Prix de la remarque carniste

Un article dans Nature sur l'archéologie du régime alimentaire de notre espèce (les humains, au cas où d'autres espèces publieraient ici):


Un léger problème toutefois, même si la revue Nature est pas exactement de la daube (jamais publié dedans, je désespère pas...), il est toujours utile de se rappeler que les publications scientifiques sont susceptibles d'être influencées par des enjeux économiques. Or il me semble que le segment animalier n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler anecdotique dans l'industrie alimentaire 😉.
 
Il me semblait que cette idée étais déjà relativement établie. Ils ne disent pas qu'il faut manger de la viande aujourd'hui. Si quelqu'un essaye d'utiliser ce genre d'études pour affirmer qu'il faut manger de la viande on pourra lui faire remarquer qu'on vit complètement différemment de nos jours. Il n'y a pas d'élément magique dans la viande qui permet d'être en bonne santé. À cette époque l'agriculture n'existait pas. Il fallait parcourir de grandes distances pour réunir les calories nécessaires à sa survie et celle du groupe. Manger un animal c'était le laisser faire tout le boulot et récupérer les calories et protéines ensuite. À partir du moment où on commence à prendre un espace d'une superficie donnée et où on essaye de produire un maximum de calories, de protéines et autres nutriments à partir de cette superficie, grâce à l'agriculture, manger de la viande a beaucoup moins de sens. Il y a de la perte quand on produit des plantes pour nourrir un animal, pour ensuite manger cet animal. Sans compter que les plantes qu'on a à notre disposition aujourd'hui ne sont pas les mêmes : il y en a qu'on a déplacées et qu'on fait pousser à des endroits où elles n'existaient pas au départ et, surtout, on les a toutes beaucoup modifiées, à force de sélection.
 
C'est vrai que l'occupation des grottes de Lascaux ne date que d'une vingtaine de mille ans.
Message automatiquement fusionné :

J'ai approfondi la question grâce à Wikipedia ... (oui, on est dimanche matin)
D'abord, il y a + de 2700 milliers d'années (2,7 millions), vivaient des HOMININES (c'est à dire un groupe d'espèces humaines dans laquelle notre espèce actuelle est inclue). C'est à dire, à l'époque, des Australopithèqyes et des Paranthropus. L'Homo sapiens est apparu beaucoup + tard.
Les plus anciens fossiles connus de cette espèce, découverts au Maroc, sur le site de Djebel Irhoud, sont datés d'environ 300 000 ans.[...]
Les premiers fossiles d'Homo sapiens en Europe remontent à environ 45 à 43 000 ans ; ils ont été découverts en Bulgarie4, en Italie5 et en Grande-Bretagne (source : wikipedia)

Donc, dire que nous mangions déjà de la viande il y a 2,7 millions d'années, c'est un gros raccourci, et ça ne s'applique même pas à notre espèce.
D'ailleurs, l'article cité + haut mentionne bien que c'est des hominines. Même si le titre peut être compris selon plusieurs sens.
The diet of the earliest hominins was probably somewhat similar to the diet of modern chimpanzees
 
Dernière édition:
Les hominidés sont omnivores au régime alimentaire varié et opportuniste. Le simple fait que l'on puisse digérer de la viande prouve que l'on en consommait depuis un petit moment et que ça a été une donnée décisive dans la survie. Surtout quand on regarde les populations aux régimes très spécialisés, comme les eskimos qui ne consomment pas de produits végétaux et s'en tirent très bien. On a un organisme relativement souple, mais il extrait beaucoup mieux les éléments animaux que végétaux. D'où le fait que l'on fasse de l'élevage, on est bien incapable de manger de l'herbe alors qu'une vache, oui.
 
J'aimerais trouver une étude là-dessus : à mon avis, si on calcule depuis l'apparition d'Homo Sapiens la totalité de la nourriture ingurgitée par l'humanité, je pense (au doigt mouillé) que 80% de cette nourriture est VEGETALE.
Sur l'ensemble de l'existence d'Homo Sapiens j'en ai aucune idée, mais une petite indication en ce sens : en 1961 en France, les produits animaux représentaient 32% de l'apport calorique (ça a monté un peu depuis). Sachant qu'on mangeait probablement plus de produits animaux en France en 1961 que ne serait-ce qu'un siècle avant, ou qu'à la même époque dans d'autres régions du monde... je ne serais pas surpris en effet qu'on soit dans les 80-20 sur l'ensemble du monde sur une période un peu longue.
 
Surtout quand on regarde les populations aux régimes très spécialisés, comme les eskimos qui ne consomment pas de produits végétaux et s'en tirent très bien. On a un organisme relativement souple, mais il extrait beaucoup mieux les éléments animaux que végétaux. D'où le fait que l'on fasse de l'élevage, on est bien incapable de manger de l'herbe alors qu'une vache, oui.

Hum, je ne connais pas le régime alimentaire des eskimos (terme à bannir, utilisé par les colons et non les peuples autochtones eux-mêmes, pour désigner les habitants de l'Arctique, sans distinction entre les différentes éthnies : inuit, kalaallit, inupiat, yuit, yupiit, yupiget, etc).

Je me demande si, du strict point de vue de la santé, ils "s'en tirent très bien", ou pour être exact : ils s'en sortaient très bien. L'espérance de vie de ces peuples est aujourd'hui inférieure à celle des descendants de colons, notamment à cause de l'alcoolisme, de la violence, des suicides, etc. Pour qu'une comparaison soit valide, ce qu'il faudrait connaître, c'est leur état de santé avant l'arrivée des colons européens (avec un régime strictement carnivore) et la modification de leur mode de vie et de leur alimentation.

Que veux-tu dire par : il extrait beaucoup mieux les éléments animaux que végétaux ?
De quels "éléments" parles-tu ? Sur quoi te bases-tu pour affirmer ça ?

Certes, l'élevage est une manière de transformer des aliments non-comestibles (certaines herbes) en aliments comestibles (chair, oeuf, lait). Et même si le rendement est dérisoire - du point de vue de la production de protéines, notamment, avec un ratio de 2 pour 1 (pour les oiseaux) à un ratio de 10 pour 1 (pour certains mammifères) - et que l'élevage demande un travail de malade et des ressources nombreuses (espace, eau, etc), il est pertinent dans des zones où rien d'autre n'est possible pour s'alimenter. Soit, par exemple, 90% de la surface agricole des Etats-Unis.

Ca a été la force de notre espèce, aller vivre volontairement (ou sous la contrainte) dans des zones où il n'y avait pas (ou peu) de végétaux à se mettre sous la dent : désert de sable ou de glace, haute montagne, etc.

Rappelons tout de même qu'il existe 20 000 espèces végétales consommables par la majorité des humains dans le monde.
 
Binh, on le connait leur régime alimentaire avant l'arrivé des colons. C'est même plutôt bien renseigné : on a à la fois écrits des colons de l'époque et des descendants actuels des autochtones.

Les protéines, les glucides, les lipides, les fibres, les minéraux ... tout en fait. Les aliments sont classés par taux d'ingestion/digestion, et le taux le plus haut est l'oeuf qui est à 1. Le reste des aliments animaux sont plutôt haut, surtout si on les fait chauffer. Après, dire que les végétaux sont moins efficaces ne veut pas dire que ce n'est pas efficace, et qu'il existe des exceptions (pour ce qui touche aux glubides, après fermentations, les fruits secs ...)
 
Hum, je serais curieux de voir ce fameux classement par taux d'ingestion/digestion.
Veux-tu dire que les éléments issus des POA seraient mieux "absorbés" que les mêmes éléments issus de végétaux ?
 
Je me suis demandée où les inuits trouvaient les vitamines issues de végétaux, comme la vitamine C. (Je rappelle qu'une absence de vitamine C provoque le scorbut.... carence qui, pendant des siècles, a provoqué la mort de nombreux marins au long cours)

En fait, malgré une alimentation très carnée, ils arrivent à manger quelques ressources végétales.
While it is not possible to cultivate native plants for food in the Arctic, Inuit have traditionally gathered those that are naturally available, including:
(source : wikipedia cuisine inuit) (avertissement : contient des images carnistes qui peuvent choquer)
Traduction résumée : ce n'est pas possible de cultiver des végétaux pour l'alimentation en arctique. Mais quelques végétaux spontanés sont récoltés traditionnellement : des petites baies, des herbacées en saison, quelques tubercules et racines (même s'il faut les chercher sous la neige), ainsi que des algues.
Soyons logiques : s'ils chassent des animaux végétariens comme le caribou ou le boeuf musqué, c'est que ces animaux trouvent des ressources végétales pour se nourrir. Donc y a + que 0% de plantes à manger là bas.
 
Dernière édition:
Je suis loin d'être un spécialiste des inuits et des gens habitants aux pôles (donc aussi les gens en Alaska et en Sibérie). Pour la vitamine C, d'après ce que j'en sais, tu en a dans la viande crue (ou au moins certaines). Ca a joué des tours à des explorateurs refusant absolument d'en manger.

Honnêtement, je pense que la part de végétaux dépend de l'emplacement géographique des populations et de leurs habitudes de migrations. Quand tu vis sur la glace, tu n'as même pas de substrat pour faire pousser tes plantes. Il faut descendre pour trouver des sols, et quand c'est des podzols gelés, je suis pas sûr que tu puisses en tirer quelque chose. Et en dessous il y a les premières forêts, et ensuite les zones à saisonalité. De la même façon, les gars vivants aux pôles sont plutôt des chasseurs, car il n'y a pas assez de ressource végétales pour faire des élevages viables sur le long terme. Plus tu descends, plus l'élevage devient un élevage tel que l'on connait, d'abords avec une liberté de harde (globalement, c'est ton troupeau, mais c'est plus toi qui le suit que le contraire), une semi liberté (le troupeau te suit, mais gère de lui-même sa bouffe). Avant d'arriver à nos conventions (gestion du troupeau, de l'espace, de la nourriture, etc. ...).

Chose intéressante : un bon moyen de connaître les habitudes alimentaires d'un peuple, c'est de voir avec quoi il produit habituellement de l'alcool. Par contre, je suis incapable de dire avec quoi les inuits font de la bibine.
 
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