Quand les autres voient l'étiquette et non l'opinion.

Salem

Jeune bulbe
Inscrit
24/7/17
Messages
10
Score de réaction
0
Bonjour,

-Préparez votre esprit, j'ai vraiment eu du mal à formuler mon propos et je ne suis pas encore sûre que ce soit très compréhensible-

Je suis végane et j’ai l’impression que mes opinions sont complètement invisibilisées derrière cette étiquette. Mes amies et les gens de ma classe sont au courant, pour beaucoup, et quand je prends part à une discussion en rapport avec la condition animale (ou autres sujets de ce type), dès que j’expose mon avis, certain.e.s ont tendance à rétorquer « Ah oui, mais toi t’es végane, aussi… » avec le ton du « Que je suis sot.te ! Pourquoi est-ce que je pose la question ? ».

Là où je veux en venir, c’est que du coup, j’ai l’impression que ce que je dis ne pousse jamais à la réflexion comme ça le pourrait sur d’autres sujets. On se dit que je suis végane donc forcément, je vais avoir tel avis, mais on ne se demande pas pourquoi, réellement, j’ai cet avis et pire, on enlève de l’importance à cet avis. C’est très frustrant. Surtout quand cette phrase est utilisée alors que ça n'a rien à voir (ex : dans une discussion sur l'alimentation bio).


Est-ce que vous connaissez cette situation ? Comment est-ce que vous gérez/répondez/tout ce que vous voulez ?
 
C'est le deuxième poste que je le mentionne, je te conseille mille fois la lecture du livre "how to create a vegan world" par Tobias Leenaert.

Quelques éléments de réponse s'y trouve, dans mes mots : l'idéologie dominante qu'on appelle carnisme est une idéologie violente. Ce qui se passe sur les bateaux, dans les ports de pêche, dans les abattoirs et les élevages causent des souffrances à un nombre totalement gigantesque d'êtres sensibles.

Lorsqu'on mange de la viande, on supporte directement ces pratiques. Pourtant, même lorsqu'on en prend conscience on continue de les supporter et on ne devient pas végé. Pourquoi? Parce que nous ne sommes pas des gens totalement rationnels. Nous ne sommes pas "consistants" dans notre morale. Nous préférons donc nier la réalité (tu es végane = tu exagères), amener des notions de "nécessité", de "nature" ou de "normalité" et rejeter ce que les véganes disent pour ne pas se sentir coupable. C'est une réponse face à la dissonance cognitive (une action qui s'oppose à nos valeurs) pour garder la face : "je mange des animaux mais je ne suis pas quelqu'un qui supporte la maltraitance animale" (= une action qui s'oppose à nos valeurs).

Concrètement ce que montre Leenaert c'est que nos comportements influencent notre morale, et pas le contraire.

En d'autres mots, c'est parce que les gens mangent de la viande qu'ils infériorisent les animaux.
Ce n'est pas parce qu'ils infériorisent les animaux qu'ils mangent de la viande.

C'est une bonne et une mauvaise nouvelle, cela signifie que dire "la vérité" à quelqu'un qui mange de la viande ne va pas lui permettre de changer d'idéologie (ou alors dans des cas extrêmement rares), par contre une fois qu'on arrête de manger de la viande (pour sa santé par exemple, pour un challenge de 30 jours, etc.) on arrive beaucoup plus facilement à changer d'idéologie et se sentir motivé par la souffrance animale.

Pour illustrer : une étude montre par exemple que lorsqu'on demande à deux groupes d'évaluer le niveau de conscience de vache, avec pour un groupe : des morceaux de viande séchés en encas, et pour l'autre groupe : des noix pour encas. Ceux qui reçoivent de la viande séchées auront une opinion plus faible du niveau de conscience des vaches que ceux qui reçoivent des noix : nos comportements (alimentaires) influencent notre vision des animaux (morale) et ce n'est pas notre morale qui influence nos comportements...


Comment gérer la situation?
Il n'y a pas de recettes miracles ; parler de ce qui marche avec eux, plutôt que de s'épancher sur la souffrance, l'éthique, la morale : perte de poids, diminution des allergies, augmentation de son activité physique, de sa concentration, impact environnemental très réduit, supers recettes à essayer/partager, etc.
 
Quand quelqu'un a un discours qui s'oppose à nos convictions, nos croyances, nos pratiques, il est souvent plus simple de lui mettre une étiquette (généralement suivie d'une liste de préjugés) sur le front et de le combattre lui plutôt que ses idées.

C'est pour ça que, lorsque je donne mon opinion sur des questions liées à la domination des animaux et que mon interlocuteur me dit (me met l'étiquette sur le front) "Ah, tu es végane ?" je réponds "Oui, et tu peux appeler ça comme ça, mais c'est pas ce qui est important là maintenant : ce sont mes arguments qui comptent".
 
Salem":1uynixcr a dit:
Bonjour,-Préparez votre esprit, j'ai vraiment eu du mal à formuler mon propos et je ne suis pas encore sûre que ce soit très compréhensible-
Rassure toi, c'est parfaitement exprimé (ou du moins je crois avoir bien compris ce que tu voulais dire...)

Salem":1uynixcr a dit:
On se dit que je suis végane donc forcément, je vais avoir tel avis, mais on ne se demande pas pourquoi, réellement, j’ai cet avis et pire, on enlève de l’importance à cet avis. C’est très frustrant. Surtout quand cette phrase est utilisée alors que ça n'a rien à voir (ex : dans une discussion sur l'alimentation bio).

C'est à mon avis une réaction normale et banale : si dans une conversation un banquier intervient pour défendre le système bancaire... je n'accorde pas à sa parole tout le crédit que je pourrais lui accorder s'il connaissait ce milieu sans en être partie prenante. Idem pour n'importe quelle profession ou n'importe quelle passion (chasseur,etc). J'ai d'emblée la suspicion qu'à cause de son implication dans le sujet sa parole est biaisée, volontairement ou involontairement (dans ce cas il est sincère, mais peut-être pas moins aveuglé par son milieu)
Il me semble donc que la réaction de tes amis qui te connaissent comme La végane du groupe est "normale" (dans le sens "commune" ou "attendue de la part de la plupart des gens") même si elle est désagréable et frustrante.
Comme pour tous les individus appartenant à une minorité visible ou affichée (couleur de peau, préférences sexuelles, véganes et autres) ta parole lorsque tu parles du sujet perd en crédibilité dans le groupe "des autres", de ceux qui font partie du groupe général.
Et à mon avis on fait tous partie au cours d'une même journée du groupe "des uns", et un peu plus tard lorsque le sujet à changé, du groupe "des autres"
 
Je vous remercie de vos réponses, elles sont toutes très intéressantes.

Plantte":2ot62don a dit:
je te conseille mille fois la lecture du livre "how to create a vegan world" par Tobias Leenaert.

Merci ! Je l’ai ajouté sur ma liste. Apparemment, il y a aussi une conférence dessus. Je regarderai ça dans la semaine. ^^


Plantte":2ot62don a dit:
Comment gérer la situation?
Il n'y a pas de recettes miracles ; parler de ce qui marche avec eux, plutôt que de s'épancher sur la souffrance, l'éthique, la morale : perte de poids, diminution des allergies, augmentation de son activité physique, de sa concentration, impact environnemental très réduit, supers recettes à essayer/partager, etc.

Je crois que je vais commencer à corrompre avec de la nourriture x)
Plus sérieusement (même si ce n’est pas une mauvais idée du tout), c’est une phrase qu’on me ressort même dans des conversations banales, quand je n’essaie pas du tout de « convertir » les gens.


Balika":2ot62don a dit:
C'est pour ça que, lorsque je donne mon opinion sur des questions liées à la domination des animaux et que mon interlocuteur me dit (me met l'étiquette sur le front) "Ah, tu es végane ?" je réponds "Oui, et tu peux appeler ça comme ça, mais c'est pas ce qui est important là maintenant : ce sont mes arguments qui comptent".

Oui, c’est ce que je fais (et mes amies végétariennes s’emportent aussi : « mais c’est pas le propos ! ») mais ça n’a pas l’air de bien marcher… puisque c’est une remarque qu’on me ressort assez régulièrement (souvent les mêmes personnes) o__o

theleme":2ot62don a dit:
C'est à mon avis une réaction normale et banale : si dans une conversation un banquier intervient pour défendre le système bancaire... je n'accorde pas à sa parole tout le crédit que je pourrais lui accorder s'il connaissait ce milieu sans en être partie prenante. Idem pour n'importe quelle profession ou n'importe quelle passion (chasseur,etc). J'ai d'emblée la suspicion qu'à cause de son implication dans le sujet sa parole est biaisée, volontairement ou involontairement (dans ce cas il est sincère, mais peut-être pas moins aveuglé par son milieu)
Il me semble donc que la réaction de tes amis qui te connaissent comme La végane du groupe est "normale" (dans le sens "commune" ou "attendue de la part de la plupart des gens") même si elle est désagréable et frustrante.

Effectivement, c’est très probable. Je n’y avais pas pensé.
C’est dommage…

(Ton pseudo est-il inspiré de Gargantua?)
 
@ Salem :
Pour la dernière citation de ton post juste au dessus, elle ne vient pas de plantte, mais de theleme, et effectivement c'est bien vu pour Gargantua...« Fais ce que voudras »
Ceci dit, ce qu'à écrit Plantte me semble pertinent de bout en bout !
 
Ah oui ! pardon x)
Il y a une explication très simple à cette erreur : j'ai fait le copier/coller d'un modèle de citation en oubliant de modifier la personne citée ^^"
 
Merci, je ne trouvais pas de bouton pour éditer ! :pouces:

(Si tu as la foi de re-modifier : la troisième citation venait du message de Balika)
 
(ça n'est pas tant une question de foi que de droits ;) : l'édition n'est possible que dans la demi-heure qui suit la création d'un message)
 
Je te conseil également de regarder la conférence de Mélanie Joe. En tant que psychologue elle nous explique pourquoi nous mangeons de la viande, quels sont les processus psychologique qui ont lieu. En ayant compris cela, tu saura aussi comment faire face au remarque omnivore et être beaucoup plus convaincante.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=9DtqbBAEtNs[/youtube]
 
Pour la corruption le flyer cake au spéculoos de Marie Laforêt est assez efficace. :)
 
Pour ma part, dans ce genre de situation, je ne me fatigue pas à essayer de donner mon avis sur mon véganisme à des gens qui dès le départ s'en foutent de ce que je vais dire. Et puis c'est pas parce qu'on est vegan, qu'on doit le dire à tout le monde. Alors à ta place je ne gaspillerais pas ma salive à essayer d'argumenter avec des bornés.
 
Retour
Haut