janic a écrit:Beau projet, mais un accomplissement qui ne débouche sur rien : quel en est l’utilité ?
C'est une vision utilitariste ou rentabiliste qui n'engage que toi Janic.C'est ce besoin d'utilité "à quelque-chose" qui m'a toujours dérangé dans bien des situations chez une grande part de la population mondiale.
Il y a du vrai dans ce que tu dis, mais ce raisonnement se fait sur une vision partielle de notre société.
Toutes les réalisations utilitaristes n’ont pas un but égoïste.
Tu habites une maison: but utilitariste, tu te sers d'un ordinateur: but utilitariste, tu te déplaces en voiture, en bicyclette, avec des chassures: but utilitariste. De même être VG a automatiquement un but utilitariste et ses adhérents ne le font pas forcement dans un but égoïste.
Tu as besoin d'avoir un concert en projet ou une poulette à mettre dans ton lit comme carotte pour apprendre à jouer d'un instrument ? Pas moi.
Tu fais exception dans une société qui ne fonctionne QUE sur la carotte et le bâton. Ne changes donc pas !
J'apprends de cet instrument parce que ça me fait plaisir, tant pis si ça n'aboutit jamais, et tant mieux si ça contente quelqu'un, quelque-part, un jour, l'espace de quelques minutes.
Si tu ne vois cela que sur le plan individuel : pourquoi pas ! Mais un orchestre construit sur une pareille démarche : je doute de l’efficacité du résultat. Or je suppose que chaque musicien le fait certes pour son plaisir mais aussi pour celui des autres et pour cela il faut qu’il soit efficace et que son apprentissage ait été complet, avant de passer à l'étape suivante d'être un vrai professionnel!
Tu as besoin d'avoir étudié un truc de fond en comble avant de commencer à le mettre à profit ? Pas moi.
Bien sûr qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une maitrise absolue pour pratiquer, mais un immeuble qui serait bati sur quelques notions réduites, je ne conseillerais pas de l’habiter (si tu aimes les BD vois ce que cela donne avec l’architecte égyptien dans la BD d’Asterix) et si les avions, automobiles n’étaient conçues et réalisées que par des apprentis, je n’en serais jamais l’utilisateur.
J'apprends aussi des choses parce que j'estime que ça peut me servir à aider une cause qui m'importe, même si je pars du principe que j'aurais passé l'arme à gauche avant d'en voir ses fruits. C'est pas grave, puisque la lutte que je veux mener ne concerne pas que moi. (loin de là)
C’est bien sûr ! C’est ce qui différencie le travail individuel, du travail collectif, les cathédrales se construisaient sur près d’un siècle, quelques fois, et ni le concepteur, ni les bâtisseurs de départ n’en voyaient la réalisation finale. Mais chaque partie de l’édifice devait être parfait et définitif, ce qui supposait un large dépassement d’un simple apprentissage.( le fameux karma des orientaux et leurs réincarnations successives!)
C'est ce genre de "calcul" qui est une des causes de bien des maux de notre monde je crois...
pas que !
C'est bien humain ça aussi que de chercher une "raison utile" à toute chose... Tu vas pas me faire croire Janic que tu n'as jamais rien entrepris qui n'a pas aboutit, ou n'a "servit à rien" dans ta vie, autre que peut-être le plaisir (quel qu'il soit) prit en le faisant.
Les deux ! Un plaisir momentané l’espace d’un instant, le travail de toute une vie et arrivé au bout de celle-ci (je n’en suis plus très loin) s’apercevoir que c’est une vanité aussi puisque la mort y met fin que ce soit sur le plan matériel ou humain. Seule la dimension spirituelle de la vie dépasse ces plaisirs furtifs.
C'est ça aussi la spontanéité : faire quelque-chose par envie, et non par projet ourdit, étudié, fomenté, pesé et validé. (par un comité scientifico-familial ou par une voie spirituelle)
Encore une vision déformée de la question, la spiritualité c’est justement ce qui
ne se calcule pas, même pas le pari de Pascal. Par ailleurs c’est négliger que l’omnivorisme se classe AUSSI parmi les plaisirs sans calculs, juste le plaisir de la table ! Plaisir que tu ne peux contester, ce que tu contestes c'est l'esprit, la conscience de faire bien (ou du bien) ou faire mal (ou du mal). La fameuse morale religieuse sous sa forme athée.