Que pensez-vous du modèle d’élevage « gagnant-gagnant » ?

Paradox

Jeune bulbe
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Dans la société actuelle, l’élevage se fait sur le modèle de la domination humaine et de l’exploitation animale. L’optimisation de la rentabilité est (presque ?) toujours au centre du concept.

En réaction, une ligne politique s’est formée pour abolir toutes les formes d’exploitations animales. L’idée étant que l’Homme tourne toute relation avec un animal à son profit et que les animaux non-humains ne peuvent pas donner leur consentement. Donc les militants demandent la fermeture immédiate des abattoirs, L’arrêt de toute exploitation, la fermeture plus ou moins progressive des zoos et des élevages, la stérilisation des espèces domestiques jusqu'à l’extinction de ces espèces et la fin des animaux de compagnie.

Je ne me retrouve dans aucune des deux pratiques, mais, d’ici quelques années, je vais me retrouver en charge des petits élevages de mon père :hein: . J’ai bien réfléchi à la question et j’envisage une transition vers un modèle d’élevage plus « coopératif ». L’idée étant que toutes les parties y trouvent leur compte (les animaux, moi…et mon budget).


Pour être plus concret, voilà comment fonctionne mon père et comment je pense faire évoluer tout ça.

Le poulailler:
Mon père a une petite vingtaine de volailles. Les poules et les coqs vivent ensemble. Chaque « famille » dispose de son propre (grand) poulailler avec nids en paille et de nombreux perchoirs. Les animaux disposent de fontaines d’eau et de distributeurs de grains (avec mélange de graines diverses). En journée, les poules ont accès à un grand verger pour courir, gratter, picorer de la verdure et manger les vers des fruits. Elles ont accès aux ruchers (les deux espèces s’entendent bien), qu’elles peuvent nettoyer. Elles ont également accès au tas de fumier/ compost.

Mon père ramasse régulièrement les œufs mais il laisse ses poules couver de temps en temps (parfois jusqu’au terme). Les œufs récoltés sont mis à part. Une petite partie sert à la consommation familiale mais les coquilles sont restituées. Les autres œufs sont cuits, broyés, mélangés à du grain et rendu aux poules.

Quand une poule ne pond plus, mon père la tue et elle passe à la casserole. C’est ce dernier point que je compte changer en laissant les poules « retraitées » mourir de leur belle mort.
Le rucher:
Mon père a une demi-douzaine de ruches. Elles sont bien orientées, positionnées en lisière d’un bosquet d’acacia, dans un coin calme et isolé. Aux abords immédiats des ruches se trouvent le verger (et les poules), le jardin, un petit bassin (pour l’accès à l’eau en été) et de grandes pâtures. Les haies présentent des buissons mellifères.

Mon père intervient le moins possible pour ne pas les déranger. Il les soigne contre les parasites et s’assure qu’elles ne manquent de rien (besoin de cadres supplémentaires, d’eau, d’une nouvelle ruche, de sirop si les temps sont durs, etc.). Il ne fait pas de transhumance.

Quand l’année est bonne, mon père prélève une partie des réserves secondaires des ruches. Il utilise des plateaux chasse-abeilles et de la fumée « froide » pour ne pas blesser ou incommoder les abeilles. Après la récolte (pas plus d’une par an), il restitue leurs cadres aux ruches.

Ce modèle me parait bon et les abeilles semblent y trouver leur compte puisqu’elles ne partent pas. Je pense donc continuer dans cette voie.

Voilà. Qu’en pensez-vous ?

J’ai demandé leur avis à des amis végans et ils n’ont pas d’objection à mon projet. Si je m’abstiens de tuer les poules, ils seraient même prêts à consommer les œufs produits.

Si vous avez des idées et des suggestions pour améliorer le concept, je suis preneur (dans la limite de mon budget, je n’ai pas les moyens d’être philanthrope :confus: ).

Pensez-vous d’une nouvelle forme d’agriculture, basée sur un élevage respectueux et la permaculture soit possible ? Viable ? Ethique ?
Merci pour vos réponses. :)
 
Pour ce que je sais des abeilles, si on ajoute des cadres, elles bossent plus pour les remplir, donc "rendre les cadres" et ne prendre "que l'excès" c'est en fait les forcer à bosser plus et prendre le résultat de leur boulot supplémentaire.

Quand au fait que les abeilles ne partent pas, c'est lié au fait qu'elles restent avec leur reine et que celle-ci n'est guère capable de se déplacer (les essaimages d'abeilles ne se passent que quand il y a une nouvelle reine qui a été élevée).
 
Ce qui m'étonne c'est que ton père n'ait pas besoin de tuer les coqs en trop, il me semblait qu'avoir trop de mâles nuisait à la tranquillité du poulailler.
 
« Pour ce que je sais des abeilles, si on ajoute des cadres, elles bossent plus pour les remplir » Nurja

En fait, les abeilles ne travaillent pas en fonction de leurs besoins ou des dimensions de leur ruche. S’il fait assez chaud, elles vont butiner et elles stockent de la nourriture autant qu’elles le peuvent. Le miel se conserve sans problème plusieurs années.

« Quand au fait que les abeilles ne partent pas, c'est lié au fait qu'elles restent avec leur reine » Nurja
C’est vrai.

« …et que celle-ci n'est guère capable de se déplacer (les essaimages d'abeilles ne se passent que quand il y a une nouvelle reine qui a été élevée). » Nurja

Ça, c’est discutable.
Dans les ruchers professionnels, des grilles spéciales empêchent la sortie de la reine (et donc le départ des abeilles). Mon père n’en utilise pas et parfois un essaim s’en va (hors essaimage). Pour ces derniers, il arrive (mais c’est rare) que la vieille reine parte (avec sa part d’essaim) en laissant la ruche à la nouvelle reine.

« Ce qui m'étonne c'est que ton père n'ait pas besoin de tuer les coqs en trop, il me semblait qu'avoir trop de mâles nuisait à la tranquillité du poulailler. » Excalibur

C’est pour cela que mon père a plusieurs poulaillers.
En les tenants à distance, il arrive à faire cohabiter deux coqs. Mais si un troisième mâle arrive, ils se battront à mort. Au final, mon père tue les poulets devenus trop grands avant que les combats ne commencent.
Il va falloir que je trouve une solution pour ça aussi. :confus:
 
Il y a combien de coqs qui naissent en moyenne par an dans le poulailler de ton père?
Cette indication pourrait peut-être nous permettre de te donner des pistes de solutions plus ciblées.

P.
 
J'avais réfléchis à la question du poulailler (dans l'éventualité où je souhaiterais un jour -lointain- être autonome niveau alimentation, c'est très hypothétique), mais j'ai vraiment bloqué sur la quantité de mâle.
Sur une couvée fécondée on ne choisi pas le sexe des poussins, donc on peut se retrouver avec une majorité de mâles, ce qui est problématique d'un point de vue végane car il faudra forcément en éliminer du coup (ou les mettre chacun à part le temps qu'ils vivent leur vie et meurent naturellement, ce qui est coûteux en terme d'espace -au minimum-).
 
Ou les castrer...
 
Ah oui c'est vrai, comme je n'ai aucune connaissance dans l'anatomie des oiseaux, je n'ai pas supposé que je pouvais transposer les solutions applicables aux mammifères. Du coup la castration du poulet le rend moins agressif ?
 
Paradox":14o47iaj a dit:
Les œufs récoltés sont mis à part. Une petite partie sert à la consommation familiale mais les coquilles sont restituées. Les autres œufs sont cuits, broyés, mélangés à du grain et rendu aux poules.
N’y a-t-il pas une bien trop grande quantité de poules par rapport à la consommation familiale d’œufs ?

H.

Et pourquoi pas ne pas prendre de coq et remplacer les poules qui meurent naturellement par des poules de réforme?

P.
 
Dans la théorie, ta proposition me semble équitable et éthique. Dans la pratique, il y a toujours le risque de glissement, à partir du moment où les animaux non-humains sont les propriétés des humains et où ce qu'ils produisent à un intérêt financier pour les humains. Si les humains en font une source de revenus et si les non-humains n'ont pas la possibilité de défendre leurs droits, il peut arriver très facilement que les intérêts des non-humains passent en second, après l'intérêt économique.

Et ça n'est même pas forcément toujours de la volonté de l'humain.e, c'est juste que la pression financière va le conduire à glisser vers un système d'exploitation plus dure (donc avec des mutilations, de l'enfermement, des morts).

De la même manière que même dans des fourrières/SPA pourtant dédiées aux animaux de compagnie, chats, chiens, s'il n'y a plus assez de place, plus assez d'adoptions, plus assez de dons... ben on en vient aux "euthanasies". Alors que le but premier était pourtant simplement d'aider les animaux abandonnés.

Autre exemple, une éleveuse qui avait fait une conférence aux Estivales de la Question Animale : Elle tuait peu d'animaux, mais pour conserver son statut administratif et ne pas se voir priver du terrain, elle était obligée d'en tuer ponctuellement, de "produire" de la viande. Et elle ne supportait plus la situation, mais elle n'arrivait pas à trouver d'issue pour avoir des animaux sans les tuer. http://www.question-animale.org/fra/est ... tal-minier

Donc, dans une société où le droit de vivre des animaux n'est pas déjà protégé par des lois, ça reste difficile de décider où placer la barre pour éviter le glissement.
D'après moi, ça va surtout se jouer dans le fait de ne pas accueillir trop d'animaux et de ne pas en faire la source de revenus principale, mais juste un apport... Voire, y trouver juste l'apport suffisant pour payer leur entretien -si c'est possible- et non pas des revenus à l'humain.
Après, si les oeufs sont là juste pour la consommation personnelle, et si tu penses avoir les moyens (d'autres revenus) pour entretenir les poules toute leur vie sans jamais les tuer, le risque devient très faible, évidemment...

Je pense que j'avais déjà partagé dans un de tes posts un lien vers un article des Cahiers Antispécistes, en rapport avec Zoopolis, mais en tout cas, c'est exactement le sujet : http://www.cahiers-antispecistes.org/de ... s-animaux/
 
Excalibur":1auwwuiz a dit:
Ah oui c'est vrai, comme je n'ai aucune connaissance dans l'anatomie des oiseaux, je n'ai pas supposé que je pouvais transposer les solutions applicables aux mammifères. Du coup la castration du poulet le rend moins agressif ?

Tu peux effectivement en faire des chapons.
En plus de perdre en agressivité, ils perdent leurs crêtes.
Il me semble qu'ils prennent aussi en masse.
Les chapons, c'est vraiment calme, et ça ne cherche pas la bagarre
 
Cela dit, ça implique quand même que Paradox fasse faire castrer par un vétérinaire presque tous les mâles qui naîtront, ça risque d'entrainer un certain surcoût, selon le prix de l'opération et le nombre de poussins ce sera peut être compliqué à assumer :/
 
Après, un truc qui est possible de faire, c'est de faire comme les industriels, c'est à dire connaître le sexe des animaux à la couleur de la coquille.
Pour cela, tu remplaces progressivement ton cheptel par des animaux récupérés dans des élevages, tu fais une pierre deux coups (et généralement, les producteurs aiment bien vendre des animaux vivants, et de pouvoir discuter de leur boulot à des gens)

Comme ça, quand un œuf est pondu, tu sais si ce sera un mâle ou une femelle.
Si c'est une femelle, tu peux la garder, si c'est un mâle, tu pourras en faire ton déjeuner. L'embryon étant minuscule, ça ne devrait pas poser de problème, d'un point de vue moral ou éthique ... enfin, j'imagine, je n'ais jamais disséquer un œuf de poule fécondé de un jour.
 
« Il y a combien de coqs qui naissent en moyenne par an dans le poulailler de ton père? » Princesse

En fait, je n’en sais rien. Mes visites à la ferme sont très espacées et mon père gère la question à sa manière.

« Ou les castrer... » Jess
« ça implique quand même que Paradox fasse faire castrer par un vétérinaire presque tous les mâles qui naîtront, ça risque d'entrainer un certain surcoût, selon le prix de l'opération et le nombre de poussins ce sera peut être compliqué à assumer :/ » Excalibur

La castration est une idée efficace … qui ne m’enchante pas beaucoup. Je n’ai pas les moyens de faire appel au véto et, si j’ai appris à tuer et vider un animal, je ne me sens pas assez compétent pour l’opérer sans souffrances ou risques d’infection.

« Et pourquoi pas ne pas prendre de coq et remplacer les poules qui meurent naturellement par des poules de réforme? » Princesse

Bonne idée! Je crois que je vais adopter ta solution, en me passant de coq. :pouces:

« N’y a-t-il pas une bien trop grande quantité de poules par rapport à la consommation familiale d’œufs ? » Haricot

Peut être, mais mon père aime avoir une belle basse-cour.

«Dans la théorie, ta proposition me semble équitable et éthique. Dans la pratique, il y a toujours le risque de glissement […] Après, si les oeufs sont là juste pour la consommation personnelle, et si tu penses avoir les moyens (d'autres revenus) pour entretenir les poules toute leur vie sans jamais les tuer, le risque devient très faible, évidemment... » PersOnne

Complètement d’accord ! La plupart des dérives sont liées aux pressions économiques. C’est pourquoi, je ne compte pas faire de l’élevage une source de profit.

« Après, un truc qui est possible de faire, c'est de faire comme les industriels, c'est à dire connaître le sexe des animaux à la couleur de la coquille. » Swompy time

Je n’ai jamais entendu parler de cette méthode. Tu es sûr de ton info ? :mmm:
La tinte d’une coquille varie beaucoup et les industriels passent toujours au broyeur des quantités astronomiques de poussins mâles. Il était question d’études spectrographiques pour le sexage pré-éclosion mais c’est autre chose.
 
Paradox":t8842xjy a dit:
Je n’ai jamais entendu parler de cette méthode. Tu es sûr de ton info ? :mmm:
La tinte d’une coquille varie beaucoup et les industriels passent toujours au broyeur des quantités astronomiques de poussins mâles. Il était question d’études spectrographiques pour le sexage pré-éclosion mais c’est autre chose.
Je pense être dans l'erreur. C'est la couleur de l'animal qui change selon le sexe, donc il faudrait attendre l'éclosion.
Mais au moins, ça permet de pouvoir les repérer et d'avoir plus de temps pour savoir quoi en faire.

Je sais que certain produits chimiques permettent chez l'humain de choisir le sexe de l'enfant (c'est involontaire, et surtout pour ceux qui travaillent dans des usines de phytosanitaire). Mais j'imagine que ce n'est pas encore trouvé chez la poule (ou alors c'est tellement craignos que même Label Rouge n'en veut pas).

Pour la stérilisation :
- les écoles vétérinaires sont prêtes à le faire pour moins cher. Ca coûte une blinde quand même, mais c'est un peu plus léger. Tu peux également trouvé un producteur de chapons qui pourrait le faire au black, ou qui peut te recommander son véto.
- il vaut mieux stériliser un nombre important d'animaux à la fois, histoire d'avoir une ristourne.
- j'imagine qu'il existe des formations proposées par les maisons de l'agriculture. C'est normalement ouvert aux pros, mais ils ne devraient pas te refuser si tu te dis fils d'agriculteur

C'est quelles races ? C'est du mélange ? Un peu de tout ?
 
"C'est quelles races ? C'est du mélange ? Un peu de tout ?" Swompy time

C'est un peu de tout. Mon père achète ses poules sur les marchés selon l'inspiration du moment.
 
J'ai une question (qui va peut-être surprendre) Paradox : dans quel(s) but(s) souhaites-tu continuer ces petits élevages ?
 
Très bonne question.

Je ne l’appendrais a personne sur ce forum ; acheter un produit, c’est le valider et voter pour ce qu’il représente.
Or notre modèle industriel et la société de consommation, m’inquiètent de plus en plus. Notre système bugge de partout et nous en sommes de plus en plus dépendants.

Que faire quand aucune des offres qui me sont proposées ne répond à mes attentes ?

Ma solution, c’est le « pas de côté ». Si j’arrive à une certaine autonomie sur mes besoins vitaux, je peux cesser de consommer ce qui ne me convient pas. Une forme de « vote blanc » économique.:)

Pour cela, j’aimerai transformer la ferme paternelle en Base Autonome Durable. Avec un bon design permaculturel, on peut arriver à une certaine indépendance. Je ne veux pas vivre hors du système, je veux juste ne pas m’appuyer sur lui quand il me parait défaillant. Et puis, mon système peut inspirer d'autres personnes, qui sait?

Nous avons besoin de B12, mais l’industrie de la viande est ce qu’elle est :confus: et l’autre solution dépend des labos pharmaceutiques. En ayant mon propre élevage, je peux consommer des œufs sans me poser de question à leur sujet, car les animaux seront traités selon mes standards, hors pression économique.

Voilà, c’est sans doute un peu naïf de ma part mais c’est mon projet. Et c’est pour cela que je veux continuer ces petits élevages. :oops:
 
Je trouve ça plutôt sensé, dans une optique d'autonomie le poulailler représente une source de nourriture intéressante quand on a une solution pour gérer la quantité de mâles ( c'est pour ça que je l'avais envisagé -pour un futur lointain très hypothétique- même si je consomme végane depuis quelques années en tant que citadine ).

Par contre je ne pensais pas que tu voudrais acheter des poules, j'imaginais une population qui se renouvelle au sein du poulailler, mais du coup la solution de Princesse semble plutôt bien adaptée, j'ai vu sur des forums qu'une poule de réforme pouvait s'acheter entre 1 à 3e (j'ai pas regardé les dates des posts, c'est peut être pas tout jeune comme estimation).
 
Juste pour info : les oeufs ne contiennent pas beaucoup de B12. Il faudrait en consommer au moins une vingtaine par jour pour obtenir la dose nécessaire. A vérifier. Le lait en contient assez dans un grand verre.
 
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