Quelques réflexions matinales en vrac sur ces dissonances cognitives flexitariennes.
La faculté de s'auto-persuader que l'animal que l'on a dans son assiette a eu une "belle vie", a été bien traité et n'a pas souffert. Que l'élevage concentrationnaire, les abattoirs dénoncés par L214, bien sûr c'est horrible, que l'on est contre ces débordements mais que le bifteck que l'on a devant soi n'est pas concerné. Il me semble que c'est un mécanisme puissant. Viande de qualité, de proximité, française = donc irréprochable ? C'est d'ailleurs un argument soutenu, revendiqué et généreusement asséné dans les médias par des gens comme Jocelyne Porcher, la bien-nommée.
Autre point : N'avez vous pas eu déjà des gens (au demeurant sympas) avec lesquels vous mangez (souvent pour la première fois) et remarquant votre végéta*isme ressentent le besoin de se justifier (sans que vous ayez rien dit ni demandé) en disant manger beaucoup moins de viande voire rarement... Mais vous de constater qu'à chaque fois que vous mangez avec eux (et lorsqu'il y a des options végétariennes), ils prennent systématiquement viande et/ou poisson. Mais ma seule présence et mon plateau repas semble leur donner mauvaise conscience ?
Près de chez moi, il y a un rond-point gilets jaunes avec une banderole "mangez de qualité : mangez français"... à 5 minutes d'un élevage porcin sur caillebotis, d'un élevage industriel de vaches laitières et de veaux. Au milieu de champs à pesticides. Et nous sommes en pleine nature avec quelques villages de quelques dizaines d'âmes... M'enfin dans ce milieu hyper rural de la "Diagonale du vide", je ne peux m'empêcher d'être heurté par les faits d'un côté et la communication qui représente des intérêts privés et donc mensongers de l'autre.
Avant de devenir végétarien ( fin 2018), peut-être pour ne pas me considérer comme un monstre (qui se repaît de cadavres), je pense que je me serais considéré (à tort) comme flexitarien. La pub avec le gentil Thomas ? flexitarien est apparu après me semble t-il ?
Pourquoi alors me considérais-je comme flexitarien alors que si on regardait de plus près, la viande ou le poisson étaient des consommations quotidiennes ?
Moins de viande rouge voire presque plus (surtout par dégoût) compensée par davantage de viande blanche et de poisson. Comme si cela faisait de moi un consommateur responsable et éclairé, moins coupable car autrui fait souvent pire (ce qui est vrai dans les faits mais n'excuse rien)...
C'est du reste ce que note aussi Martin Page dans son ouvrage "les animaux ne sont pas comestibles". Se considérer comme flexitarien (argument marketing efficace) réduit incontestablement la culpabilité...