"antispécisme" : nouvelles interprétations

Nono11

Broute de l'herbe
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Bonjour!
Je suis tombée là dessus tout à l'heure : https://reporterre.net/L-antispecisme-est-compatible-avec-le-fait-de-manger-des-animaux

D'une manière générale j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de gens qui, en réaction au courant végane qui a prit de l'ampleur ces dernières années s'orientent vers ce genre d'idées : une sorte d'antispécisme mal interprété baigné d'ésotérisme et de sacralisation des "lois de la Nature".

Bref je sais pas trop pourquoi je partage ça... (
peut-être car une petite partie de moi était frustée de voir qu'il n'y avait pas d'espace commentaire où il se serait fait alumer pour le torchon qu'il a rédigé :red:)
Enfin oui qu'en pensez vous? Avez vous également déjà rencontré des gens en mode "je mange de la viande pour être en harmonie avec la nature"?
 
Je confirme, c’est vraiment aberrant. Déjà il dit respecter autant les vaches que ses gosses (heureusement que je suis pas sa fille du coup). Et il ne fait pas la différence entre la nature (un concept flou, de toute manière) et les individus qui la peuplent (que je considère comme beaucoup plus importants).
 
Oui, c'est assez fumeux comme argumentaire, j'ai l'impression qu'il essaye de tordre comme il peut le peu de chose qu'il connaît de l'antispécisme et en faisant de gros appel à la nature et à la tradition pour justifier sa façon de vivre.

Irène du blog Dans la nébuleuse à fait une bonne analyse des idées du monsieur (ce n'est pas le même article, mais il me semble "Plaidoyer pour les territoires d'un paysan végano-sceptique"):
https://danslanebuleuse.fr/2019/03/07/sur-le-vegano-scepticisme-de-pierre-etienne-rault/
Et pour le coup il y a pas mal de commentaires.
 
Ah là là, c'est tellement riche comme texte, il y a tellement à en dire...

l'article a dit:
Par conséquent, reconnaître, c’est aussi assumer et honorer ce que l’on est, c’est-à-dire des êtres qui ont trouvé en la chasse d’abord, puis en l’élevage ensuite, des moyens de subsister.
Bah pendant qu'on y est on peut aussi assumer et honorer qu'on est des êtres qui ont ensuite trouvé d'autres moyens de subsister... mais non c'est un classique des appels à la nature, notre état réputé « naturel » correspond à une époque précise : en l’occurrence, notre « vraie nature » c'est entre l'invention de l'élevage et le moment où on a pu s'en passer. Surtout pas penser que la seule constante dans notre histoire, c'est peut-être le changement...

Le moment où il explique que « Ainsi, dès lors que l’on intègre à l’antispécisme une dimension affective, le concept s’écroule comme un château de cartes. » et que donc même si ça nous émeut plus l'abatage d'un vache que celui d'un moustique il faut pas se laisser avoir par ce biais de ce qui le plus similaire à l'humain, mais au contraire considérer toutes les espèces à égalité... il réalise que l'aboutissement logique du raisonnement c'est que c'est pas moralement plus grave que tuer un humain qu'une vache ou un moustique, juste ça nous émeut plus parce qu'on est biaisé en faveur de ce qui nous ressemble, et donc si on continue à tuer des vaches c'est aussi OK de tuer des humains ? Écueil classique des arguments qui justifient de tuer les animaux (non humains), oublier de vérifier que le même argument ne justifierait pas par hasard aussi de tuer les humains...

Mais je crois quand même qu'au delà de ces erreurs de raisonnement, ce qui me frappe le plus c'est l'emploi abondant de mots vides de sens comme « vénérer », « honorer », « respecter pour le miracle qu’il représente ». C'est super pratique, parce que ça permet de strictement rien changer à la façon dont on traite les animaux en vrai, à part les mots qu'on met dessus (ce qui leur fait une belle jambe, aux animaux exploités et tués). C'est une idée absolument pas nouvelle et absolument pas spécifique aux animaux, de continuer à exploiter un groupe exactement comme avant sauf que maintenant on dit qu'on l'honore, et ça change tout (pour le groupe dominant, s'entend, ça lui permet d'exploiter la conscience tranquille).
 
Je vais avoir un avis très controversé sur le sujet, mais peut-être pas celui attendu: si ça intéresse quelqu'un, je veux bien votre opinion!

J'ai l'impression que ce genre de "vieux" texte à charge de 2018 n'est plus trop à la mode aujourd'hui. Même la réponse de la Nébuleuse de 2019: dernière mise à jour en novembre 2019 (où on apprend que M. Rault -à défaut d'être un bon théoricien éthique- est probablement un chic type), dernier commentaire en septembre 2019. (je n'ai pas trouvé la dernière MÀJ de 2022)

La vague médiatique d'engouement (et aussi de protestation) concernant le véganisme me semble s'être tarie, pour le peu que j'en voie sur les réseaux.

Même si c'est un peu regrettable par certains aspects (de l'Irlande: le dernier VegFest réduit à peau de chagrin, fermeture de Veganic et de la plupart des enseignes 100% végane à Dublin), c'est probablement un pas en avant pour le mouvement qui se normalise.

N'empêche...et ça me coûte de l'admettre: les gens qui m'avaient dit en ligne à répétition: "le véganisme est une mode qui ne durera pas 5 ans! On en parlera plus d'ici trois."
Ben...stricto sensu, iels avaient tort. Mais dans un certain sens, dans le sens "révolution culturelle et mouvement médiatique", c'était pas tout à fait faux, je pense.
 
Dernière édition:
Et bah, oui, ne soyons pas spécistes ! L'humain est un animal parmi d'autres, c'est donc ok de tuer les humains.
Ca rejoint la citation de tolstoï : "tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille"
 
Qu'est-ce que c'est pompeux et verbeux :

Par ce biais, l’animalité de l’homme est refoulée. La prédation consciente, constitutive des lois de la Nature n’est plus respectée. Et l’homme devient alors un hors-la-loi de la république du vivant.

La "prédation consciente" ?
Nan mais sérieux, est-ce que l'idée viendrait à quiconque de parler d' "esclavage conscient" ou de "violence consciente" ? Pourquoi pas de "sexisme conscient" tant qu'on y est.

Cet article est bourré de sophismes , dont l'appel à la nature.
Ce n'est pas parce que nos ancêtres ont vécu en tuant et en exploitant des animaux (pour vivre ou survivre) qu'il faudrait les "honorer" en faisant comme eux. C'est quoi cet argument ?

Car l’élevage n’est pas seulement une relation de travail avec les animaux, il est une manière poétique d’habiter le monde. Il est une révérence à la vie, à sa complexité, à son génie.

Au secours : Porcher, sors de ce corps ...
Célébrons le miracle de la vie : massacrons des animaux ! :ROFLMAO:
 
C'est simpliste mais...

auteur du livre Végano-Sceptique. Regard d’un éleveur sur l’utopie végane

Personnellement je n'ai même pas besoin de lire plus loin, tout est déjà là : on nous présenterait le scoop de l'année, un éleveur qui aime pas les véganes... Une parole rare.
C'est Légasse, Porcher, Ariès (qui a eu son article carniste dans cette même tribune en 2019) et surtout Lestel qui doivent frémir de plaisir... L'art de réinventer ses définitions pétée pour mieux les démolir... Un homme de paille en fait, pour changer...

Ce type aurait raison s'il mangeait des humains. Sinon, non, ce n'est pas compatible avec le fait de manger des animaux.
C'est simple.
Basique.
 
Dernière édition:
La vague médiatique d'engouement (et aussi de protestation) concernant le véganisme me semble s'être tarie, pour le peu que j'en voie sur les réseaux.
C'est peut-être vrai en général, ou sur certains réseaux, n'empêche qu'en me baladant tranquillement à la bibli l'autre jour mon regard a été attiré par la couverture suivante :
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Alors forcément je me suis posé la question en voyant cette couv : qu'est-ce que ça va bien pouvoir en dire ? Je saisis donc le truc et regarde au dos :
Le terme « végane », ignoré du grand public il y a encore peu, emplit aujourd’hui l’espace médiatique, moral et politique. Écrivains, journalistes, philosophes, artistes ou encore sportifs, affichent leur adhésion à ce qui est présenté comme une orientation alimentaire autant qu’un mode de vie. Se dire végane, c’est afficher des vertus morales, un respect de la planète et des animaux, qui vous distingue du commun. Go vegan! est une injonction lancée comme un choix facile.

Ce dossier d’Études rurales rassemble des contributions pluridisciplinaires qui montrent, au contraire, que le véganisme n’a rien d’une évidence, ni du point de vue de son histoire, de l’engagement subjectif qu’il nécessite, de l’impact qu’il a sur la santé ou des contradictions intrinsèques qu’il porte. En effet, le monde végane, qui nous est vendu à grands renforts de bons sentiments et de « rupture civilisationnelle », ressemble fort au monde actuel, ancré dans notre système économique. Un monde qui refuse toutes formes de relations de travail avec les animaux et qui œuvre à l’« abolition » de nos dix millénaires de compagnonnage domestique et à l’émergence d’alternatives plus rentables.

Dossier : Marianne Celka, Sébastien Mouret, Jean-Michel Lecerf, Jocelyne Porcher
Varia : Dylan Simon, Andrea Zuppi
Comptes rendus : Mahaut Cazais, Ivan Chupin, Laurent Herment, Jacques Lauze, Marie-Claude Maurel, Niccolò Mignemi, Volker Stamm
J'ai pas eu la foi de l'emprunter ni de parcourir les 163 pages du numéro. Je sais pas trop s'il risque d'y avoir des trucs nouveaux, probablement pas.
 
Jocelyne Porcher, encore. Je crois sincèrement qu'elle mène une lutte acharnée contre les végés.
Ce texte de présentation évacue déjà (avec peine) toute dimension politique au véganisme. A les écouter, c'est juste un life-style moralisateur.
Et l’exploitation animale éternellement mal connue car ça devait (forcément) être un "compagnonnage", une relation "win win", où tout le monde est purement consentant et libre bien entendu.
Et cet éternel opposé à la loi de Hume (ce qui est n'est pas ce qui doit être) : 10000 ans d’asservissement, c'est que c'était forcément bien, alors on doit continuer !
Les véganes : ces wokes qui cancellent l'Histoire des Hommes...
 
De manière anecdotique: ça ne fait que renforcer ma sympathie pour ce M. Rault, qui semble au moins comprendre le problème et les arguments.

Porcher et Cie, il y a une perpétuelle incompréhension, que ce soit de bonne foi par fermeture idéologique ou à dessein pour mieux discréditer, amha.
 
Je dirais les deux, en tout cas concernant Porcher, qui bosse pour l'INRA, et qui a pour ironie d'être collègue avec Florence Burgat.
Florence qui pour le coup, pour rappel, fait énormément de recherches sur l'univers mental des animaux, écrit beaucoup (notamment levé des mythes sur la condition animale en Inde), et qui a participé à la rédaction de la revue semestrielle de droits animaliers... Un peu l'opposé de Porcher.
 
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