiment ? : besoin d'être respecté.
Que puis-je faire ? : Lui hurler dessus : "On demande pardon !" (peut de chance d'obtenir le résultat espéré, il vaut mieux trouver autre chose).

Comme je l'avais dit dans mon premier poste, cela peut aussi servir à "rendre une conversation intéressante". L'idée, c'est que, quand quelqu'un vous parle, cette personne a aussi, à ce moment-là, des sentiments et des besoins. Plus d'explications... plus tard... <br /:><:br /> — Le 05 Nov 2018, 20:20, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br /> Par exemple, supposons que la tante de Emiesan lui dis "Tu as vu comme il est beau mon manteau de fourrure ?"
- Quand tu me dis ça tu te sens contente, fière ?
- Je suis très fière, parce que j'ai économisé pendant des mois pour pouvoir me l'offrir.
- Donc tu as l'impression d'avoir réussi quelque chose quand tu le portes ?
- Oui, tu penses, tant d'heures de travail.
Il est conseillé de reformuler ce que l'on a compris. "Donc cette fourrure représente pour toi une sorte de reconnaissance du travail que tu as fait"
Voir comment la personne réagit. La conversation peut devenir très intéressante. Ma formatrice, qui était très douée, arrivait à émouvoir n'importe qui avec cette technique.

Ensuite, quand la connexion est bonne Emiesan pourrait tenter : "Tu sais, quand je vois cette fourrure, cela me rends triste, parce que je pense à l'animal qu'on a tué pour la faire. Et pour moi, le respect de la vie animale est très important. Est-ce que cela t'ennuierai de ne plus m'en parler et de ne plus la porter quand je suis là ?"

Voilà, j'espère que mon petit résumé vous a intéressé.

Je le répète, à pratique, c'est assez difficile. Il existe des formations et de groupes de pratique, organisés, par exemple, par l'ACNV (https://cnvfrance.fr). Il existe également des livres, en particulier ceux de Marshall Rosenberg, l'initiateur de la méthode.
 
Merci pour ce texte. C'est toujours hyper intéressant à lire. :)

J'ai déjà suivi un cours d'une quinzaine d'heure sur la communication en milieu de travail, qui avait pour fondement la communication non-violente, et toujours respectueuse d'autrui. Ce n'est pas pour me vanter, mais j'étais assez douée dans le cours. C'était parce que j'avais énormément travaillé sur moi à l'époque, ayant de grands problèmes de communication à la base. J'étais donc très fière de moi, et certaine de pouvoir bien communiquer avec mes futurs collègues de mon prochain emploi.
D'ailleurs, avec ma famille, la communication non-violente s'est révélée assez facile.
Malheureusement, j'ai été assez vite désenchantée. Je me suis aperçu qu'en vrai, beaucoup plus de gens que ce que je croyais aiment la communication violente, et veulent faire du mal aux autres avec leurs mots. Malgré tous mes efforts pour appliquer ces conseils dans ma vie professionnelles, ce fut un échec confronté aux personnes qui veulent rabaisser les autres pour se valoriser, et qui veulent détruire la réputation de leurs collègues pour obtenir les faveurs des patrons. Sans oublier ceux qui ne veulent juste pas bien s'entendre avec les autres. :(

Ce qui me rappelle aussi que dans mon cours, il y avait un homme qui je soupçonne fortement d'être psychopathe. Il était obligé de suivre le cours pour obtenir son diplôme, sinon il ne l'aurait pas fait. Avec lui, la communication non-violente était impossible, même dans un contexte de cours. Par exemple, un jour, nous avions eu une discussion : que faire si on travaille au service à la clientèle, et qu'un client nous contacte pour résilier son abonnement, car il projette de se suicider? Bien, ce fut le seul à dire qu'il s'en foutait du client, et qu'il résilierait son abonnement sans rien tenter de faire pour sauver le client, car cela ne le concernait pas. :confus:
Ça m'avait vraiment marqué cette absence d'empathie émotionnelle pour les autres. :(

Voilà. Ce n'est malheureusement pas très positif mon message, mais je crois que j'avais besoin d'en parler. Je pense que ce que je viens d'écrire est tabou, mais je n'ai pas de doute sur le fait d'être écouté sur ce forum.
 
J'aime beaucoup ta réponse. Après mes stages de formation, j'ai eu aussi beaucoup de mal à l'appliquer dans la vie courante. Cela vient surtout du fait que je suis rapidement submergée par mes émotions, donc plus difficile de réfléchir avant de parler. D'où mon goût pour la communication écrite !

Je suis impressionnée que tu aies réussi à le faire en famille.
Quelquefois, je me dis que, ça vaudrait la peine d'essayer, avec des "casses-pieds". Au pire ça n'améliore pas la communication, mais il sera déstabilisé dans ses habitudes de communication. Au mieux, ça pourra créer un lien.
 
La communication non violente a été et est de nouveau une révélation pour moi.

J'essaye de l'intégrer à nouveau comme une langue maternelle oubliée, car s'il m'est moins difficile maintenant d'écouter et de prendre conscience de mes émotions / mes sentiments, j'ai toujours énormément de mal à mettre le doigt sur le besoin correspondant. Mais je ne doute pas de son efficacité, de sa véracité. C'est tellement évident, on le ressent avec les tripes !! Marshall Rosenberg m'a appris à me fier à mes intuitions, à me relier à mes différents sens, à "mon coeur" comme on dit ; on nous apprend bien trop à s'en méfier, et à déifier notre cerveau, qui n'est que le 6e sens de l'être humain dans le bouddhisme par exemple...

Je m'intéresse aussi à la méditation, aux concepts bouddhistes, et je me pose vraiment la question du "non-soi" (ce qui me rend plus humble), et du coup de nos pensées propres. Lorsque je réfléchis sur le mode de survenue de mes pensées, du genre de pensées "dans l'air du temps" qui me traversent (même si elles sont colorées de mes expériences personnelles), j'ai de moins en moins l'impression d'être face à "mes pensées", mais plutôt de me "connecter à des pensées communes"... Lorsque je me mets à méditer (pas longtemps, pour l'instant j'ai du mal à me concentrer efficacement plus de vingt minutes), j'ai également l'impression de me "connecter à un flux commun", je ne sais pas comment l'exprimer mieux pour le moment. J'ai plus l'impression d'être un "réceptacle" et que des pensées me traversent...

Et quand Marshall Rosenberg dit par exemple que "les besoins sont la vie qui cherchent une expression à travers nous"... Et bien ça résonne sacrément bien et vibre sur une longueur d'onde similaire à ce que je ressens aujourd'hui !!
 

La communication non violente j'ai expérimenté: le gros prétexte pour ne plus faire ce qu'il y a faire dans un groupe sous prétexte que "si tu en parles un peu trop même gentiment ça va passer pour un harcèlement" et le meilleur moyen de contrôler les masses laborieuses et socialement défavorisées: tant que tu es gentil et mignon, on estime que ta situation n'est pas urgente, et que tu peux bien attendre encore le prochain quinquennat avant que l'on t'aide à payer ta dette de loyer.

Sérieux la dernière fois que l'on m'a dit "la CNV c'est bien" c'est quand j'ai fait une demande logement HLM en 2009: 2 ans plus tard j'étais en centre d'hébergement d'urgence car comme j'avais été gentil... on m'avait bien fait poireauter.

Du coup, j'ai gueulé, désolé hein, j'ai pas été gentil, et chose rigolote: j'ai eu une proposition de logement à peine 15 jours après ! en même temps avec 2 ans de délai, un contingent préfectoral et un DALO, je pouvais aller jusqu'à porter plainte, ils étaient tous mal les bailleurs sociaux et les services municipaux et départementaux.

Donc bon, voilà quoi. :whistle:
 
Bonjour Bassegan,
En fait, tu as appliqué ce que Marshall appelle l’usage de la force à but de protection, autrement dit faire ce qui est en ton pouvoir pour répondre à tes besoins lorsque la coopération n’est pas possible.

«Girafes are not "nice".»
Marshall Rosenberg
 
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